1 00:00:05,290 --> 00:00:06,310 On va voir maintenant II. 2 00:00:07,390 --> 00:00:08,650 la qualification exclue. 3 00:00:09,460 --> 00:00:12,760 Ce que je veux vous faire comprendre, c'est que lorsque l'on a une mesure 4 00:00:12,960 --> 00:00:15,490 qui est une taxe d'effet équivalent, un droit de douane, en vertu de 5 00:00:15,690 --> 00:00:20,410 l'article 30 du traité FUE, aucune dérogation ou exception 6 00:00:20,610 --> 00:00:21,370 n'est possible. 7 00:00:21,570 --> 00:00:27,440 D'abord, l'interprétation stricte 8 00:00:27,640 --> 00:00:31,040 s'applique à l'article 36 du traité FUE, dont on verra un peu plus 9 00:00:31,240 --> 00:00:36,200 tard qu'il prévoit, effectivement, des dérogations pour des motifs 10 00:00:36,400 --> 00:00:40,670 d'intérêt général, mais uniquement pour les mesures qui constituent 11 00:00:42,170 --> 00:00:44,600 des restrictions quantitatives ou des mesures d'effet équivalent 12 00:00:44,800 --> 00:00:48,740 à ces restrictions quantitatives, au sens des articles 34 ou 35 du 13 00:00:48,940 --> 00:00:55,360 traité FUE, affaire Bauhuis 46-76, de 1977. 14 00:00:55,560 --> 00:01:02,090 Or, il est évident que les dérogations 15 00:01:02,290 --> 00:01:08,040 prévues par l'article 36 du traité FUE ne peuvent s'appliquer aux 16 00:01:08,240 --> 00:01:11,160 mesures constitutives d'une taxe d'effet équivalent, au sens de 17 00:01:11,360 --> 00:01:12,450 l'article 30 du traité FUE. 18 00:01:13,350 --> 00:01:19,470 Et il n'existe pas, dans la jurisprudence, de construction 19 00:01:20,730 --> 00:01:25,890 qui permette de déroger à l'interdiction absolue de l'article 20 00:01:26,090 --> 00:01:26,970 30 du traité FUE. 21 00:01:28,650 --> 00:01:32,370 C'est une première précision qu'il faut faire et qui est déterminante, 22 00:01:32,570 --> 00:01:34,200 pour comprendre la suite. 23 00:01:34,860 --> 00:01:39,980 Il n'y a pas donc ici de dérogation 24 00:01:40,180 --> 00:01:43,820 pour des motifs d'intérêt général, qu'ils soient prévus par le traité, 25 00:01:44,030 --> 00:01:48,410 article 36, ou par la jurisprudence, l'équivalent de ce qu'on appelle 26 00:01:48,740 --> 00:01:52,730 des exigences impératives d'intérêt général, cela n'existe pas pour 27 00:01:52,930 --> 00:01:54,690 l'article 30 du traité FUE. 28 00:01:58,330 --> 00:01:59,140 Et faites attention ! 29 00:01:59,340 --> 00:02:02,980 parce que parfois, dans certains écrits, il y a une confusion qui 30 00:02:03,180 --> 00:02:07,500 est entretenue, néanmoins, il y a bien des charges qui semblent 31 00:02:07,700 --> 00:02:13,590 ici constituer les taxes d'effet équivalent, mais à y regarder de 32 00:02:13,790 --> 00:02:15,150 plus près, ne le sont pas. 33 00:02:16,080 --> 00:02:18,750 Et les premières de ces charges, on les a déjà évoquées, 34 00:02:18,950 --> 00:02:24,450 mais soyons un peu plus précis : ce sont les charges découlant d'une 35 00:02:24,650 --> 00:02:26,340 obligation imposée par le droit de l'Union. 36 00:02:27,390 --> 00:02:31,590 Et ensuite, la seconde que l'on va expliciter également, 37 00:02:31,830 --> 00:02:34,590 ce sont les redevances pour services rendus. 38 00:02:34,790 --> 00:02:38,370 Mais commençons par les charges qui découlent d'une obligation 39 00:02:38,570 --> 00:02:40,290 imposée par le droit de l'Union. 40 00:02:41,340 --> 00:02:43,860 Dans l'arrêt Bauhuis, qu'on a évoqué tout à l'heure, 41 00:02:44,520 --> 00:02:49,740 la Cour de justice a commencé à construire ici l'idée qu'il y a 42 00:02:49,940 --> 00:02:54,660 certes des charges pécuniaires qui, en pratique, peuvent être perçues 43 00:02:54,860 --> 00:02:58,170 par les administrations nationales, mais qui ne sont pas des taxes 44 00:02:58,370 --> 00:03:00,210 d'effet équivalent et à regarder de plus près. 45 00:03:00,990 --> 00:03:01,890 Et pour quelles raisons ? 46 00:03:02,330 --> 00:03:07,410 Pas parce qu'elles ne sont pas unilatéralement imposées par l'État 47 00:03:07,610 --> 00:03:11,790 membre, elles sont, en réalité, la conséquence de l'application 48 00:03:11,990 --> 00:03:14,550 du droit de l'Union européenne. 49 00:03:14,750 --> 00:03:19,830 Comme dans l'affaire Bauhuis, nous avions une directive de 1964 50 00:03:20,190 --> 00:03:25,290 sur les questions de police sanitaire, en matière d'échange d'animaux 51 00:03:25,560 --> 00:03:30,750 des espèces bovine et porcine, et ici, il y avait des charges 52 00:03:30,950 --> 00:03:34,200 pécuniaires correspondant au coût réel d'un contrôle sanitaire de 53 00:03:34,400 --> 00:03:38,340 bovins et de porcins ; certes opéré sous contrôle sanitaire 54 00:03:38,540 --> 00:03:41,310 et donc payé auprès d'une administration nationale, 55 00:03:41,760 --> 00:03:46,020 mais uniquement aux fins d'exécuter les obligations imposées par une 56 00:03:46,220 --> 00:03:48,150 directive, à l'époque, de droit communautaire. 57 00:03:48,350 --> 00:03:53,640 Donc, à la Cour de justice, on a peu à peu tiré la conclusion que, 58 00:03:54,270 --> 00:03:58,410 dans une hypothèse bien précise, on a une charge pécuniaire certes 59 00:03:58,610 --> 00:04:03,630 perçue à l'échelle nationale, mais qui n'est pas une taxe d'effet 60 00:04:03,830 --> 00:04:05,790 équivalent, lorsque des conditions sont remplies. 61 00:04:05,990 --> 00:04:11,070 D'abord, ces mesures ne sont pas unilatéralement imposées par chaque 62 00:04:11,270 --> 00:04:14,640 État membre, mais elles sont rendues obligatoires et uniformes pour 63 00:04:14,840 --> 00:04:18,000 l'ensemble des produits en cause, quel que soit d'ailleurs l'État 64 00:04:18,200 --> 00:04:23,160 membre d'expédition/destination, donc elles sont rendues obligatoires, 65 00:04:23,360 --> 00:04:25,830 soit par un acte de droit de l'Union, on a vu la directive, 66 00:04:26,030 --> 00:04:30,450 soit, et là il y a une extension, par une convention internationale 67 00:04:30,960 --> 00:04:35,580 mais précision, à laquelle sont parties tous les États membres. 68 00:04:36,100 --> 00:04:39,720 Et en réalité, si on lit la jurisprudence, par exemple un arrêt 69 00:04:39,920 --> 00:04:45,510 Commission contre Pays-Bas 89/76, de 1977, cela concerne essentiellement 70 00:04:45,710 --> 00:04:50,010 la Convention internationale pour la protection des végétaux de 1951. 71 00:04:50,540 --> 00:04:54,840 Donc je répète : la première condition, c'est qu'il faut ici que les mesures 72 00:04:55,040 --> 00:04:58,080 pécuniaires soient imposées soit par le droit de l'Union, 73 00:04:58,440 --> 00:05:02,640 soit par une convention internationale, à laquelle tous les États membres 74 00:05:02,840 --> 00:05:03,600 sont parties. 75 00:05:03,800 --> 00:05:07,800 Maintenant, deuxième condition : le montant ne doit pas dépasser 76 00:05:08,000 --> 00:05:11,970 le coût réel des opérations à l'occasion desquelles elles sont 77 00:05:12,170 --> 00:05:12,930 perçues. 78 00:05:13,130 --> 00:05:16,020 Et donc, il faut ici un lien direct entre le montant de la redevance 79 00:05:16,350 --> 00:05:18,030 et le contrôle imposé par le droit de l'Union. 80 00:05:18,230 --> 00:05:21,960 Alors ce lien existe, lorsque le montant de la redevance 81 00:05:22,380 --> 00:05:26,610 est calculé en fonction de la durée du contrôle, en fonction du nombre 82 00:05:26,810 --> 00:05:30,480 de personnes qui sont affectées à la réalisation du contrôle ou encore, 83 00:05:30,680 --> 00:05:35,430 des frais qui correspondent à la réalisation de ce contrôle. 84 00:05:36,600 --> 00:05:39,510 Il faut donc un lien direct, qui peut être établi par ces 85 00:05:39,710 --> 00:05:40,470 éléments-là. 86 00:05:40,670 --> 00:05:46,770 Enfin, troisième élément : les charges ne sont édictées par 87 00:05:46,970 --> 00:05:52,200 chaque État membre que pour l'intérêt général de l'Union. 88 00:05:52,400 --> 00:05:56,250 Autrement dit, il faut bien voir si l'État membre vise la réalisation 89 00:05:56,450 --> 00:05:59,820 d'un intérêt général de l'Union ou d'un intérêt national qui lui 90 00:06:00,020 --> 00:06:03,330 est propre, fût-il d'intérêt général, peu importe. 91 00:06:04,020 --> 00:06:07,350 Il faut qu'en réalité, ça permette de favoriser l'intérêt 92 00:06:07,550 --> 00:06:11,610 général de l'Union et en premier lieu, de favoriser la libre circulation 93 00:06:11,810 --> 00:06:14,070 des marchandises, en neutralisant certains obstacles. 94 00:06:14,270 --> 00:06:17,370 Alors, c'est l'exemple caractéristique à l'origine. 95 00:06:18,120 --> 00:06:20,820 Des contrôles sanitaires peuvent être utiles pour favoriser, 96 00:06:21,020 --> 00:06:23,760 en réalité, la liberté de circulation des marchandises, parce que si 97 00:06:23,960 --> 00:06:27,960 vous avez une épidémie qui se concrétise, vous allez bloquer 98 00:06:28,160 --> 00:06:29,430 totalement la liberté de circulation. 99 00:06:29,710 --> 00:06:34,590 Donc il vaut mieux ici restreindre partiellement cette circulation, 100 00:06:35,040 --> 00:06:37,540 plutôt que de la restreindre totalement, c'est ça l'idée, 101 00:06:37,740 --> 00:06:46,820 l'esprit, et c'est un esprit qu'il va falloir donc rechercher. 102 00:06:54,860 --> 00:06:58,730 Deuxième catégorie : la redevance pour service rendu. 103 00:06:59,090 --> 00:07:01,460 La seconde hypothèse, pour laquelle une charge pécuniaire 104 00:07:01,660 --> 00:07:05,720 n'est pas qualifiée de taxe d'effet équivalent, est celle de la redevance 105 00:07:05,920 --> 00:07:07,250 pour service rendu. 106 00:07:10,310 --> 00:07:11,070 C'est logique. 107 00:07:11,270 --> 00:07:14,960 S'il y a une redevance pour service rendu, ça veut dire que la charge, 108 00:07:15,160 --> 00:07:21,080 en réalité, n'est pas unilatéralement imposée, elle est la contrepartie 109 00:07:22,010 --> 00:07:24,470 d'un service qui bénéficie à l'opérateur qui le paie. 110 00:07:25,100 --> 00:07:27,470 Et donc il n'y a pas d'idée de charge unilatéralement imposée, 111 00:07:27,670 --> 00:07:32,180 il n'y a pas une obligation qui pèse, c'est un service dont l'opérateur 112 00:07:32,380 --> 00:07:33,140 bénéficie. 113 00:07:33,950 --> 00:07:37,280 Donc c'est, finalement, la rémunération d'un service qui 114 00:07:37,480 --> 00:07:40,580 doit être effectivement rendu à l'opérateur et qui doit être d'un 115 00:07:40,780 --> 00:07:42,890 montant proportionné à l'opérateur. 116 00:07:43,090 --> 00:07:47,750 Ça c'est un point très important, sur lequel il faut insister. 117 00:07:50,580 --> 00:07:54,480 Il faut donc qu'un certain nombre de conditions soient remplies, 118 00:07:54,680 --> 00:07:57,450 comme tout à l'heure, pour que la charge soit considérée 119 00:07:57,650 --> 00:08:01,650 comme redevance pour service rendu, ce qui explique que cela soit assez 120 00:08:01,850 --> 00:08:02,790 rarement caractérisé. 121 00:08:02,990 --> 00:08:06,420 D'abord, il faut que le service soit réellement rendu à l'opérateur 122 00:08:07,920 --> 00:08:09,930 et qu'il présente un caractère individuel. 123 00:08:10,130 --> 00:08:17,880 Ensuite, il faut que le service soit facultatif, c'est un élément 124 00:08:18,080 --> 00:08:19,950 important, et enfin, il faut que la charge soit 125 00:08:20,150 --> 00:08:21,480 proportionnée au service rendu. 126 00:08:22,200 --> 00:08:26,910 Vous l'aurez compris ici, à chaque fois, c'est bien vérifier 127 00:08:27,110 --> 00:08:31,050 si derrière l'apparence d'une redevance, vous n'avez pas en réalité 128 00:08:31,250 --> 00:08:37,710 une charge unilatéralement imposée qui, certes, correspond à une opération 129 00:08:37,910 --> 00:08:40,650 bénéficiant à l'opérateur, mais pour lequel l'opérateur, 130 00:08:40,850 --> 00:08:44,130 par exemple, aurait payé beaucoup trop cher ou par exemple, 131 00:08:44,330 --> 00:08:48,450 qui aurait bénéficié à tous les opérateurs, de sorte qu'elle ne 132 00:08:48,650 --> 00:08:54,160 présente pas le caractère d'un service rendu, mais bien d'une 133 00:08:54,360 --> 00:08:55,230 obligation imposée. 134 00:08:55,430 --> 00:09:01,050 Voilà, dès lors, les deux hypothèses dans lesquelles la qualification 135 00:09:01,250 --> 00:09:04,200 de taxe d'effet équivalent au sens de l'article 30 est exclue : 136 00:09:04,680 --> 00:09:09,030 ce sont donc les sommes payées en application d'une obligation 137 00:09:09,230 --> 00:09:12,720 du droit de l'Union ou les redevances pour services rendus. 138 00:09:13,470 --> 00:09:17,040 En pratique, c'est assez rarement reconnu et la jurisprudence s'avère 139 00:09:17,240 --> 00:09:18,000 assez rare. 140 00:09:18,200 --> 00:09:22,050 Maintenant, voyons l'autre hypothèse, ce sont II. 141 00:09:22,470 --> 00:09:26,430 les impositions intérieures et la neutralité qui est exigée de 142 00:09:26,630 --> 00:09:27,600 ces impositions intérieures. 143 00:09:28,620 --> 00:09:34,170 En effet, le traité est construit sur une distinction entre les taxes 144 00:09:34,370 --> 00:09:37,260 d'effet équivalent et les impositions intérieures : article 30, 145 00:09:37,800 --> 00:09:38,970 article 110. 146 00:09:39,170 --> 00:09:39,930 Alors pourquoi ? 147 00:09:40,560 --> 00:09:44,130 Parce que les impositions intérieures vont trouver leur place, 148 00:09:44,330 --> 00:09:50,880 en réalité, dans les dispositions relatives à la fiscalité dans le 149 00:09:51,080 --> 00:09:51,840 marché intérieur. 150 00:09:52,040 --> 00:09:54,180 On n'est pas dans l'Union douanière, ici, on est dans le marché intérieur 151 00:09:54,380 --> 00:09:57,750 et de surcroît, on est dans une compétence en principe fiscale, 152 00:09:58,050 --> 00:09:59,430 qui appartient aux États membres. 153 00:10:00,300 --> 00:10:06,990 Car à part l'article 113 du traité FUE, qui prévoit certes qu'il peut y 154 00:10:07,190 --> 00:10:12,960 avoir une harmonisation de certaines impositions indirectes, 155 00:10:13,740 --> 00:10:16,920 l'Union européenne ne dispose que d'une compétence très résiduelle, 156 00:10:17,310 --> 00:10:18,210 en matière fiscale. 157 00:10:18,600 --> 00:10:22,110 Elle peut harmoniser en matière indirecte, ce sont des accises, 158 00:10:22,310 --> 00:10:24,750 par exemple, c'est la TVA, c'est très important, 159 00:10:24,950 --> 00:10:26,220 certes, mais ce n'est pas tout. 160 00:10:26,640 --> 00:10:30,120 Mais pour le reste, la fiscalité, en particulier la fiscalité directe, 161 00:10:30,320 --> 00:10:32,220 relève de la compétence étatique. 162 00:10:32,490 --> 00:10:34,770 Et si ça relève de la compétence étatique, ça veut dire que les 163 00:10:34,970 --> 00:10:36,500 États membres disposent d'une marge de manœuvre ici. 164 00:10:37,110 --> 00:10:40,920 Néanmoins marge de manœuvre, que les États membres doivent exercer 165 00:10:41,120 --> 00:10:42,330 dans le respect du droit de l'Union. 166 00:10:42,660 --> 00:10:46,120 Et vous avez toujours cette logique ici, qui consiste à dire quoi ? 167 00:10:46,500 --> 00:10:49,570 Que l'État membre doit exercer sa compétence, celle qui lui revient 168 00:10:49,770 --> 00:10:56,580 en propre, comme la fiscalité directe, mais dans le respect du droit de 169 00:10:56,780 --> 00:10:59,580 l'Union et non des libertés de circulation, et pour ce qui va 170 00:10:59,780 --> 00:11:03,150 nous intéresser ici, de l'article 110 du traité FUE. 171 00:11:04,200 --> 00:11:08,730 Et à partir de là, le traité donc prévoit la possibilité de consacrer 172 00:11:08,930 --> 00:11:09,690 cet article 110. 173 00:11:09,890 --> 00:11:10,710 Alors l'article 110, c'est quoi ? 174 00:11:12,180 --> 00:11:16,380 Si vous avez, par exemple, une taxe sur les boissons énergisantes 175 00:11:16,580 --> 00:11:19,530 qui est décidée par le Parlement, pour des raisons de santé publique, 176 00:11:20,100 --> 00:11:23,790 qui est décidée pour toutes les boissons énergisantes qui sont 177 00:11:24,990 --> 00:11:27,960 commercialisées sur le territoire national et uniquement celles-ci. 178 00:11:28,160 --> 00:11:32,610 Est-ce que l'État membre voit sa compétence réduite ici ou non ? 179 00:11:32,810 --> 00:11:33,780 C'est la question qui se pose. 180 00:11:34,140 --> 00:11:36,780 Elle est réduite, mais uniquement dans une double mesure. 181 00:11:37,260 --> 00:11:40,110 Le principe, c'est celui que l'imposition intérieure est possible, 182 00:11:40,380 --> 00:11:46,920 sauf si 1) elle conduit à sur-imposer les produits étrangers similaires 183 00:11:47,250 --> 00:11:56,610 ou si 2) elle conduit à imposer différemment les produits étrangers, 184 00:11:57,900 --> 00:12:01,530 de sorte que cela permet de protéger les produits nationaux. 185 00:12:02,120 --> 00:12:05,520 Donc il faut distinguer, en réalité, deux types d'hypothèses, 186 00:12:05,720 --> 00:12:09,810 face aux impositions intérieures, qui correspondent à l'alinéa 1 187 00:12:10,290 --> 00:12:12,150 et à l'alinéa 2 de l'article 110. 188 00:12:12,840 --> 00:12:16,680 Selon l'article 110 alinéa premier : "Aucun État membre ne frappe 189 00:12:16,880 --> 00:12:19,590 directement ou indirectement les produits des autres États membres 190 00:12:19,790 --> 00:12:22,800 d'imposition intérieure, de quelque nature qu'elle soit, 191 00:12:23,280 --> 00:12:26,160 supérieure à celle qui frappe directement ou indirectement les 192 00:12:26,360 --> 00:12:32,220 produits nationaux similaires."  Autrement dit, ici, on est dans 193 00:12:32,420 --> 00:12:35,730 l'hypothèse où il va falloir vérifier si les produits nationaux et les 194 00:12:35,930 --> 00:12:42,330 produits étrangers 1) sont similaires et 2) sont frappés différemment 195 00:12:42,530 --> 00:12:43,290 par la taxe. 196 00:12:44,070 --> 00:12:46,800 Toute la difficulté donc, dans ce processus en deux étapes, 197 00:12:47,000 --> 00:12:49,590 consiste d'abord à établir la similarité des produits. 198 00:12:52,100 --> 00:12:56,680 Alors ici, on est dans la logique du droit du marché, qui n'est pas 199 00:12:56,880 --> 00:13:04,910 une logique, je dirais, à proprement parler précise, 200 00:13:05,450 --> 00:13:08,360 mais qui tient d'une part de subjectivité. 201 00:13:08,560 --> 00:13:09,320 Pourquoi ? 202 00:13:09,620 --> 00:13:12,200 Parce qu'on va comparer au cas par cas des produits, 203 00:13:12,400 --> 00:13:15,080 qui font l'objet d'une taxation dans des conditions différentes. 204 00:13:15,280 --> 00:13:19,040 Alors, il y a même eu quelques exemples en jurisprudence, 205 00:13:19,240 --> 00:13:21,710 dans lesquels on a pu comparer, par exemple, les bananes, 206 00:13:22,520 --> 00:13:25,700 à d'autres fruits de table typiquement italiens, comme les pommes, 207 00:13:25,900 --> 00:13:29,240 les poires ou les pêches, Commission contre Italie 1987, 208 00:13:29,440 --> 00:13:30,350 affaire 184/85. 209 00:13:31,610 --> 00:13:35,330 Ou encore on compare certains alcools, selon qu'ils proviennent de la 210 00:13:35,530 --> 00:13:38,030 distillation des céréales, par exemple comme le whisky, 211 00:13:38,230 --> 00:13:42,260 ou des eaux de vie de vin ou de fruits, comme le cognac ou l'armagnac. 212 00:13:42,650 --> 00:13:47,510 Il y a là donc des questions qui peuvent se poser et pour lesquelles 213 00:13:47,710 --> 00:13:49,370 on va en réalité retenir quoi ? 214 00:13:50,300 --> 00:13:55,880 Retenir d'abord un premier critère, qui est celui de savoir si les 215 00:13:56,080 --> 00:13:59,120 produits présentent les mêmes caractéristiques objectives. 216 00:13:59,660 --> 00:14:04,430 Et ensuite, on va apprécier aussi si le fait que les consommateurs 217 00:14:04,630 --> 00:14:12,440 considèrent que les produits répondent aux mêmes besoins des consommateurs. 218 00:14:13,040 --> 00:14:16,040 Une fois que la similarité des produits a été constatée, 219 00:14:16,240 --> 00:14:19,640 on va appliquer ici une simple règle : c'est déterminer s'il y a une 220 00:14:19,840 --> 00:14:22,370 différence de traitement entre les produits, est-ce que les produits 221 00:14:22,570 --> 00:14:23,330 sont traités différemment ? 222 00:14:23,530 --> 00:14:25,370 Alors, est-ce qu'ils ne sont pas taxés de la même manière, 223 00:14:25,790 --> 00:14:31,430 en termes de taux, d'accises, en termes de conditions procédurales, 224 00:14:31,880 --> 00:14:33,290 de modalités de perception, etc. ? 225 00:14:34,130 --> 00:14:36,710 Juste une comparaison. 226 00:14:37,250 --> 00:14:40,910 Et si ce n'est pas la même chose, il y a une imposition intérieure 227 00:14:41,360 --> 00:14:44,300 qui est considérée, dès lors, comme discriminatoire. 228 00:14:44,780 --> 00:14:49,190 Et la discrimination ainsi est interdite, car incompatible avec 229 00:14:49,390 --> 00:14:53,120 l'article 110, paragraphe 1, et donc l'imposition intérieure 230 00:14:53,320 --> 00:14:55,580 sera interdite, dans la mesure où elle est discriminatoire. 231 00:14:55,780 --> 00:15:01,490 Maintenant, voyons l'interdiction, alinéa 2, de ce qu'on va appeler 232 00:15:01,690 --> 00:15:05,840 le protectionnisme fiscal : on protège ici, mais les produits 233 00:15:06,040 --> 00:15:06,800 nationaux concurrents. 234 00:15:07,000 --> 00:15:08,810 Protection, donc, des produits nationaux concurrents. 235 00:15:09,590 --> 00:15:19,010 Alors à cet égard, il faut bien comprendre que la Cour de justice 236 00:15:19,580 --> 00:15:24,440 est venue préciser les conditions dans lesquelles l'article 110 alinéa 237 00:15:24,640 --> 00:15:25,700 2 est appliqué.