1 00:00:04,880 --> 00:00:10,380 Nous arrivons maintenant à notre première partie du cours qui se 2 00:00:10,580 --> 00:00:16,800 concentre sur le droit pénal général et nous allons étudier la façon 3 00:00:17,000 --> 00:00:21,360 dont ce droit pénal est construit et nous allons aborder un premier 4 00:00:21,560 --> 00:00:24,440 chapitre, les fondamentaux de la loi pénale. 5 00:00:25,840 --> 00:00:30,220 Dans ces fondamentaux de la loi pénale, il faut s'intéresser tout d'abord 6 00:00:30,420 --> 00:00:35,380 au principe de la loi pénale, et nous allons voir tout 7 00:00:35,580 --> 00:00:41,060 particulièrement un principe phare qui guide toutes les structures 8 00:00:41,260 --> 00:00:45,500 et tout le système normatif du droit pénal, qui est le principe 9 00:00:45,700 --> 00:00:47,300 de légalité criminelle. 10 00:00:48,540 --> 00:00:51,920 Il est énoncé par un adage latin "nullum crimen, nulla poena sine lege". 11 00:00:55,400 --> 00:01:01,600 Cet adage montre bien la définition 12 00:01:01,800 --> 00:01:08,740 de droit pénal parce que le droit pénal qui va être encadré par le 13 00:01:08,940 --> 00:01:12,860 principe de légalité criminelle nous indique qu'il n'y a pas 14 00:01:13,060 --> 00:01:17,240 d'infraction sans loi, au sens large, ou règlement ; 15 00:01:17,480 --> 00:01:24,040 qu'il n'y a pas non plus de peine autre que celle prévue par la loi 16 00:01:24,240 --> 00:01:25,240 ou le règlement. 17 00:01:25,800 --> 00:01:33,080 Donc, la loi et le règlement sont finalement les seules sources de 18 00:01:33,280 --> 00:01:34,040 droit pénal. 19 00:01:34,940 --> 00:01:41,860 Ce principe de légalité criminelle se divise en deux volets : 20 00:01:42,800 --> 00:01:49,560 un premier sens qui concerne un sens de légalité formelle et un 21 00:01:49,760 --> 00:01:53,440 deuxième sens qui est un sens de légalité matérielle. 22 00:01:54,520 --> 00:01:59,300 La légalité formelle nous indique qu'il n'y a pas d'incrimination 23 00:01:59,500 --> 00:02:08,020 sans texte écrit ni peine, et la légalité matérielle nous 24 00:02:08,220 --> 00:02:14,620 indique la nécessité pour toute norme pénale, y compris non écrite, 25 00:02:14,820 --> 00:02:20,700 d'être conforme au principe de prévisibilité et de proportionnalité. 26 00:02:21,580 --> 00:02:25,720 La construction de ce principe a été longue. 27 00:02:26,100 --> 00:02:32,720 Voyons donc l'histoire de cette construction de la légalité criminelle. 28 00:02:32,920 --> 00:02:38,180 Finalement, on voit qu'avant la Révolution française, 29 00:02:38,820 --> 00:02:44,080 le droit pénal était gouverné par un système d'arbitraire, 30 00:02:44,340 --> 00:02:50,940 d'interprétation trop libre des juges. 31 00:02:51,460 --> 00:02:56,100 C'est la Révolution et la pensée du droit pénal classique à travers 32 00:02:56,300 --> 00:03:01,880 les textes et les idées de Beccaria, de Montesquieu et d'autres penseurs 33 00:03:02,080 --> 00:03:06,420 de la Révolution qui vont introduire ce principe de légalité criminelle. 34 00:03:07,640 --> 00:03:15,260 C'est vrai, au moment de l'Ancien Régime, l'arbitraire n'était pas 35 00:03:15,460 --> 00:03:22,120 si radical qu'on pouvait le penser, mais les adages nous montrent qu'il 36 00:03:22,320 --> 00:03:26,900 y avait cette imprévisibilité du droit :"Les peines sont arbitraires 37 00:03:27,100 --> 00:03:30,300 en ce Royaume ; […] Dieu nous garde de l'équité du Parlement". 38 00:03:30,500 --> 00:03:35,700 Cela  montre bien l'esprit de l'époque 39 00:03:35,900 --> 00:03:36,800 de l'Ancien Régime. 40 00:03:38,020 --> 00:03:44,200 C'est vrai, le recours à l'arbitraire des juges n'avait lieu que si aucune 41 00:03:44,400 --> 00:03:46,360 peine n'était édictée. 42 00:03:46,600 --> 00:03:50,160 La sanction dépendait alors de l'arbitraire, c'est-à-dire de la 43 00:03:50,360 --> 00:03:56,580 prudence des juges, car ils mettaient en place une technique de peine 44 00:03:56,780 --> 00:04:00,480 fondée sur l'interprétation par analogie. 45 00:04:01,160 --> 00:04:05,900 Les édits et les ordonnances du roi avaient en effet prévu des 46 00:04:06,100 --> 00:04:10,960 infractions avec des peines précises que le juge pouvait tout de même 47 00:04:11,160 --> 00:04:15,160 ignorer, mais il pouvait faire une interprétation par analogie 48 00:04:15,360 --> 00:04:17,880 afin de contourner la règle établie. 49 00:04:18,080 --> 00:04:22,500 Par exemple, changer la peine de noyade par une peine d'emprisonnement 50 00:04:22,700 --> 00:04:23,580 à durée déterminée. 51 00:04:24,400 --> 00:04:30,500 Mais face à cet arbitraire, la Révolution française et l'esprit 52 00:04:30,700 --> 00:04:36,320 des Lumières vont promouvoir la prévisibilité et la clarté de la 53 00:04:36,520 --> 00:04:40,820 loi pénale, et c'est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen 54 00:04:41,020 --> 00:04:47,500 du 27 août 1789, dans son article 5, qui consacre pour la première fois 55 00:04:47,700 --> 00:04:49,920 le principe de légalité criminelle. 56 00:04:50,120 --> 00:04:57,720 De même, les articles 8 et 7 nous indiquent l'importance de ce principe. 57 00:05:00,200 --> 00:05:05,760 Le Code pénal de 1810 avait consacré, dans son article 4 : 58 00:05:05,960 --> 00:05:10,100 "Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les 59 00:05:10,300 --> 00:05:14,420 éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une contravention dont 60 00:05:14,620 --> 00:05:16,860 les éléments ne sont pas définis par le règlement". 61 00:05:17,060 --> 00:05:24,000 Donc, ce Code pénal intègre également cet héritage de la Déclaration 62 00:05:24,200 --> 00:05:26,760 des droits de l'homme et du citoyen. 63 00:05:26,960 --> 00:05:32,540 Les textes précisent que nul ne peut être puni d'une peine non 64 00:05:32,740 --> 00:05:36,000 prévue par la loi, un crime ou un délit, ou par le règlement, 65 00:05:36,200 --> 00:05:36,960 une contravention. 66 00:05:38,160 --> 00:05:42,400 Ce principe va être repris par d'autres textes phares, 67 00:05:42,600 --> 00:05:45,980 comme la Convention européenne des droits de l'homme dans son 68 00:05:46,180 --> 00:05:50,560 article 5 et dans son article 7, le Pacte international relatif 69 00:05:50,760 --> 00:05:56,300 aux droits civils et politiques de 1966 dans ses articles 9, 70 00:05:56,640 --> 00:06:00,540 14 et 15, ainsi que la Charte des droits fondamentaux de l'Union 71 00:06:00,740 --> 00:06:02,320 européenne dans son article 49. 72 00:06:02,660 --> 00:06:08,500 Donc, on voit l'importance, l'historique et l'intégration de 73 00:06:08,700 --> 00:06:13,440 ce principe dans tous les textes fondamentaux du droit pénal. 74 00:06:14,520 --> 00:06:21,280 Également, n'oublions pas qu'ils se retrouvent écrits de façon textuelle 75 00:06:21,480 --> 00:06:27,120 dans le code actuel dans son article 111-2 et 111-3. 76 00:06:27,320 --> 00:06:33,540 Et ce qui est important, c'est que ce principe a été érigé 77 00:06:33,740 --> 00:06:38,240 en valeur constitutionnelle à travers l'interprétation de l'article 8 78 00:06:38,440 --> 00:06:41,080 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. 79 00:06:42,320 --> 00:06:47,340 Ainsi, il se retrouve dans l'article 34 de la Constitution. 80 00:06:50,080 --> 00:06:55,800 On voit ici que ce sont les fondamentaux de ce principe. 81 00:06:56,640 --> 00:07:02,860 Si on regarde plus en détail le Code pénal, il va se retrouver 82 00:07:03,060 --> 00:07:09,160 dans l'article 111-2, 111-3, 111-4 et jusqu'à l'article 83 00:07:09,360 --> 00:07:10,160 111-5. 84 00:07:11,220 --> 00:07:19,020 Ces quatre articles vont abriter des éléments qui vont construire 85 00:07:19,220 --> 00:07:25,600 le principe de légalité criminelle, qui vont encadrer la pratique des 86 00:07:25,800 --> 00:07:29,060 magistrats dans l'application de la loi. 87 00:07:29,360 --> 00:07:34,640 L'article 111-2 nous dit que "la 88 00:07:34,840 --> 00:07:38,620 loi détermine les crimes et délits et fixe les peines applicables 89 00:07:38,820 --> 00:07:39,580 à leurs auteurs. 90 00:07:39,780 --> 00:07:43,660 Le règlement détermine les contraventions et fixe, 91 00:07:43,860 --> 00:07:47,320 dans les limites et selon les distinctions établies par la loi, 92 00:07:47,520 --> 00:07:49,260 les peines applicables, contraventions". 93 00:07:49,960 --> 00:07:55,280 L'article 111-3, à son tour, nous dit que "nul ne peut être 94 00:07:55,480 --> 00:07:59,720 puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis 95 00:07:59,920 --> 00:08:02,960 par la loi ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis 96 00:08:03,160 --> 00:08:03,920 par le règlement. 97 00:08:04,120 --> 00:08:07,960 Nul ne peut être puni d'une peine qui n'est pas prévue par la loi 98 00:08:08,160 --> 00:08:11,180 si l'infraction est un crime ou un délit ou par un règlement si 99 00:08:11,380 --> 00:08:12,330 l'infraction est une contravention". 100 00:08:12,530 --> 00:08:18,500 Ensuite, l'article 111-4 nous dit 101 00:08:18,700 --> 00:08:22,480 que "la loi pénale est d'interprétation stricte". 102 00:08:23,440 --> 00:08:29,000 Finalement, l'article 111-5 nous dit que "les juridictions pénales 103 00:08:29,200 --> 00:08:33,040 sont compétentes pour interpréter les actes administratifs, 104 00:08:33,240 --> 00:08:37,380 réglementaires ou individuels et pour en apprécier la légalité lorsque 105 00:08:37,580 --> 00:08:41,740 cet examen dépend de la solution de procès pénal qui lui est soumis". 106 00:08:51,100 --> 00:08:56,340 Ces articles construisent ce qu'on appelle l'esprit du principe de 107 00:08:56,540 --> 00:08:59,900 légalité criminelle, qui consacre en réalité l'idée 108 00:09:00,100 --> 00:09:03,900 que le pouvoir d'incrimination appartient exclusivement au 109 00:09:04,100 --> 00:09:04,860 législateur. 110 00:09:05,920 --> 00:09:14,370 C'est le seul légitime pour créer la loi pénale parce qu'il a été élu. 111 00:09:14,570 --> 00:09:20,800 Il est donc le seul garant du recul des libertés individuelles, 112 00:09:21,000 --> 00:09:25,420 et toute incrimination manifestant un recul de ces libertés doit passer 113 00:09:25,620 --> 00:09:26,580 par le législateur. 114 00:09:26,940 --> 00:09:32,040 Donc, les articles du Code pénal 115 00:09:32,240 --> 00:09:38,220 permettent de confier au législateur de déterminer les actes punissables 116 00:09:38,420 --> 00:09:39,880 et les peines applicables. 117 00:09:40,160 --> 00:09:45,720 On retrouve donc qu'il faut une loi certaine et prévisible. 118 00:09:46,620 --> 00:09:50,680 Ce principe constitue une garantie essentielle de la liberté individuelle, 119 00:09:50,880 --> 00:09:55,420 car le citoyen est protégé de l'arbitraire du juge, 120 00:09:55,620 --> 00:10:02,470 car il peut connaître à l'avance les conséquences de ses actes. 121 00:10:03,330 --> 00:10:06,850 Bien évidemment, on voit que le principe de légalité criminelle 122 00:10:07,050 --> 00:10:14,010 est un corollaire de la sécurité juridique et il s'inspire de la 123 00:10:14,210 --> 00:10:17,890 séparation des pouvoirs, c'est-à-dire qu'on voit bien ici, 124 00:10:18,090 --> 00:10:21,370 dans le principe de légalité criminelle, que la tâche de la 125 00:10:21,570 --> 00:10:25,770 création législative de la loi pénale appartient au législateur, 126 00:10:25,970 --> 00:10:30,910 tandis que l'application appartient exclusivement au juge. 127 00:10:31,210 --> 00:10:36,110 Il faut savoir qu'il y a trois éléments dans la norme pénale, 128 00:10:36,310 --> 00:10:38,710 comme on l'a vu lors de la première séance. 129 00:10:39,030 --> 00:10:42,510 Il y a l'obligation, ce qui est prescrit par la loi pénale, 130 00:10:42,710 --> 00:10:45,790 l'incrimination, qui est la violation de l'obligation, et la sanction. 131 00:10:46,330 --> 00:10:50,090 Le législateur a donc le pouvoir sur ces éléments. 132 00:10:57,390 --> 00:11:02,450 Voyons maintenant quelle est la conséquence concrète de ce principe 133 00:11:02,650 --> 00:11:04,270 sur les lois pénales. 134 00:11:05,530 --> 00:11:10,210 Tout d'abord, les conséquences sur la qualité du droit et la création 135 00:11:10,410 --> 00:11:14,870 de textes, et ensuite les conséquences sur le juge et l'interprétation 136 00:11:15,070 --> 00:11:15,830 de textes. 137 00:11:16,970 --> 00:11:19,530 La qualité du droit et la création de textes. 138 00:11:19,730 --> 00:11:25,190 Le principe de légalité criminelle exige que la loi soit précise, 139 00:11:25,430 --> 00:11:27,030 expresse et claire. 140 00:11:27,230 --> 00:11:30,190 On le voit dans plusieurs arrêts de la Cour de cassation. 141 00:11:30,890 --> 00:11:37,570 Par exemple, l'arrêt du 26 février 2014 explore très bien cette situation. 142 00:11:38,230 --> 00:11:43,610 Cette exigence du principe de légalité criminelle sur la loi précise, 143 00:11:43,810 --> 00:11:50,470 claire et expresse, nous la voyons comme une valeur constitutionnelle. 144 00:11:50,850 --> 00:11:56,050 C'est la décision du 16 décembre 1999 du Conseil constitutionnel 145 00:11:56,250 --> 00:12:00,090 qui a déterminé que les principes d'accessibilité et d'intelligibilité 146 00:12:00,290 --> 00:12:03,970 de la loi sont des objectifs à valeur constitutionnelle. 147 00:12:04,290 --> 00:12:08,330 Donc, l'exigence du principe de légalité criminelle par rapport 148 00:12:08,530 --> 00:12:14,550 à la loi pénale va être sanctionnée et regardée avec beaucoup de vigilance 149 00:12:14,750 --> 00:12:18,110 par la Cour de cassation et par le Conseil d'État. 150 00:12:18,990 --> 00:12:22,390 Voyons d'abord le Conseil constitutionnel et comment il opère 151 00:12:22,590 --> 00:12:23,450 cette surveillance. 152 00:12:24,770 --> 00:12:29,750 Le Conseil constitutionnel a été amené à plusieurs reprises à censurer 153 00:12:29,950 --> 00:12:34,860 des textes législatifs qui ne sont pas clairs ou qui ne correspondent 154 00:12:35,060 --> 00:12:40,810 pas à la précision qui pourrait garantir le principe de légalité 155 00:12:41,010 --> 00:12:41,770 criminelle. 156 00:12:42,350 --> 00:12:48,470 Un exemple est la décision du 10 et 11 octobre 1989, où le Conseil 157 00:12:48,670 --> 00:12:51,550 constitutionnel annule, pour non-conformité à la Constitution, 158 00:12:51,750 --> 00:12:59,550 l'article 28 de la loi du 23 octobre 1984 visant à limiter la concentration 159 00:12:59,750 --> 00:13:04,330 et assurer la transparence financière et le pluralisme des entreprises. 160 00:13:05,630 --> 00:13:13,250 Plus précisément, le texte ne précisait pas clairement à quelle personne 161 00:13:13,450 --> 00:13:17,490 incombait l'obligation d'insertion que posait la loi. 162 00:13:17,790 --> 00:13:23,610 Donc, dans cette mesure d'imprécision, le Conseil constitutionnel va censurer. 163 00:13:24,470 --> 00:13:30,370 La même dynamique, la même réflexion 164 00:13:30,570 --> 00:13:36,830 va se faire dans d'autres décisions, comme la décision du 18 janvier 165 00:13:37,030 --> 00:13:41,550 1985 sur le concept de malversation qui était trop imprécis. 166 00:13:41,750 --> 00:13:47,310 Dans la loi du 25 janvier 1985, le concept de malversation était 167 00:13:47,510 --> 00:13:51,430 trop imprécis, donc le Conseil constitutionnel a censuré. 168 00:13:53,390 --> 00:13:59,470 On le voit également dans la décision du 27 juillet 2000, où le Conseil 169 00:13:59,670 --> 00:14:02,290 constitutionnel considère qu'il n'y a pas de précision en matière 170 00:14:02,490 --> 00:14:06,730 de responsabilité sur Internet et sanctionne l'absence de diligence 171 00:14:06,930 --> 00:14:09,910 appropriée de fournisseurs d'hébergement. 172 00:14:10,490 --> 00:14:15,590 Donc, on voit bien ici que le Conseil constitutionnel se soucie de la 173 00:14:15,790 --> 00:14:24,530 clarté et de la précision des textes pénaux, mais ce souci s'étend aussi 174 00:14:24,730 --> 00:14:29,150 aux textes non-pénaux au sens strict, mais qui prévoient une sanction. 175 00:14:29,670 --> 00:14:35,170 Par exemple, dans la décision du 13 janvier 2011, le Conseil 176 00:14:35,370 --> 00:14:38,670 constitutionnel va se prononcer sur l'article L. 177 00:14:38,870 --> 00:14:44,590 442-6 du Code de commerce relatif à l'incrimination des pratiques 178 00:14:44,830 --> 00:14:49,790 commerciales abusives dans le contrat conclu entre un fournisseur et 179 00:14:49,990 --> 00:14:50,830 un distributeur. 180 00:14:51,030 --> 00:14:55,250 Le texte n'est évidemment pas de droit pénal au sens strict, 181 00:14:55,450 --> 00:15:03,910 mais vu qu'il intègre une sanction, il va surveiller cet article et  182 00:15:04,230 --> 00:15:08,410 le censurer s'il ne correspond pas au principe de légalité criminelle. 183 00:15:09,710 --> 00:15:12,350 D'autre part, on a la Cour de cassation. 184 00:15:12,550 --> 00:15:17,890 Le rôle de la Cour de cassation va être primordial pour garantir 185 00:15:18,090 --> 00:15:19,810 le principe de légalité criminelle. 186 00:15:20,070 --> 00:15:24,270 Elle peut analyser la clarté et la précision d'une loi ou d'un 187 00:15:24,470 --> 00:15:30,250 texte réglementaire, et dans ce sens-là, elle va surveiller que 188 00:15:30,450 --> 00:15:36,970 le principe de légalité criminelle soit bien consacré par la loi qu'il 189 00:15:37,170 --> 00:15:42,450 amène à interpréter et à appliquer dans le cas qui lui est posé. 190 00:15:43,070 --> 00:15:47,810 Également, les arrêts sur les textes réglementaires intègrent une notion 191 00:15:48,010 --> 00:15:52,170 qui est assez particulière, puisqu'elle montre ce qu'on appelle 192 00:15:52,370 --> 00:15:53,870 la plénitude des juridictions. 193 00:15:54,330 --> 00:15:58,590 Dans la plénitude des juridictions, on considère que le juge pénal 194 00:15:58,790 --> 00:16:02,550 a une aptitude assez prononcée sur toutes les questions qui lui 195 00:16:02,750 --> 00:16:03,510 sont proposées. 196 00:16:03,710 --> 00:16:09,370 En ce sens, l'article 111-5 du Code pénal, qu'on a vu tout à l'heure, 197 00:16:09,570 --> 00:16:12,930 confère cette plénitude des juridictions au juge pénal pour 198 00:16:13,130 --> 00:16:18,210 interpréter et apprécier la légalité des actes administratifs. 199 00:16:18,650 --> 00:16:26,490 Donc, il a la possibilité d'écarter l'application d'un acte administratif 200 00:16:26,690 --> 00:16:31,250 dans les litiges si cet acte ne correspond pas au principe de légalité 201 00:16:31,450 --> 00:16:32,210 criminelle.