1 00:00:05,110 --> 00:00:08,620 Un élément important de l'attribution des compétences tient au fait que 2 00:00:09,640 --> 00:00:12,250 dès les origines, la Cour de justice avait pressentie dans les arrêts, 3 00:00:13,570 --> 00:00:17,740 par exemple Costa contre E.N.E.L., que les États limitaient leurs 4 00:00:17,940 --> 00:00:19,900 droits souverains dans des domaines de plus en plus étendus. 5 00:00:20,710 --> 00:00:23,410 Cette logique d'extension des domaines de compétence de l'Union, 6 00:00:23,620 --> 00:00:27,730 elle s'est faite par plusieurs moyens, par l'interprétation de la Cour 7 00:00:27,930 --> 00:00:31,450 de justice des dispositions du Traité de Rome et par la présence 8 00:00:31,650 --> 00:00:33,940 dès les origines dans le traité d'une disposition, aujourd'hui, 9 00:00:34,330 --> 00:00:39,640 l'article 352 du Traité FUE dit également clause de flexibilité. 10 00:00:39,840 --> 00:00:43,840 Alors cette clause, dont la rédaction a été modifiée partiellement par 11 00:00:44,040 --> 00:00:46,690 le Traité de Lisbonne, permet en effet, si une action 12 00:00:46,890 --> 00:00:50,560 de l'Union est nécessaire, dans le cadre des politiques prévues 13 00:00:50,760 --> 00:00:53,710 par le traité et pour atteindre l'un des objectifs prévus par le 14 00:00:53,910 --> 00:00:56,530 traité, eh bien si une action de l'Union est nécessaire alors que 15 00:00:57,310 --> 00:01:00,610 les traités n'ont pas prévu les pouvoirs d'action requis à cet effet, 16 00:01:01,000 --> 00:01:04,150 eh bien le Conseil, qui statue à l'unanimité sur proposition de 17 00:01:04,350 --> 00:01:08,290 la Commission, après approbation du Parlement, adopte les mesures 18 00:01:08,490 --> 00:01:09,250 appropriées. 19 00:01:09,610 --> 00:01:12,250 Vous l'aurez compris ici, la base juridique est en quelque 20 00:01:12,450 --> 00:01:15,370 sorte la base juridique qui vient combler le silence du traité lorsque, 21 00:01:15,570 --> 00:01:22,900 dans un domaine de l'Union, il manque dans le traité la base 22 00:01:23,100 --> 00:01:24,940 juridique pour permettre d'agir. 23 00:01:25,660 --> 00:01:29,620 Alors cette disposition a été très utile à une époque où le Traité 24 00:01:29,820 --> 00:01:33,070 de Rome ne prévoyait qu'un certain nombre d'actions limitées, 25 00:01:33,460 --> 00:01:36,760 en matière communautaire, focalisées autour du marché commun, 26 00:01:36,960 --> 00:01:38,680 de la Politique agricole commune, par exemple. 27 00:01:39,160 --> 00:01:41,950 Et c'est sur cette base juridique qu'ont été adoptés les premiers 28 00:01:42,150 --> 00:01:45,310 actes relatifs à la protection des consommateurs ou encore de 29 00:01:45,510 --> 00:01:46,270 l'environnement. 30 00:01:47,710 --> 00:01:52,270 Et la Cour de justice avait déjà précisé que cette disposition jouait 31 00:01:52,470 --> 00:01:55,090 un rôle important et contrôlait la mise en œuvre de cette disposition. 32 00:01:55,290 --> 00:01:58,930 Cette disposition, qui toutefois comporte des garde-fous 33 00:01:59,130 --> 00:02:02,380 institutionnels, l'unanimité au Conseil, l'approbation du Parlement 34 00:02:02,580 --> 00:02:08,260 européen et qui, au fur et à mesure, a fait l'objet d'un usage de moins 35 00:02:08,460 --> 00:02:13,660 en moins étendu, ce qui s'explique en réalité parce que l'on va trouver 36 00:02:14,320 --> 00:02:17,980 consacrée au fur et à mesure, par l'Acte unique, le Traité de 37 00:02:18,180 --> 00:02:20,260 Maastricht et en dernier lieu, le Traité de Lisbonne, 38 00:02:20,620 --> 00:02:23,410 une extension des domaines de compétence de l'Union européenne 39 00:02:23,610 --> 00:02:26,680 prévue par le traité qui rend le recours à cette base juridique 40 00:02:26,880 --> 00:02:27,790 pas forcément nécessaire. 41 00:02:28,210 --> 00:02:32,620 Il arrive cependant que sur certaines questions, on puisse réfléchir 42 00:02:32,820 --> 00:02:34,570 à l'utilisation de cette disposition. 43 00:02:36,190 --> 00:02:39,040 Donc l'ensemble de ces éléments nous conduit à la conclusion qu'en 44 00:02:39,240 --> 00:02:47,860 réalité, l'attribution des compétences, ce n'est pas tant un principe qui 45 00:02:48,060 --> 00:02:51,820 vient limiter la compétence de l'Union que la délimiter par rapport 46 00:02:52,020 --> 00:02:56,560 à la compétence étatique, davantage délimiter que répartir, 47 00:02:56,760 --> 00:03:00,760 puisque le fait que l'Union soit compétente, même de manière limitée, 48 00:03:01,390 --> 00:03:06,760 n'empêche pas ici à l'État membre d'exercer, de devoir exercer sa 49 00:03:06,960 --> 00:03:08,080 compétence dans le respect du droit. 50 00:03:09,280 --> 00:03:12,970 Et qu'en est-il, paragraphe 2, maintenant, de la compétence externe ? 51 00:03:13,170 --> 00:03:18,250 Alors on insiste tout particulièrement sur ce point parce que l'Union 52 00:03:18,450 --> 00:03:21,700 européenne est liée par nombre d'accords internationaux, 53 00:03:21,970 --> 00:03:28,000 Michel Barnier, au moment du Brexit disait 600, nombre d'accords 54 00:03:28,200 --> 00:03:32,590 internationaux qui sont négociés en partie dans le cadre d'organisations 55 00:03:32,790 --> 00:03:35,730 internationales auxquelles l'Union peut, avec les États membres, 56 00:03:35,930 --> 00:03:36,690 participer. 57 00:03:37,290 --> 00:03:43,390 Donc la dimension extérieure est fondamentale, ce qui pose la question 58 00:03:43,590 --> 00:03:47,200 de la compétence externe de l'Union, question en partie distincte de 59 00:03:47,400 --> 00:03:48,220 la compétence interne. 60 00:03:49,090 --> 00:03:52,930 Compétence externe distincte parce qu'en réalité, elle a été, 61 00:03:53,130 --> 00:03:55,690 dans le silence du traité, originellement construite par la 62 00:03:55,890 --> 00:04:00,070 jurisprudence de la Cour de justice avant d'être véritablement codifiée 63 00:04:00,270 --> 00:04:02,470 par le traité et en dernier lieu par le Traité de Lisbonne, 64 00:04:02,980 --> 00:04:09,070 en particulier par les dispositions de l'article 216 TFUE qui complètent 65 00:04:09,270 --> 00:04:11,770 l'article 3, paragraphe 2 du Traité FUE. 66 00:04:12,760 --> 00:04:16,750 La logique est la suivante, c'est permettre ici, 67 00:04:18,250 --> 00:04:24,490 en trouvant la disposition du droit de l'Union, l'exercice par l'union 68 00:04:24,690 --> 00:04:29,050 d'une compétence externe qui consiste soit à participer à une organisation 69 00:04:29,250 --> 00:04:33,220 internationale, soit les deux pouvant être cumulées, conclure un accord 70 00:04:33,420 --> 00:04:34,180 international. 71 00:04:34,380 --> 00:04:39,670 Voilà, eh bien ici, la compétence 72 00:04:39,870 --> 00:04:44,770 peut être soit expressément attribuée par le droit de l'Union. 73 00:04:45,910 --> 00:04:49,870 En effet, il est prévu que, selon l'article 216, 74 00:04:50,070 --> 00:04:53,290 que l'Union conclue les accords avec les pays tiers ou les 75 00:04:53,490 --> 00:04:56,560 organisations internationales lorsque les traités le prévalent. 76 00:04:56,760 --> 00:05:00,160 Alors c'est notamment le cas en matière de politique commerciale 77 00:05:00,360 --> 00:05:03,430 commune, par exemple, de coopération au développement 78 00:05:04,600 --> 00:05:07,660 et toute série de politique internationale dans lequel l'Union 79 00:05:07,860 --> 00:05:08,620 est compétente. 80 00:05:08,820 --> 00:05:11,560 Et puis on peut prévoir de manière plus ponctuelle, par exemple, 81 00:05:11,760 --> 00:05:14,980 l'article 79 prévoit que l'Union peut conclure avec les pays tiers 82 00:05:15,180 --> 00:05:18,820 des accords en matière de réadmission des ressortissants de pays tiers. 83 00:05:19,020 --> 00:05:24,190 De la même manière dans des actes de droit dérivé, le législateur 84 00:05:24,390 --> 00:05:29,320 de l'Union peut prévoir que l'Union conclut des accords internationaux 85 00:05:29,520 --> 00:05:30,280 avec des pays tiers. 86 00:05:30,480 --> 00:05:33,520 Donc ça, c'est la compétence expressément consacrée par le traité. 87 00:05:33,940 --> 00:05:38,890 Et en matière de relations extérieures, dès les origines, on se rend compte 88 00:05:39,090 --> 00:05:44,890 que le traité, et même le droit dérivé, ne permet pas ici de toujours trouver 89 00:05:45,090 --> 00:05:46,210 une base juridique expresse. 90 00:05:46,720 --> 00:05:49,300 Et c'est la raison pour laquelle la jurisprudence a construit une 91 00:05:49,840 --> 00:05:52,690 compétence externe qu'elle déduit du système même des traités. 92 00:05:53,470 --> 00:05:58,990 Depuis un arrêt de principe AETR, affaire 22/70, la Cour de justice 93 00:05:59,440 --> 00:06:02,530 reconnaît que même dans le silence du traité, l'Union européenne peut 94 00:06:02,730 --> 00:06:07,240 disposer d'une compétence externe si cette compétence externe est 95 00:06:07,440 --> 00:06:10,040 nécessaire à la réalisation de sa compétence interne. 96 00:06:11,350 --> 00:06:14,080 Théorie que l'on a dite des pouvoirs implicites ou des compétences 97 00:06:14,280 --> 00:06:16,760 implicites de l'Union ou encore du parallélisme des compétences, 98 00:06:16,960 --> 00:06:19,900 s'il y a compétence interne, il y a compétence externe. 99 00:06:20,650 --> 00:06:23,020 Dans l'affaire AETR, se posait la question des accords 100 00:06:23,220 --> 00:06:26,740 en matière de transport routier, l'Union a une compétence interne, 101 00:06:27,880 --> 00:06:30,460 rien n'était dit dans le traité, eh bien la Cour a estimé qu'elle 102 00:06:30,660 --> 00:06:32,380 avait aussi une compétence en matière externe. 103 00:06:32,580 --> 00:06:37,720 Alors cette théorie du parallélisme de compétence a posé des difficultés, 104 00:06:37,920 --> 00:06:42,340 surtout parce que liée à l'attribution de la compétence a été également 105 00:06:42,540 --> 00:06:46,810 la question du caractère exclusif de cette compétence parce que la 106 00:06:47,010 --> 00:06:50,260 Cour de justice, très volontairement au début, a estimé notamment à 107 00:06:50,460 --> 00:06:55,330 partir de certains arrêts, notamment, on peut penser, 108 00:06:55,530 --> 00:06:59,980 ou de certains avis comme l'avis 1/76, la Cour de justice a considéré 109 00:07:00,180 --> 00:07:02,620 qu'à partir du moment où l'Union avait une compétence externe parce 110 00:07:02,820 --> 00:07:05,410 qu'elle avait une compétence interne, eh bien cette compétence externe 111 00:07:05,610 --> 00:07:06,670 devait être exclusive. 112 00:07:06,870 --> 00:07:09,280 Seule l'Union était compétente, les États ne l'étaient pas. 113 00:07:10,120 --> 00:07:12,460 Alors lecture peut-être un peu trop extensive, qui explique 114 00:07:12,660 --> 00:07:15,160 qu'ensuite, la Cour de justice soit revenue sur ce point et ait 115 00:07:15,360 --> 00:07:18,970 considérer que ce sont deux questions distinctes et que si l'Union avait 116 00:07:19,170 --> 00:07:22,270 une compétence externe, eh bien il fallait ensuite vérifier 117 00:07:22,470 --> 00:07:24,950 qu'elle était bien exclusive ou partagée. 118 00:07:25,150 --> 00:07:27,990 Elle pouvait être en effet partagée avec les États membres, 119 00:07:28,190 --> 00:07:33,370 on le voit notamment dans les avis 1/94 portant sur les accords de 120 00:07:33,570 --> 00:07:37,090 Marrakech de matière OMC ou certains domaines de l'accord OMC, 121 00:07:37,720 --> 00:07:40,300 notamment en matière de services et d'investissement, étaient considérés 122 00:07:40,500 --> 00:07:43,540 comme relevant d'une compétence partagée avec les États membres. 123 00:07:44,530 --> 00:07:48,190 Le Traité de Lisbonne clarifie tout cela avec son article 3, 124 00:07:48,390 --> 00:07:52,540 paragraphe 2 TFUE, dans lequel on nous explique qu'il y a une 125 00:07:52,740 --> 00:07:56,980 compétence de l'Union, il y a une compétence exclusive 126 00:07:57,550 --> 00:08:02,170 lorsque soit c'est prévu par le traité, politique commerciale commune, 127 00:08:02,370 --> 00:08:07,870 par exemple, ou alors lorsque la conclusion de l'accord est nécessaire 128 00:08:08,070 --> 00:08:12,280 pour réaliser l'un des objectifs du traité ou encore parce que l'accord 129 00:08:12,480 --> 00:08:15,250 est susceptible d'affecter des règles communes ou d’en altérer 130 00:08:17,470 --> 00:08:18,230 la portée. 131 00:08:18,430 --> 00:08:21,230 Donc ici se posait la question par la suite de savoir comment 132 00:08:21,430 --> 00:08:27,130 on précisait cette compétence exclusive ou non, et la jurisprudence de 133 00:08:27,330 --> 00:08:31,000 la Cour de justice est venue largement préciser les critères à mettre en œuvre. 134 00:08:31,660 --> 00:08:34,180 On pense à l'avis 2/15, par exemple, à l'accord de libre 135 00:08:34,380 --> 00:08:38,740 échange avec Singapour ou l'affaire sur l'Antarctique, les affaires 136 00:08:38,940 --> 00:08:45,010 626/15 et 659/16 sur la question de la compétence exclusive ou partagée 137 00:08:45,210 --> 00:08:45,970 en matière externe. 138 00:08:46,170 --> 00:08:50,560 Alors pour résumer en matière de compétence externe, d'abord, 139 00:08:51,730 --> 00:08:56,500 il faut fonder la compétence et là, on vérifie qu’il y bien une existence 140 00:08:56,700 --> 00:08:58,840 de la compétence soit expresse, soit qu’on déduit du système des 141 00:08:59,040 --> 00:09:03,860 traités et ensuite, il faut vérifier si la compétence est exclusive, 142 00:09:04,060 --> 00:09:08,260 article 3, paragraphe 2 TFUE ou si elle est partagée avec les États 143 00:09:08,460 --> 00:09:09,220 membres. 144 00:09:09,420 --> 00:09:12,070 L'importance est de taille parce que lorsque la compétence est partagée, 145 00:09:12,270 --> 00:09:14,630 cela signifie que l'accord doit être négocié et conclu, 146 00:09:14,830 --> 00:09:18,700 non seulement entre l'Union et les pays tiers, mais entre l'Union 147 00:09:18,900 --> 00:09:21,520 et les pays tiers et les États membres, les États membres eux-mêmes participent 148 00:09:21,720 --> 00:09:22,480 à cet accord. 149 00:09:23,560 --> 00:09:26,400 Voilà donc pour le principe d'attribution des compétences. 150 00:09:27,650 --> 00:09:30,970 Une fois que la compétence est attribuée, la dynamique s'engage 151 00:09:31,170 --> 00:09:32,950 parce qu'il y a un exercice des compétences. 152 00:09:33,550 --> 00:09:36,000 Et c'est donc cette question maintenant qu'on va se poser avec, 153 00:09:36,200 --> 00:09:38,320 chapitre 2, donc l'exercice des compétences. 154 00:09:39,640 --> 00:09:45,880 Le traité prévoyant en effet ici que vous avez deux grands principes 155 00:09:46,480 --> 00:09:52,330 qui permettent d'exercer les compétences, le principe d'abord 156 00:09:52,810 --> 00:09:55,770 de subsidiarité et ensuite le principe de proportionnalité. 157 00:09:55,970 --> 00:10:00,370 D'abord, donc paragraphe 1, le principe de subsidiarité consacré 158 00:10:00,730 --> 00:10:04,600 par l'article 5 du Traité sur l'Union européenne, paragraphe 3. 159 00:10:04,800 --> 00:10:08,770 Alors c'est un principe qui est largement issu d'une tradition 160 00:10:08,970 --> 00:10:12,610 philosophique selon laquelle le pouvoir est d'autant plus légitime 161 00:10:12,810 --> 00:10:16,940 qu'il est exercé au plus près de celui auquel il s'impose, 162 00:10:17,140 --> 00:10:17,900 voilà cette idée. 163 00:10:18,460 --> 00:10:22,180 On retrouve cette logique-là dans l'Union européenne, notamment à 164 00:10:22,380 --> 00:10:24,760 mesure que la construction européenne s'est affirmée. 165 00:10:25,360 --> 00:10:27,850 Vous avez des résistances, par exemple en Allemagne, 166 00:10:28,300 --> 00:10:32,950 dans lesquelles on affirme avec velléités que l'Union européenne 167 00:10:33,150 --> 00:10:37,120 va trop loin, et pour préserver en particulier les compétences 168 00:10:37,320 --> 00:10:39,850 des Länders, il faudrait limiter l'exercice par l'Union de ces 169 00:10:40,050 --> 00:10:40,810 compétences. 170 00:10:41,170 --> 00:10:46,360 Eh bien ici, c'est effectivement quelque chose qu'on va retrouver 171 00:10:46,930 --> 00:10:51,430 dans le traité, dans cette idée de compétences devant être exercées 172 00:10:51,630 --> 00:10:54,670 dans le principe, selon le principe de subsidiarité, qui est définie 173 00:10:54,870 --> 00:10:57,490 de la manière suivante, dans les domaines qui ne relèvent 174 00:10:57,690 --> 00:11:00,190 pas de sa compétence exclusive, l'Union intervient seulement et 175 00:11:00,390 --> 00:11:05,260 si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne peuvent 176 00:11:05,460 --> 00:11:07,660 pas être atteints de manière suffisante par les États membres, 177 00:11:08,230 --> 00:11:11,020 tant au niveau central qu'au niveau régional et local, mais peuvent 178 00:11:11,220 --> 00:11:14,620 l'être mieux en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée 179 00:11:14,820 --> 00:11:15,580 au niveau de l'Union. 180 00:11:16,000 --> 00:11:22,240 Voilà donc ici la définition du 181 00:11:22,440 --> 00:11:23,380 principe de subsidiarité. 182 00:11:24,040 --> 00:11:27,340 Principe défini, on l'aura compris, selon une logique quand même assez 183 00:11:27,540 --> 00:11:29,350 politique qui se joue à double tranchant. 184 00:11:29,650 --> 00:11:33,010 D'un côté, ça peut limiter l'exercice de la compétence de l'Union, 185 00:11:33,210 --> 00:11:34,150 ou au contraire la favoriser. 186 00:11:35,170 --> 00:11:39,250 D'autant que la Cour de justice estime que si elle se livre à un 187 00:11:39,450 --> 00:11:42,430 contrôle juridictionnel, c'est un contrôle de la motivation 188 00:11:42,630 --> 00:11:45,550 de l'acte au regard du principe de subsidiarité et, dans l'état 189 00:11:45,750 --> 00:11:48,550 actuel des choses, plutôt un contrôle de l'erreur manifeste d'appréciation, 190 00:11:48,750 --> 00:11:51,430 parce que, manifestement, on n'a pas méconnu le principe 191 00:11:51,630 --> 00:11:55,060 de subsidiarité, ce qui explique d'ailleurs que la Cour de justice 192 00:11:55,260 --> 00:11:59,050 n'ait à ce jour jamais censuré un quelconque acte de droit dérivé 193 00:11:59,250 --> 00:12:00,940 pour violation du principe de subsidiarité. 194 00:12:01,140 --> 00:12:06,070 Peut-être parce que la subsidiarité, qui consiste en réalité à justifier 195 00:12:06,270 --> 00:12:08,830 la valeur ajoutée qu'aurait un acte de droit de l'Union par rapport 196 00:12:09,030 --> 00:12:12,010 à une action nationale, eh bien, cette subsidiarité est 197 00:12:12,210 --> 00:12:16,870 plus politique, de sorte que, dans la logique notamment du Traité 198 00:12:17,070 --> 00:12:20,350 de Lisbonne, le contrôle en est confié essentiellement aux Parlements 199 00:12:20,550 --> 00:12:23,230 nationaux dans les conditions de l'article 12 et surtout du protocole 200 00:12:23,430 --> 00:12:27,100 numéro 1 annexé au traité, qui permet donc aux Parlements 201 00:12:27,300 --> 00:12:31,930 nationaux de contester, le cas échéant, des actes de droit 202 00:12:32,130 --> 00:12:35,480 dérivé proposés par la Commission européenne au motif qu'ils 203 00:12:35,680 --> 00:12:42,080 empiéteraient sur leurs compétences parce qu'il y aurait ici une violation 204 00:12:42,280 --> 00:12:43,490 du principe de subsidiarité. 205 00:12:44,570 --> 00:12:48,800 Et le protocole prévoit une procédure assez subtile où il faut qu'un 206 00:12:49,000 --> 00:12:54,500 certain nombre de Parlements nationaux s'expriment dans un sens pour dégager 207 00:12:54,700 --> 00:12:58,580 ce qu'on appelle des cartons jaunes dans lesquels on signale à la 208 00:12:58,780 --> 00:13:03,020 Commission que peut-être, une proposition d'acte irait au-delà 209 00:13:03,280 --> 00:13:08,210 des exigences de la subsidiarité et la Commission devra revoir sa copie. 210 00:13:08,410 --> 00:13:10,730 Et si elle persiste, là, une procédure de carton rouge 211 00:13:10,930 --> 00:13:12,860 peut être édictée et lancée. 212 00:13:13,060 --> 00:13:16,040 Et là encore, la Commission devra justifier très amplement les raisons 213 00:13:16,240 --> 00:13:19,310 pour lesquelles elle persévérerait dans sa démarche. 214 00:13:19,510 --> 00:13:22,700 Alors en pratique, c'est un système qui a surtout fonctionné dans les 215 00:13:22,900 --> 00:13:27,020 années 2010, un peu moins maintenant, depuis, qui a donné lieu à quelques 216 00:13:27,220 --> 00:13:32,090 cartons jaunes et quelques rares cartons rouges, notamment un carton 217 00:13:32,290 --> 00:13:37,400 jaune en 2013 sur le projet de règlement portant création du Parquet 218 00:13:37,600 --> 00:13:41,540 européen, projet de règlement qui a été revu par la Commission 219 00:13:41,740 --> 00:13:47,510 européenne, qui n'a abouti finalement que bien plus tard pour que le 220 00:13:47,710 --> 00:13:50,420 Parquet européen soit institué à partir de 2020. 221 00:13:50,900 --> 00:13:56,420 Donc ici, il y a un contrôle éminemment politique réalisé par les Parlements 222 00:13:56,620 --> 00:14:00,050 nationaux parce que la subsidiarité, c'est un principe politique qui 223 00:14:00,250 --> 00:14:03,080 se distingue ainsi de l'autre grand principe, paragraphe 2, 224 00:14:03,620 --> 00:14:06,200 qui lui est le principe de proportionnalité. 225 00:14:07,580 --> 00:14:11,060 Toujours l'article 5, mais cette fois, le paragraphe 4, 226 00:14:11,960 --> 00:14:16,700 qui consacre donc ce principe de proportionnalité, qui est défini 227 00:14:17,510 --> 00:14:23,240 ici comme signifiant que le contenu 228 00:14:23,810 --> 00:14:27,320 et la forme de l'action de l'Union ne doivent pas excéder ce qui est 229 00:14:27,520 --> 00:14:29,660 nécessaire pour atteindre les objectifs des traités. 230 00:14:29,860 --> 00:14:33,680 Alors c'est un principe ancien, en réalité, qui préexiste au Traité 231 00:14:33,880 --> 00:14:37,820 de Maastricht qui l'avait consacré, que la Cour de justice avait déjà 232 00:14:38,020 --> 00:14:40,660 dégagé sous la forme d'un principe général du droit communautaire 233 00:14:40,860 --> 00:14:43,960 dans un arrêt Valsabbia, affaire notamment 85/79. 234 00:14:45,900 --> 00:14:50,090 Donc c'est une exigence ici assez classique dans laquelle on va vérifier 235 00:14:50,290 --> 00:14:54,620 trois choses, est-ce que 1, l'acte est apte à réaliser les 236 00:14:54,820 --> 00:14:57,920 objectifs poursuivis, 2, est-ce qu'il ne va pas au-delà 237 00:14:58,130 --> 00:15:00,770 de ce qui est nécessaire pour réaliser l'objectif poursuivi ? 238 00:15:01,310 --> 00:15:07,160 Et 3, est-ce que l'institution qui adopte l'acte a suffisamment 239 00:15:07,360 --> 00:15:10,310 mis les intérêts en présence en pondération ? 240 00:15:10,640 --> 00:15:13,390 Il faut une pondération des intérêts en présence, donc l'aptitude, 241 00:15:13,590 --> 00:15:17,810 la nécessité et la pondération, voilà les trois éléments du principe 242 00:15:18,010 --> 00:15:20,810 de proportionnalité qui, ce faisant, fait l'objet d'un contrôle 243 00:15:21,010 --> 00:15:24,170 juridictionnel, outre le contrôle par les Parlements nationaux, 244 00:15:24,370 --> 00:15:28,280 qui est analogue à celui du principe de subsidiarité, les deux étant 245 00:15:28,480 --> 00:15:31,220 étroitement liés, ici, il y a un réel contrôle juridictionnel 246 00:15:31,420 --> 00:15:35,930 qui peut aboutir, le cas échéant, à un contrôle par la Cour de justice 247 00:15:36,380 --> 00:15:39,950 donnant lieu à une annulation de l'acte ou au constat d'une invalidité 248 00:15:40,150 --> 00:15:40,910 de l'acte. 249 00:15:41,110 --> 00:15:46,130 Ici, il n'est pas rare que la Cour de justice constate une violation 250 00:15:46,330 --> 00:15:52,100 du principe de proportionnalité, voire même le juge national, 251 00:15:52,300 --> 00:15:54,880 puisque dans l'affaire concernant la Banque centrale européenne Weiss 252 00:15:55,580 --> 00:15:57,320 qui avait donné lieu à un arrêt de la Cour, C-493/17, 253 00:15:59,630 --> 00:16:03,340 le Bundesverfassungsgericht en 2020, dans un arrêt du 5 mai 2020, 254 00:16:03,620 --> 00:16:07,730 avait considéré que la Cour de justice de l'Union européenne n'avait 255 00:16:07,930 --> 00:16:13,070 pas suffisamment contrôlé le respect par la Banque centrale européenne 256 00:16:13,270 --> 00:16:17,240 du principe de proportionnalité lorsque celle-ci avait adopté un 257 00:16:17,720 --> 00:16:21,560 programme d'achats de titres de dette publique, de sorte qu'il 258 00:16:21,760 --> 00:16:25,700 y avait eu un ultra vires, on avait constaté un ultra vires, 259 00:16:26,450 --> 00:16:28,970 ce qui nous ramène sur la question de la nomenclature.