1 00:00:05,540 --> 00:00:06,300 Bonjour. 2 00:00:07,540 --> 00:00:11,620 Continuons l'examen des réclamations contentieuses que le contribuable 3 00:00:11,820 --> 00:00:12,580 peut adresser. 4 00:00:13,000 --> 00:00:17,260 Donc après une phase systématique qui commence par la saisine de 5 00:00:17,460 --> 00:00:20,300 l'administration, dans un certain nombre de cas, lorsque le contribuable 6 00:00:20,500 --> 00:00:23,580 n'obtient pas satisfaction devant l'administration, lorsque 7 00:00:23,780 --> 00:00:28,900 l'administration persiste à vouloir le redresser, il lui appartient 8 00:00:29,100 --> 00:00:32,160 le cas échéant de saisir le juge, vient donc, paragraphe 2ᵉ, 9 00:00:32,360 --> 00:00:33,340 la phase juridictionnelle. 10 00:00:33,540 --> 00:00:36,620 Donc je le répète, en pratique cette phase reste assez rare, 11 00:00:36,880 --> 00:00:40,640 moins de 20 000 cas, entre 15 et 20 000 cas chaque année. 12 00:00:42,320 --> 00:00:45,040 Et alors là, pour la peine, des statistiques ont été données 13 00:00:45,240 --> 00:00:47,800 il y a quelques années par la Cour des comptes sans être actualisées. 14 00:00:48,000 --> 00:00:51,440 Il semble que dans environ trois quarts des cas,  l'administration 15 00:00:51,640 --> 00:00:52,640 triomphe devant le juge. 16 00:00:52,840 --> 00:00:55,380 Alors ce qui suggère tout de même qu'il lui arrive de se tromper, 17 00:00:55,580 --> 00:00:59,000 l'administration perd parfois devant le juge, ce qui suggère aussi peut-être 18 00:00:59,200 --> 00:01:02,700 qu'en réalité dans les cas où les dossiers de l'administration sont 19 00:01:02,900 --> 00:01:06,500 finalement les moins solides, elle a tendance à donner satisfaction 20 00:01:06,700 --> 00:01:10,220 avant que le juge soit saisi au contribuable, lors de cette phase 21 00:01:10,420 --> 00:01:13,320 administrative qui peut être un peu longue, on l'a déjà évoqué 22 00:01:13,520 --> 00:01:15,520 avec les recours précontentieux et on y reviendra un petit peu 23 00:01:15,720 --> 00:01:18,860 plus tard, et donc cela permet finalement à l'administration parfois 24 00:01:19,060 --> 00:01:22,080 d'éprouver la qualité de ses arguments, la valeur de ses arguments, 25 00:01:22,280 --> 00:01:25,440 pour ne pas prendre le risque d'aller devant le juge, avec évidemment 26 00:01:25,640 --> 00:01:28,580 une publication de l'addition au bout du compte, dans des cas où 27 00:01:28,780 --> 00:01:31,000 la médiatisation de l'addition pourrait lui porter préjudice, 28 00:01:31,200 --> 00:01:34,100 parce que d'autres contribuables pourraient être inspirés finalement 29 00:01:34,300 --> 00:01:36,240 par une décision juridictionnelle. 30 00:01:36,440 --> 00:01:42,200 En tout cas, le juge donc se prononce dans quelques milliers de situations 31 00:01:42,400 --> 00:01:47,440 chaque année, donc je le disais de 15 à 20 000, et il se trouve que, 32 00:01:47,640 --> 00:01:49,900 autre caractéristique essentielle avant de préciser un petit peu 33 00:01:50,100 --> 00:01:55,360 les choses, c'est la loi qui vient définir l'ensemble, alors d'abord 34 00:01:55,560 --> 00:01:58,440 des compétences des juridictions bien entendu, et qui vient définir 35 00:01:58,640 --> 00:02:01,640 également la nature du recours qui sera porté devant ces juridictions. 36 00:02:01,940 --> 00:02:03,650 En effet, selon l'article L. 37 00:02:03,850 --> 00:02:10,780 190 du livre des procédures fiscales, un trait commun vient donc singulariser 38 00:02:10,980 --> 00:02:14,580 l'ensemble de ces contentieux de l'impôt, c'est qu'il s'agit toujours 39 00:02:14,780 --> 00:02:17,740 d'un contentieux qualifié de plein contentieux objectif, 40 00:02:17,940 --> 00:02:21,600 de contentieux de pleine juridiction, en effet, et je vous renvoie à 41 00:02:21,800 --> 00:02:24,220 vos souvenirs de deuxième année, l'idée sera toujours, 42 00:02:24,500 --> 00:02:27,360 on l'a vu, c'est la définition même du contentieux en matière fiscale, 43 00:02:27,560 --> 00:02:30,580 sera toujours de contester la légalité d'un impôt, la question sera toujours 44 00:02:30,780 --> 00:02:34,420 de savoir si l'impôt est dû ou pas au titre des exigences qui 45 00:02:34,620 --> 00:02:35,380 sont dans la loi. 46 00:02:35,640 --> 00:02:38,920 Toutefois, et ce point est essentiel, en matière fiscale, et c'est en 47 00:02:39,120 --> 00:02:42,000 effet un héritage de la révolution française donc quelque chose d'ancien, 48 00:02:42,720 --> 00:02:45,560 dans tous les cas, le juge aura la possibilité non seulement d'annuler 49 00:02:45,760 --> 00:02:49,180 l'impôt qui n'est pas légalement dû, mais aussi de le réformer, 50 00:02:49,380 --> 00:02:53,220 pouvoir de réformation qu'a le juge fiscal, qu'il soit administratif 51 00:02:53,420 --> 00:02:58,640 ou judiciaire, et c'est donc tout à fait en décalage par rapport 52 00:02:58,840 --> 00:03:02,100 au droit commun, notamment du contrôle des actes administratifs qui, 53 00:03:02,300 --> 00:03:05,420 pour l'essentiel, donne lieu à un contentieux de l'excès de pouvoir 54 00:03:05,620 --> 00:03:09,420 qui ne permet pas au juge de réformer l'acte en question, un acte de 55 00:03:09,620 --> 00:03:14,160 nomination d'un fonctionnaire, une sanction, alors c'est le mauvais 56 00:03:14,360 --> 00:03:16,720 exemple qu'il y a pour l'essentiel, le contentieux des sanctions est 57 00:03:16,920 --> 00:03:19,160 un contentieux de pleine de juridiction, donc effaçons cet exemple, 58 00:03:19,740 --> 00:03:23,260 donc en tout cas la nomination d'un fonctionnaire, ou encore le 59 00:03:23,460 --> 00:03:25,580 refus d'accorder un permis de construire, peut donner lieu à 60 00:03:25,780 --> 00:03:28,220 une annulation, mais c'est tout, c'est du contentieux de l'excès 61 00:03:28,420 --> 00:03:29,180 de pouvoir. 62 00:03:29,380 --> 00:03:31,580 La matière fiscale, donc, a cette grande spécificité, 63 00:03:31,920 --> 00:03:34,460 le juge peut moduler finalement le montant de l'impôt, 64 00:03:35,040 --> 00:03:37,520 alors uniquement à la baisse sur la base des prétentions initiales 65 00:03:37,720 --> 00:03:40,780 de l'administration, moduler le montant de l'impôt, s'il avère 66 00:03:40,980 --> 00:03:43,780 que ça n'est pas 1 000 que doit le contribuable au titre de l'IR, 67 00:03:43,980 --> 00:03:48,160 mais seulement 800 par exemple, après application de la loi. 68 00:03:48,560 --> 00:03:51,980 Alors il se trouve que donc ce pouvoir de plein contentieux s'opère 69 00:03:52,180 --> 00:03:55,660 ou est réalisé à la fois par le juge administratif et par le juge 70 00:03:55,860 --> 00:03:58,400 judiciaire, précisons donc cette répartition des compétences un 71 00:03:58,600 --> 00:04:02,760 peu singulière en matière fiscale, et j'évoquerai très brièvement 72 00:04:02,960 --> 00:04:04,880 ce qu'on peut qualifier de droit à l'erreur de l'administration, 73 00:04:05,080 --> 00:04:08,120 l'idée simplement est de souligner un certain nombre de caractéristiques 74 00:04:08,320 --> 00:04:10,580 du contentieux fiscal, plutôt favorables à l'administration, 75 00:04:10,780 --> 00:04:12,440 alors qu'on retrouve dans d'autres branches du contentieux, 76 00:04:12,640 --> 00:04:14,960 mais qui méritent d'être notées. 77 00:04:15,180 --> 00:04:19,060 S'agissant, A, de la répartition des compétences, il y a là une 78 00:04:19,260 --> 00:04:22,520 singularité qui reste tout à fait saugrenue en matière fiscale, 79 00:04:22,720 --> 00:04:26,900 puisque à reprendre les principes notamment rappelés par la décision 80 00:04:27,100 --> 00:04:30,920 du Conseil constitutionnel du 23 janvier 1987, dite conseil de la 81 00:04:31,120 --> 00:04:35,400 concurrence, a priori l'impôt est au cœur des activités de puissance 82 00:04:35,600 --> 00:04:39,000 publique, il s'agit uniquement d'actes unilatéraux, de décisions 83 00:04:39,200 --> 00:04:42,600 unilatérales de l'administration, qui donc en principe relèvent du 84 00:04:42,800 --> 00:04:46,040 contentieux administratif, en tout cas du contrôle du juge 85 00:04:46,240 --> 00:04:49,800 administratif, mais il se trouve que, en réalité pour des raisons 86 00:04:50,000 --> 00:04:54,060 historiques, dès la révolution française, le juge judiciaire a 87 00:04:54,260 --> 00:04:56,840 disposé d'un certain nombre de compétences pour contrôler la légalité 88 00:04:57,040 --> 00:05:00,560 de certains impôts, qui étaient à l'époque plutôt des impôts dits 89 00:05:00,760 --> 00:05:12,680 indirects, et il se trouve que cette histoire continue de nourrir 90 00:05:12,880 --> 00:05:15,840 la matière, n'a pas été remise en cause depuis lors, 91 00:05:16,040 --> 00:05:19,520 et on trouve aujourd'hui une sorte d'éclatement entre les deux ordres 92 00:05:19,720 --> 00:05:23,700 de juridiction, et c'est la loi elle-même qui vient établir cette 93 00:05:23,900 --> 00:05:26,680 répartition entre les deux ordres de juridiction, c'est aujourd'hui 94 00:05:26,880 --> 00:05:27,820 l'article L. 95 00:05:28,020 --> 00:05:33,160 199 du livre des procédures fiscales, qui indique, et vous allez le 96 00:05:33,360 --> 00:05:37,640 comprendre, sans logique extrêmement évidente derrière tout cela, 97 00:05:38,180 --> 00:05:40,840 donc ce sont des choix historiques, enfin historiquement faits en tout 98 00:05:41,040 --> 00:05:44,580 cas par le législateur, d'accorder aujourd'hui, 99 00:05:44,780 --> 00:05:48,080 concentrons-nous sur le droit positif, d'une part aux tribunaux 100 00:05:48,280 --> 00:05:51,400 administratifs, donc au juge administratif de première instance, 101 00:05:51,820 --> 00:05:56,700 les litiges qui intéressent, alors en réalité, l'immense majorité 102 00:05:56,900 --> 00:06:00,280 des impositions, l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés, 103 00:06:00,540 --> 00:06:02,960 la TVA, alors même qu'il s'agit d'un droit indirect, 104 00:06:03,160 --> 00:06:05,320 tandis que les deux autres que je viens de citer sont des droits 105 00:06:05,520 --> 00:06:13,080 directs, la TVA, l'ensemble des impôts locaux, taxes foncières, 106 00:06:13,860 --> 00:06:17,720 les impôts locaux des entreprises également, tout cela va, 107 00:06:18,040 --> 00:06:21,240 entre guillemets, en première instance, est contestable en première instance, 108 00:06:21,440 --> 00:06:22,920 devant le tribunal administratif. 109 00:06:24,580 --> 00:06:27,440 Statistiquement, chaque année, les chiffres varient assez peu, 110 00:06:27,640 --> 00:06:33,500 c'est de l'ordre de 97 %, plus de 95 %, des recours ainsi 111 00:06:33,700 --> 00:06:36,040 engagés devant les juridictions qui le sont devant le tribunal 112 00:06:36,240 --> 00:06:38,400 administratif au titre de ces différents impôts. 113 00:06:38,600 --> 00:06:42,460 Donc on le voit, l'ordre juridictionnel administratif est très majoritairement 114 00:06:42,660 --> 00:06:44,000 compétent en matière fiscale. 115 00:06:44,200 --> 00:06:46,840 Il ne reste donc pas grand-chose pour les tribunaux judiciaires 116 00:06:47,040 --> 00:06:48,780 en première instance, donc le tribunal judiciaire qui 117 00:06:48,980 --> 00:06:50,240 est visé par l'article L. 118 00:06:50,440 --> 00:06:53,720 199, en matière, alors, de droits indirects, 119 00:06:53,920 --> 00:06:57,160 sauf ceux attribués par la loi au juge administratif, donc en réalité, 120 00:06:57,360 --> 00:07:01,420 il ne reste pas grand-chose, et également en matière de droits 121 00:07:01,620 --> 00:07:04,620 d'enregistrement, c'est notamment les droits de succession, 122 00:07:05,260 --> 00:07:09,380 et enfin, ce qui mérite d'être noté peut-être, c'est le contentieux 123 00:07:09,580 --> 00:07:12,880 de l'impôt sur la fortune, notamment sur la fortune immobilière, 124 00:07:13,260 --> 00:07:16,180 qui, encore une fois pour des raisons qui ne tiennent pas vraiment à 125 00:07:16,380 --> 00:07:20,580 une quelconque logique juridique, ce contentieux est également attribué 126 00:07:20,780 --> 00:07:21,840 au juge judiciaire. 127 00:07:22,040 --> 00:07:26,880 Donc c'est de l'ordre de 3 % en moyenne des litiges fiscaux qui 128 00:07:27,080 --> 00:07:29,440 sont attachés à ces différentes matières, succession, 129 00:07:29,640 --> 00:07:32,380 donation, impôt sur la fortune, droits de timbre, qui suscitent 130 00:07:32,580 --> 00:07:36,480 très peu en réalité de litiges, donc qui se trouvent jugés par 131 00:07:36,680 --> 00:07:40,760 le juge judiciaire chaque année, quelques centaines de contentieux 132 00:07:40,960 --> 00:07:43,440 nouveaux, moins d'un millier, dans tous les cas en tout cas, 133 00:07:43,780 --> 00:07:46,540 chaque année devant le tribunal judiciaire. 134 00:07:47,020 --> 00:07:50,040 Alors sur le plan procédural, ces deux juridictions en réalité 135 00:07:50,240 --> 00:07:52,940 fonctionnent à peu près de la même manière, puisque l'essentiel des 136 00:07:53,140 --> 00:07:57,080 règles sont inscrites dans les dispositions du livre des procédures 137 00:07:57,280 --> 00:07:59,360 fiscales, donc sont communes aux deux ordres de juridiction, 138 00:08:00,260 --> 00:08:02,680 mais notamment l'introduction de l'instance repose sur des règles 139 00:08:02,880 --> 00:08:05,540 en partie différentes, alors il y a là des considérations 140 00:08:05,740 --> 00:08:08,040 extrêmement techniques et d'un intérêt relativement secondaire 141 00:08:08,240 --> 00:08:10,660 sur lesquelles je n'insiste pas. 142 00:08:12,220 --> 00:08:17,420 Enfin, et terminons avec ce bref B, l'une des caractéristiques de ce 143 00:08:17,620 --> 00:08:21,400 contentieux fiscal, ce contentieux de l'assiette, c'est qu'il accorde 144 00:08:21,600 --> 00:08:28,220 à l'administration une certaine souplesse, une certaine souplesse 145 00:08:28,420 --> 00:08:31,660 et un droit à l'erreur tout à fait singulier. 146 00:08:31,860 --> 00:08:37,100 En effet, B donc le droit à l'erreur de l'administration, je veux évoquer 147 00:08:37,300 --> 00:08:40,360 ici des considérations alors qui sont souvent mal comprises ou en 148 00:08:40,560 --> 00:08:44,460 tout cas mal vécues par les contribuables, qui tiennent donc 149 00:08:44,660 --> 00:08:47,920 à la possibilité en gros à l'administration d'ajuster le tir 150 00:08:48,120 --> 00:08:51,320 en cours de procédure y compris devant le juge et donc de revenir 151 00:08:51,520 --> 00:08:54,460 finalement parfois sur les arguments qu'elle a pu avancer dans un premier 152 00:08:54,660 --> 00:08:57,100 temps pour les changer en cours de route, ce qui donc peut être 153 00:08:57,300 --> 00:09:01,260 vécu assez mal par le contribuable, qui dans un premier temps par exemple 154 00:09:01,460 --> 00:09:03,680 pourra obtenir gain de cause devant le tribunal administratif et puis 155 00:09:03,880 --> 00:09:06,040 perdre en appel sur la base de nouveaux arguments qui n'avaient 156 00:09:06,240 --> 00:09:10,480 jamais été évoqués par le passé, c'est ce qu'on appelle la substitution 157 00:09:10,680 --> 00:09:13,620 de base légale ou encore la substitution de motif, 158 00:09:14,000 --> 00:09:17,740 que le juge reconnaît très largement à l'administration, alors le 159 00:09:17,940 --> 00:09:20,440 contribuable pourra lui aussi bien sûr se défendre et amener de nouveaux 160 00:09:20,640 --> 00:09:24,580 arguments, mais il peut sembler troublant qu'un redressement établi 161 00:09:24,780 --> 00:09:28,420 parfois des années auparavant sur la base d'une disposition législative 162 00:09:29,220 --> 00:09:31,500 soit abandonnée en cours de route parce que l'administration se rend 163 00:09:31,700 --> 00:09:34,040 compte qu'elle a eu tort, mais trouve une autre disposition, 164 00:09:34,240 --> 00:09:37,100 un autre fondement pour sauver en quelque sorte son redressement 165 00:09:37,300 --> 00:09:40,300 et donc en cours de procédure, finalement la demande de 166 00:09:40,500 --> 00:09:42,420 l'administration va pouvoir en quelque sorte évoluer, 167 00:09:42,620 --> 00:09:46,640 en tout cas les fondements de la demande, c'est une des possibilités 168 00:09:46,840 --> 00:09:50,540 offertes traditionnellement par la jurisprudence à l'administration 169 00:09:50,740 --> 00:09:55,860 fiscale dès lors que le contribuable ne se voit pas privé du droit de 170 00:09:56,060 --> 00:09:58,620 se défendre et ne se voit pas privé d'une des garanties de procédure 171 00:09:58,820 --> 00:10:02,760 qui avait été attachée dans un premier temps, en tout cas à la 172 00:10:02,960 --> 00:10:07,980 base initiale sur le fondement de laquelle l'impôt avait été établi. 173 00:10:08,180 --> 00:10:11,060 Donc substitution de base légale, substitution de motif, 174 00:10:11,440 --> 00:10:14,540 et l'autre élément extrêmement important que vous avez déjà vu 175 00:10:14,740 --> 00:10:17,160 en droit d'administratif l'année dernière, c'est la jurisprudence 176 00:10:17,360 --> 00:10:19,620 Danthony, je suis sûr que vous l'avez déjà envisagée, 177 00:10:20,340 --> 00:10:23,340 qu'on retrouve donc en matière fiscale depuis en fait très longtemps, 178 00:10:23,540 --> 00:10:26,800 et qui n'a qu'assez peu évolué à la suite de cette jurisprudence 179 00:10:27,000 --> 00:10:33,760 dite Danthony de décembre 2011, c'est la possibilité pour le juge 180 00:10:33,960 --> 00:10:38,560 finalement de ne pas tirer les conséquences de certaines irrégularités 181 00:10:38,760 --> 00:10:41,520 donc procédurales par hypothèse. 182 00:10:41,720 --> 00:10:46,200 En effet, comme avec l'arrêt Danthony, que vous avez donc je pense vu, 183 00:10:46,400 --> 00:10:49,800 le Conseil d'État en matière spécifiquement fiscale dans un 184 00:10:50,000 --> 00:10:55,300 arrêt Meyer du 16 avril 2012 a 185 00:10:55,500 --> 00:11:01,380 considéré que les erreurs bénignes commises par l'administration, 186 00:11:01,600 --> 00:11:05,560 celles qui ne conduisaient pas finalement à priver le contribuable 187 00:11:05,760 --> 00:11:08,920 d'une garantie, c'est le mot qu'emploie l'arrêt Danthony et qu'emploie 188 00:11:09,120 --> 00:11:11,520 aussi l'arrêt Meyer, et le mot essentiel, 189 00:11:11,720 --> 00:11:14,680 c'est celui de garantie, et donc si en gros l'administration 190 00:11:14,880 --> 00:11:20,900 a violé la loi, mais une disposition qui l'a conduite à oublier de mettre 191 00:11:21,100 --> 00:11:24,880 un coup de tampon sans que cela porte véritablement atteinte à 192 00:11:25,080 --> 00:11:28,840 une garantie du contribuable, cette illégalité ne portera pas 193 00:11:29,040 --> 00:11:33,180 à conséquence, le redressement sera sauvé, l'erreur sera considérée 194 00:11:33,380 --> 00:11:37,100 encore une fois comme tout à fait sans importance, elle sera, 195 00:11:37,360 --> 00:11:39,620 alors c'était le vocabulaire qu'employait le juge avant les 196 00:11:39,820 --> 00:11:41,580 arrêts Danthony et Meyer, elle sera considérée, 197 00:11:41,780 --> 00:11:45,160 cette erreur, comme non substantielle, et donc n'entraînera pas l'annulation 198 00:11:45,360 --> 00:11:49,880 de l'acte d'imposition pour le cas fiscal, aujourd'hui le vocabulaire 199 00:11:50,080 --> 00:11:53,300 a un petit peu évolué, le juge n'emploie plus la notion 200 00:11:53,500 --> 00:11:56,060 d'erreur non substantielle, il dit simplement que l'erreur 201 00:11:56,260 --> 00:12:00,220 ne porte pas sur une garantie de procédure, et donc que l'impôt sera, 202 00:12:00,420 --> 00:12:02,740 je le répète, sauvé, que l'erreur sera neutralisée. 203 00:12:03,580 --> 00:12:07,880 Donc concrètement, cela est évidemment assez troublant, puisque de nombreuses 204 00:12:08,080 --> 00:12:11,780 exigences de procédures posées par le livre des procédures fiscales, 205 00:12:11,980 --> 00:12:16,080 donc de nombreux cas éventuels d'irrégularité, donc d'illégalité 206 00:12:16,280 --> 00:12:19,120 d'une procédure et d'un acte d'imposition, ne porteront pas 207 00:12:19,320 --> 00:12:22,540 à conséquence, c'est évidemment une manière de sauver de nombreux 208 00:12:22,740 --> 00:12:26,420 actes, lorsque, et j'en arrive au fond et à l'essentiel évidemment 209 00:12:26,620 --> 00:12:29,980 qui explique cette sorte de droit à l'erreur de l'administration, 210 00:12:30,180 --> 00:12:36,100 c'est pour, globalement, assouvir de la manière la plus 211 00:12:36,300 --> 00:12:38,800 efficace le principe dit de la légalité de l'impôt, 212 00:12:39,000 --> 00:12:42,060 au fond, c'est-à-dire que l'idée, c'est que quand même que si l'impôt 213 00:12:42,260 --> 00:12:45,820 légalement est dû, si le contribuable est effectivement rentré dans le 214 00:12:46,020 --> 00:12:47,840 champ d'application d'un impôt, parce qu'il remplit les 215 00:12:48,040 --> 00:12:51,400 caractéristiques, qu'il a effectivement gagné le revenu, qu'il a gagné, 216 00:12:52,720 --> 00:12:57,840 il est pour la peine conforme au principe d'égalité, qu'il bénéficie 217 00:12:58,040 --> 00:13:02,160 du même traitement que ceux qui remplissent a priori les mêmes 218 00:13:02,360 --> 00:13:04,920 conditions, et qui de la même manière rentrent dans le champ d'application 219 00:13:05,120 --> 00:13:06,940 de l'impôt en question, et qu'effectivement, 220 00:13:07,180 --> 00:13:11,060 s'il a pu faire l'objet d'une procédure de contrôle qui a été mal conduite 221 00:13:11,260 --> 00:13:13,860 et que des erreurs de procédure ont été commises par l'administration, 222 00:13:14,200 --> 00:13:17,620 est-ce que pour autant cela justifie véritablement que l'impôt ne soit 223 00:13:17,820 --> 00:13:18,800 pas payé au bout du compte ? 224 00:13:19,340 --> 00:13:21,580 Ça n'est pas tout à fait certain, en équité cela poserait en tout 225 00:13:21,780 --> 00:13:24,440 cas problème, et c'est la raison pour laquelle ce principe de la 226 00:13:24,640 --> 00:13:27,100 légalité de l'impôt, l'idée sur laquelle l'impôt dû 227 00:13:27,300 --> 00:13:32,580 au fond doit être payé, ce principe conduit donc à mettre 228 00:13:32,780 --> 00:13:37,040 en œuvre ces différents mécanismes qui garantissent un droit à l'erreur 229 00:13:37,240 --> 00:13:41,980 à l'administration, donc il y a peut-être quelque chose d'un peu 230 00:13:42,180 --> 00:13:44,920 difficile à entendre par les contribuables, pour les contribuables 231 00:13:45,120 --> 00:13:47,720 quelque chose qui conduit à minorer l'importance finalement des règles 232 00:13:47,920 --> 00:13:50,560 de procédure, qui sont pourtant des garanties essentielles a priori 233 00:13:50,760 --> 00:13:53,120 pour le contribuable, mais justement lorsque ce ne sont 234 00:13:53,320 --> 00:13:55,620 pas les garanties les plus importantes qui ont été violées, 235 00:13:56,080 --> 00:14:01,560 alors donc l'erreur est neutralisée par le juge, et donc l'impôt finalement 236 00:14:01,760 --> 00:14:05,280 sera effectivement prélevé. 237 00:14:06,260 --> 00:14:08,300 Voilà donc pour le contentieux de l'assiette, le contentieux de 238 00:14:08,500 --> 00:14:11,080 l'imposition, alors en quelques mots évoquons les contentieux qu'on 239 00:14:11,280 --> 00:14:13,640 peut qualifier d'annexes, contentieux du recouvrement, 240 00:14:14,220 --> 00:14:18,060 contentieux de l'excès de pouvoir et contentieux de l'indemnisation. 241 00:14:18,260 --> 00:14:22,320 S'agissant du contentieux dit du recouvrement, c'est un bref paragraphe 242 00:14:22,520 --> 00:14:26,140 premier, en réalité cette expression renvoie au contentieux du recouvrement 243 00:14:26,340 --> 00:14:30,360 dit forcé, puisque dans l'immense majorité des cas, plus de 98 % 244 00:14:30,560 --> 00:14:32,900 des situations d'après l'administration, le recouvrement 245 00:14:33,100 --> 00:14:35,100 de l'impôt, c'est-à-dire le fait de faire entrer l'argent dans les 246 00:14:35,300 --> 00:14:39,220 caisses, se passe sans encombre, on parle de recouvrement spontané, 247 00:14:39,420 --> 00:14:41,320 le contribuable envoie son chèque en temps et en heure, 248 00:14:41,520 --> 00:14:42,460 et donc il n'y a pas de contentieux. 249 00:14:43,310 --> 00:14:45,920 Mais dans un certain nombre d'hypothèses, lorsque le contribuable 250 00:14:46,120 --> 00:14:50,580 ne paie pas ou peine à payer, l'administration a la possibilité 251 00:14:50,780 --> 00:14:56,280 d'engager un certain nombre de procédures de recouvrement dit forcé. 252 00:14:56,640 --> 00:15:01,400 Alors le recouvrement forcé renvoie à des situations qui sont en pratique 253 00:15:01,600 --> 00:15:04,840 relativement rares au regard en tout cas du nombre d'actes d'imposition 254 00:15:05,040 --> 00:15:08,240 globalement édictés, mais tout de même ce sont des 255 00:15:08,440 --> 00:15:09,940 situations qui sont importantes. 256 00:15:10,140 --> 00:15:12,000 Alors il se trouve que l'administration, pour recouvrer 257 00:15:12,200 --> 00:15:15,940 les sommes qui lui sont dues, a la possibilité, comme tout créancier, 258 00:15:16,580 --> 00:15:19,240 d'engager des procédures prévues par le droit commun, 259 00:15:19,620 --> 00:15:23,520 par exemple des procédures de saisie, saisie immobilière par exemple, 260 00:15:23,800 --> 00:15:26,140 mais il se trouve que parallèlement, et c'est le plus important dans 261 00:15:26,340 --> 00:15:29,080 la pratique, le livre des procédures fiscales accorde à l'administration 262 00:15:29,280 --> 00:15:33,220 des pouvoirs spécifiques, et notamment un pouvoir qui est 263 00:15:33,420 --> 00:15:39,540 l'essentiel de ceux qui sont mis en œuvre, c'était qualifié jusqu'en 264 00:15:39,740 --> 00:15:45,440 2019 d'ATD, avis à tiers détenteur, depuis 2019 le vocabulaire a changé 265 00:15:45,640 --> 00:15:49,460 mais la procédure est la même, il s'agit dorénavant d'une saisie 266 00:15:49,660 --> 00:15:51,960 administrative à tiers détenteur, alors qu'est-ce qu'un ATD, 267 00:15:52,160 --> 00:15:54,120 qu'est-ce qu'une saisie administrative à tiers détenteur ? 268 00:15:54,520 --> 00:15:58,020 C'est une procédure extrêmement simple qui permet à l'administration, 269 00:15:58,260 --> 00:16:03,000 sans recours au juge judiciaire, donc de son propre mouvement, 270 00:16:03,360 --> 00:16:06,560 de s'adresser, alors non pas au contribuable lui-même, 271 00:16:07,240 --> 00:16:10,960 mais à des tiers qui détiennent des fonds censés revenir au 272 00:16:11,160 --> 00:16:12,720 contribuable, donc des tiers détenteurs. 273 00:16:13,180 --> 00:16:15,940 Alors il peut s'agir de la banque du contribuable, il peut s'agir 274 00:16:16,140 --> 00:16:18,280 de l'employeur du contribuable qui doit lui payer son salaire 275 00:16:18,480 --> 00:16:21,140 à la fin du mois, il peut s'agir donc d'autres débiteurs du 276 00:16:21,340 --> 00:16:24,420 contribuable, tels que par exemple un locataire d'un appartement qui 277 00:16:24,620 --> 00:16:27,200 appartiendrait au contribuable, et donc tous ces tiers détenteurs 278 00:16:27,400 --> 00:16:30,280 de sommes censées revenir au contribuable, peuvent faire l'objet 279 00:16:30,480 --> 00:16:33,840 de cette saisie administrative, de cet avis en réalité qui leur 280 00:16:34,040 --> 00:16:37,820 sera adressé, et qui leur réclamera donc les sommes qu'ils devraient 281 00:16:38,020 --> 00:16:39,820 payer au contribuable, plutôt que de les payer au 282 00:16:40,020 --> 00:16:42,440 contribuable, ils les paieront à l'administration, ce qui viendra 283 00:16:42,640 --> 00:16:46,360 évidemment, vous le comprenez aisément, effacer la dette du contribuable. 284 00:16:46,660 --> 00:16:49,620 Alors évidemment, le tiers détenteur n'a aucune raison de refuser, 285 00:16:49,820 --> 00:16:52,840 et il a d'autant moins de raisons qu'il sera lui-même sanctionné 286 00:16:53,040 --> 00:16:56,720 s'il ne défère pas aux commandements de l'administration, et c'est ce 287 00:16:56,920 --> 00:17:00,080 qui explique le succès de cette procédure, donc fondée sur une 288 00:17:00,280 --> 00:17:01,760 disposition législative, l'article L. 289 00:17:01,960 --> 00:17:05,180 262 du livre des procédures fiscales, qui conduit l'administration à 290 00:17:05,380 --> 00:17:09,940 édicter certaines années des millions d'ATD, parfois plusieurs centaines 291 00:17:10,140 --> 00:17:13,640 dans une affaire particulière, une entreprise par exemple qui 292 00:17:13,840 --> 00:17:16,640 ne paierait pas ses impôts, ce sont des centaines potentiellement 293 00:17:16,840 --> 00:17:21,000 de clients par exemple de l'entreprise qui pourraient recevoir un tel ATD, 294 00:17:21,200 --> 00:17:24,260 leur demandant de payer les sommes qu'ils devaient payer à ladite 295 00:17:24,620 --> 00:17:29,200 entreprise, de les payer directement à l'administration fiscale. 296 00:17:30,400 --> 00:17:32,920 Donc il se trouve que cette procédure est extrêmement efficace, 297 00:17:33,400 --> 00:17:37,340 alors des voies de recours spécifiques sont offertes évidemment au 298 00:17:37,540 --> 00:17:43,380 contribuable qui fait l'objet de ces procédures de recouvrement forcé, 299 00:17:43,980 --> 00:17:48,380 avec une distinction qui rend ce contentieux relativement complexe, 300 00:17:48,580 --> 00:17:53,240 distinction qui tient d'après la loi à d'une part la question de 301 00:17:53,440 --> 00:17:59,720 savoir si le litige porte simplement sur le fond d'obligation de payer 302 00:17:59,920 --> 00:18:05,720 ou d'autre part s'il porte aussi ou en plus sur la forme des actes 303 00:18:05,920 --> 00:18:11,280 de l'administration, puisqu'en effet, si seule la forme de l'acte de 304 00:18:11,480 --> 00:18:16,140 recouvrement forcée est en cause, il y a en fait une pure assimilation 305 00:18:16,340 --> 00:18:20,460 au contentieux des voies d'exécution, et donc c'est le juge judiciaire 306 00:18:20,660 --> 00:18:23,740 de l'exécution qui sera compétent pour apprécier donc la forme des 307 00:18:23,940 --> 00:18:28,880 actes édictés par l'administration, ce qui semble relativement cohérent 308 00:18:29,080 --> 00:18:32,380 au regard du droit commun de ces procédures d'exécution forcée. 309 00:18:33,220 --> 00:18:36,960 En revanche, si c'est le fond de l'obligation fiscale qui est en cause, 310 00:18:37,160 --> 00:18:40,880 par exemple le contribuable considère qu'il a déjà payé sa dette et donc 311 00:18:41,080 --> 00:18:43,380 on lui réclame quelque chose qui au fond n'est plus dû, 312 00:18:43,580 --> 00:18:46,560 par exemple, ou encore qu'il y a une prescription du droit de 313 00:18:46,760 --> 00:18:52,040 l'administration, cette question de fond devra être appréciée par 314 00:18:52,240 --> 00:18:55,760 le même juge que celui qui était juge de l'impôt, du principal de 315 00:18:55,960 --> 00:18:57,160 l'impôt dans cette affaire. 316 00:18:57,360 --> 00:18:59,960 Donc un éclatement potentiel entre le juge administratif et le juge 317 00:19:00,160 --> 00:19:04,160 judiciaire, et donc dans les hypothèses où le contribuable faisant face 318 00:19:04,360 --> 00:19:06,660 au recouvrement forcé souhaiterait à la fois contester le fond 319 00:19:06,860 --> 00:19:09,440 d'obligation et la forme des actes, il devra aller devant les deux 320 00:19:09,640 --> 00:19:11,380 ordres de juridiction pour une seule et même procédure, 321 00:19:11,580 --> 00:19:13,040 ce qui est un peu délirant disons-le. 322 00:19:13,500 --> 00:19:17,820 Heureusement ces cas sont peu fréquents, mais ils se produisent. 323 00:19:18,020 --> 00:19:21,480 On trouve donc un éclatement assez étrange du contentieux en la matière. 324 00:19:22,540 --> 00:19:25,640 C'est ainsi, ça fait partie des charmes, si je puis dire, 325 00:19:25,840 --> 00:19:26,600 du contentieux fiscal. 326 00:19:26,840 --> 00:19:28,800 Alors à côté de cela, et je vais être très rapide, 327 00:19:29,120 --> 00:19:31,200 le contentieux de l'excès de pouvoir dans un paragraphe 2, 328 00:19:31,480 --> 00:19:34,520 nous l'avons déjà évoqué brièvement mais pour le cas le plus important, 329 00:19:34,920 --> 00:19:36,820 le contentieux de l'excès de pouvoir devant le juge administratif de 330 00:19:37,020 --> 00:19:41,000 l'excès de pouvoir contre un acte administratif unilatéral dont le 331 00:19:41,200 --> 00:19:44,020 demandeur souhaite l'annulation, il est possible, on l'a vu 332 00:19:44,220 --> 00:19:47,980 essentiellement pour les circulaires et les notes de service et autres 333 00:19:48,180 --> 00:19:49,700 éléments de doctrine de l'administration fiscale, 334 00:19:49,900 --> 00:19:52,680 donc je vous renvoie à ce qu'on a déjà vu, tout cela reste vrai 335 00:19:52,880 --> 00:19:57,160 pour d'autres actes administratifs dit détachables de la procédure 336 00:19:57,360 --> 00:19:58,120 d'imposition. 337 00:19:58,320 --> 00:20:00,440 Puisque par hypothèse, l'acte d'imposition et tous les 338 00:20:00,640 --> 00:20:03,280 actes qui concourent à son élaboration, les différents éléments de contrôle, 339 00:20:03,700 --> 00:20:06,100 ont vocation à être contrôlés au bout du compte par le juge dit 340 00:20:06,300 --> 00:20:09,380 de l'impôt qui pourra réformer donc l'acte en question, 341 00:20:09,800 --> 00:20:12,560 apprécier toutes les étapes de la procédure, mais le juge 342 00:20:12,760 --> 00:20:15,920 administratif accepte de détacher fictivement certaines étapes 343 00:20:16,120 --> 00:20:20,840 éventuelles de ces actes qui conduisent à l'imposition, citons simplement 344 00:20:21,040 --> 00:20:22,700 deux ou trois cas particuliers sur lesquels on reviendra 345 00:20:22,900 --> 00:20:26,700 ultérieurement, les remises dites gracieuses, ou plus exactement, 346 00:20:27,200 --> 00:20:29,700 les refus de remise gracieuse peuvent faire l'objet d'un recours pour 347 00:20:29,900 --> 00:20:32,320 excès de pouvoir, nous verrons ce cas ultérieurement, notons-le 348 00:20:32,520 --> 00:20:36,160 à ce stade, dans certains cas un peu extrêmes, les refus de rescrits, 349 00:20:36,360 --> 00:20:38,420 dont on a tout petit peu parlé et qu'on recitera un petit peu 350 00:20:38,620 --> 00:20:40,560 plus tard également, peuvent faire l'objet d'un recours pour excès 351 00:20:40,760 --> 00:20:44,160 de pouvoir, et puis certains actes un peu particuliers, 352 00:20:44,360 --> 00:20:47,420 par exemple un refus de l'administration d'assujettir une 353 00:20:47,620 --> 00:20:49,660 association, par exemple, le cas se pose de temps en temps, 354 00:20:49,860 --> 00:20:53,960 à la TVA, ce qui peut être en fait une mauvaise nouvelle pour 355 00:20:54,160 --> 00:20:59,060 l'association, qui assujettie à la TVA, paye évidemment la TVA qu'elle 356 00:20:59,260 --> 00:21:03,300 collecte auprès de ses clients, mais déduit la TVA en amont payée 357 00:21:03,500 --> 00:21:05,760 à ses fournisseurs, donc c'est plutôt une bonne nouvelle d'être 358 00:21:05,960 --> 00:21:07,700 assujettie à la TVA, parfois l'administration refuse 359 00:21:07,900 --> 00:21:11,960 cet assujettissement, ce refus peut faire l'objet d'un recours 360 00:21:12,160 --> 00:21:14,340 pour excès de pouvoir, bref, le juge de l'excès de pouvoir 361 00:21:14,540 --> 00:21:16,540 est parfois compétent en matière fiscale. 362 00:21:16,740 --> 00:21:20,440 De même que, enfin troisième paragraphe, le juge de la 363 00:21:20,640 --> 00:21:24,360 responsabilité, contentieux de la responsabilité, en effet, 364 00:21:25,240 --> 00:21:27,920 conformément tout simplement au droit administratif général, 365 00:21:29,380 --> 00:21:33,200 une éventuelle faute de l'administration causant un dommage 366 00:21:33,400 --> 00:21:37,020 au contribuable, avec évidemment un lien de causalité entre la faute 367 00:21:37,220 --> 00:21:40,800 et le dommage, peut conduire à une indemnisation, par le juge 368 00:21:41,000 --> 00:21:47,460 administratif donc dudit dommage, c'est notamment l'arrêt de section 369 00:21:47,660 --> 00:21:51,400 Krupa du 21 mars 2011, que vous avez peut-être déjà vu 370 00:21:51,600 --> 00:21:56,100 en deuxième année, Krupa avec un K, donc qui vient rappeler, 371 00:21:56,520 --> 00:22:00,620 même s'il y a une modification du régime, puisque cette simple 372 00:22:00,820 --> 00:22:05,720 faute est désormais demandée par le juge pour qu'une indemnisation 373 00:22:05,920 --> 00:22:08,860 puisse être réalisée, là où auparavant, dans certains 374 00:22:09,060 --> 00:22:11,540 cas de figure, seule une faute lourde de l'administration fiscale 375 00:22:11,740 --> 00:22:13,000 pouvait engager sa responsabilité. 376 00:22:13,200 --> 00:22:15,360 Donc dorénavant, c'est un régime dit de faute simple, 377 00:22:15,560 --> 00:22:17,940 qui trouve à s'appliquer en matière fiscale, mais, et c'est les points 378 00:22:18,140 --> 00:22:21,180 essentiels, premièrement, ces cas de responsabilité sont 379 00:22:21,380 --> 00:22:24,640 très rarement susceptibles d'être engagés, puisqu'en pratique, 380 00:22:24,840 --> 00:22:30,320 et c'est en droit d'abord, le Conseil d'État rappelle que 381 00:22:30,520 --> 00:22:32,160 cette responsabilité de l'administration fiscale ne peut 382 00:22:32,360 --> 00:22:35,480 être engagée et recherchée que dans la mesure où le dommage du 383 00:22:35,680 --> 00:22:38,510 contribuable ne tient pas simplement au paiement de l'impôt et par hypothèse 384 00:22:38,710 --> 00:22:41,280 au paiement illégal de l'impôt. 385 00:22:41,480 --> 00:22:44,280 Puisque, pour la peine, il y a une procédure spéciale pour 386 00:22:44,480 --> 00:22:47,840 réclamer ce qui est l'équivalent d'une indemnisation finalement 387 00:22:48,040 --> 00:22:51,300 liée au paiement illégal d'un impôt, c'est la procédure du contentieux 388 00:22:51,500 --> 00:22:52,260 de l'impôt. 389 00:22:52,460 --> 00:22:56,000 J'estime que l'administration a eu tort, évidemment, a commis une illégalité 390 00:22:56,200 --> 00:22:57,580 en prélevant un impôt qui n'était pas dû. 391 00:22:57,920 --> 00:23:00,960 Il y a une illégalité, mais cette illégalité doit être 392 00:23:01,160 --> 00:23:03,780 réparée par le juge de l'impôt qui va me restituer l'impôt en 393 00:23:03,980 --> 00:23:05,400 question avec un temps de retard. 394 00:23:05,720 --> 00:23:08,500 Et donc, il n'y a pas de place pour un recours en indemnisation, 395 00:23:08,960 --> 00:23:11,520 sauf si, et c'est ça le point essentiel, si le dommage dont je 396 00:23:11,720 --> 00:23:14,800 me plains est étranger au paiement de l'impôt, c'est-à-dire que c'est 397 00:23:15,000 --> 00:23:18,740 en plus finalement du dommage qui m'a été causé par le fait de payer 398 00:23:18,940 --> 00:23:19,900 un impôt qui n'était pas dû. 399 00:23:20,100 --> 00:23:25,400 Par exemple, mon entreprise a fait faillite à la suite de cette situation, 400 00:23:26,300 --> 00:23:29,800 une situation humaine dramatique est née de cet impôt prélevé 401 00:23:30,000 --> 00:23:32,940 illégalement, je pourrais tenter d'être indemnisé de ce préjudice, 402 00:23:33,140 --> 00:23:37,590 donc étranger, différent finalement du paiement simplement de l'impôt. 403 00:23:37,790 --> 00:23:39,520 Alors le seul problème, c'est que dans la pratique, 404 00:23:39,720 --> 00:23:42,980 il est rarissime que le juge administratif vienne effectivement 405 00:23:43,180 --> 00:23:47,440 à estimer que le préjudice est bien causé par l'administration 406 00:23:47,640 --> 00:23:49,620 tout en étant étranger au paiement de l'impôt. 407 00:23:49,820 --> 00:23:52,420 Simplement cet exemple de l'entreprise faisant faillite à la suite d'un 408 00:23:52,620 --> 00:23:54,940 redressement qui n'avait pas lieu d'être, on peut supposer que si 409 00:23:55,140 --> 00:23:57,280 l'entreprise a fait faillite, c'est aussi qu'elle était dans 410 00:23:57,480 --> 00:23:59,940 une situation financière difficile et donc en termes de liens de 411 00:24:00,140 --> 00:24:03,480 causalité, il sera souvent difficile pour le contribuable de montrer 412 00:24:03,680 --> 00:24:07,240 que c'est exclusivement finalement la faute de l'administration qui 413 00:24:07,440 --> 00:24:11,620 a conduit à la faillite et pas d'autres facteurs extérieurs. 414 00:24:13,480 --> 00:24:16,620 Donc, soumission au droit commun du droit de la responsabilité, 415 00:24:16,820 --> 00:24:20,000 il est, je le disais, rarissime que les contribuables 416 00:24:20,200 --> 00:24:24,620 parviennent effectivement à prouver qu'un dommage qu'ils ont subi, 417 00:24:25,060 --> 00:24:26,920 donc étranger au paiement de l'impôt, du fait de l'action de 418 00:24:27,120 --> 00:24:29,860 l'administration, est bien la résultante d'une faute de 419 00:24:30,060 --> 00:24:30,820 l'administration. 420 00:24:31,260 --> 00:24:35,380 C'est la raison pour laquelle ce contentieux reste plus théorique 421 00:24:35,580 --> 00:24:36,340 que pratique. 422 00:24:36,600 --> 00:24:40,120 Voilà donc pour ces problématiques liées à l'application de la loi 423 00:24:40,320 --> 00:24:44,180 fiscale sous sa forme normale, celle de réglementation fiscale. 424 00:24:44,380 --> 00:24:47,820 Nous verrons la prochaine fois les autres formes d'application 425 00:24:48,020 --> 00:24:50,520 de la loi fiscale que nous qualifierons de régulation.