1 00:00:05,850 --> 00:00:11,100 6 : les droits et les obligations attachés à l’autorisation d’occuper 2 00:00:11,520 --> 00:00:12,420 le domaine public. 3 00:00:14,360 --> 00:00:17,990 Je vous propose ici de nous concentrer sur les droits et obligations issues 4 00:00:18,190 --> 00:00:22,130 d’une autorisation unilatérale ou contractuelle, indépendamment 5 00:00:22,330 --> 00:00:24,920 de la question des droits réels qui peuvent lui être attachés. 6 00:00:25,160 --> 00:00:28,370 Nous verrons ensuite la question spécifique des droits réels. 7 00:00:30,230 --> 00:00:34,100 Il est fondamental de comprendre que si l’occupant a des obligations, 8 00:00:34,820 --> 00:00:38,300 il a également des droits, des droits qu’il peut opposer à 9 00:00:38,500 --> 00:00:40,880 l’administration qui lui a accordé l’autorisation. 10 00:00:42,050 --> 00:00:45,170 Bien sûr, nous sommes ici dans le cadre d’une relation bilatérale 11 00:00:45,370 --> 00:00:49,340 entre l’occupant et le propriétaire dans laquelle les obligations de 12 00:00:49,540 --> 00:00:51,950 l’un constituent les droits de l’autre. 13 00:00:52,820 --> 00:00:56,510 On ne peut pas directement parler d’acte synallagmatique à propos 14 00:00:56,710 --> 00:00:59,810 des autorisations domaniales dès lors que certaines sont unilatérales, 15 00:01:00,010 --> 00:01:00,770 c’est vrai. 16 00:01:00,970 --> 00:01:05,160 Pourtant, ne doutez pas que même ces dernières autorisations 17 00:01:05,360 --> 00:01:09,860 unilatérales font naître une relation bilatérale dans laquelle chaque 18 00:01:10,060 --> 00:01:11,690 acteur a des obligations et des droits. 19 00:01:13,940 --> 00:01:17,930 Nous allons axer notre approche sur l’occupant, en commençant par 20 00:01:18,130 --> 00:01:21,530 étudier ses obligations, qui se traduisent par des droits 21 00:01:21,730 --> 00:01:24,980 pour l’administration parce qu’elle est en droit de les exiger de son 22 00:01:25,180 --> 00:01:25,940 occupant. 23 00:01:26,140 --> 00:01:29,930 Nous étudierons ensuite les droits de l’occupant, qui sont donc les 24 00:01:30,130 --> 00:01:32,900 obligations qui pèsent sur l’administration qui a accepté 25 00:01:33,830 --> 00:01:35,510 l’occupation de son domaine public. 26 00:01:35,710 --> 00:01:39,200 a : les obligations de l’occupant. 27 00:01:40,460 --> 00:01:44,750 Pour schématiser, l’occupant doit respecter les conditions posées 28 00:01:44,950 --> 00:01:47,870 par l’autorisation et doit verser une redevance. 29 00:01:49,230 --> 00:01:54,140 Respecter l’autorisation signifie, pour faire simple, que l’occupant 30 00:01:54,340 --> 00:01:58,220 doit respecter ce qui a été prévu avec l’administration. 31 00:01:58,490 --> 00:02:02,450 Par exemple, s’il est expressément prévu que l’occupant démonte ses 32 00:02:02,650 --> 00:02:05,930 installations en fin de chaque semaine, s’il est prévu qu’il puisse construire 33 00:02:06,130 --> 00:02:09,530 tel ou tel bâtiment, il devra respecter ses obligations. 34 00:02:09,730 --> 00:02:13,670 Ensuite, il devra verser une redevance. 35 00:02:13,870 --> 00:02:18,560 C’est là une obligation importante directement organisée par l’article L. 36 00:02:18,760 --> 00:02:23,660 2125-1 du CG3P, qui dispose que : « Toute occupation utilisation 37 00:02:23,860 --> 00:02:26,930 du domaine public d’une personne publique donne lieu au paiement 38 00:02:27,130 --> 00:02:27,920 d’une redevance". 39 00:02:29,290 --> 00:02:33,940 Notez tout de même qu’il y a quelques exceptions, par exemple l’installation 40 00:02:34,140 --> 00:02:38,380 par l’État des radars le long des routes, les travaux réalisés pour 41 00:02:38,580 --> 00:02:42,130 la conservation du domaine ou les travaux réalisés en vue de l’exécution 42 00:02:42,330 --> 00:02:43,270 d’un service public gratuit. 43 00:02:43,690 --> 00:02:48,640 Tout ceci sont des exceptions au principe de la redevance et elles 44 00:02:48,840 --> 00:02:50,800 sont directement organisées par le Code. 45 00:02:51,670 --> 00:02:53,920 Ces redevances ne sont pas des taxes ou des impôts, 46 00:02:54,120 --> 00:02:57,400 ce qui explique pourquoi elles peuvent être fixées par 47 00:02:57,600 --> 00:03:00,520 l’administration et non pas nécessairement par la loi. 48 00:03:00,720 --> 00:03:04,780 Voyez en ce sens la décision du Conseil d’État du 8 juillet 1996, 49 00:03:04,980 --> 00:03:05,740 Mairie. 50 00:03:06,950 --> 00:03:10,630 Alors certes, c’est le propriétaire du domaine qui décide du montant 51 00:03:10,830 --> 00:03:14,080 de la redevance, mais il y a une précision donnée par le Code. 52 00:03:14,560 --> 00:03:15,320 En effet, l’article L. 53 00:03:15,520 --> 00:03:20,920 2125-3 dispose que la redevance due pour l’occupation ou l’utilisation 54 00:03:21,120 --> 00:03:24,730 du domaine public tient compte des avantages de toute nature procurés 55 00:03:24,930 --> 00:03:26,620 aux titulaires de l’autorisation. 56 00:03:26,820 --> 00:03:31,150 L’administration doit donc tenir compte de la valeur locative du bien, 57 00:03:31,350 --> 00:03:35,560 du chiffre d’affaires de l’occupant ou du bénéfice escompté par l’occupant. 58 00:03:37,240 --> 00:03:40,900 En outre, l’administration peut augmenter la redevance si elle 59 00:03:41,100 --> 00:03:43,780 constate que l’occupant tire un avantage qui n’avait pas été pris 60 00:03:43,980 --> 00:03:49,650 en compte initialement et le juge administratif peut être saisi de 61 00:03:49,850 --> 00:03:52,740 la contestation du montant de la redevance d’occupation d’une dépendance 62 00:03:52,940 --> 00:03:53,700 domaniale. 63 00:03:54,420 --> 00:03:58,290 La compétence administrative est directement organisée ici par le 64 00:03:58,490 --> 00:04:00,240 CG3P puisque l’article L. 65 00:04:00,440 --> 00:04:05,280 2331-1, deuxièmement, dispose que : "Sont portés devant 66 00:04:05,480 --> 00:04:08,340 la juridiction administrative, les litiges relatifs au principe 67 00:04:08,540 --> 00:04:11,250 ou au montant des redevances d’occupation ou d’utilisation du 68 00:04:11,450 --> 00:04:14,700 domaine public, quelles que soient leurs modalités de fixation". 69 00:04:16,020 --> 00:04:20,460 Le juge saisi vérifie alors que la redevance a bien été calculée 70 00:04:20,820 --> 00:04:23,850 en fonction des conditions de l’exploitation du domaine. 71 00:04:25,650 --> 00:04:29,340 Prenons l’exemple qu’a eu à connaître la Cour administrative d’appel de Paris, 72 00:04:29,540 --> 00:04:33,210 le 14 janvier 2010, dans un arrêt société Viatel Opérations. 73 00:04:35,010 --> 00:04:38,430 Il s’agissait d’une convention d’occupation domaniale conclue 74 00:04:38,730 --> 00:04:42,390 entre ladite société et la Ville de Paris, par laquelle cette dernière 75 00:04:42,590 --> 00:04:46,560 autorisait la société Viatel à déployer ses câbles de communications 76 00:04:46,760 --> 00:04:50,070 électroniques dans le réseau d’assainissement de la Ville de Paris. 77 00:04:51,570 --> 00:04:56,370 En contrepartie, la société devait payer une redevance que la société 78 00:04:56,570 --> 00:04:57,600 a finalement estimée excessive. 79 00:04:58,860 --> 00:05:03,270 Le juge va alors décortiquer l’ensemble des éléments pris en compte par 80 00:05:03,470 --> 00:05:06,720 la Ville pour fixer la redevance et va décider que le montant était 81 00:05:06,920 --> 00:05:10,890 bien proportionné aux avantages spécifiques que l’utilisation de 82 00:05:11,520 --> 00:05:13,740 ce réseau procurait à la société. 83 00:05:13,940 --> 00:05:23,730 Normalement, cette redevance est payée d’avance et annuellement, 84 00:05:24,360 --> 00:05:27,810 mais l’occupant peut être autorisé à payer des acomptes ou à verser, 85 00:05:28,010 --> 00:05:32,610 en une seule fois, toute la redevance due pour la durée de l’autorisation 86 00:05:32,820 --> 00:05:34,590 si elle n’excède pas cinq ans. 87 00:05:35,550 --> 00:05:41,580 Notez également qu’elle peut être révisée, soit par application d’une 88 00:05:41,780 --> 00:05:44,220 clause de révision directement prévue par le titre, 89 00:05:44,790 --> 00:05:48,570 soit pour tenir compte des faits survenus ou portés à la connaissance 90 00:05:48,770 --> 00:05:52,110 de l’autorité gestionnaire du domaine postérieurement à la délivrance 91 00:05:52,310 --> 00:05:56,730 de l’autorisation et justifiant une revalorisation de la redevance 92 00:05:57,000 --> 00:06:01,710 comme une réévaluation de la valeur locative du bien occupé, 93 00:06:02,760 --> 00:06:06,210 ou alors une prise en compte d’un chiffre d’affaires supérieur à 94 00:06:06,410 --> 00:06:07,380 celui initialement prévu. 95 00:06:08,670 --> 00:06:13,050 Lorsque la modification de la redevance est justifiée, alors le refus de 96 00:06:13,560 --> 00:06:16,560 l’occupant d’accepter cette modification constitue ici un motif 97 00:06:16,760 --> 00:06:17,970 légitime de résiliation.