1 00:00:05,480 --> 00:00:10,200 Deuxième section de ce cours, deuxième et dernière section : 2 00:00:10,780 --> 00:00:13,410 quels enjeux pour demain ? 3 00:00:13,610 --> 00:00:18,760 Nous avons dressé en section 1 un bilan, 4 00:00:19,180 --> 00:00:22,760 je ne vais pas dire sévère, mais un bilan réel des finances 5 00:00:22,960 --> 00:00:27,340 publiques françaises avec une dégradation de ces finances et 6 00:00:27,540 --> 00:00:33,640 une inquiétude quant à la capacité immédiate de correction des 7 00:00:33,840 --> 00:00:38,820 défaillances financières, d'où l'interrogation : 8 00:00:39,540 --> 00:00:46,400 comment la France peut soutenir sa croissance qui pourtant est 9 00:00:46,600 --> 00:00:49,380 nécessaire, indispensable ? 10 00:00:49,600 --> 00:00:50,960 Il n'y a pas de recette miracle. 11 00:00:51,900 --> 00:01:00,200 Une entreprise, un ménage en situation financière difficile, 12 00:01:01,000 --> 00:01:09,300 qui vit donc à crédit, ne peut pas entretenir ce crédit 13 00:01:09,500 --> 00:01:13,580 durablement, ne peut pas non plus l'augmenter. 14 00:01:14,160 --> 00:01:17,300 Elle est obligée, l'entreprise, de réguler. 15 00:01:17,500 --> 00:01:20,940 Et le ménage doit aussi rendre compte à sa banque. 16 00:01:21,220 --> 00:01:22,460 Il en est de même pour l'État. 17 00:01:23,360 --> 00:01:29,700 Même si l'État dispose d'une capacité d'emprunt bien au-delà de l'entreprise 18 00:01:29,900 --> 00:01:35,500 ou du ménage, il y a un moment où les marchés financiers envoient 19 00:01:35,700 --> 00:01:44,520 des signaux d'alerte pour montrer que la confiance fait défaut et 20 00:01:44,720 --> 00:01:50,900 qu'on ne peut donc plus apporter des financements supplémentaires. 21 00:01:51,500 --> 00:01:58,120 D'où, demain, l'obligation pour la France d'un assainissement 22 00:01:58,320 --> 00:01:59,420 budgétaire. 23 00:02:01,560 --> 00:02:08,640 Que relève la politique d'assainissement budgétaire ? 24 00:02:08,840 --> 00:02:13,440 L'assainissement budgétaire signifie, dans le cas de l'économie française, 25 00:02:14,460 --> 00:02:15,520 réduire la dette. 26 00:02:16,780 --> 00:02:18,680 Comment réduire la dette ? 27 00:02:18,880 --> 00:02:22,900 Deux propositions et elles sont draconiennes. 28 00:02:23,480 --> 00:02:24,600 Mais la France n'a pas le choix. 29 00:02:25,360 --> 00:02:31,000 On a vu qu'en 2027, elle ne peut plus assurer son engagement, 30 00:02:31,600 --> 00:02:33,840 ramener son déficit public à 3 %. 31 00:02:34,040 --> 00:02:35,080 Or, elle s'est engagée à le faire. 32 00:02:35,280 --> 00:02:36,040 C'est fini. 33 00:02:36,240 --> 00:02:37,100 Aujourd'hui, ce n'est plus crédible. 34 00:02:37,600 --> 00:02:39,000 On est sûr qu'elle ne peut pas le faire. 35 00:02:40,200 --> 00:02:44,600 Donc elle doit prendre des mesures drastiques désormais. 36 00:02:44,860 --> 00:02:46,950 Elle ne peut plus jouer sur des effets d'annonce. 37 00:02:47,150 --> 00:02:53,780 Deux moyens pour réduire la dette, et la réduction n'est pas possible 38 00:02:53,980 --> 00:02:56,920 à court terme, donc simplement à moyen terme. 39 00:02:57,860 --> 00:03:01,880 Restreindre la masse salariale des administrations publiques, 40 00:03:02,780 --> 00:03:06,280 donc réduire le nombre de fonctionnaires. 41 00:03:08,080 --> 00:03:15,350 Ça veut dire en contrepartie prendre le risque de pénaliser l'emploi, 42 00:03:15,550 --> 00:03:17,740 donc d'augmenter le taux de chômage. 43 00:03:19,540 --> 00:03:28,160 Deuxième moyen : contracter, réduire les dépenses sociales, 44 00:03:28,580 --> 00:03:30,420 sanitaires et fiscales. 45 00:03:31,900 --> 00:03:38,080 Cela signifie dépenser moins en 46 00:03:38,280 --> 00:03:44,480 redistribution, moins de subventions, moins d'allocations, 47 00:03:46,580 --> 00:03:52,700 absence de plan d'accompagnement sur le plan sanitaire et statu 48 00:03:52,900 --> 00:03:59,840 quo fiscal, c'est-à-dire pas de baisse d'impôts alors que l'économie 49 00:04:00,040 --> 00:04:04,420 française est avec le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé, 50 00:04:05,100 --> 00:04:06,760 43,2 %. 51 00:04:06,960 --> 00:04:12,820 Et si on ajoute la part administration sécurité sociale, on arrive à 45 %, 52 00:04:13,020 --> 00:04:16,350 c'est-à-dire juste au-dessus du Danemark. 53 00:04:16,550 --> 00:04:21,720 La France est le pays qui a le taux de prélèvement obligatoire 54 00:04:21,920 --> 00:04:27,020 net avec le coût de sécurité sociale 55 00:04:27,220 --> 00:04:32,820 le plus élevé au niveau de tous les pays de l'OCDE. 56 00:04:34,140 --> 00:04:41,920 Ces prévisions d'assainissement budgétaire sont déjà mises en œuvre 57 00:04:42,120 --> 00:04:45,080 depuis février 2024. 58 00:04:46,780 --> 00:04:47,740 Comment ? 59 00:04:47,980 --> 00:04:55,520 Bercy, compte tenu des exigences de Bruxelles, a annulé par décret, 60 00:04:55,720 --> 00:05:04,980 entre février et le 1er juin 2024, 10 milliards d'euros de crédits 61 00:05:05,180 --> 00:05:13,180 dans des activités qui étaient ciblées, dont les financements devaient 62 00:05:13,380 --> 00:05:18,760 concerner l'écologie, le développement et l'enseignement 63 00:05:18,960 --> 00:05:19,720 supérieur. 64 00:05:19,920 --> 00:05:25,640 Donc trois coupes budgétaires déjà réalisées. 65 00:05:25,840 --> 00:05:31,200 Et malgré ces 10 milliards d'euros 66 00:05:31,400 --> 00:05:37,120 d'économie, les résultats ne sont toujours pas satisfaisants. 67 00:05:37,880 --> 00:05:44,680 Donc la France a annoncé au niveau européen — puisqu'elle était interrogée 68 00:05:44,880 --> 00:05:53,380 vu le risque d'incapacité de remboursement —, rechercher 10 69 00:05:53,580 --> 00:05:59,540 milliards supplémentaires qui sont mis aujourd'hui en sourdine d'ici 70 00:05:59,740 --> 00:06:01,340 juillet 2024. 71 00:06:02,220 --> 00:06:10,560 Mais la France confirme la nécessité sur l'année 2024 de réduire son 72 00:06:10,760 --> 00:06:15,120 budget de dépense de 20 milliards d'euros. 73 00:06:15,580 --> 00:06:17,500 Ça représente quoi ? 74 00:06:17,720 --> 00:06:23,320 Les 10 milliards d'économies déjà réalisées entre février 2024 et 75 00:06:23,520 --> 00:06:28,760 juin 2024, ça représente 0,2 % 76 00:06:28,960 --> 00:06:30,420 de croissance en moins. 77 00:06:31,900 --> 00:06:36,260 Or, je vous ai dit, on avait une prévision de 0,9 % de taux de 78 00:06:36,460 --> 00:06:42,340 croissance avant la correction mise par l'OFCE et d'autres organismes 79 00:06:42,540 --> 00:06:46,580 internationaux, qui nous a fait basculer à 0,7 % compte tenu de 80 00:06:46,780 --> 00:06:48,020 cet assainissement budgétaire. 81 00:06:48,480 --> 00:06:52,700 Or, on annonce 10 milliards supplémentaires d'économies, 82 00:06:53,400 --> 00:06:57,740 donc ça voudrait dire un ralentissement supplémentaire de l'activité, 83 00:06:57,940 --> 00:07:01,740 donc une difficulté importante. 84 00:07:02,920 --> 00:07:09,300 Mais deuxième engagement de la France pour rester crédible au 85 00:07:09,500 --> 00:07:15,740 niveau international, la France sait que ces 20 milliards d'économies 86 00:07:15,940 --> 00:07:23,380 sur 2024 ne seront pas suffisants, donc elle annonce qu'en 2025, 87 00:07:23,840 --> 00:07:27,240 20 milliards supplémentaires s'imposeront. 88 00:07:27,840 --> 00:07:34,320 Problème, comment la croissance réagira en 2025 ? 89 00:07:34,520 --> 00:07:39,300 La France sera déjà avec 1 % de croissance en moins alors que la 90 00:07:39,500 --> 00:07:43,180 moyenne occidentale est à 3,2 % de croissance. 91 00:07:44,180 --> 00:07:49,200 Donc une difficulté vraiment importante. 92 00:07:49,940 --> 00:07:57,240 Une difficulté d'autant plus inquiétante que le début d'année 93 00:07:57,440 --> 00:08:03,020 2024 est plutôt monotone pour la 94 00:08:03,220 --> 00:08:03,980 France. 95 00:08:04,180 --> 00:08:07,600 Comment et pourquoi ? 96 00:08:07,800 --> 00:08:11,040 Un début d'année 2024 assez morose. 97 00:08:12,200 --> 00:08:21,280 La croissance au premier trimestre 2024 n'est que de +0,1 %. 98 00:08:21,480 --> 00:08:23,940 On l'escomptait à +0,5. 99 00:08:25,620 --> 00:08:30,840 Au deuxième trimestre, on la prévoyait à +0,4, 100 00:08:31,740 --> 00:08:32,920 elle n'est que de +0,2. 101 00:08:35,180 --> 00:08:39,980 Au troisième trimestre, sous l'effet des JO, 102 00:08:40,480 --> 00:08:47,840 des Jeux Olympiques, on attend un rebond à +0,3 dans 103 00:08:48,040 --> 00:08:50,420 le meilleur scénario possible. 104 00:08:50,780 --> 00:08:53,900 Or, on envisageait initialement +0,5. 105 00:08:54,100 --> 00:08:59,300 Ça veut dire qu'au fur et à mesure, la France revoit à la baisse ses 106 00:08:59,500 --> 00:09:04,260 prévisions, d'où la correction des organismes internationaux qui 107 00:09:04,460 --> 00:09:11,460 annoncent que pour fin 2024, au plus, on serait à +0,7 %. 108 00:09:11,660 --> 00:09:19,600 Donc une difficulté, des enjeux pour demain difficiles. 109 00:09:19,940 --> 00:09:27,540 Premier enjeu, un assainissement budgétaire contraignant et continu. 110 00:09:27,740 --> 00:09:32,980 On nous annonce déjà pour 2025, au moins autant de restrictions 111 00:09:33,180 --> 00:09:40,600 qu'en 2024, et probablement plus puisque la croissance ne rebondira pas. 112 00:09:42,140 --> 00:09:50,900 Deuxième enjeu pour demain, c'est la dérive de la dette publique 113 00:09:51,100 --> 00:09:51,860 aujourd'hui. 114 00:09:52,060 --> 00:09:55,660 Pourquoi cette dérive ? 115 00:09:55,860 --> 00:09:58,180 Deux raisons principales. 116 00:09:58,900 --> 00:10:03,960 Nous les développerons au chapitre suivant, mais on ne peut pas manquer 117 00:10:04,160 --> 00:10:07,060 déjà de les évoquer parce que c'est un réel enjeu. 118 00:10:07,880 --> 00:10:14,000 Pourquoi le poids de la dette publique est alarmant aujourd'hui ? 119 00:10:14,200 --> 00:10:18,760 Première raison, étant donné les taux d'intérêt élevés. 120 00:10:19,420 --> 00:10:26,680 Les taux d'intérêt réels sont forts, sont importants même si la BCE, 121 00:10:26,960 --> 00:10:34,560 la Banque centrale européenne les a légèrement réduits au 15 juin, 122 00:10:34,760 --> 00:10:37,220 le 12 juin 2024 précisément. 123 00:10:38,220 --> 00:10:42,140 Mais première raison donc de cette dérive, et je vais l'expliquer, 124 00:10:42,360 --> 00:10:43,620 les taux d'intérêt élevés. 125 00:10:43,820 --> 00:10:49,380 Et deuxième raison, le déficit public qui s'entretient et qui 126 00:10:49,580 --> 00:10:51,080 est à un niveau important. 127 00:10:52,260 --> 00:10:59,640 Pour résumer, le problème, l'enjeu de demain, la soutenabilité 128 00:10:59,840 --> 00:11:01,580 de la politique budgétaire. 129 00:11:02,280 --> 00:11:09,160 Est-ce qu'un pays condamné à dépenser moins, sans croissance réelle 130 00:11:09,360 --> 00:11:16,760 aujourd'hui, et confronté de plus à un environnement européen morose, 131 00:11:17,500 --> 00:11:20,300 peut être crédible pour l'investissement ? 132 00:11:20,500 --> 00:11:21,260 Non. 133 00:11:21,460 --> 00:11:27,220 Donc aujourd'hui, l'orientation de la politique budgétaire, 134 00:11:27,420 --> 00:11:31,860 qui est incontournable, pose un problème réel de crédibilité. 135 00:11:32,060 --> 00:11:36,580 C'est ce qu'on appelle la soutenabilité de la politique budgétaire. 136 00:11:36,920 --> 00:11:41,540 Jusqu'où raisonnablement faudra-t-il aller ? 137 00:11:41,740 --> 00:11:43,280 Comment y parvenir ? 138 00:11:43,480 --> 00:11:49,140 Et ce n'est pas un problème statistique uniquement. 139 00:11:49,560 --> 00:11:53,580 Il y a un problème également de vision économique, d'analyse 140 00:11:53,780 --> 00:11:54,540 économique. 141 00:11:55,040 --> 00:11:59,260 En économie, du point de vue de la politique budgétaire, 142 00:11:59,780 --> 00:12:06,040 vous avez deux grandes visions, deux grandes écoles. 143 00:12:07,000 --> 00:12:13,120 L'école libérale, celle que l'on appelle l'école néoclassique, 144 00:12:14,400 --> 00:12:19,620 qui considère que ce sont les déficits 145 00:12:19,820 --> 00:12:25,120 publics eux-mêmes qui sont responsables 146 00:12:25,320 --> 00:12:27,840 du niveau des taux d'intérêt. 147 00:12:28,980 --> 00:12:37,900 Donc si les taux d'intérêt sont élevés, c'est parce que l'économie a un 148 00:12:38,100 --> 00:12:44,260 besoin de financement excessif, donc on est obligé d'émettre de 149 00:12:44,460 --> 00:12:50,140 la monnaie, on est obligé de la financer, et sa capacité à rembourser 150 00:12:50,340 --> 00:12:51,160 devient difficile. 151 00:12:51,360 --> 00:12:53,920 Donc le coût de l'argent s'élève. 152 00:12:54,600 --> 00:12:56,900 La prise de risque est plus forte. 153 00:12:57,300 --> 00:13:00,040 On compense par des taux d'intérêt élevés. 154 00:13:00,680 --> 00:13:05,620 Cette école libérale, néoclassique, pense donc que la 155 00:13:05,820 --> 00:13:11,400 réduction des déficits s'impose, qu'elle est raisonnable, 156 00:13:11,940 --> 00:13:17,280 et qu'elle s'accompagnerait alors par une baisse automatique des 157 00:13:17,480 --> 00:13:21,700 taux d'intérêt sans coût, sans devoir financer, 158 00:13:22,320 --> 00:13:25,520 tout simplement parce que la croissance prendrait le relais. 159 00:13:25,720 --> 00:13:29,420 Le déficit public diminue, la confiance revient, 160 00:13:29,620 --> 00:13:32,460 les taux d'intérêt baissent, l'investissement repart, 161 00:13:32,660 --> 00:13:37,340 l'économie est boostée, l'économie est stimulée à moyen terme. 162 00:13:37,900 --> 00:13:45,380 C'est aujourd'hui la version qui s'impose au sein des organismes 163 00:13:45,580 --> 00:13:49,900 internationaux dans la logique d'interprétation économique, 164 00:13:50,100 --> 00:13:55,200 autant de Bruxelles que des organismes 165 00:13:55,400 --> 00:13:56,720 américains. 166 00:13:57,480 --> 00:14:03,940 Donc une vision libérale, trop d'endettement coule l'économie. 167 00:14:04,260 --> 00:14:07,220 Voilà la vision résumée des néoclassiques. 168 00:14:07,700 --> 00:14:13,560 Il faut donc empêcher l'économie française de se surendetter, 169 00:14:14,020 --> 00:14:19,780 car ce surendettement paralyse sa capacité de remboursement et 170 00:14:19,980 --> 00:14:21,760 remet en cause sa croissance. 171 00:14:21,960 --> 00:14:25,520 C'est donc toutes les variables économiques qui en pâtissent, 172 00:14:25,720 --> 00:14:28,280 et les ménages en subissent le coup. 173 00:14:28,480 --> 00:14:33,940 C'est ce que les ménages ont subi en 2022, 2023, 2024 avec une 174 00:14:34,140 --> 00:14:36,180 raréfaction du crédit. 175 00:14:37,400 --> 00:14:44,660 Deuxième vision, celle des keynésiens, les régulateurs, c'est-à-dire ceux 176 00:14:44,860 --> 00:14:51,720 pour lesquels, vision totalement opposée, le déficit public est 177 00:14:51,920 --> 00:14:56,100 nécessaire, s'impose pour soutenir l'activité. 178 00:14:56,720 --> 00:15:01,400 C'est la théorie keynésienne du multiplicateur, c'est-à-dire comment 179 00:15:01,600 --> 00:15:05,800 on finance une économie en lui donnant de l'argent. 180 00:15:06,220 --> 00:15:12,100 Ça, c'est la relance budgétaire de l'après-guerre, une économie 181 00:15:12,300 --> 00:15:14,820 en panne, à l'arrêt, on lui fait crédit. 182 00:15:15,340 --> 00:15:22,540 C'est le soutien américain aux économies qui sortent de la Seconde 183 00:15:22,740 --> 00:15:26,080 Guerre mondiale et qui ont besoin donc d'être relancées. 184 00:15:26,740 --> 00:15:33,800 C'est la politique de subvention aux entreprises après la crise 185 00:15:34,000 --> 00:15:38,500 financière internationale des années 30. 186 00:15:39,040 --> 00:15:45,600 Donc une théorie du multiplicateur qui nous dit qu'en situation de 187 00:15:45,800 --> 00:15:54,760 taux d'intérêt réels élevés, on aura inévitablement une paralysie 188 00:15:54,960 --> 00:16:01,120 de l'économie, mais l'État prend le relais, l'État crée de l'argent 189 00:16:01,320 --> 00:16:05,820 et diffuse l'argent dans l'économie pour stimuler. 190 00:16:06,020 --> 00:16:09,300 On ne parle pas tout de suite de remboursement, on diffère le 191 00:16:09,500 --> 00:16:10,260 remboursement. 192 00:16:10,840 --> 00:16:16,520 Le problème aujourd'hui, cette école des néo-keynésiens, 193 00:16:16,800 --> 00:16:22,740 aujourd'hui, c'est qu'elle transpose la théorie du multiplicateur sur 194 00:16:22,940 --> 00:16:26,540 un horizon de moyen terme, long terme. 195 00:16:26,860 --> 00:16:29,900 Or, Keynes ne l'appliquait qu'à court terme. 196 00:16:30,100 --> 00:16:34,540 Keynes disait que c'est indispensable d'avoir ce multiplicateur, 197 00:16:34,860 --> 00:16:40,660 donc que l'État mette à disposition de la création de richesses par 198 00:16:40,860 --> 00:16:44,020 de l'argent et qu'on diffère le remboursement. 199 00:16:44,220 --> 00:16:49,080 Mais attention, ce n'est possible et envisageable qu'à la seule condition 200 00:16:49,280 --> 00:16:55,940 que dès que l'économie redémarre, dès que les entreprises investissent, 201 00:16:56,220 --> 00:16:57,400 l'État se retire. 202 00:16:57,860 --> 00:17:00,940 L'État ne fait plus d'investissement public, il se retire parce que 203 00:17:01,140 --> 00:17:04,820 sinon il se surendette et il ne pourra pas rembourser. 204 00:17:05,300 --> 00:17:10,740 Or aujourd'hui, les néo-keynésiens n'envisagent pas ce même environnement 205 00:17:10,940 --> 00:17:14,040 temporel, ils ne restent pas sur le court terme, ils transposent 206 00:17:14,240 --> 00:17:19,600 l'enseignement au long terme, ce que la France fait actuellement 207 00:17:19,800 --> 00:17:25,680 en considérant que par des fonds 208 00:17:25,880 --> 00:17:31,260 publics supplémentaires, continu depuis 2020, 209 00:17:32,620 --> 00:17:40,080 la croissance va redémarrer et le remboursement public des masses 210 00:17:40,280 --> 00:17:45,400 financières données sera différé, se fera de manière automatique 211 00:17:45,600 --> 00:17:46,960 par le retour de croissance. 212 00:17:47,420 --> 00:17:50,360 Le problème, c'est que le retour de croissance, quatre ans après, 213 00:17:50,560 --> 00:17:54,400 n'est toujours pas là, donc un problème de crédibilité. 214 00:17:55,520 --> 00:18:01,200 Dans ces deux visions, ce qu'il faut voir principalement, 215 00:18:01,400 --> 00:18:05,340 c'est le degré de faisabilité de la politique économique. 216 00:18:05,540 --> 00:18:12,100 Et ça, aujourd'hui, bien entendu, c'est un point très délicat, 217 00:18:12,660 --> 00:18:18,600 puisqu'on reproche à l'économie française de ne pas pouvoir mettre 218 00:18:18,800 --> 00:18:24,400 fin à son besoin de financement à moyen terme, 2027 ce ne sera 219 00:18:24,600 --> 00:18:32,780 pas possible, donc on lui demande de se responsabiliser pour que 220 00:18:32,980 --> 00:18:39,980 sa croissance soit financée de façon raisonnable, et non pas par 221 00:18:40,180 --> 00:18:45,700 le surendettement dont le remboursement serait hypothétique. 222 00:18:47,220 --> 00:18:55,460 J'espère vous avoir convaincus que la difficulté majeure aujourd'hui 223 00:18:55,660 --> 00:19:04,120 pour notre économie, c'est la progression de son déficit 224 00:19:04,320 --> 00:19:12,720 public, en soi une difficulté qui paraît simplement passagère, 225 00:19:12,920 --> 00:19:14,200 mais qui en fait s'installe. 226 00:19:14,760 --> 00:19:15,520 Pourquoi ? 227 00:19:15,720 --> 00:19:21,620 Parce que les recettes ralentissent fortement alors que le déficit 228 00:19:21,820 --> 00:19:24,960 augmente de manière persistante. 229 00:19:25,460 --> 00:19:28,620 Donc une mise en garde s'impose. 230 00:19:28,820 --> 00:19:35,600 Et au terme de cette présentation, on peut donc affirmer qu'il y a 231 00:19:35,800 --> 00:19:39,100 de réels enjeux qui s'imposent. 232 00:19:39,780 --> 00:19:46,520 L'économie française ne peut pas compenser son besoin de financement 233 00:19:46,720 --> 00:19:52,160 sans croissance, elle a donc besoin de relancer son activité. 234 00:19:53,320 --> 00:19:58,260 Or, pour relancer son activité, il lui faudrait des financements 235 00:19:58,460 --> 00:19:59,220 supplémentaires. 236 00:19:59,420 --> 00:20:03,960 Or, l'heure n'est pas aujourd'hui au financement supplémentaire, 237 00:20:04,520 --> 00:20:07,700 mais à la contraction des dépenses publiques. 238 00:20:08,100 --> 00:20:12,980 Donc on est dans un cercle vicieux avec une difficulté majeure, 239 00:20:13,360 --> 00:20:15,500 la compétitivité des entreprises. 240 00:20:16,100 --> 00:20:20,430 Si on ne soutient pas les entreprises, on les met en difficulté. 241 00:20:20,630 --> 00:20:23,460 Le pouvoir d'achat des ménages. 242 00:20:23,900 --> 00:20:28,740 Si on élève les impôts, on remet en cause leur pouvoir d'achat. 243 00:20:29,400 --> 00:20:32,700 Or, les ménages, on va le voir au chapitre suivant, 244 00:20:33,320 --> 00:20:40,100 ont puisé dans leur épargne en 2024 pour maintenir, non pas pour 245 00:20:40,300 --> 00:20:45,520 augmenter, mais pour maintenir simplement leur pouvoir d'achat. 246 00:20:46,080 --> 00:20:51,360 Ce qui va donc nous obliger à nous 247 00:20:51,560 --> 00:20:59,400 interroger de manière plus spécifique sur les conséquences de la montée 248 00:20:59,840 --> 00:21:01,000 de l'endettement. 249 00:21:01,500 --> 00:21:08,940 Conséquences à la fois pour l'État, et pour les entreprises et les ménages. 250 00:21:09,360 --> 00:21:16,000 Ce sera l'objet de notre deuxième chapitre de cette première partie.