1 00:00:05,770 --> 00:00:06,530 Chapitre II. 2 00:00:08,110 --> 00:00:11,260 Le respect de la légalité dans l'union de droit. 3 00:00:13,330 --> 00:00:18,280 Parce que si des actes de droit dérivé sont adoptés par l'Union, 4 00:00:18,480 --> 00:00:23,080 fussent-ils motivés par la volonté de réaliser le marché intérieur, 5 00:00:23,950 --> 00:00:30,520 il peut survenir des hypothèses dans lesquelles on peut se poser 6 00:00:30,790 --> 00:00:35,110 la question de la compatibilité de ces actes de droit dérivé avec 7 00:00:35,310 --> 00:00:37,060 les dispositions du traité. 8 00:00:38,260 --> 00:00:41,920 A fortiori, des actes qui n'ont pas été pensés pour réaliser le 9 00:00:42,120 --> 00:00:45,520 marché intérieur peuvent poser des difficultés pour celui-ci. 10 00:00:46,600 --> 00:00:54,070 Aussi est apparu un contentieux maigre, mais significatif, portant sur 11 00:00:54,270 --> 00:01:00,010 la compatibilité d'actes de droit dérivé avec les libertés de 12 00:01:00,210 --> 00:01:00,970 circulation. 13 00:01:01,510 --> 00:01:05,590 En effet, ces libertés de circulation, dit la Cour de jurisprudence constante, 14 00:01:05,950 --> 00:01:09,700 s'impose tant aux États membres qu'aux institutions de l'Union ; 15 00:01:10,410 --> 00:01:14,050 Rewe-Zentral, affaire 37/83, par exemple. 16 00:01:14,890 --> 00:01:18,280 Et c'est logique puisqu'elles sont consacrées par le traité et que 17 00:01:18,480 --> 00:01:21,460 le droit dérivé est soumis à la règle supérieure du traité. 18 00:01:23,380 --> 00:01:29,140 Mais en pratique, ce sont généralement, on l'a vu tout au long du cours, 19 00:01:29,470 --> 00:01:33,700 les mesures nationales qui sont confrontées au regard des libertés 20 00:01:33,900 --> 00:01:35,050 fondamentales de circulation. 21 00:01:35,380 --> 00:01:41,170 On relève quelques affaires, dans lesquelles la question s'est 22 00:01:41,370 --> 00:01:47,710 posée de l'entrave, qu'on va dire en quelque sorte imputable aux 23 00:01:47,910 --> 00:01:50,440 institutions, pour reprendre le terme doctrinal. 24 00:01:52,240 --> 00:01:53,200 Soyons plus précis. 25 00:01:54,070 --> 00:01:59,770 En réalité, l'entrave résulte du comportement ou d'une mesure adoptée 26 00:01:59,970 --> 00:02:04,510 par un État membre, mais comportement et mesure qui est la conséquence 27 00:02:04,710 --> 00:02:07,000 d'un acte de droit dérivé, de sorte que, indirectement, 28 00:02:08,680 --> 00:02:13,660 l'entrave est imputable aux institutions de l'Union. 29 00:02:14,620 --> 00:02:17,320 Prenons l'exemple de l'octroi de mer, dans l'affaire Lancry, 30 00:02:17,520 --> 00:02:23,380 affaire C-363/93, où la Cour de justice a considéré que l'octroi de mer, 31 00:02:23,580 --> 00:02:27,340 tel qu'il était envisagé à l'époque en France, constituait une taxe 32 00:02:27,540 --> 00:02:29,950 d'effet équivalent, interdit par ce qui est aujourd'hui l'article 33 00:02:30,150 --> 00:02:30,910 30 TFUE. 34 00:02:31,110 --> 00:02:39,160 Or, l'octroi de mer dans sa formule de l'époque, avait été autorisé 35 00:02:39,360 --> 00:02:41,080 par une décision du Conseil. 36 00:02:41,280 --> 00:02:44,500 Et c'est donc cette décision du Conseil qui a été contrôlée, 37 00:02:44,700 --> 00:02:49,360 dont l'invalidité a été constatée par renvoi préjudicielle par la 38 00:02:49,560 --> 00:02:52,030 Cour de justice, à l'occasion de cet arrêt Lancry. 39 00:02:52,230 --> 00:02:58,170 Il y a donc ici une hypothèse dans 40 00:02:58,370 --> 00:03:01,380 laquelle, effectivement, un acte de droit dérivé peut habiliter, 41 00:03:01,580 --> 00:03:09,960 voire obliger, contraindre un État membre à commettre une violation 42 00:03:10,440 --> 00:03:11,670 des libertés de circulation. 43 00:03:12,330 --> 00:03:15,240 C'est vrai qu'en règle générale, c'est plutôt la liberté de circulation 44 00:03:15,440 --> 00:03:16,790 des marchandises qui était en cause. 45 00:03:17,160 --> 00:03:21,690 Mais la question s'est aussi posée de façon plus accessoire pour d'autres 46 00:03:21,890 --> 00:03:24,050 libertés, la prestation de service, affaire Schmelz C-97/09, 47 00:03:24,250 --> 00:03:28,710 ou les capitaux encore, dans une affaire Steinhoff contre 48 00:03:28,910 --> 00:03:31,320 BCE du tribunal, affaire T-107/17. 49 00:03:33,330 --> 00:03:36,840 La principale difficulté dans ce type de situation, c'est celle 50 00:03:37,040 --> 00:03:40,710 de savoir si la mesure est imputable à l'Union, ou elle est imputable 51 00:03:40,910 --> 00:03:41,670 à l'État membre ? 52 00:03:41,870 --> 00:03:46,110 Ou alors, est-ce qu'en réalité, l'entrave résulte de l'Union, 53 00:03:47,130 --> 00:03:51,450 ou est le fait de l'État membre qui disposait à cet égard d'une 54 00:03:52,170 --> 00:03:54,300 marge de manœuvre ? 55 00:03:55,110 --> 00:04:00,480 C'est tout particulièrement la directive qui pose cette difficulté 56 00:04:00,680 --> 00:04:02,610 puisque, par essence, cette directive laisse une marge 57 00:04:02,810 --> 00:04:05,340 de manœuvre relative, mais une marge de manœuvre, 58 00:04:05,540 --> 00:04:06,720 même aux États. 59 00:04:07,410 --> 00:04:10,680 On va se demander si la mesure est imputable aux autorités nationales 60 00:04:10,880 --> 00:04:11,640 ou non. 61 00:04:12,780 --> 00:04:17,220 Si aucune marge de manœuvre n'est laissée à l'État dans la transposition, 62 00:04:17,580 --> 00:04:23,130 à partir de là, on pourra considérer que l'entrave est imputable à l'Union. 63 00:04:23,330 --> 00:04:25,740 En revanche, s'il y a une marge de manœuvre qui est laissée à l'État, 64 00:04:25,940 --> 00:04:32,430 là c'est celui-ci uniquement qui répond du respect des libertés 65 00:04:32,630 --> 00:04:33,390 de circulation. 66 00:04:33,720 --> 00:04:36,390 Si vous voulez une belle illustration de cela, je vous renvoie à un arrêt 67 00:04:36,590 --> 00:04:41,120 clinique de 1994, Estée Lauder, affaire C-315/92. 68 00:04:41,320 --> 00:04:47,670 C'est une affaire importante parce 69 00:04:47,870 --> 00:04:53,250 que ça porte notamment sur la question de la protection des consommateurs 70 00:04:53,450 --> 00:04:56,130 et ce standard du consommateur avisé. 71 00:04:56,820 --> 00:04:58,350 C'est pour ça qu'on la connaît aussi, cette affaire. 72 00:04:58,550 --> 00:05:00,690 Mais il faut bien voir que dans cette affaire, étaient en cause 73 00:05:01,140 --> 00:05:04,440 deux directives, et des mesures nationales transposant ces deux 74 00:05:04,640 --> 00:05:05,400 directives. 75 00:05:05,600 --> 00:05:10,320 L'une concernant des mesures laissant une marge de manœuvre aux États, 76 00:05:10,520 --> 00:05:13,200 l'autre des mesures ne laissant aucune marge de manœuvre. 77 00:05:13,400 --> 00:05:16,230 Autrement dit, une harmonisation partielle et une harmonisation 78 00:05:16,980 --> 00:05:17,740 exhaustive. 79 00:05:17,940 --> 00:05:27,060 Évidemment, ici, si l'harmonisation est exhaustive, l'entrave peut 80 00:05:27,260 --> 00:05:29,490 être imputable à l'Union uniquement. 81 00:05:29,690 --> 00:05:32,780 Alors que si elle n'est pas exhaustive, elle peut être imputable à l'État 82 00:05:32,980 --> 00:05:33,740 membre. 83 00:05:33,940 --> 00:05:35,550 Voilà donc une question qui se pose. 84 00:05:37,680 --> 00:05:41,430 Une fois qu'on est évidemment face à une mesure imputable à l'Union, 85 00:05:42,000 --> 00:05:44,490 se pose la question de l'appréciation de sa validité. 86 00:05:44,690 --> 00:05:48,720 Autrement dit, il faut déterminer si l'acte des droits dérivés respecte 87 00:05:48,920 --> 00:05:50,130 bien la liberté de circulation. 88 00:05:50,850 --> 00:05:53,940 Et une fois qu'on a apprécié, s'il y avait une entrave, 89 00:05:54,210 --> 00:05:57,660 entrave à la liberté de circulation, c'est évidemment, comme pour les 90 00:05:57,860 --> 00:06:01,230 mesures nationales, la question de la justification qui va se poser, 91 00:06:01,430 --> 00:06:02,910 la justification par l'intérêt général. 92 00:06:03,570 --> 00:06:12,090 Autrement dit, on a ici très clairement une convergence, une convergence 93 00:06:12,290 --> 00:06:17,820 entre la jurisprudence relative aux mesures nationales et la 94 00:06:18,020 --> 00:06:20,670 jurisprudence relative aux mesures européennes. 95 00:06:25,490 --> 00:06:29,540 En revanche, ce que l'on voit dans cette appréciation, c'est la 96 00:06:29,740 --> 00:06:33,890 circonstance que, si vous lisez les différents arrêts, 97 00:06:34,320 --> 00:06:38,810 par exemple, 9 juin 1992, Delhaize frères, affaire C-47/90, 98 00:06:39,290 --> 00:06:43,400 ou l'affaire du jambon de Parme, affaire 108/01, ou encore l'affaire 99 00:06:43,600 --> 00:06:47,570 Schmelz qu'on a cité tout à l'heure, 97/09, qu'est-ce qu'on voit ? 100 00:06:48,140 --> 00:06:52,430 On voit la Cour de justice qui procède de deux manières. 101 00:06:54,530 --> 00:06:56,990 La première, c'est qu'elle privilégie certainement une interprétation 102 00:06:57,190 --> 00:06:57,950 conforme. 103 00:06:58,150 --> 00:07:00,830 Autrement dit, elle va interpréter le droit dérivé de manière conforme 104 00:07:01,030 --> 00:07:02,990 aux libertés de circulation, pour éviter d'en constater 105 00:07:03,190 --> 00:07:03,950 l'invalidité. 106 00:07:04,150 --> 00:07:06,530 Sauf quand ce n'est plus possible, comme dans l'affaire Lancry. 107 00:07:06,730 --> 00:07:08,180 Ça, c'est la première chose. 108 00:07:08,380 --> 00:07:11,240 Et la seconde chose, c'est qu'on constate que dans 109 00:07:15,320 --> 00:07:19,190 l'appréciation de la justification des entraves, la Cour a un contrôle 110 00:07:19,390 --> 00:07:23,630 un peu différent de celui qu'elle conduit lorsque sont en cause des 111 00:07:23,830 --> 00:07:25,160 entraves imputables aux États. 112 00:07:25,750 --> 00:07:29,840 Et c'est notamment Claude Blumann et Louis Dubouis qui le mettent 113 00:07:30,040 --> 00:07:33,470 en évidence dans leur manuel, ce point, et qu'elles ont repris 114 00:07:33,670 --> 00:07:34,460 dans un article. 115 00:07:34,660 --> 00:07:39,740 C'est-à-dire l'idée que le contrôle 116 00:07:39,940 --> 00:07:43,370 de proportionnalité n'est pas tout à fait le même, et peut être plus 117 00:07:43,640 --> 00:07:46,700 bienveillant lorsque la mesure est imputable à l'État. 118 00:07:48,350 --> 00:07:54,620 Voilà donc pour la question des entraves, qui serait le fait de l'État. 119 00:07:55,310 --> 00:07:59,720 Voyons maintenant, chapitre III : les interactions normatives. 120 00:08:01,070 --> 00:08:02,810 Pourquoi parler d'interactions normatives ? 121 00:08:03,590 --> 00:08:06,140 Parce que, justement, lorsqu'on va parler ici du droit 122 00:08:06,340 --> 00:08:08,540 dérivé qui est adopté, il renvoie à une notion 123 00:08:08,740 --> 00:08:09,500 d'harmonisation. 124 00:08:09,700 --> 00:08:12,440 L'harmonisation, c'est un terme qui revient de manière récurrente, 125 00:08:12,640 --> 00:08:15,530 alors même que le traité ne le définit pas, et pire, 126 00:08:15,730 --> 00:08:21,290 peut employer ici des termes autres, comme celui de "rapprochement des 127 00:08:21,490 --> 00:08:22,250 législations". 128 00:08:22,910 --> 00:08:26,810 Soyons clairs sur une chose ici : c'est que, par essence, 129 00:08:27,010 --> 00:08:30,710 le marché intérieur est une compétence partagée entre l'Union et les États 130 00:08:30,910 --> 00:08:34,880 membres, de sorte que nécessairement, en la matière, coexistent donc 131 00:08:35,080 --> 00:08:38,300 27 droits nationaux, et avec le droit de l'Union. 132 00:08:38,900 --> 00:08:42,080 D'autant que, on le répète, que les États membres demeurent 133 00:08:42,280 --> 00:08:45,500 libres d'exercer toutes leurs autres compétences, celles qui ne sont 134 00:08:45,700 --> 00:08:48,490 pas attribuées ou exercées par l'Union et que, évidemment, 135 00:08:49,010 --> 00:08:51,350 ça peut interagir avec le droit de l'Union. 136 00:08:52,730 --> 00:08:57,500 On doit se poser ici la question de l'organisation. 137 00:08:58,010 --> 00:08:59,900 Et on l'oublie souvent, mais le droit de l'Union européenne, 138 00:09:00,100 --> 00:09:04,850 c'est un droit qui permet d'articuler les dispositions des États membres 139 00:09:05,050 --> 00:09:09,020 entre elles, qui résultent forcément d'une diversité originelle, 140 00:09:09,380 --> 00:09:12,710 et que le droit de l'Union n'a pas forcément vocation à faire 141 00:09:12,910 --> 00:09:13,670 disparaître. 142 00:09:13,870 --> 00:09:21,200 Ici, il va falloir articuler aussi les dispositions nationales entre 143 00:09:21,400 --> 00:09:22,160 elles. 144 00:09:22,360 --> 00:09:26,000 Et c'est bien de cela dont il s'agit lorsque l'on est face à la compétence 145 00:09:26,200 --> 00:09:29,840 en matière de marché intérieur, article 114, lorsqu'il s'agit du 146 00:09:30,040 --> 00:09:32,270 rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et 147 00:09:32,470 --> 00:09:35,540 administratives, promues par cette disposition. 148 00:09:36,500 --> 00:09:38,780 On en vient à la logique du rapprochement : qu'est-ce que le 149 00:09:38,980 --> 00:09:39,740 rapprochement ? 150 00:09:40,220 --> 00:09:44,030 Rapprochement qu'on va entendre comme étant un synonyme de celui 151 00:09:44,230 --> 00:09:47,600 d'harmonisation, voire même de coordination. 152 00:09:47,800 --> 00:09:55,970 Puisque les articles 52 et 53 TFUE, en matière de services, 153 00:09:56,170 --> 00:09:57,240 nous parlent de coordination. 154 00:09:57,440 --> 00:10:01,430 "Coordination" est un terme un peu ambigu ici, un peu ambivalent. 155 00:10:01,850 --> 00:10:04,790 On va préférer celui d'harmonisation et de rapprochement. 156 00:10:04,990 --> 00:10:09,200 Les mesures de rapprochement, c'est, je le répète ici, 157 00:10:09,500 --> 00:10:12,890 la volonté, comme on l'a dit tout à l'heure, de laisser au pouvoir 158 00:10:13,090 --> 00:10:18,380 législatif une certaine marge de manœuvre, en fonction du contexte 159 00:10:18,580 --> 00:10:22,010 général, en fonction des circonstances spécifiques de la matière à harmoniser. 160 00:10:22,550 --> 00:10:26,240 Une marge d'appréciation, qui va faire que le degré 161 00:10:26,440 --> 00:10:30,460 d'harmonisation et la technique du rapprochement dépendent du texte. 162 00:10:30,660 --> 00:10:34,340 Et c'est pour cela que vous n'avez pas, ici, une définition d'harmonisation : 163 00:10:34,610 --> 00:10:37,190 vous avez des degrés d'harmonisation. 164 00:10:37,390 --> 00:10:41,630 L'harmonisation, c'est le produit d'un choix, d'un choix fait par 165 00:10:41,830 --> 00:10:44,990 le législateur, de l'exercice d'un pouvoir qui lui est conféré par 166 00:10:45,190 --> 00:10:45,950 le traité. 167 00:10:46,220 --> 00:10:48,110 C'est la finalité qui est visée. 168 00:10:48,310 --> 00:10:51,950 Il faut éliminer les disparités entre les dispositions nationales, 169 00:10:52,150 --> 00:10:56,180 qui constituent ici des entraves aux obstacles. 170 00:10:56,380 --> 00:10:57,290 C'est de cela dont il s'agit. 171 00:10:57,950 --> 00:11:00,290 On en vient à se poser la question de méthodes d'harmonisation. 172 00:11:03,320 --> 00:11:08,810 Car même si le marché intérieur est une compétence partagée, 173 00:11:10,340 --> 00:11:13,910 les États membres peuvent exercer leur compétence dans le respect 174 00:11:14,110 --> 00:11:16,400 du droit de l'Union, mais aussi dans la mesure où l'Union 175 00:11:16,600 --> 00:11:17,780 n'a pas exercer sa compétence. 176 00:11:17,980 --> 00:11:23,910 Ici, ça pose la question du degré d'harmonisation, de l'intensité 177 00:11:24,110 --> 00:11:27,370 normative de l'acte qui harmonise, qui rapproche les législations. 178 00:11:27,810 --> 00:11:30,120 D'autant que, comme le dit l'arrêt Rina Services, affaire C-593/13, 179 00:11:30,450 --> 00:11:35,880 l'harmonisation peut être une 180 00:11:36,080 --> 00:11:38,400 harmonisation ciblée, c'est-à-dire que le législateur 181 00:11:38,600 --> 00:11:41,280 est libre de choisir, au sein même d'une directive, 182 00:11:41,480 --> 00:11:43,200 par exemple, des degrés d'harmonisation. 183 00:11:43,400 --> 00:11:48,600 Ça, c'est la première chose, c'est des degrés. 184 00:11:49,800 --> 00:11:53,100 L'harmonisation peut être exhaustive, elle peut être au contraire partielle. 185 00:11:55,050 --> 00:11:58,620 Ce sont ici différents points qui peuvent être abordés. 186 00:12:04,000 --> 00:12:06,820 On est donc face à des degrés. 187 00:12:08,080 --> 00:12:10,540 Et plus on va vers l'harmonisation exhaustive, plus on se rapproche 188 00:12:10,740 --> 00:12:12,910 d'ailleurs de l'instrument du règlement, qui peut être parfois 189 00:12:13,110 --> 00:12:15,760 utilisé pour carrément uniformiser les droits nationaux, 190 00:12:16,150 --> 00:12:21,430 plus on gomme les disparités législatives, plus on crée un véritable 191 00:12:21,630 --> 00:12:23,200 droit commun aux États. 192 00:12:23,560 --> 00:12:26,710 Et à l'inverse, plus on est dans une harmonisation légère, 193 00:12:26,910 --> 00:12:31,750 partielle, voire minimale, plus on laisse une marge de manœuvre 194 00:12:31,950 --> 00:12:32,710 aux États. 195 00:12:33,850 --> 00:12:38,600 C'est donc au cas par cas qu'on va voir ce degré d'harmonisation, 196 00:12:38,800 --> 00:12:41,170 texte par texte, disposition par disposition. 197 00:12:46,340 --> 00:12:48,740 Pourquoi insister sur ce point ? 198 00:12:49,280 --> 00:12:54,500 Parce que ça détermine la manière 199 00:12:54,700 --> 00:12:59,690 dont l'État agit, l'espace dont il dispose d'un point de vue normatif. 200 00:13:00,500 --> 00:13:07,820 Étant précisé que vous avez aussi une réflexion, de manière récurrente, 201 00:13:08,020 --> 00:13:11,110 sur des hypothèses même d'harmonisation optionnelle. 202 00:13:11,310 --> 00:13:16,820 Et là, il faut insister sur ce point parce que c'est l'idée qu'ici, 203 00:13:17,510 --> 00:13:21,050 on va non pas harmoniser les dispositions nationales, 204 00:13:21,740 --> 00:13:27,140 on va proposer un régime supplémentaire — qu'on dit souvent 28ème régime 205 00:13:27,350 --> 00:13:30,590 parce qu'il va s'ajouter aux 27 autres régimes —, un régime 206 00:13:30,790 --> 00:13:35,060 supplémentaire que les opérateurs peuvent choisir librement, 207 00:13:35,390 --> 00:13:38,870 et qui conduit donc à appliquer ici ce régime indépendamment des 208 00:13:39,070 --> 00:13:39,830 législations nationales. 209 00:13:40,340 --> 00:13:42,800 De sorte qu'on garde une diversité nationale, on ne touche pas aux 210 00:13:43,000 --> 00:13:45,380 dispositions nationales, mais on crée un régime véritablement 211 00:13:45,580 --> 00:13:46,340 commun. 212 00:13:46,540 --> 00:13:49,250 Cette question s'est posée, et tout particulièrement en matière 213 00:13:49,450 --> 00:13:50,210 de ventes. 214 00:13:50,410 --> 00:13:53,810 Et la Commission avait envisagé un règlement sur un droit commun 215 00:13:54,010 --> 00:13:57,680 de la vente, un droit commun européen de la vente, disait-elle dans une 216 00:13:58,160 --> 00:14:00,080 communication 2011, 635. 217 00:14:02,960 --> 00:14:06,290 Et on avait appelé cela effectivement un 28e régime, qui avait vocation 218 00:14:06,530 --> 00:14:10,310 à s'ajouter aux régimes nationaux en matière de contrats de vente. 219 00:14:10,970 --> 00:14:14,150 C'était un règlement très riche, avec beaucoup de dispositions, 220 00:14:14,350 --> 00:14:18,640 et qui créait un droit européen de la vente, auquel auraient pu 221 00:14:18,840 --> 00:14:24,410 recourir les professionnels avec les consommateurs ou les professionnels 222 00:14:24,610 --> 00:14:27,530 entre eux s'ils en avaient exprimé la volonté. 223 00:14:27,730 --> 00:14:30,920 Sinon, ils auraient appliqué les règles du droit national avec les 224 00:14:31,120 --> 00:14:34,220 difficultés inhérentes aux différents conflits de lois, la détermination 225 00:14:34,420 --> 00:14:35,300 de la juridiction compétente, etc. 226 00:14:35,500 --> 00:14:39,950 Or, malheureusement, cette hypothèse là n'a pas abouti. 227 00:14:41,420 --> 00:14:45,830 Les travaux sur ce projet de règlement n'ont pas abouti et ce règlement 228 00:14:46,030 --> 00:14:47,840 n’a jamais été adopté.