1 00:00:04,940 --> 00:00:09,920 Nous avons vu les conditions dans lesquelles l'acte administratif 2 00:00:10,120 --> 00:00:13,940 devient obligatoire, devient opposable et peut être exécuté par 3 00:00:14,140 --> 00:00:14,900 l'administration. 4 00:00:15,180 --> 00:00:20,620 Voyons maintenant la mort de l'acte administratif, sa disparition. 5 00:00:20,960 --> 00:00:21,720 II. 6 00:00:21,920 --> 00:00:24,660 La disparition de l'acte unilatéral. 7 00:00:25,900 --> 00:00:29,940 Un acte administratif unilatéral peut disparaître de plusieurs façons. 8 00:00:30,140 --> 00:00:35,000 D'abord, et de manière très simple, l'acte peut prévoir lui-même son 9 00:00:35,200 --> 00:00:35,960 propre terme. 10 00:00:36,400 --> 00:00:39,180 Il disparaît lorsque ce terme intervient. 11 00:00:39,960 --> 00:00:43,600 Il peut disparaître si par exemple une certaine durée s'est écoulée, 12 00:00:43,820 --> 00:00:45,300 durée que lui-même a prévu. 13 00:00:45,720 --> 00:00:49,520 Il peut aussi disparaître du fait de sa complète exécution. 14 00:00:50,120 --> 00:00:52,820 Puisqu'il a été exécuté complètement, il ne sert plus à rien, 15 00:00:53,100 --> 00:00:54,620 il disparaît. 16 00:00:54,820 --> 00:00:56,900 Cela ne pose pas de questions particulières. 17 00:00:57,220 --> 00:01:01,580 En tout cas, je n'y consacrerai pas de développement dans ce cours. 18 00:01:02,120 --> 00:01:05,020 De même que je ne parlerai pas maintenant de la deuxième hypothèse 19 00:01:05,220 --> 00:01:08,380 de disparition, celle de l'annulation par le juge administratif. 20 00:01:08,680 --> 00:01:10,920 Je reviendrai sur cette question plus tard. 21 00:01:11,300 --> 00:01:17,640 Ce qui va ici nous intéresser, c'est le cas où l'administration 22 00:01:17,840 --> 00:01:23,640 fait elle-même disparaître son acte administratif, où l'administration 23 00:01:23,840 --> 00:01:27,240 décide de faire disparaître son acte administratif. 24 00:01:27,440 --> 00:01:32,420 C'est sur ce point que les débats ont été les plus importants. 25 00:01:32,620 --> 00:01:35,660 Dans ce cas, on dit que l'administration procède au retrait 26 00:01:35,860 --> 00:01:38,680 ou à l'abrogation de l'acte. 27 00:01:38,880 --> 00:01:42,440 Et d'ailleurs, à propos du retrait, on parle aussi de rapporter une 28 00:01:42,640 --> 00:01:46,320 décision, même si le terme "rapporter" est tout de même moins utilisé 29 00:01:46,520 --> 00:01:49,160 que celui de "retirer" une décision. 30 00:01:49,620 --> 00:01:55,040 Le retrait d'un acte consiste pour l'administration à faire disparaître 31 00:01:55,240 --> 00:01:58,500 l'acte pour l'avenir, mais aussi pour le passé. 32 00:01:59,480 --> 00:02:04,840 Autrement dit, si un acte est retiré, on doit faire comme si cet acte 33 00:02:05,040 --> 00:02:06,920 n'avait jamais existé. 34 00:02:07,140 --> 00:02:12,340 La situation antérieure à cet acte doit être recréée par l'administration. 35 00:02:14,100 --> 00:02:17,760 Par exemple, si sur le fondement d'un acte, une somme d'argent a 36 00:02:17,960 --> 00:02:22,960 été donnée par l'administration à un administré, la situation inverse 37 00:02:23,160 --> 00:02:25,380 doit être reproduite, c'est-à-dire que l'administration 38 00:02:25,580 --> 00:02:29,100 doit récupérer la somme d'argent qu'elle a versée à l'administré. 39 00:02:30,480 --> 00:02:33,020 Deuxième technique, l'abrogation. 40 00:02:33,580 --> 00:02:36,840 Abrogation qui consiste à faire disparaître un acte uniquement 41 00:02:37,040 --> 00:02:37,800 pour l'avenir. 42 00:02:38,140 --> 00:02:42,540 Les effets qui ont été produits par cet acte sont définitifs. 43 00:02:42,740 --> 00:02:44,660 L'administration ne revient pas dessus. 44 00:02:45,740 --> 00:02:48,950 Il faut bien noter que le retrait pour l'avenir et le passé, 45 00:02:49,150 --> 00:02:53,340 donc et l'abrogation pour l'avenir seulement peuvent aussi consister 46 00:02:53,540 --> 00:02:55,960 en une modification de l'acte unilatéral. 47 00:02:56,680 --> 00:03:01,440 Lorsque l'administration modifie un acte, c'est comme si elle le 48 00:03:01,640 --> 00:03:06,480 retirait ou elle l'abrogeait pour le remplacer par une nouvelle version. 49 00:03:07,180 --> 00:03:11,100 Donc la modification est interprétée comme une abrogation si elle a 50 00:03:11,300 --> 00:03:15,100 seulement effet pour l'avenir, et elle est considérée comme un 51 00:03:15,300 --> 00:03:18,880 retrait si elle a des effets pour l'avenir et pour le passé. 52 00:03:21,100 --> 00:03:23,880 Le droit en vigueur, donc droit en vigueur relatif à 53 00:03:24,080 --> 00:03:28,240 l'abrogation et au retrait, est issu de la conciliation de 54 00:03:28,440 --> 00:03:29,260 plusieurs exigences. 55 00:03:29,660 --> 00:03:33,840 Première exigence : le respect de la sécurité juridique qui, 56 00:03:34,040 --> 00:03:36,780 comme je vous l'ai dit, est un principe général du droit 57 00:03:36,980 --> 00:03:42,900 en vertu de la décision KPMG, principe qui a également une valeur 58 00:03:43,100 --> 00:03:43,960 constitutionnelle. 59 00:03:44,880 --> 00:03:48,520 Les actes administratifs créent souvent des droits pour les 60 00:03:48,720 --> 00:03:49,480 administrés. 61 00:03:49,680 --> 00:03:52,820 Je reviendrai justement sur cette idée de création de droit. 62 00:03:54,060 --> 00:03:59,200 Un grand nombre d'actes confèrent des avantages aux administrés et 63 00:03:59,400 --> 00:04:04,220 ne doivent pas être remis en cause sans limites de temps ou sans raison. 64 00:04:04,540 --> 00:04:07,660 L'administration ne doit pas, au bout de 10 ans, décider que 65 00:04:07,860 --> 00:04:11,340 finalement tel administré n'a plus le droit qu'elle lui a donné. 66 00:04:12,480 --> 00:04:17,100 Il faut que les situations juridiques, factuelles se stabilisent. 67 00:04:17,300 --> 00:04:20,460 Donc la sécurité juridique est un point absolument essentiel. 68 00:04:20,720 --> 00:04:22,040 Je reviendrai sur cette question. 69 00:04:23,240 --> 00:04:26,980 Deuxième principe très important qui a été concilié avec cette sécurité 70 00:04:27,180 --> 00:04:29,220 juridique : le respect de la légalité administrative. 71 00:04:29,860 --> 00:04:35,900 En effet, l'administration doit pouvoir revenir sur les actes illégaux 72 00:04:36,100 --> 00:04:36,940 qu'elle a pris par erreur. 73 00:04:37,380 --> 00:04:43,160 Elle doit pouvoir supprimer, abroger, retirer les actes illégaux 74 00:04:43,360 --> 00:04:44,120 qu'elle a pris. 75 00:04:44,440 --> 00:04:49,680 Le juge n'est pas le seul organe qui assure le respect de la légalité. 76 00:04:49,880 --> 00:04:53,340 L'administration est aussi chargée de cette mission, et donc elle 77 00:04:53,540 --> 00:04:54,880 doit pouvoir l'assurer. 78 00:04:55,640 --> 00:04:58,210 Et enfin, troisième exigence qui est mise dans la balance : 79 00:04:58,410 --> 00:05:01,140 la poursuite de l'intérêt général. 80 00:05:01,540 --> 00:05:06,300 L'administration doit pouvoir modifier les réglementations qui sont devenues 81 00:05:06,500 --> 00:05:10,720 obsolètes, revenir sur les actes qui ne sont plus adaptés aux 82 00:05:10,920 --> 00:05:11,680 circonstances. 83 00:05:12,140 --> 00:05:16,700 Elle doit pouvoir réagir à l'évolution des technologies, à l'évolution 84 00:05:16,900 --> 00:05:17,920 des besoins des populations. 85 00:05:18,300 --> 00:05:21,360 Vous vous souvenez que c'est un principe cardinal du droit 86 00:05:21,560 --> 00:05:26,480 administratif, que c'est une loi du service public : la mutabilité. 87 00:05:27,220 --> 00:05:32,120 L'administration doit pouvoir faire évoluer ces actes. 88 00:05:32,640 --> 00:05:37,040 La distinction fondamentale qui conditionne le droit applicable 89 00:05:37,240 --> 00:05:40,980 en matière de retrait et d'abrogation, c'est celle qui est faite entre 90 00:05:41,180 --> 00:05:44,320 les actes qui créent des droits et les actes qui n'en créent pas. 91 00:05:45,100 --> 00:05:51,500 Après avoir expliqué cette distinction, je vous parlerai des conséquences 92 00:05:51,700 --> 00:05:54,480 qui en sont tirées, c'est-à-dire du régime de l'abrogation et du 93 00:05:54,680 --> 00:05:59,640 retrait des décisions créatrices de droit et des décisions non 94 00:05:59,840 --> 00:06:00,600 créatrices de droit. 95 00:06:00,800 --> 00:06:01,560 A. 96 00:06:02,080 --> 00:06:06,760 La distinction des actes créateurs et non créateurs de droit. 97 00:06:08,260 --> 00:06:14,940 Cette distinction est utilisée depuis très longtemps en doctrine, 98 00:06:15,140 --> 00:06:17,940 et elle est aujourd'hui reprise au sein du Code des relations entre 99 00:06:18,140 --> 00:06:19,100 le public et l'administration. 100 00:06:19,760 --> 00:06:25,000 Le problème, c'est que cette notion d'acte créateur de droit n'a pas 101 00:06:25,200 --> 00:06:32,080 été définie de manière rigoureuse par le juge ni par le législateur. 102 00:06:32,580 --> 00:06:36,040 On ne sait toujours pas ce qu'est un acte créateur de droit. 103 00:06:36,240 --> 00:06:39,960 Et il existe des travaux doctrinaux encore récents, il y a une thèse 104 00:06:40,160 --> 00:06:41,300 qui a été publiée sur la question. 105 00:06:43,200 --> 00:06:48,300 On est toujours hésitant sur la définition de l'acte créateur de droit. 106 00:06:49,540 --> 00:06:54,340 En réalité, la notion même d'acte créateur de droit est consubstantielle 107 00:06:54,540 --> 00:06:59,140 à la possibilité de retirer ou d'abroger un acte administratif, 108 00:06:59,500 --> 00:07:05,520 ce qui rend concrètement l'utilisation 109 00:07:05,720 --> 00:07:09,840 de la notion de création de droit très opportune. 110 00:07:10,040 --> 00:07:16,160 Lorsque le juge trouve préférable qu'un acte puisse être retiré ou 111 00:07:16,360 --> 00:07:18,240 abrogé, il dira qu'il n'a pas créé de droit. 112 00:07:18,440 --> 00:07:23,940 Et s'il veut au contraire restreindre l'abrogation et le retrait, 113 00:07:24,140 --> 00:07:27,560 il dira que tel acte crée des droits et qu'il ne peut donc pas être 114 00:07:27,760 --> 00:07:28,640 remis en cause. 115 00:07:29,500 --> 00:07:34,280 D'abord, s'agissant des actes créateurs ou non créateurs de droit, 116 00:07:34,560 --> 00:07:37,300 il faut savoir que les règlements, les actes réglementaires, 117 00:07:37,500 --> 00:07:40,280 et les actes aussi d'ailleurs qui ne sont ni réglementaires ni 118 00:07:40,880 --> 00:07:44,280 individuels, ne sont jamais créateurs de droit. 119 00:07:44,820 --> 00:07:49,860 Seuls les actes individuels sont considérés comme pouvant être créateurs 120 00:07:50,060 --> 00:07:50,820 de droit. 121 00:07:51,020 --> 00:07:53,980 L'administration doit, en effet, pouvoir remettre en cause 122 00:07:54,180 --> 00:07:58,960 facilement une réglementation pour l'adapter aux changements de 123 00:07:59,160 --> 00:07:59,920 circonstances. 124 00:08:00,120 --> 00:08:04,880 Et les droits individuels qui pourraient être éventuellement 125 00:08:05,080 --> 00:08:08,960 liés à cette réglementation ne doivent pas y faire obstacle. 126 00:08:09,160 --> 00:08:12,760 Pour cette raison, le juge considère, de très longue date il y a des 127 00:08:12,960 --> 00:08:20,700 décisions dès la première moitié du 20ᵉ siècle, que les actes 128 00:08:20,900 --> 00:08:24,840 réglementaires ne peuvent pas être créateurs de droit, seuls les actes 129 00:08:25,040 --> 00:08:26,460 individuels peuvent créer des droits. 130 00:08:27,040 --> 00:08:30,920 Parmi les actes individuels ensuite, les actes créateurs de droit sont 131 00:08:31,120 --> 00:08:35,680 ceux qui octroient un avantage à leurs destinataires ou octroient 132 00:08:35,880 --> 00:08:37,740 un avantage à des tiers. 133 00:08:39,440 --> 00:08:42,620 À leurs destinataires d'abord, il s'agit par exemple du permis 134 00:08:42,820 --> 00:08:45,860 de construire qui est typique de l'acte créateur de droit. 135 00:08:46,640 --> 00:08:50,520 C'est un acte qui octroie un avantage à un propriétaire qui peut construire 136 00:08:50,720 --> 00:08:51,480 sur un terrain. 137 00:08:51,960 --> 00:08:54,280 Idem pour la décision de verser une subvention. 138 00:08:54,480 --> 00:08:57,720 Et d'ailleurs, le Conseil d'État a eu l'occasion de dire qu'une 139 00:08:57,920 --> 00:09:03,940 décision qui a un caractère pécuniaire est toujours créatrice de droit 140 00:09:04,140 --> 00:09:06,100 pour son destinataire. 141 00:09:06,840 --> 00:09:10,180 De même, typique des décisions créatrices de droit, 142 00:09:10,720 --> 00:09:12,380 la nomination d'un fonctionnaire. 143 00:09:18,640 --> 00:09:21,940 La nomination lui crée des droits à obtenir un emploi, 144 00:09:22,140 --> 00:09:23,780 à obtenir sa rémunération, etc. 145 00:09:23,980 --> 00:09:29,160 Et d'ailleurs, sa nomination fait de lui un membre d'un grade et 146 00:09:29,360 --> 00:09:31,340 le fonctionnaire a le droit à son grade. 147 00:09:32,680 --> 00:09:35,440 Il en va de même pour l'octroi des pensions de retraite, 148 00:09:35,640 --> 00:09:38,320 de l'inscription au Tableau des médecins, etc. 149 00:09:38,520 --> 00:09:43,960 Bref, les décisions qui accordent un avantage sont des décisions 150 00:09:44,160 --> 00:09:44,920 créatrices de droit. 151 00:09:45,300 --> 00:09:49,340 Mais un acte individuel peut également créer des droits, non pas pour 152 00:09:49,540 --> 00:09:52,460 leur destinataire, mais pour des tiers à ces actes. 153 00:09:52,660 --> 00:09:57,300 Par exemple, la mutation d'un fonctionnaire est créatrice de 154 00:09:57,500 --> 00:10:01,380 droit pour celui qui prend sa place, puisque la mutation doit donner 155 00:10:01,580 --> 00:10:07,100 à cette personne, qui remplace ce fonctionnaire, un avantage. 156 00:10:07,980 --> 00:10:10,560 Donc, la mutation est créatrice de droit pour le fonctionnaire 157 00:10:10,760 --> 00:10:11,520 remplaçant. 158 00:10:12,720 --> 00:10:16,700 Certains actes administratifs individuels ne sont jamais créateurs 159 00:10:16,900 --> 00:10:20,400 de droit, tout comme les actes réglementaires ne sont jamais créateurs 160 00:10:20,600 --> 00:10:21,360 de droit. 161 00:10:21,560 --> 00:10:23,800 Donc, certaines décisions individuelles ne sont jamais créatrices de droit. 162 00:10:24,280 --> 00:10:26,780 Il y a d'abord les décisions de refus. 163 00:10:27,080 --> 00:10:31,160 Lorsque l'administration refuse un avantage, la décision n'est 164 00:10:31,360 --> 00:10:32,960 jamais créatrice de droit, même pour les tiers. 165 00:10:33,160 --> 00:10:36,460 L'administration peut revenir sur une décision de refus à n'importe 166 00:10:36,660 --> 00:10:37,420 quel moment. 167 00:10:37,760 --> 00:10:39,020 Il en va de même des sanctions. 168 00:10:39,300 --> 00:10:41,740 Les sanctions ne sont jamais créatrices de droit. 169 00:10:42,700 --> 00:10:45,320 Les actes obtenus par la fraude non plus. 170 00:10:45,880 --> 00:10:49,320 Lorsqu'un administré a menti pour obtenir un avantage, 171 00:10:49,520 --> 00:10:54,420 a présenté par exemple de faux diplômes, cet avantage n'est jamais 172 00:10:54,620 --> 00:11:00,680 définitif, ou plutôt ne crée pas de droit et peut donc être remis 173 00:11:00,880 --> 00:11:03,960 en cause à n'importe quel moment, de manière perpétuelle. 174 00:11:04,460 --> 00:11:06,920 Lorsque l'administration prend connaissance de la fraude, 175 00:11:07,260 --> 00:11:10,740 elle peut revenir sur son acte, peu importe la durée qui s'est 176 00:11:10,940 --> 00:11:13,840 écoulée entre le moment où l'acte a été pris et le moment où 177 00:11:14,040 --> 00:11:16,760 l'administration a constaté la fraude. 178 00:11:17,860 --> 00:11:20,940 Autre catégorie de décisions qui ne sont pas créatrices de droit : 179 00:11:21,320 --> 00:11:22,960 les mesures individuelles de police. 180 00:11:23,420 --> 00:11:26,400 Ces actes sont considérés comme précaires et révocables, 181 00:11:26,600 --> 00:11:29,630 c'est-à-dire que pour des motifs tenant à la préservation de l'ordre 182 00:11:29,830 --> 00:11:33,120 public, l'administration est libre de revenir dessus. 183 00:11:34,380 --> 00:11:39,220 Voilà pour une définition, somme toute, assez sommaire de 184 00:11:39,420 --> 00:11:42,960 la distinction entre actes créateurs de droit et actes non créateurs 185 00:11:43,160 --> 00:11:47,840 de droit, mais je ne peux pas faire beaucoup plus, car ces deux notions 186 00:11:48,040 --> 00:11:51,480 d'actes créateurs et non créateurs de droit sont particulièrement 187 00:11:51,680 --> 00:11:53,960 vagues encore aujourd'hui, alors même qu'elles sont utilisées 188 00:11:54,160 --> 00:11:54,920 depuis longtemps. 189 00:11:55,120 --> 00:11:55,880 B. 190 00:11:57,400 --> 00:12:01,160 L'abrogation et le retrait des actes non créateurs de droit. 191 00:12:02,860 --> 00:12:06,780 Vous l'aurez compris, l'administration peut facilement 192 00:12:06,980 --> 00:12:10,740 revenir sur un acte s'il n'est pas créateur de droit, 193 00:12:11,300 --> 00:12:14,980 c'est-à-dire sur un acte qui n'est pas individuel et qui ne donne 194 00:12:15,180 --> 00:12:16,540 aucun avantage. 195 00:12:17,680 --> 00:12:22,060 D'abord, l'administration peut toujours abroger un acte non créateur 196 00:12:22,260 --> 00:12:24,840 de droit, c'est le sens de l'article L. 197 00:12:25,040 --> 00:12:26,820 243-1 du CRPA. 198 00:12:27,240 --> 00:12:31,300 Un acte réglementaire ou un acte non réglementaire non créateur 199 00:12:31,500 --> 00:12:35,100 de droit peut, pour tout motif et sans condition de délai, 200 00:12:35,340 --> 00:12:37,360 être modifié ou abrogé. 201 00:12:38,340 --> 00:12:44,520 Lorsque la disparition de l'acte administratif ou la modification 202 00:12:44,720 --> 00:12:52,140 de l'acte administratif ne concerne que l'avenir et que cet acte 203 00:12:52,340 --> 00:12:55,340 administratif n'est pas créateur de droit, l'administration peut 204 00:12:55,540 --> 00:12:56,880 y procéder à tout moment. 205 00:12:57,840 --> 00:13:01,340 Par exemple, les sanctions font partie des actes individuels non 206 00:13:01,540 --> 00:13:05,000 créateurs de droit, je vous le disais : ces sanctions peuvent être 207 00:13:05,200 --> 00:13:06,440 perpétuellement retirées. 208 00:13:06,640 --> 00:13:07,900 Il en va de même des règlements. 209 00:13:08,340 --> 00:13:12,130 Pour les sanctions, c'est l'article en particulier L. 210 00:13:12,330 --> 00:13:17,620 243-4 du Code des relations entre 211 00:13:17,820 --> 00:13:18,860 le public et l'administration. 212 00:13:20,640 --> 00:13:22,310 L'article L. 213 00:13:22,510 --> 00:13:29,080 243-2 du CRPA dispose même que l'administration a l'obligation 214 00:13:29,280 --> 00:13:33,820 d'abroger les actes non créateurs de droit illégaux. 215 00:13:34,020 --> 00:13:37,520 Elle doit, en effet, purger l'ordre juridique des actes 216 00:13:37,720 --> 00:13:40,400 non créateurs de droit qui sont entachés d'une illégalité. 217 00:13:40,880 --> 00:13:46,180 Cette règle, qui est aujourd'hui donc dans le CRPA, a été édictée 218 00:13:46,380 --> 00:13:51,620 par le Conseil d'État dans sa décision très célèbre du 3 février 1989, 219 00:13:51,820 --> 00:13:52,800 Compagnie Alitalia. 220 00:13:53,340 --> 00:13:57,980 En l'espèce, il s'agissait de l'abrogation d'un règlement contraire 221 00:13:58,180 --> 00:14:00,240 aux objectifs d'une directive européenne. 222 00:14:01,440 --> 00:14:05,300 Retenez bien cette idée : lorsque la disparition de l'acte 223 00:14:05,500 --> 00:14:08,400 administratif non créateur de droit ne concerne que l'avenir, 224 00:14:08,600 --> 00:14:12,380 elle est possible à n'importe quel moment, et c'est même une obligation 225 00:14:12,580 --> 00:14:18,020 lorsque l'administration constate qu'elle a commis une illégalité. 226 00:14:19,580 --> 00:14:23,420 Deuxièmement, le retrait des actes non créateurs de droit, 227 00:14:23,620 --> 00:14:25,660 lui, est très encadré. 228 00:14:25,940 --> 00:14:26,700 Pourquoi ? 229 00:14:26,900 --> 00:14:33,120 Parce que le retrait constitue, je vous le disais dans une autre vidéo, 230 00:14:35,280 --> 00:14:38,940 une exception au principe de non-rétroactivité des actes 231 00:14:39,140 --> 00:14:39,900 administratifs. 232 00:14:40,280 --> 00:14:42,600 Le retrait est lui-même un acte administratif. 233 00:14:43,660 --> 00:14:44,840 La raison est simple, donc. 234 00:14:45,240 --> 00:14:51,380 Je vous le disais, le retrait est un acte qui a un effet rétroactif. 235 00:14:51,580 --> 00:14:55,520 Or, l'administration a l'interdiction de prendre des actes rétroactifs. 236 00:14:55,840 --> 00:14:57,250 L'article L. 237 00:14:57,450 --> 00:15:03,180 243-3 du CRPA dispose que, je cite, "l'administration ne peut 238 00:15:03,380 --> 00:15:08,700 retirer un acte réglementaire ou un acte non réglementaire non créateur 239 00:15:08,900 --> 00:15:13,900 de droit que s'il est illégal et si le retrait intervient dans le 240 00:15:14,100 --> 00:15:16,760 délai de quatre mois suivant son édiction". 241 00:15:17,080 --> 00:15:17,840 Deux conditions. 242 00:15:18,040 --> 00:15:20,440 Et vous allez voir qu'on va les retrouver, ces deux conditions. 243 00:15:21,320 --> 00:15:26,440 L'acte doit être illégal et l'acte doit être retiré dans les quatre 244 00:15:26,640 --> 00:15:28,040 mois qui suivent sa signature. 245 00:15:31,120 --> 00:15:31,880 C. 246 00:15:33,000 --> 00:15:36,840 L'abrogation et le retrait des actes créateurs de droit. 247 00:15:37,800 --> 00:15:41,280 La disparition des actes créateurs de droit est très encadrée et elle 248 00:15:41,480 --> 00:15:45,960 a toujours été très encadrée pour protéger, au nom de la sécurité 249 00:15:46,160 --> 00:15:49,140 juridique, les droits acquis des administrés. 250 00:15:50,160 --> 00:15:54,920 Pendant longtemps, les actes administratifs devenaient définitifs, 251 00:15:55,120 --> 00:15:58,880 c'est-à-dire qu'on ne pouvait plus les retirer ou les abroger, 252 00:15:59,560 --> 00:16:04,040 au moment de l'expiration du délai de recours contentieux, 253 00:16:04,240 --> 00:16:09,020 qui est depuis très longtemps en principe de deux mois à compter 254 00:16:09,220 --> 00:16:11,600 de la notification de l'acte. 255 00:16:11,800 --> 00:16:14,520 Puisqu'ici, je ne parle que des actes individuels, vous l'aurez 256 00:16:14,720 --> 00:16:17,180 compris, puisque les actes réglementaires ne sont pas créateurs 257 00:16:17,380 --> 00:16:19,980 de droit, ne sont jamais créateurs de droit. 258 00:16:21,360 --> 00:16:26,700 Autrement dit, parce que les actes étaient contestables devant le 259 00:16:26,900 --> 00:16:31,900 juge pendant deux mois à compter de la notification, l'administration 260 00:16:32,100 --> 00:16:34,640 pouvait les abroger et les retirer. 261 00:16:34,920 --> 00:16:38,380 Mais seulement pendant cette période, au-delà c'était trop tard pour 262 00:16:38,580 --> 00:16:42,400 l'administration, et ce, pour garantir la sécurité juridique. 263 00:16:42,960 --> 00:16:47,440 Tel était donc le sens d'une décision très importante, la décision dame 264 00:16:47,640 --> 00:16:51,960 Cachet qui a été rendu le 3 novembre 1922 par le Conseil d'État. 265 00:16:52,820 --> 00:16:55,260 Cette décision reposait sur un raisonnement qui est finalement 266 00:16:55,460 --> 00:16:56,400 tout à fait convaincant. 267 00:16:56,600 --> 00:16:59,840 Tant qu'une décision est contestable devant le juge, elle n'est pas 268 00:17:00,040 --> 00:17:04,400 définitive et donc l'administration peut la retirer si elle est illégale. 269 00:17:05,260 --> 00:17:09,440 Cependant, cette jurisprudence entraînait d'importantes complications 270 00:17:09,640 --> 00:17:12,020 pour deux catégories de décisions. 271 00:17:12,220 --> 00:17:16,920 Et je vais vous montrer que la jurisprudence est devenue extrêmement 272 00:17:17,120 --> 00:17:17,880 complexe. 273 00:17:18,080 --> 00:17:20,460 Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais simplement vous exposer 274 00:17:20,660 --> 00:17:25,620 rapidement les cas dans lesquels ça commençait à poser de sérieuses 275 00:17:25,820 --> 00:17:27,320 difficultés d'application. 276 00:17:28,040 --> 00:17:31,620 D'abord, il y avait un problème pour les décisions individuelles 277 00:17:31,820 --> 00:17:35,480 portées seulement à la connaissance de leur destinataire. 278 00:17:35,680 --> 00:17:39,060 En effet, le délai de deux mois est opposable aux personnes qui 279 00:17:39,260 --> 00:17:43,880 ont pu connaître de la décision, celui qui a reçu la notification 280 00:17:44,080 --> 00:17:47,700 ou tout le monde, si l'acte a été publié. 281 00:17:48,020 --> 00:17:53,160 Mais le délai n'est pas opposable aux tiers lorsque la décision a 282 00:17:53,360 --> 00:17:56,060 seulement été notifiée à un individu. 283 00:17:56,280 --> 00:17:58,380 Les tiers, eux, n'en ont pas eu connaissance. 284 00:17:59,740 --> 00:18:03,000 Pour ces tiers, le délai de recours n'est pas opposable. 285 00:18:03,280 --> 00:18:06,860 Les tiers peuvent contester cette décision, la décision qui ne leur 286 00:18:07,060 --> 00:18:09,480 a pas été notifiée, sans délai. 287 00:18:10,020 --> 00:18:12,640 Puisque les tiers pouvaient contester cette décision sans délai, 288 00:18:12,920 --> 00:18:17,180 le Conseil d'État a estimé qu'une décision individuelle créatrice 289 00:18:17,380 --> 00:18:22,280 de droit qui n'a pas été publiée pouvait être remise en cause à 290 00:18:22,480 --> 00:18:24,380 n'importe quel moment par l'administration. 291 00:18:24,700 --> 00:18:28,200 C'était une décision logique d'un point de vue contentieux, 292 00:18:28,580 --> 00:18:32,260 mais assez grave dans ses effets, une décision de 1962, 293 00:18:32,460 --> 00:18:33,220 ville de Bagneux. 294 00:18:33,520 --> 00:18:36,960 Et d'ailleurs, on liait les deux jurisprudences en parlant de la 295 00:18:37,160 --> 00:18:38,480 jurisprudence Cachet-Bagneux. 296 00:18:38,780 --> 00:18:43,300 Cachet : l'administration peut retirer un acte dans le délai de 297 00:18:43,500 --> 00:18:44,260 recours contentieux. 298 00:18:45,220 --> 00:18:48,120 Et puisque le délai de recours contentieux ne s'applique pas aux 299 00:18:48,320 --> 00:18:54,420 personnes qui n'ont pas eu connaissance de la décision, le retrait est 300 00:18:54,620 --> 00:19:00,300 donc toujours possible pour ces décisions non publiées. 301 00:19:00,800 --> 00:19:06,040 Deuxième catégorie de décisions pour lesquelles la jurisprudence 302 00:19:06,240 --> 00:19:08,960 devenait assez compliquée, ce sont les décisions qui ne sont 303 00:19:09,160 --> 00:19:14,320 pas notifiées, et en particulier les décisions implicites. 304 00:19:14,520 --> 00:19:17,980 Puisque par définition, une décision implicite n'est pas 305 00:19:18,180 --> 00:19:20,720 notifiée, puisqu'elle découle du silence de l'administration. 306 00:19:21,660 --> 00:19:28,380 Pour ces décisions, pour ces actes implicites, la contestation devant 307 00:19:28,580 --> 00:19:32,740 le juge était possible de manière perpétuelle, et donc l'administration 308 00:19:32,940 --> 00:19:36,460 pouvait les retirer ad vitam æternam, de manière perpétuelle. 309 00:19:37,100 --> 00:19:40,060 Ainsi, en application des jurisprudences dame Cachet et ville 310 00:19:40,260 --> 00:19:44,640 de Bagneux, lorsque le silence de l'administration vaut acceptation, 311 00:19:45,280 --> 00:19:48,740 et que cette acceptation est évidemment une décision créatrice de droit, 312 00:19:49,200 --> 00:19:53,440 l'administration peut pourtant perpétuellement revenir sur cette 313 00:19:53,640 --> 00:19:54,400 décision. 314 00:19:54,620 --> 00:20:01,620 Elle peut perpétuellement remettre en cause le droit dont a bénéficié 315 00:20:01,820 --> 00:20:03,220 l'administré. 316 00:20:06,300 --> 00:20:08,100 Le Conseil d'État est évidemment intervenu. 317 00:20:08,300 --> 00:20:11,980 Et pour garantir la stabilité des décisions implicites d'acceptation, 318 00:20:12,360 --> 00:20:16,780 le Conseil d'État est intervenu en 1969 dans une décision sieur Ève. 319 00:20:18,340 --> 00:20:22,160 Dans cette affaire, il a jugé qu'un préfet dont le silence a fait naître 320 00:20:22,360 --> 00:20:25,060 une autorisation, créatrice de droit bien évidemment, 321 00:20:26,120 --> 00:20:29,620 ce préfet ne pouvait pas revenir sur cette décision. 322 00:20:29,860 --> 00:20:32,100 Il ne pouvait pas du tout revenir sur cette décision. 323 00:20:32,300 --> 00:20:36,300 Lorsque le législateur a prévu que le silence de l'administration 324 00:20:36,500 --> 00:20:40,760 fait naître une décision d'acceptation, donc une décision créatrice de droit, 325 00:20:41,780 --> 00:20:46,040 le retrait doit intervenir avant même que la décision ne naisse, 326 00:20:46,240 --> 00:20:48,760 ou plutôt l'administration doit s'opposer à ce que la décision 327 00:20:48,960 --> 00:20:49,720 ne naisse. 328 00:20:49,920 --> 00:20:51,680 Mais une fois qu'elle est née, l'administration ne peut plus rien 329 00:20:51,880 --> 00:20:52,640 faire. 330 00:20:52,840 --> 00:20:56,480 C'était le sens de cette jurisprudence sieur Ève. 331 00:20:57,080 --> 00:21:01,100 Vous le voyez, avec cette jurisprudence sieur Eve, et d'ailleurs avec d'autres 332 00:21:01,300 --> 00:21:04,160 jurisprudences postérieures, le droit a commencé à devenir 333 00:21:04,980 --> 00:21:07,560 particulièrement complexe, avec le cas des décisions implicites, 334 00:21:07,760 --> 00:21:09,820 des décisions qui ne sont pas notifiées, etc., bref, 335 00:21:10,280 --> 00:21:11,740 la chose devient compliquée. 336 00:21:11,940 --> 00:21:18,620 Le législateur lui-même intervient et décide de fixer le régime des 337 00:21:18,820 --> 00:21:20,620 décisions implicites d'acceptation. 338 00:21:20,920 --> 00:21:24,640 Grosso modo, parce que d'ailleurs même la loi n'est pas simple sur 339 00:21:24,840 --> 00:21:28,180 la question, c'est la loi DCRA que je vous ai déjà citée ici, 340 00:21:28,620 --> 00:21:34,160 l'administration peut retirer, grosso modo, une décision implicite 341 00:21:34,360 --> 00:21:37,700 créatrice de droit dans les deux mois qui suivent sa naissance, 342 00:21:38,020 --> 00:21:41,020 contrairement à ce que disait le Conseil d'État dans sa décision 343 00:21:41,220 --> 00:21:44,240 sieur Ève, que j'évoquais juste avant, de 1969. 344 00:21:44,940 --> 00:21:46,440 Donc les choses deviennent encore plus complexes. 345 00:21:46,840 --> 00:21:51,060 Le Conseil d'État décide d'intervenir, contrairement à ce qu'a d'ailleurs 346 00:21:51,260 --> 00:21:52,720 décidé le législateur. 347 00:21:53,420 --> 00:21:58,400 C'est un arrêt extrêmement important, l'arrêt Ternon, un arrêt du 26 348 00:21:58,600 --> 00:21:59,360 octobre 2001. 349 00:21:59,860 --> 00:22:02,480 Dans cette décision, le Conseil d'État revient sur sa 350 00:22:02,680 --> 00:22:05,400 jurisprudence ancestrale dame Cachet et ville de Bagneux, 351 00:22:05,660 --> 00:22:10,820 et il décide de fixer un délai de quatre mois, un délai strict 352 00:22:11,020 --> 00:22:16,400 qui court à compter de l'édiction de la décision, ce qui modifie 353 00:22:16,600 --> 00:22:18,800 donc la jurisprudence Cachet et Bagneux. 354 00:22:19,000 --> 00:22:22,760 Vous vous souvenez, je vous l'ai dit, les arrêts Cachet et Bagneux reposent 355 00:22:22,960 --> 00:22:27,380 sur la question de la publicité de l'acte administratif. 356 00:22:27,600 --> 00:22:31,540 Or, l'arrêt Ternon ne prend plus la publicité comme point de départ. 357 00:22:32,200 --> 00:22:36,800 Le point de départ du délai de retrait est dorénavant, 358 00:22:37,000 --> 00:22:40,520 avec la décision Ternon, l'édiction de la décision, 359 00:22:40,720 --> 00:22:43,940 la signature de la décision par l'autorité qui l'a prise. 360 00:22:44,540 --> 00:22:48,400 Donc ce délai est de quatre mois, il n'est plus de deux mois, 361 00:22:48,980 --> 00:22:51,720 et il commence à courir à compter de l'adoption de la décision, 362 00:22:52,120 --> 00:22:55,120 non de la publicité, peu importe qu'il y ait eu publication, 363 00:22:55,320 --> 00:22:58,600 notification, peu importe que les tiers aient été informés ou pas, 364 00:22:58,800 --> 00:23:01,480 on s'en fiche, c'est une forme de simplification. 365 00:23:01,920 --> 00:23:04,880 L'administration a quatre mois, pas plus, pas moins, 366 00:23:05,080 --> 00:23:06,120 pour retirer la décision. 367 00:23:06,400 --> 00:23:10,840 Et la doctrine a parlé à ce sujet de découplage entre le délai de 368 00:23:11,040 --> 00:23:15,920 recours et le délai de retrait, opéré dans un but évidemment de 369 00:23:16,120 --> 00:23:17,880 préservation de la sécurité juridique. 370 00:23:18,080 --> 00:23:21,180 Puisqu'au bout de quatre mois, la décision de l'administration 371 00:23:21,380 --> 00:23:27,060 est stable, l'administré qui a reçu des droits de cette décision 372 00:23:27,260 --> 00:23:29,420 a des droits de manière définitive. 373 00:23:29,680 --> 00:23:33,740 L'administration ne peut plus revenir dessus, peu importe que les tiers 374 00:23:33,940 --> 00:23:36,760 aient été informés ou non. 375 00:23:37,240 --> 00:23:41,260 Cependant, la décision Ternon ne réglait pas le cas des décisions 376 00:23:41,460 --> 00:23:42,220 implicites. 377 00:23:42,420 --> 00:23:48,720 Il y avait encore des dispositions particulières relatives aux actes 378 00:23:48,920 --> 00:23:50,740 implicites d'acceptation de l'administration. 379 00:23:51,360 --> 00:23:56,020 L'état du droit était encore assez complexe après 2001. 380 00:23:56,780 --> 00:24:03,400 La véritable simplification, et vous en bénéficiez aujourd'hui, 381 00:24:03,600 --> 00:24:04,360 elle est venue du CRPA de 2015. 382 00:24:05,140 --> 00:24:10,360 Le CRPA met à plat toutes les règles en matière de retrait et d'abrogation 383 00:24:10,560 --> 00:24:12,040 des actes créateurs de droit. 384 00:24:13,680 --> 00:24:15,220 L'article L. 385 00:24:15,420 --> 00:24:19,580 242-1 prévoit que les actes créateurs de droit, quels qu'ils soient, 386 00:24:20,140 --> 00:24:25,840 ne peuvent être abrogés ou retirés que s'ils sont illégaux et dans 387 00:24:26,040 --> 00:24:29,660 un délai de quatre mois qui suit leur signature. 388 00:24:30,480 --> 00:24:36,720 C'est une reprise et un élargissement total de la jurisprudence Ternon. 389 00:24:37,220 --> 00:24:41,000 Un acte ne peut être retiré que s'il est illégal et pendant quatre 390 00:24:41,200 --> 00:24:41,960 mois. 391 00:24:42,160 --> 00:24:46,840 Une fois le délai de quatre mois passés, l'acte illégal est définitif. 392 00:24:47,040 --> 00:24:50,700 Et pour les actes légaux, ils sont définitifs dès leur adoption. 393 00:24:51,020 --> 00:24:52,780 L'administration ne peut pas revenir dessus. 394 00:24:53,660 --> 00:24:57,040 Il y a tout de même trois exceptions à ce principe, elles sont plutôt 395 00:24:57,240 --> 00:24:58,000 simples. 396 00:24:58,200 --> 00:25:01,800 Première exception, et c'est la plus importante : lorsque le 397 00:25:02,000 --> 00:25:05,880 bénéficiaire de la décision demande à l'administration de l'abroger 398 00:25:06,080 --> 00:25:10,580 ou de la retirer, l'administration peut lui accorder ce retrait ou 399 00:25:10,780 --> 00:25:11,540 cette abrogation. 400 00:25:11,740 --> 00:25:14,760 Vous pourrez vous demander éventuellement pourquoi le bénéficiaire 401 00:25:14,960 --> 00:25:19,600 de la décision aurait-il intérêt à demander le retrait ou l'abrogation 402 00:25:19,800 --> 00:25:20,560 de cette décision. 403 00:25:20,760 --> 00:25:23,900 Éventuellement pour obtenir une décision plus avantageuse, 404 00:25:24,280 --> 00:25:28,460 le bénéficiaire peut demander le remplacement de sa décision par 405 00:25:28,660 --> 00:25:30,660 une meilleure décision pour lui. 406 00:25:31,740 --> 00:25:35,440 Et donc si le bénéficiaire en fait la demande, l'administration peut 407 00:25:35,640 --> 00:25:37,680 procéder à l'abrogation ou au retrait. 408 00:25:38,380 --> 00:25:43,600 Et d'ailleurs, si le bénéficiaire demande l'abrogation ou le retrait 409 00:25:43,800 --> 00:25:47,560 d'une décision illégale pendant le délai de quatre mois, 410 00:25:48,020 --> 00:25:52,860 l'administration doit procéder au retrait ou à l'abrogation demandée. 411 00:25:53,060 --> 00:25:55,880 Donc dans le délai de quatre mois et si la décision est illégale, 412 00:25:56,080 --> 00:25:57,480 l'administration doit le faire. 413 00:25:58,040 --> 00:26:01,780 Et au-delà du délai de quatre mois et si la décision n'est pas illégale, 414 00:26:02,000 --> 00:26:06,140 l'administration a la possibilité, elle n'est pas obligée de déférer 415 00:26:06,340 --> 00:26:07,880 à la demande de l'administré. 416 00:26:08,080 --> 00:26:09,750 Vous irez voir les articles L. 417 00:26:09,950 --> 00:26:14,520 242-3 et 4 du Code des relations entre le public et l'administration. 418 00:26:15,180 --> 00:26:18,520 Deuxième exception : les décisions créatrices de droit 419 00:26:18,720 --> 00:26:21,320 qui donnent un avantage sous condition. 420 00:26:21,520 --> 00:26:26,820 Dans ce cas-là, l'administré qui ne remplit plus la condition fixée 421 00:26:27,020 --> 00:26:31,900 peut voir l'acte abrogé par l'administration, même au-delà 422 00:26:32,100 --> 00:26:36,260 du délai de quatre mois et même si l'acte était légal au moment 423 00:26:36,460 --> 00:26:38,560 où il a été adopté. 424 00:26:38,760 --> 00:26:42,300 C'était donc la deuxième exception : la condition n'est plus respectée, 425 00:26:42,500 --> 00:26:44,240 l'administration peut abroger l'acte. 426 00:26:44,440 --> 00:26:48,520 Et troisièmement, lorsque l'administration verse une subvention 427 00:26:48,720 --> 00:26:53,600 sous condition et que le bénéficiaire n'a pas respecté cette condition, 428 00:26:53,980 --> 00:26:58,280 l'administration peut retirer la subvention, c'est-à-dire demander 429 00:26:58,480 --> 00:27:02,100 au bénéficiaire de la subvention de lui restituer la subvention 430 00:27:02,300 --> 00:27:03,260 qui a été versée. 431 00:27:03,460 --> 00:27:07,520 Par exemple, une entreprise a reçu une subvention conditionnée à la 432 00:27:07,720 --> 00:27:09,140 création d'un certain nombre d'emplois. 433 00:27:09,700 --> 00:27:13,100 Si l'entreprise n'a pas créé les emplois prévus, l'administration 434 00:27:13,300 --> 00:27:18,560 peut lui demander de restituer la subvention qui lui a été versée.