1 00:00:06,960 --> 00:00:11,386 Nous allons maintenant avoir quelques développements sur la différence 2 00:00:11,790 --> 00:00:16,106 entre la responsabilité civile extracontractuelle, l’objet de ce cours, 3 00:00:16,440 --> 00:00:20,546 et d’autres responsabilités, la responsabilité pénale, 4 00:00:20,700 --> 00:00:23,173 la responsabilité civile contractuelle. 5 00:00:24,330 --> 00:00:29,026 Il faut savoir aussi qu’il y a une responsabilité particulière 6 00:00:29,220 --> 00:00:31,275 en matière de droit administratif, 7 00:00:31,325 --> 00:00:39,280 pour la responsabilité ici étudiée dans le cours de deuxième année ou de troisième année. 8 00:00:39,600 --> 00:00:46,253 Ici, nous allons étudier la différence entre la responsabilité civile extracontractuelle 9 00:00:46,453 --> 00:00:51,893 et la responsabilité pénale, puis entre la responsabilité civile extracontractuelle 10 00:00:52,133 --> 00:00:54,826 et la responsabilité civile contractuelle. 11 00:00:57,060 --> 00:01:00,880 Entre la responsabilité pénale et la responsabilité civile, 12 00:01:01,200 --> 00:01:05,013 ce qu’on peut dire, c’est que ce sont deux responsabilités 13 00:01:05,506 --> 00:01:14,493 qui ont des finalités distinctes parce que, en droit pénal, il s’agit avant tout de sanctionner. 14 00:01:14,880 --> 00:01:17,666 Il s’agit de ce qu’on appelle le droit répressif. 15 00:01:17,946 --> 00:01:23,280 Il s’agit de punir un individu qui a un comportement dangereux. 16 00:01:24,000 --> 00:01:25,400 Alors qu’en matière civile, 17 00:01:25,546 --> 00:01:32,213 la responsabilité civile extracontractuelle est tournée vers un tout autre objectif, 18 00:01:33,080 --> 00:01:35,160 un objectif de réparation. 19 00:01:36,013 --> 00:01:39,320 Pour arriver à cette finalité distincte, 20 00:01:39,320 --> 00:01:43,786 chacune des responsabilités repose sur des mécanismes distincts. 21 00:01:44,760 --> 00:01:50,093 En droit pénal, en responsabilité pénale, on note l’importance du fait générateur. 22 00:01:50,786 --> 00:01:55,600 Plus l’infraction est grave, plus la peine encourue est importante. 23 00:01:56,220 --> 00:01:59,975 De même, dans le droit pénal, la responsabilité pénale 24 00:02:00,225 --> 00:02:02,360 est dominée par un principe de légalité. 25 00:02:02,360 --> 00:02:04,333 Il n’y a pas de peine sans texte. 26 00:02:05,400 --> 00:02:09,426 Les infractions sont limitativement prévues par la loi. 27 00:02:09,870 --> 00:02:14,320 En matière civile, on ne tient pas compte, de façon classique, 28 00:02:14,520 --> 00:02:17,220 de l’importance du fait générateur. 29 00:02:17,220 --> 00:02:20,866 Ce qui compte avant tout, c’est l’importance du dommage. 30 00:02:21,270 --> 00:02:25,290 Si on a une faute légère qui entraîne un dommage considérable, 31 00:02:25,290 --> 00:02:29,160 un dommage très important, les dommages et intérêts seront très importants, 32 00:02:29,360 --> 00:02:34,053 alors que si on a une faute très grave et que le dommage est peu important, 33 00:02:34,213 --> 00:02:36,600 les dommages et intérêts seront limités. 34 00:02:37,230 --> 00:02:43,520 De plus, contrairement au droit pénal dans lequel il existe ce fameux principe de légalité, 35 00:02:43,706 --> 00:02:47,266 en matière civile, pour le droit de la responsabilité, 36 00:02:47,450 --> 00:02:51,640 une vocation générale se manifeste dans les textes 37 00:02:51,640 --> 00:02:54,533 qui visent bien "Tout fait quelconque de l’homme", 38 00:02:54,690 --> 00:03:00,813 c’est-à-dire que les fautes ne sont pas limitativement énumérées par le Code civil. 39 00:03:00,810 --> 00:03:03,506 On le verra, il y a une impossibilité dans la doctrine, 40 00:03:03,586 --> 00:03:05,426 dans la jurisprudence ou dans la loi, 41 00:03:05,533 --> 00:03:09,653 de définir précisément et de façon limitative ce qu’est une faute. 42 00:03:09,650 --> 00:03:14,253 C’est un manquement de façon générale à une obligation de prudence ou de négligence. 43 00:03:14,250 --> 00:03:21,053 Toute faute peut constituer un fait générateur dès lors qu’elle causera un dommage 44 00:03:21,050 --> 00:03:23,146 et qu’il y a un lien de causalité entre les deux. 45 00:03:23,390 --> 00:03:27,973 Donc vocation générale du Code civil, de la responsabilité civile, 46 00:03:27,970 --> 00:03:33,000 là où la responsabilité pénale est encadrée par le principe de légalité. 47 00:03:33,280 --> 00:03:38,173 Néanmoins, à côté de ces finalités distinctes et de ces mécanismes distincts, 48 00:03:38,170 --> 00:03:43,650 on peut noter des rapprochements entre la responsabilité civile extracontractuelle 49 00:03:43,650 --> 00:03:45,106 et la responsabilité pénale, 50 00:03:45,810 --> 00:03:48,386 notamment parce que quand il y a une infraction, 51 00:03:49,000 --> 00:03:53,506 une infraction donnera lieu la plupart du temps, mais ce n’est pas toujours le cas, à deux actions, 52 00:03:53,786 --> 00:04:00,840 une action publique et une action civile que vous avez vue en cours de droit pénal. 53 00:04:01,590 --> 00:04:06,546 D’autre part, le droit pénal peut avoir d’autre but que la sanction. 54 00:04:06,810 --> 00:04:12,146 La réparation n’est pas totalement étrangère à la responsabilité pénale. 55 00:04:12,140 --> 00:04:13,480 Pour certains auteurs, 56 00:04:13,760 --> 00:04:17,973 ils estiment que le dommage est une condition de la responsabilité pénale. 57 00:04:18,560 --> 00:04:22,640 La particularité, c’est que le dommage causé à la société. 58 00:04:22,710 --> 00:04:25,306 Le dommage est subi par la société. 59 00:04:26,160 --> 00:04:32,000 De plus, il y a un rapprochement du civil vers le pénal dans la mesure où, 60 00:04:32,386 --> 00:04:36,946 en matière de responsabilité civile, on a tendance à consacrer, 61 00:04:36,940 --> 00:04:42,613 ce sera le cas avec la réforme si elle aboutit, la peine privée. 62 00:04:42,610 --> 00:04:49,306 L’idée de peine privée, on voit bien que le terme de peine est emprunté au droit pénal. 63 00:04:49,310 --> 00:04:51,680 Or, on est en matière de responsabilité civile. 64 00:04:52,380 --> 00:04:56,880 Ici, on va sanctionner l’auteur d’un dommage. 65 00:04:57,293 --> 00:05:01,080 Sinon, il commet ce qu’on appelle une faute lucrative, 66 00:05:01,080 --> 00:05:03,000 c’est-à-dire une faute qu’il a intérêt à commettre 67 00:05:03,226 --> 00:05:07,053 parce qu’elle va lui rapporter plus que ce qu’elle lui coûte. 68 00:05:07,340 --> 00:05:13,040 Pour éviter ce genre de comportements qui sont à décourager par le droit, 69 00:05:13,490 --> 00:05:16,173 on va vers la consécration de la peine privée, 70 00:05:16,170 --> 00:05:20,506 c’est-à-dire avoir une certaine proportionnalité entre non plus l’importance du dommage 71 00:05:20,500 --> 00:05:21,875 qui, parfois, est minime, 72 00:05:22,200 --> 00:05:24,800 mais entre l’importance de la faute qui est importante 73 00:05:24,975 --> 00:05:27,200 et le montant des dommages et intérêts. 74 00:05:27,410 --> 00:05:33,933 Normalement, ce n’est pas la fonction classique de la responsabilité civile, c’est la réparation. 75 00:05:34,400 --> 00:05:37,520 On calcule par rapport à l’importance du dommage. 76 00:05:38,150 --> 00:05:44,026 De plus, il y a d’autres fonctions dans la responsabilité civile, 77 00:05:44,150 --> 00:05:49,946 une fonction de régulation des comportements qui se rapproche de la matière pénale. 78 00:05:49,940 --> 00:05:55,386 On n’a pas forcément à justifier, dans tous les cas, d’un préjudice. 79 00:05:57,920 --> 00:06:03,693 Dans les rapprochements entre le droit pénal et le droit civil, 80 00:06:04,410 --> 00:06:08,160 il y a une question très importante qui a eu une certaine évolution 81 00:06:08,320 --> 00:06:11,493 dans la jurisprudence et dans la loi. 82 00:06:11,640 --> 00:06:17,066 C’est la question de l’identité des fautes pénales et des fautes civiles, 83 00:06:17,213 --> 00:06:21,546 pour montrer le lien ou la différence qui existe entre ces deux types de responsabilités. 84 00:06:22,830 --> 00:06:25,506 On a un arrêt de la Cour de cassation, 85 00:06:25,500 --> 00:06:28,680 un arrêt de la chambre civile du 18 décembre 1912 86 00:06:28,946 --> 00:06:33,746 qui pose le principe de l’identité des fautes pénales et civiles. 87 00:06:33,960 --> 00:06:37,880 Or, ce principe de l’identité des fautes pénales et civiles 88 00:06:38,480 --> 00:06:41,580 va entraîner différentes conséquences sur le plan procédural. 89 00:06:42,653 --> 00:06:46,600 Cela va se traduire par l’autorité du pénal sur le civil. 90 00:06:47,160 --> 00:06:52,290 Si le juge pénal condamne, le juge civil sera obligé de condamner 91 00:06:52,290 --> 00:06:54,750 parce que le juge pénal a reconnu l’existence d’une faute. 92 00:06:54,853 --> 00:06:58,520 Le juge civil ne pourra pas ensuite dire qu’il n’y a pas de faute. 93 00:06:59,070 --> 00:07:02,853 Le juge civil est tenu par la décision du juge pénal. 94 00:07:03,540 --> 00:07:10,080 En sens inverse, si le juge pénal relaxe, il n’y a pas, avec la solution de 1912, 95 00:07:10,080 --> 00:07:15,026 possibilité pour le juge civil de condamner à des dommages et intérêts 96 00:07:15,020 --> 00:07:16,950 en reconnaissant une faute civile. 97 00:07:17,360 --> 00:07:21,253 Ceci a entraîné des conséquences dommageables en pratique, 98 00:07:21,410 --> 00:07:27,746 puisque les victimes n’avaient aucune réparation s’il y avait relaxe par le juge pénal. 99 00:07:27,870 --> 00:07:32,813 Cela a amené certains juges, par esprit de résistance 100 00:07:33,280 --> 00:07:38,520 et en voulant assurer à la victime une réparation sur le plan civil, 101 00:07:38,580 --> 00:07:41,106 à reconnaître ce que l’on a appelé des poussières de fautes. 102 00:07:41,293 --> 00:07:42,680 Il y avait une relaxe, 103 00:07:42,680 --> 00:07:47,840 mais on reconnaissait qu’il y avait matière à condamnation sur le plan civil. 104 00:07:49,390 --> 00:07:57,175 Cette identité de fautes pénales et des fautes civiles a été abandonnée, en partie, 105 00:07:57,300 --> 00:08:02,380 par la loi du 10 juillet 2000. 106 00:08:02,830 --> 00:08:07,066 C’est une loi qui va redonner la définition de la faute, 107 00:08:07,060 --> 00:08:09,800 notamment de la faute pénale d’imprudence. 108 00:08:11,346 --> 00:08:15,213 La conséquence de cette redéfinition de la faute pénale d’imprudence, 109 00:08:15,680 --> 00:08:19,266 alors même que quelqu’un ne serait pas condamné au plan pénal 110 00:08:19,386 --> 00:08:21,706 parce qu’il n’y aurait pas de faute caractérisée, 111 00:08:21,853 --> 00:08:27,466 la faute pourra être caractérisée en matière civile, donc il pourra y avoir une réparation, 112 00:08:27,670 --> 00:08:30,013 une condamnation à des dommages et intérêts. 113 00:08:30,970 --> 00:08:34,106 Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’il y a une identité 114 00:08:34,100 --> 00:08:36,853 entre les fautes pénales et les fautes civiles, 115 00:08:37,546 --> 00:08:41,093 non seulement parce qu’il y a eu une redéfinition de la faute pénale d’imprudence, 116 00:08:41,090 --> 00:08:47,653 mais aussi parce que la faute civile a changé dans sa définition par rapport à la faute pénale. 117 00:08:47,800 --> 00:08:52,106 Il n’y a pas la même définition, il n’y a pas la même approche des deux fautes. 118 00:08:52,940 --> 00:09:00,560 Il peut y avoir une faute pénale sans qu’il y ait une faute civile 119 00:09:00,906 --> 00:09:04,213 dans des cas que l’on peut imaginer de façon très simple. 120 00:09:04,546 --> 00:09:08,680 Premier cas, faute pénale sans faute civile, la tentative. 121 00:09:09,680 --> 00:09:14,660 La tentative est réprimée en droit pénal, mais dans le droit civil, 122 00:09:14,660 --> 00:09:19,026 si la tentative a échoué et qu’il n’y a pas de dommages subis, 123 00:09:19,250 --> 00:09:22,613 il n’y aura pas d’action au profit de la victime 124 00:09:22,706 --> 00:09:26,066 pour réparer un dommage par hypothèse inexistant. 125 00:09:26,160 --> 00:09:31,173 On voit qu’il peut y avoir une sanction pénale, mais pas de sanction civile. 126 00:09:31,700 --> 00:09:32,733 De la même façon, 127 00:09:33,040 --> 00:09:38,493 certaines infractions qui existent en droit pénal ne seront pas punissables, 128 00:09:38,490 --> 00:09:42,375 ne seront pas réparables dans les conséquences qu’elles produisent 129 00:09:42,450 --> 00:09:45,440 sur le plan civil parce qu’il n’y a pas de dommages. 130 00:09:45,600 --> 00:09:50,933 C’est ce qui va relever de ce qu’on appelle la mise en danger délibérée d’autrui. 131 00:09:51,340 --> 00:09:56,426 Dans certaines infractions routières, par exemple un délit de grande vitesse, 132 00:09:56,426 --> 00:10:00,050 s’il n’y a pas de dommages, il n’y aura pas d’action civile. 133 00:10:00,050 --> 00:10:05,200 Il n’y aura pas de réparation d’un dommage par hypothèse inexistant. 134 00:10:06,770 --> 00:10:11,533 À l’inverse, il peut y avoir une faute civile sans qu’il y ait faute pénale. 135 00:10:11,546 --> 00:10:13,440 C’est le raisonnement inverse, 136 00:10:13,680 --> 00:10:19,986 toujours suivant l’idée que la faute a été redéfinie en matière civile. 137 00:10:22,306 --> 00:10:25,733 Dans la question de la responsabilité du fait personnel, 138 00:10:25,730 --> 00:10:28,960 parce que c’est justement là que la faute est importante, 139 00:10:29,546 --> 00:10:34,613 on verra qu’en matière civile, il n’y a plus d’imputabilité, 140 00:10:34,746 --> 00:10:38,186 c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’élément moral. 141 00:10:39,360 --> 00:10:45,400 Il n’y a plus à chercher le discernement chez l’auteur du dommage, 142 00:10:45,520 --> 00:10:51,906 alors que l’élément moral, l’imputabilité est un élément essentiel de la responsabilité pénale. 143 00:10:52,680 --> 00:10:54,680 En matière de responsabilité civile, 144 00:10:55,080 --> 00:10:59,186 la responsabilité du fait personnel est devenue une responsabilité 145 00:10:59,240 --> 00:11:05,733 avec une faute objective, ce qui fait qu’on pourra avoir une faute civile objective, 146 00:11:05,730 --> 00:11:10,040 mais il n’y aura pas de faute pénale parce qu’il manquera l’imputabilité. 147 00:11:11,270 --> 00:11:17,840 De plus, il pourrait y avoir une faute civile d’imprudence 148 00:11:18,080 --> 00:11:19,746 alors qu’il n’y aura pas de faute pénale, 149 00:11:19,780 --> 00:11:24,426 puisque la faute d’imprudence a été redéfinie dans la matière pénale. 150 00:11:25,380 --> 00:11:31,800 Je vous reporte à l’article 4-1 du Code de procédure pénale, 151 00:11:31,800 --> 00:11:35,240 redéfini par la loi du 10 juillet 2000. 152 00:11:35,430 --> 00:11:40,720 Cet article dispose que l’absence de faute pénale non intentionnelle 153 00:11:40,830 --> 00:11:45,925 au sens de l’article 121-3 du Code pénal ne fait pas obstacle 154 00:11:46,275 --> 00:11:49,225 à l’exercice d’une action devant les juridictions civiles, 155 00:11:49,500 --> 00:11:52,300 afin d’obtenir la réparation d’un dommage. 156 00:11:52,620 --> 00:11:58,533 Sur le fondement de l’ancien article 1383 du Code civil, aujourd’hui 1241, 157 00:11:58,890 --> 00:12:03,293 si l’existence de la faute civile prévue par cet article est établie. 158 00:12:03,290 --> 00:12:05,640 Il y a bien un divorce des deux fautes. 159 00:12:07,040 --> 00:12:11,346 Il n’y aura pas de faute pénale non intentionnelle donc faute d'imprudence, 160 00:12:11,340 --> 00:12:15,066 mais il pourra y avoir une faute civile d'imprudence. 161 00:12:15,570 --> 00:12:20,480 Donc sur le plan du fait générateur, il y a un changement. 162 00:12:20,540 --> 00:12:25,506 On est parti en 1912 sur une identité des fautes pénales et civiles, 163 00:12:26,040 --> 00:12:28,986 aujourd'hui on a une large séparation,  164 00:12:28,980 --> 00:12:32,600 une nette séparation entre les fautes pénales et civiles 165 00:12:32,600 --> 00:12:36,186 dans la redéfinition de chacune des catégories. 166 00:12:37,140 --> 00:12:39,066 Alors sur le plan procédural, 167 00:12:39,060 --> 00:12:40,725 il y a également des conséquences 168 00:12:40,850 --> 00:12:46,080 sur la différence entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale. 169 00:12:46,170 --> 00:12:49,213 C'est quelque chose que vous allez voir de façon abondante 170 00:12:49,210 --> 00:12:52,933 dans la matière de la procédure pénale. 171 00:12:52,930 --> 00:12:55,826 Simplement il faut savoir que de façon traditionnelle,  172 00:12:55,820 --> 00:13:00,720 même si là aussi, c'est quelque chose qui a été remis quelque peu en cause, 173 00:13:01,230 --> 00:13:07,250 il y avait une supériorité du pénal sur le civil avec une obligation pour le juge civil 174 00:13:07,250 --> 00:13:08,825 de surseoir à statuer 175 00:13:08,950 --> 00:13:11,500 donc pour éviter la contradiction de jugement, 176 00:13:11,653 --> 00:13:17,933 quand les deux juges sont saisis, le juge civil doit attendre la décision du juge pénal 177 00:13:18,413 --> 00:13:22,053 et donc là, aussi les choses ont quelque peu évolué 178 00:13:22,106 --> 00:13:25,840 avec une loi du 5 mars 2007 qui a été modifiée en 2010. 179 00:13:25,840 --> 00:13:31,586 Vous verrez cette question, je pense,  en droit de la procédure pénale. 180 00:13:32,490 --> 00:13:35,310 Maintenant, la responsabilité civile extra contractuelle, 181 00:13:35,310 --> 00:13:40,133 on doit faire également la différence avec la responsabilité civile contractuelle. 182 00:13:40,160 --> 00:13:42,640 Donc là, on est dans le domaine de la responsabilité civile, 183 00:13:42,920 --> 00:13:44,920 mais on a deux faits générateurs distincts. 184 00:13:45,300 --> 00:13:48,560 Dans un premier cas, la responsabilité civile contractuelle, 185 00:13:48,560 --> 00:13:50,853 le fait générateur, c'est une exécution,  186 00:13:50,850 --> 00:13:54,640 la mauvaise exécution d'un contrat alors que dans l'autre cas, 187 00:13:55,293 --> 00:13:57,746 la responsabilité civile extra contractuelle,  188 00:13:57,820 --> 00:14:01,653 il n'y a pas de contrat, ou alors on est dans la période pré contractuelle 189 00:14:01,720 --> 00:14:05,813 ou alors on serait dans la période post  contractuelle mais il n'y a pas de contrat. 190 00:14:06,450 --> 00:14:12,453 Le principe fondamental ici, c'est le principe dit du non-cumul des responsabilités. 191 00:14:12,600 --> 00:14:15,560 C'est un principe qui a été formulé par la jurisprudence. 192 00:14:15,560 --> 00:14:22,640 On cite de façon classique deux arrêts, un arrêt de la chambre civile du 21 janvier 1890 193 00:14:22,973 --> 00:14:26,666 et un arrêt de la chambre civile du 11 janvier 1922. 194 00:14:27,426 --> 00:14:32,133 Quel est le sens de ce principe de non-cumul des responsabilités ? 195 00:14:32,560 --> 00:14:37,786 Quand il y a un contrat et que l'on peut agir sur le terrain de la responsabilité contractuelle,  196 00:14:37,960 --> 00:14:40,880 on a l'obligation d'agir sur ce fondement. 197 00:14:41,800 --> 00:14:45,706 Donc les auteurs expliquent de façon opportune qu'en principe,  198 00:14:45,986 --> 00:14:48,960 ce principe n'est pas en réalité un principe de non-cumul, 199 00:14:49,013 --> 00:14:52,493 c'est plutôt un principe de non-option, on ne peut pas choisir 200 00:14:52,640 --> 00:14:56,720 entre la responsabilité contractuelle et la responsabilité extra contractuelle. 201 00:14:56,720 --> 00:14:59,666 On doit agir sur le terrain contractuel. 202 00:15:00,350 --> 00:15:01,240 Alors pourquoi ?  203 00:15:01,240 --> 00:15:01,853 Pourquoi ? 204 00:15:01,850 --> 00:15:06,400 Eh bien parce que dans le principe de la responsabilité contractuelle,  205 00:15:07,093 --> 00:15:11,066 on peut encadrer la responsabilité par des clauses 206 00:15:11,180 --> 00:15:15,213 et pas en limitant la responsabilité au préjudice prévisible, 207 00:15:15,210 --> 00:15:18,040 et ceci n'est pas possible en matière extra contractuelle. 208 00:15:18,690 --> 00:15:23,280 On ne pourrait pas contourner les prévisions du contrat puisque un des buts du contrat,  209 00:15:23,280 --> 00:15:25,826 c'est justement de prévoir d'anticiper, 210 00:15:26,020 --> 00:15:29,586 eh bien on ne peut pas contourner les stipulations du contrat 211 00:15:30,425 --> 00:15:34,370 en utilisant les voies de la responsabilité civile extra contractuelle. 212 00:15:34,880 --> 00:15:38,346 Alors on peut noter que les nouveaux régimes de responsabilité,  213 00:15:38,340 --> 00:15:43,026 ce qu'on verra encore une fois sur la loi de 85, les produits défectueux,  214 00:15:43,026 --> 00:15:44,640 la responsabilité médicale,  215 00:15:45,480 --> 00:15:48,773 ce sont des régimes qui ne reprennent pas cette distinction, 216 00:15:48,906 --> 00:15:53,866 c'est-à-dire ce sont des régimes qui transcendent l'existence ou non d'un contrat. 217 00:15:53,970 --> 00:15:59,986 Peu importe, selon les textes, on va agir d'après les mêmes règles,  218 00:16:00,173 --> 00:16:01,653 qu'il y ait un contrat ou non. 219 00:16:01,850 --> 00:16:03,733 Et donc ce principe de non-option,  220 00:16:03,730 --> 00:16:06,653 ce principe du non-cumul semble un peu dépassé aujourd'hui. 221 00:16:06,680 --> 00:16:13,826 Pourtant, le projet de réforme consacre cette idée, ce principe de non-option,  222 00:16:13,880 --> 00:16:17,813 même s'il atténue sa portée,  comme on pourra le voir,  223 00:16:18,170 --> 00:16:20,400 notamment parce que c'est un texte qui prévoit 224 00:16:20,400 --> 00:16:23,960 que les dommages corporels sont soumis à un même régime. 225 00:16:24,300 --> 00:16:30,266 En effet, le projet précise que les préjudices qui résultent d'un dommage corporel 226 00:16:30,380 --> 00:16:34,866 sont réparés sur le fondement de la responsabilité extra contractuelle 227 00:16:35,280 --> 00:16:40,160 même s'ils sont causés à l'occasion de l'exécution du contrat. 228 00:16:40,920 --> 00:16:47,573 Donc on a, dans le projet de réforme du droit de la responsabilité civile de manière générale,  229 00:16:47,773 --> 00:16:52,226 une reprise du principe de non-cumul ou plutôt du principe de non-option 230 00:16:52,293 --> 00:16:55,453 avec une place à part pour les dommages corporels 231 00:16:55,450 --> 00:16:57,226 qui obéissent à un régime autonome 232 00:16:57,220 --> 00:17:01,000 qui sera en tout cas le régime de la responsabilité extra contractuelle. 233 00:17:01,893 --> 00:17:08,190 Alors dans cette distinction entre la responsabilité extra contractuelle 234 00:17:08,190 --> 00:17:09,900 et la responsabilité contractuelle, 235 00:17:10,175 --> 00:17:12,050 eh bien finalement il y a plusieurs conséquences 236 00:17:12,100 --> 00:17:14,500 qui découlent de cette distinction,  237 00:17:14,960 --> 00:17:19,106 qu'on a déjà vues en partie sur la responsabilité contractuelle 238 00:17:19,100 --> 00:17:21,493 quand on avait évoqué cette responsabilité. 239 00:17:22,230 --> 00:17:26,373 Les deux distinctions les plus importantes sont la première sur le préjudice réparable. 240 00:17:26,910 --> 00:17:31,186 En matière contractuelle, on répare le préjudice prévisible,  241 00:17:31,533 --> 00:17:33,626 on respecte les prévisions des parties. 242 00:17:34,320 --> 00:17:39,000 En matière extra contractuelle, le principe,  c'est la réparation intégrale du préjudice. 243 00:17:40,020 --> 00:17:45,626 Deuxième grande différence, les clauses limitatives de responsabilité. 244 00:17:46,173 --> 00:17:49,733 Par principe, elles sont valables en matière contractuelle,  245 00:17:50,026 --> 00:17:54,560 même s'il y a de nombreuses exceptions,  alors qu'en matière extra contractuelle,  246 00:17:54,560 --> 00:17:59,946 ce sont des clauses qui ne sont pas valables parce qu'en principe, comme on y reviendra,  247 00:18:00,200 --> 00:18:02,160 les règles sont d'ordre public. 248 00:18:02,160 --> 00:18:05,640 On peut noter néanmoins que sur la question des clauses,  249 00:18:05,640 --> 00:18:12,613 et on y reviendra, la situation pourrait évoluer avec la consécration de la réforme 250 00:18:13,280 --> 00:18:16,200 puisque dans le projet de réforme,  on prévoit sous certaines réserves 251 00:18:16,413 --> 00:18:19,720 la validité des clauses limitatives de responsabilité,  252 00:18:19,986 --> 00:18:22,000 même en matière extra contractuelle. 253 00:18:22,970 --> 00:18:28,066 Alors sur cette question de la différence responsabilité civile contractuelle 254 00:18:28,060 --> 00:18:29,333 et extra contractuelle,  255 00:18:29,573 --> 00:18:33,200 ça me permet de revenir sur quelque chose que l'on avait vu au premier semestre, 256 00:18:33,253 --> 00:18:38,066 mais pas complètement, c'est la question des tiers,  257 00:18:38,060 --> 00:18:43,573 les tiers au contrat et savoir si les tiers peuvent agir 258 00:18:43,570 --> 00:18:46,853 et sur quel fondement contre une des parties au contrat 259 00:18:46,850 --> 00:18:50,213 pour mauvaise exécution finalement de ce contrat. 260 00:18:50,890 --> 00:18:58,653 Alors que l'on avait vu, c'est qu'il y a une relativité de la faute contractuelle pendant longtemps, 261 00:18:58,650 --> 00:19:01,880 il y avait une relativité de la faute contractuelle pendant longtemps, 262 00:19:01,880 --> 00:19:06,013 c'est-à-dire que les tiers ne pouvaient pas agir de la même façon qu'une partie 263 00:19:06,170 --> 00:19:09,080 en se prévalant de la mauvaise exécution du contrat 264 00:19:09,080 --> 00:19:11,346 sans avoir quelque chose à prouver en plus. 265 00:19:11,910 --> 00:19:17,720 Cette relativité a été abandonnée par l'arrêt d'Assemblée plénière du 6 octobre 2006 266 00:19:18,426 --> 00:19:22,800 qui a consacré l'identité des fautes contractuelles 267 00:19:22,800 --> 00:19:25,080 et de la faute invoquée par le tiers 268 00:19:25,080 --> 00:19:28,093 donc l'identité des fautes contractuelles et délictuelles. 269 00:19:28,530 --> 00:19:34,853 Cette solution, on l'avait vu, a été contestée par beaucoup d'auteurs en doctrine 270 00:19:34,850 --> 00:19:38,346 et remise en cause par certaines décisions de la jurisprudence. 271 00:19:38,700 --> 00:19:42,400 Elle semble abandonnée dans le projet de réforme. 272 00:19:42,400 --> 00:19:46,746 Le projet de réforme semble revenir sur cette situation. 273 00:19:47,430 --> 00:19:51,600 Il y a une autre question, parce que ça,  la relativité de la faute contractuelle,  274 00:19:51,600 --> 00:19:54,813 on l'avait déjà vue, c'est la question des groupes de contrats. 275 00:19:55,013 --> 00:20:00,640 Alors question des groupes de contrats qui n'est pas traitée dans les textes 276 00:20:00,640 --> 00:20:03,240 aujourd'hui sur la réforme du droit des contrats. 277 00:20:03,240 --> 00:20:07,213 C'est curieux parce que c'est une réalité qui a été mise en avant par de nombreux auteurs,  278 00:20:07,210 --> 00:20:10,093 qui a été consacrée par la jurisprudence et pourtant, 279 00:20:10,093 --> 00:20:13,080 il n'y a pas de texte ici sur cette question. 280 00:20:13,930 --> 00:20:15,573 Qu'est-ce qu'on appelle un groupe de contrats ? 281 00:20:16,013 --> 00:20:19,160 Il s'agit d'une suite de contrats qui portent sur le même bien. 282 00:20:20,230 --> 00:20:21,826 Le problème est de savoir,  283 00:20:22,306 --> 00:20:28,066 lorsque le dernier maillon de la chaîne veut agir en responsabilité contre le premier, 284 00:20:28,266 --> 00:20:33,840 sur quel fondement de responsabilité il peut agir, contractuelle ou délictuelle. 285 00:20:33,933 --> 00:20:36,733 Par exemple le même bien est revendu plusieurs fois 286 00:20:37,280 --> 00:20:40,400 et le dernier acquéreur veut agir contre le premier vendeur,  287 00:20:40,400 --> 00:20:43,275 sur quel fondement peut-il agir ? 288 00:20:43,660 --> 00:20:47,013 Ou alors un bien est vendu une première fois puis travaillé 289 00:20:47,066 --> 00:20:50,760 et transformé par un artisan puis revendu, etc. 290 00:20:51,580 --> 00:20:54,900 Le dernier maillon de la chaîne veut agir en responsabilité contre le premier 291 00:20:54,900 --> 00:20:58,026 pour telle ou telle raison, sur quel fondement peut-il agir ? 292 00:20:58,180 --> 00:21:00,613 Responsabilité contractuelle ou délictuelle. 293 00:21:01,250 --> 00:21:06,333 Donc c'est la notion de groupe de contrats et la jurisprudence avait élargi, 294 00:21:06,330 --> 00:21:09,426 avait étendu le domaine des actions contractuelles 295 00:21:09,466 --> 00:21:12,280 avant de revenir en partie en arrière. 296 00:21:12,910 --> 00:21:17,026 Ce qui ressort de la jurisprudence, puisqu'il n'y a pas de texte, je le répète, sur cette question, 297 00:21:17,100 --> 00:21:18,225 mais qu'il faut connaître,  298 00:21:18,625 --> 00:21:23,140 eh bien c'est une distinction entre les chaînes translatives de propriété 299 00:21:23,140 --> 00:21:26,240 donc les chaînes qui entraînent  un transfert de propriété 300 00:21:26,373 --> 00:21:30,200 et les chaînes non translatives de propriété. 301 00:21:31,386 --> 00:21:34,253 Pour les chaînes translatives de propriété,  302 00:21:34,493 --> 00:21:40,480 on distingue là aussi les chaînes qu'on appelle homogènes et les chaînes hétérogènes. 303 00:21:41,426 --> 00:21:45,920 Pour ce qu'on appelle les chaînes homogènes, donc translatives de propriété, 304 00:21:45,920 --> 00:21:49,493 c'est quand il y a une vente suivie d'une vente et éventuellement d'une troisième vente, etc., 305 00:21:49,773 --> 00:21:53,426 le sous-acquéreur a une action contractuelle. 306 00:21:53,420 --> 00:21:55,706 Ici, ça n'a jamais été vraiment discuté 307 00:21:55,960 --> 00:21:59,440 parce qu'on estime que l'action contractuelle se transmet avec le bien. 308 00:21:59,530 --> 00:22:03,240 C'est un accessoire de la chose et comme le bien est revendu, 309 00:22:03,400 --> 00:22:08,013 eh bien l'action en responsabilité contractuelle se transmet avec le bien 310 00:22:08,010 --> 00:22:12,325 donc le sous-acquéreur pourra agir contre le premier vendeur 311 00:22:12,450 --> 00:22:15,250 sur le fondement de la responsabilité contractuelle. 312 00:22:16,990 --> 00:22:19,653 Lorsqu'il s'agit en revanche  d'une chaîne hétérogène 313 00:22:19,650 --> 00:22:23,866 donc des contrats translatifs  accompagnés de contrats non translatifs,  314 00:22:24,400 --> 00:22:29,186 l'action contractuelle a été étendue par la jurisprudence. 315 00:22:29,470 --> 00:22:36,346 C'est ce qui ressort notamment d'un arrêt d'Assemblée plénière du 7 février 1986. 316 00:22:37,693 --> 00:22:43,266 Pour les chaînes non translatives de propriété donc s'il n'y a pas de transfert de propriété,  317 00:22:44,333 --> 00:22:46,893 avec une jurisprudence qui allait très loin, 318 00:22:46,920 --> 00:22:50,600 un arrêt de la première chambre civile du 8 mars 1988,  319 00:22:51,090 --> 00:22:57,360 la Cour de cassation avait étendu là encore la notion de chaîne de contrats  320 00:22:57,360 --> 00:23:03,613 en disant que l'action d'un cocontractant extrême contre l'autre était de nature contractuelle. 321 00:23:03,970 --> 00:23:08,586 Ceci avait été contesté par la doctrine qui estimait que c'était aller trop loin 322 00:23:08,580 --> 00:23:10,840 dans la consécration des chaînes de contrats. 323 00:23:11,170 --> 00:23:16,373 La Cour de cassation est donc revenue en arrière dans un arrêt célèbre 324 00:23:16,370 --> 00:23:21,933 qu'on appelle l'arrêt Besse d'Assemblée plénière du 12 juillet 1991 325 00:23:22,266 --> 00:23:26,760 où elle revient à l'idée que cette action dans les chaînes non translatives 326 00:23:27,000 --> 00:23:29,986 est une action de nature délictuelle 327 00:23:30,370 --> 00:23:36,973 et elle se fonde ici sur le principe fondamental qu'on avait vu, l'effet relatif du contrat. 328 00:23:37,300 --> 00:23:40,240 Voilà, je voulais revenir sur cette question ici parce qu'on voit, 329 00:23:40,240 --> 00:23:43,320 c'est la différence entre la responsabilité contractuelle 330 00:23:43,320 --> 00:23:47,693 et la responsabilité extra contractuelle et on voit que notamment relativement 331 00:23:47,800 --> 00:23:51,226 à la question des tiers et des actions entre les mains des tiers, 332 00:23:51,220 --> 00:23:56,906 eh bien la jurisprudence a parfois hésité pour choisir entre l'un ou l'autre 333 00:23:56,900 --> 00:23:59,360 des fondements de la responsabilité. 334 00:23:59,773 --> 00:24:04,173 Voilà donc on voit, la responsabilité civile extra contractuelle a une place à part, 335 00:24:04,460 --> 00:24:07,240 que ce soit par rapport à la responsabilité pénale 336 00:24:07,240 --> 00:24:11,320 ou que ce soit par rapport à la responsabilité contractuelle.