1 00:00:06,120 --> 00:00:10,760 Troisième point de la responsabilité internationale de l'État : 2 00:00:11,040 --> 00:00:14,900 les conséquences de la responsabilité internationale de l'État. 3 00:00:15,280 --> 00:00:20,700 Alors, la responsabilité internationale a pour fin, a pour objet premier, 4 00:00:21,100 --> 00:00:26,640 la mise en œuvre du devoir de réparer le dommage qui a été causé à l'État 5 00:00:26,840 --> 00:00:29,520 par l'État qui est auteur de la violation du droit international. 6 00:00:30,260 --> 00:00:34,020 Donc, il résulte du mécanisme de responsabilité internationale, 7 00:00:34,220 --> 00:00:35,420 une obligation de réparation. 8 00:00:35,780 --> 00:00:39,880 Cette obligation de réparation a été consacrée comme un principe 9 00:00:40,080 --> 00:00:43,980 général de droit international par la Cour permanente de Justice 10 00:00:44,180 --> 00:00:50,540 internationale dans l'affaire Usine de Chorzów, dans une décision de 11 00:00:50,740 --> 00:00:56,740 1928 qui vient consacrer cette obligation de réparation comme 12 00:00:56,940 --> 00:00:57,700 un principe général. 13 00:00:58,040 --> 00:01:02,020 Ça fait partie de ces décisions dans lesquelles on voit le juge 14 00:01:02,220 --> 00:01:05,980 international reconnaître un principe général de droit international. 15 00:01:06,460 --> 00:01:10,460 Alors cette réparation, précise la Cour, doit couvrir la 16 00:01:10,660 --> 00:01:13,940 totalité du préjudice qui a été subi. 17 00:01:14,720 --> 00:01:19,080 Le droit international connaît à cet égard plusieurs formes de 18 00:01:19,280 --> 00:01:22,460 réparation, donc il faut entendre le terme réparation ici dans un 19 00:01:22,660 --> 00:01:27,140 sens générique, puisqu'on va le voir, le droit international connaît 20 00:01:27,340 --> 00:01:31,260 plusieurs formes de réparation qui vont dépendre de la nature 21 00:01:31,460 --> 00:01:35,160 de l'obligation qui a été violée, de la nature de préjudice, 22 00:01:35,360 --> 00:01:39,760 selon la diversité des situations qui peuvent se rencontrer en pratique. 23 00:01:40,520 --> 00:01:44,400 Mais l'obligation de réparer, aussi fondamentale soit-elle pour 24 00:01:44,600 --> 00:01:49,120 la responsabilité internationale, n'est pas la seule conséquence 25 00:01:49,320 --> 00:01:54,520 de la responsabilité internationale puisque le respect du droit 26 00:01:54,720 --> 00:01:59,840 international n'est pas conçu comme un choix qui est monnayable par l'État, 27 00:02:00,040 --> 00:02:02,400 donc l'État ne peut pas décider de violer le droit international 28 00:02:02,600 --> 00:02:07,080 en disant qu'il va répondre à son obligation de réparation. 29 00:02:07,280 --> 00:02:11,640 La violation du droit international entraîne en premier lieu l'obligation 30 00:02:11,840 --> 00:02:16,140 de cesser le fait internationalement illicite, donc non seulement l'État 31 00:02:16,340 --> 00:02:19,040 va avoir l'obligation de réparer les préjudices subis, 32 00:02:19,240 --> 00:02:23,340 mais il va également avoir l'obligation de cesser le fait internationalement 33 00:02:23,540 --> 00:02:26,480 illicite, donc l'obligation de mettre un terme à la violation 34 00:02:26,680 --> 00:02:27,440 du droit international. 35 00:02:28,020 --> 00:02:31,560 C'est ce qu'on va voir dans un premier temps, avant de parler 36 00:02:31,760 --> 00:02:35,740 des mécanismes de réparation, donc la cessation qui contraint 37 00:02:35,940 --> 00:02:41,460 l'État au respect de l'obligation primaire qui a été violée. 38 00:02:41,940 --> 00:02:46,740 On aurait pu imaginer que la responsabilité internationale soit 39 00:02:46,940 --> 00:02:50,780 conçue comme une option offerte à l'État, donc soit il respecte 40 00:02:50,980 --> 00:02:54,440 la norme primaire, soit il ne la respecte pas et il doit réparer. 41 00:02:54,640 --> 00:02:59,600 Tel n'est pas le cas puisque lorsqu'il y a violation d'une obligation 42 00:02:59,800 --> 00:03:03,940 internationale, l'État a en premier lieu l'obligation de cesser cette 43 00:03:04,140 --> 00:03:09,540 violation et également naturellement de réparer le préjudice subi. 44 00:03:10,140 --> 00:03:15,520 Pour autant cette obligation de cessation n'est pas toujours possible 45 00:03:15,720 --> 00:03:21,780 puisqu'on ne peut être contraint à cesser que quelque chose qui perdure, 46 00:03:22,000 --> 00:03:25,500 donc on ne peut être que dans des situations que j'ai déjà mentionnées, 47 00:03:25,920 --> 00:03:31,560 de faits illicites continus dans 48 00:03:31,760 --> 00:03:34,380 lesquels la violation du droit international perdure. 49 00:03:34,580 --> 00:03:37,520 Puisque si la violation a été instantanée il n'y a rien à cesser, 50 00:03:37,760 --> 00:03:41,960 le fait internationalement illicite a été consommé et il suffit de 51 00:03:42,160 --> 00:03:44,720 renvoyer au mécanisme de réparation. 52 00:03:45,120 --> 00:03:49,340 Mais lorsqu'on est face à un fait internationalement illicite continu, 53 00:03:49,540 --> 00:03:52,740 donc les violations du droit international perdurent, 54 00:03:52,940 --> 00:03:57,260 c'est dans cette hypothèse-là que l'obligation de cessation va jouer. 55 00:03:57,580 --> 00:04:01,780 Elle ne peut pas jouer dans toutes les situations, c'est une règle 56 00:04:01,980 --> 00:04:03,400 du mécanisme de responsabilité. 57 00:04:06,000 --> 00:04:09,360 C'est ce qu'a rappelé très récemment la Cour internationale de Justice 58 00:04:09,860 --> 00:04:15,760 dans un arrêt du 30 mars 2023 dans l'affaire certains actifs iraniens. 59 00:04:15,960 --> 00:04:19,680 Donc, l'une des ces affaires qui opposent les États-Unis à l'Iran 60 00:04:19,880 --> 00:04:26,600 et dans sa décision du 30 mars 2023 la Cour a constaté l'existence 61 00:04:26,800 --> 00:04:31,180 d'une violation du traité d'amitié entre les deux États, 62 00:04:31,380 --> 00:04:36,340 du traité d'amitié bilatéral entre les États-Unis et l'Iran du fait 63 00:04:36,540 --> 00:04:40,060 d'une procédure judiciaire qui avait été introduite par les autorités 64 00:04:40,260 --> 00:04:44,460 américaines et la Cour a bien rappelé l'obligation de cessation. 65 00:04:44,700 --> 00:04:49,500 Donc, l’État devait mettre un terme à la violation du traité international, 66 00:04:50,380 --> 00:04:54,660 du traité bilatéral sauf qu'en l'espèce, la cour a considéré que 67 00:04:54,860 --> 00:04:58,640 cette obligation de cessation n'avait pas lieu, n'existait pas. 68 00:04:58,840 --> 00:04:59,700 Pourquoi ? 69 00:04:59,900 --> 00:05:04,620 Parce que le traité ne liait plus les États, les États-Unis ayant 70 00:05:04,820 --> 00:05:08,760 décidé de prononcer la dénonciation du traité bilatéral. 71 00:05:09,000 --> 00:05:12,180 Ils s'étaient retirés du traité bilatéral, donc il n'y avait de 72 00:05:12,380 --> 00:05:15,520 fait plus de cessation possible puisque l'obligation primaire avait 73 00:05:15,720 --> 00:05:18,960 disparu du fait de la rupture du lien conventionnel. 74 00:05:19,540 --> 00:05:22,840 L'obligation de cessation existe bien en droit, mais en pratique 75 00:05:23,040 --> 00:05:28,100 elle n'est pas toujours valable selon la situation qui donne lieu 76 00:05:28,300 --> 00:05:30,200 à la responsabilité internationale de l’État. 77 00:05:31,100 --> 00:05:32,560 Voilà pour la cessation. 78 00:05:32,760 --> 00:05:36,720 En ce qui concerne maintenant la réparation, donc l'obligation reconnue 79 00:05:36,920 --> 00:05:40,140 comme un principe général du droit international, l'obligation de 80 00:05:40,340 --> 00:05:41,720 réparer les dommages. 81 00:05:42,620 --> 00:05:44,800 Le droit international, je l'ai dit en introduction, 82 00:05:45,000 --> 00:05:47,100 reconnaît plusieurs formes de réparation. 83 00:05:47,620 --> 00:05:52,360 Il connaît donc la restitution, l'indemnisation et la satisfaction. 84 00:05:52,820 --> 00:05:56,420 Ce sont les trois modes de réparation qui sont reconnus par le droit 85 00:05:56,620 --> 00:06:00,020 international, restitution, indemnisation et satisfaction. 86 00:06:00,820 --> 00:06:05,160 En ce qui concerne la restitution prévue à l'article 34 du projet 87 00:06:05,360 --> 00:06:09,820 d'article de la CDI, le principe en matière de réparation 88 00:06:10,020 --> 00:06:11,000 est celui de la restitution. 89 00:06:11,380 --> 00:06:15,620 La restitution est considérée comme une conséquence de la responsabilité 90 00:06:15,820 --> 00:06:20,080 internationale qui doit être privilégiée, car c'est celle qui 91 00:06:20,280 --> 00:06:24,260 permet d'effacer au mieux les conséquences d'une violation du 92 00:06:24,460 --> 00:06:25,220 droit international. 93 00:06:25,420 --> 00:06:28,260 C'est la voie qui doit être privilégiée en matière de réparation. 94 00:06:28,460 --> 00:06:30,820 Alors que signifie la restitution ? 95 00:06:31,020 --> 00:06:35,540 La restitution signifie reconstituer la situation initiale, 96 00:06:35,740 --> 00:06:38,940 donc revenir au point zéro, c'est-à-dire au point où il n'y 97 00:06:39,140 --> 00:06:40,880 avait pas eu de violation du droit international. 98 00:06:41,960 --> 00:06:45,280 C'est en cela que la restitution emporte les conséquences les plus 99 00:06:45,480 --> 00:06:49,240 importantes au titre de la responsabilité puisqu'on va exiger 100 00:06:49,440 --> 00:06:53,760 de l’État qu'il reconstitue la situation initiale, celle qui existait 101 00:06:53,960 --> 00:06:56,660 avant la violation du droit international. 102 00:06:57,580 --> 00:07:01,020 La restitution doit être privilégiée, c'est ce que nous dit le projet 103 00:07:01,220 --> 00:07:02,760 d'article de la CDI. 104 00:07:03,520 --> 00:07:04,900 Encore faut-il qu'elle soit possible. 105 00:07:05,360 --> 00:07:08,700 Et là encore, en pratique, il y a des situations dans lesquelles 106 00:07:08,900 --> 00:07:12,220 la restitution n'est pas possible du fait des circonstances d'espèces. 107 00:07:12,420 --> 00:07:17,040 Plusieurs exemples peuvent être donnés, dans l'affaire LaGrand qui est 108 00:07:17,240 --> 00:07:20,580 une autre affaire qui concerne les relations consulaires, 109 00:07:20,780 --> 00:07:24,100 la violation de la convention de Vienne sur les relations consulaires. 110 00:07:24,340 --> 00:07:27,100 C'est plusieurs affaires dans lesquelles les États-Unis voyaient 111 00:07:28,840 --> 00:07:32,780 leurs responsabilités engagées du fait qu'ils n'avaient pas permis 112 00:07:32,980 --> 00:07:35,600 à des ressortissants étrangers, dans le cadre de poursuites devant 113 00:07:35,800 --> 00:07:40,940 les tribunaux américains, de faire appel à l'assistance 114 00:07:41,380 --> 00:07:44,520 consulaire qui est un droit reconnu par la convention de Vienne sur 115 00:07:44,720 --> 00:07:46,260 les relations consulaires. 116 00:07:46,460 --> 00:07:48,820 Donc, il y a plusieurs affaires qui ont mis en cause des ressortissants 117 00:07:49,020 --> 00:07:53,180 mexicains et allemands et donc la responsabilité des États-Unis 118 00:07:53,380 --> 00:07:56,460 a été retenue par la cour internationale de Justice. 119 00:07:56,920 --> 00:08:02,100 Mais en l'espèce, dans l'affaire LaGrand, la restitution n'était 120 00:08:02,300 --> 00:08:04,740 pas possible, revenir au point zéro n'était pas possible. 121 00:08:05,060 --> 00:08:05,840 Pourquoi ? 122 00:08:06,040 --> 00:08:09,480 Parce que l'individu qui n'avait pas pu bénéficier de l'assistance 123 00:08:09,680 --> 00:08:13,180 consulaire non seulement avait été déjà jugé, mais avait déjà 124 00:08:13,380 --> 00:08:17,520 fait l'objet d'une exécution judiciaire et donc là il n'y avait matériellement 125 00:08:17,720 --> 00:08:21,780 pas de possibilité de revenir naturellement au point zéro. 126 00:08:22,360 --> 00:08:27,300 Alors, l'impossibilité de restitution peut aussi être juridique, 127 00:08:27,500 --> 00:08:30,380 dans l'affaire précédente elle était matérielle, elle peut aussi 128 00:08:30,580 --> 00:08:34,640 être juridique du fait d'une disposition par exemple du droit 129 00:08:34,840 --> 00:08:39,060 interne ou du droit international qui viendrait faire obstacle aux 130 00:08:39,260 --> 00:08:41,520 mesures de restitution qui doivent être prises. 131 00:08:41,720 --> 00:08:44,440 On peut tout à fait imaginer que le droit interne ou le droit 132 00:08:44,640 --> 00:08:47,020 international fasse obstacle à la restitution. 133 00:08:47,900 --> 00:08:50,980 En ce qui concerne le droit interne, on renvoie à un principe général 134 00:08:51,180 --> 00:08:54,280 que l'on a déjà vu, le droit international ne s'intéresse pas 135 00:08:54,480 --> 00:08:57,880 au droit interne donc l'État ne va pas pouvoir invoquer son droit 136 00:08:58,080 --> 00:09:01,160 interne pour faire obstacle à des mesures de restitution. 137 00:09:01,480 --> 00:09:05,340 Il ne peut pas se cacher derrière son droit interne pour faire obstacle 138 00:09:05,540 --> 00:09:07,040 à l'exécution du droit international. 139 00:09:08,560 --> 00:09:14,920 En ce qui concerne des obstacles juridiques qui proviendraient de 140 00:09:15,120 --> 00:09:16,420 l'ordre juridique international, donc l'argument peut déjà être entendu, 141 00:09:16,620 --> 00:09:21,680 on ne peut pas contraindre un État, par exemple à restituer si cela 142 00:09:21,880 --> 00:09:24,640 nécessite une violation du droit international. 143 00:09:25,160 --> 00:09:31,740 Ici, le principe est posé par le projet de la CDI qui prévoit qu'en 144 00:09:31,940 --> 00:09:36,520 matière de restitution il faut tenir compte d'un équilibre raisonnable 145 00:09:36,720 --> 00:09:38,440 entre les intérêts des deux parties. 146 00:09:39,380 --> 00:09:43,100 Il faut prendre en compte un équilibre raisonnable entre les intérêts 147 00:09:43,300 --> 00:09:46,740 des deux parties, c'est-à-dire entre l'intérêt de l'État qui a 148 00:09:46,940 --> 00:09:50,140 subi la violation du droit international à obtenir la restitution 149 00:09:50,340 --> 00:09:54,640 et l'intérêt de l'État à qui on demande la restitution qui va devoir 150 00:09:54,840 --> 00:09:56,960 mettre en œuvre un certain nombre de mesures. 151 00:09:57,580 --> 00:10:00,940 Il y a un équilibre à trouver, donc la restitution peut être 152 00:10:01,140 --> 00:10:05,860 considérée comme déséquilibrée et on peut considérer que selon 153 00:10:06,060 --> 00:10:10,200 les faits de l'espèce on ne va pas recourir à la restitution, 154 00:10:10,400 --> 00:10:13,160 mais plutôt à un autre mécanisme de réparation. 155 00:10:14,300 --> 00:10:18,500 La restitution lorsqu'elle est possible, elle doit être privilégiée. 156 00:10:18,700 --> 00:10:23,100 Cette restitution peut être matérielle, là encore ça dépend des faits, 157 00:10:24,100 --> 00:10:28,360 par exemple la libération d'un individu et elle peut être juridique, 158 00:10:28,560 --> 00:10:32,460 la disparition d'un acte, l'annulation d'un acte, 159 00:10:32,660 --> 00:10:33,600 d'une loi. 160 00:10:34,060 --> 00:10:38,420 On peut donner l'exemple à cet égard de l'affaire relative au 161 00:10:38,620 --> 00:10:41,620 mandat d'arrêt qui concernait la Belgique puisque la Belgique avait 162 00:10:41,820 --> 00:10:46,960 lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre d'un ministre congolais 163 00:10:47,160 --> 00:10:51,380 et la Cour internationale de justice avait considéré que ce mandat d'arrêt 164 00:10:51,580 --> 00:10:54,960 avait été délivré en violation de l'immunité de l'État. 165 00:10:55,160 --> 00:10:59,680 Donc, la Cour avait exigé de la Belgique qu'elle retire son mandat 166 00:10:59,880 --> 00:11:00,640 d'arrêt. 167 00:11:00,840 --> 00:11:04,200 Là, on a une restitution qui prend la forme d'un acte juridique, 168 00:11:04,400 --> 00:11:07,520 de retrait du mandat d'arrêt international. 169 00:11:09,360 --> 00:11:15,020 Alors, devant la Cour internationale de Justice, les États peuvent s'opposer 170 00:11:15,220 --> 00:11:18,900 quant aux modalités de la restitution, donc la question de la restitution 171 00:11:19,100 --> 00:11:21,960 peut donner lieu à un différend entre les États, différend 172 00:11:22,160 --> 00:11:22,940 d'interprétation. 173 00:11:23,220 --> 00:11:28,040 C'est ce qui s'est passé dans ces affaires dites consulaires qui 174 00:11:28,240 --> 00:11:29,760 concernaient les États-Unis. 175 00:11:29,960 --> 00:11:32,280 Donc, les États-Unis n'ayant pas fait bénéficier un certain nombre 176 00:11:32,480 --> 00:11:37,320 de ressortissants étrangers de leur droit à l'assistance consulaire 177 00:11:37,520 --> 00:11:41,940 dans le cadre de procédures pénales qui étaient engagées à leur encontre 178 00:11:42,140 --> 00:11:47,200 et les États s'opposaient sur ce que devait être la restitution. 179 00:11:48,420 --> 00:11:52,400 Par exemple le Mexique, la restitution devait signifier 180 00:11:52,600 --> 00:11:55,480 l'annulation des sentences qui avaient été prononcées, 181 00:11:55,680 --> 00:11:58,840 donc on supprime tout, on supprime les sentences qui ont 182 00:11:59,040 --> 00:12:01,160 été prononcées par les juridictions américaines. 183 00:12:01,360 --> 00:12:05,520 Alors que pour les États-Unis la restitution, donc revenir au point 184 00:12:05,720 --> 00:12:09,640 zéro, signifiait la révision ou le réexamen de ces procédures. 185 00:12:09,840 --> 00:12:12,860 Donc, on ne les annule pas, mais on autorise une procédure 186 00:12:13,060 --> 00:12:17,540 de révision qui va permettre le cas échéant à l'individu de saisir 187 00:12:17,740 --> 00:12:22,260 son assistance consulaire, mais pas d'annulation des sentences 188 00:12:22,460 --> 00:12:23,600 qui ont été prononcées. 189 00:12:23,800 --> 00:12:26,380 Donc, ce sont deux interprétations différentes de la restitution, 190 00:12:26,640 --> 00:12:30,900 les deux pouvant se concevoir pour revenir au point zéro. 191 00:12:31,100 --> 00:12:34,260 Alors, la Cour internationale de justice en espèces a retenu 192 00:12:34,460 --> 00:12:38,620 l'interprétation qui était défendue par les États-Unis en considérant 193 00:12:38,820 --> 00:12:43,460 que les États-Unis devaient procéder au réexamen ou la révision des 194 00:12:43,660 --> 00:12:46,400 décisions des sentences qui avaient été rendues par les juridictions 195 00:12:46,600 --> 00:12:49,960 américaines en précisant, et c'est ce qui va poser difficulté 196 00:12:50,160 --> 00:12:54,260 aux États-Unis, que ce réexamen et cette révision devaient intervenir 197 00:12:54,460 --> 00:12:56,300 dans le cadre d'une procédure judiciaire. 198 00:12:56,500 --> 00:12:59,520 Donc, révision et réexamen qui devaient intervenir dans le cadre 199 00:12:59,720 --> 00:13:01,360 d'une procédure judiciaire. 200 00:13:02,000 --> 00:13:04,720 Ce qui signifiait pour le système judiciaire américain, 201 00:13:04,920 --> 00:13:08,540 et on en vient là à une hypothèse où on voit le droit interne bloqué 202 00:13:08,740 --> 00:13:13,580 la restitution puisque ça signifiait permettre en l'espèce aux juridictions 203 00:13:13,780 --> 00:13:18,220 des États fédérés de procéder à la révision et au réexamen de ces 204 00:13:18,420 --> 00:13:19,840 sentences qui avaient été rendues. 205 00:13:20,600 --> 00:13:24,920 La difficulté est que cette possibilité n'était pas prévue par le droit 206 00:13:25,120 --> 00:13:28,360 interne, par le droit américain, cette procédure n'existait pas 207 00:13:28,560 --> 00:13:32,340 en droit américain, ce qui va poser des problèmes d'exécution de l'arrêt 208 00:13:32,540 --> 00:13:33,860 de la Cour internationale de justice. 209 00:13:34,720 --> 00:13:40,300 Alors, à l'époque le président américain avait accepté l'exécution 210 00:13:40,500 --> 00:13:45,800 de cet arrêt, mais la difficulté, donc l'affaire a aussi été portée 211 00:13:46,000 --> 00:13:49,180 devant la Cour suprême des États-Unis. 212 00:13:49,600 --> 00:13:53,420 La Cour suprême des États-Unis a considéré que l'arrêt de la Cour 213 00:13:53,620 --> 00:13:57,540 internationale de Justice ne pouvait pas être directement invoqué devant 214 00:13:57,740 --> 00:14:00,960 les juridictions internes, donc les individus en cause ne 215 00:14:01,160 --> 00:14:04,320 pouvaient pas directement s'en prévaloir devant les juridictions 216 00:14:04,520 --> 00:14:09,560 internes des États fédérés pour demander la révision ou le réexamen 217 00:14:09,760 --> 00:14:10,520 de leur sentence. 218 00:14:10,920 --> 00:14:15,220 Et en gros ce que dit la Cour suprême des États-Unis est que l'exécution 219 00:14:15,420 --> 00:14:20,540 de cet arrêt de la Cour internationale de justice nécessite la participation 220 00:14:20,740 --> 00:14:25,860 du Congrès puisque le Congrès devait modifier donc les règles applicables 221 00:14:26,060 --> 00:14:29,120 pour permettre ces procédures de réexamen et de révision. 222 00:14:29,340 --> 00:14:32,100 Et c'est là où il va y avoir un blocage en droit interne puisque 223 00:14:32,300 --> 00:14:37,060 le Congrès ne va jamais modifier cet aspect du droit américain, 224 00:14:37,260 --> 00:14:42,260 et donc concrètement le droit interne va faire obstacle aux mesures de 225 00:14:42,460 --> 00:14:46,340 restitution qui ont été prononcées par la Cour internationale de justice, 226 00:14:46,820 --> 00:14:51,160 situation qui perdure encore aujourd'hui. 227 00:14:51,360 --> 00:14:53,640 Il y a eu plusieurs contentieux devant la Cour internationale de 228 00:14:53,840 --> 00:14:56,220 Justice puisque du coup les violations ont continué. 229 00:14:56,700 --> 00:14:59,780 Donc, c'est un argument, je le répète, qui n'est pas admissible 230 00:14:59,980 --> 00:15:00,740 en droit international. 231 00:15:00,980 --> 00:15:03,500 C'est-à-dire qu'au regard du droit international les États-Unis sont 232 00:15:03,700 --> 00:15:10,520 bien tenus de mettre en œuvre les mesures de restitution qui ont 233 00:15:10,720 --> 00:15:13,600 été prévues par la Cour internationale de Justice. 234 00:15:14,140 --> 00:15:17,360 Donc, restitution qui permet une réparation pleine et entière, 235 00:15:17,560 --> 00:15:20,140 mais qui dans les faits peut poser un certain nombre de difficultés. 236 00:15:20,360 --> 00:15:24,420 Peut-être plus simple à mettre en œuvre, seconde modalité de la réparation 237 00:15:24,620 --> 00:15:25,400 c'est l'indemnisation. 238 00:15:26,420 --> 00:15:33,240 Dans certaines hypothèses, en difficulté les mesures de 239 00:15:33,440 --> 00:15:36,540 restitution ne sont pas appropriées au regard du différend. 240 00:15:36,740 --> 00:15:39,700 Donc, on peut passer à ce qu'on appelle une réparation par équivalent 241 00:15:39,900 --> 00:15:44,720 qui repose sur une indemnisation, donc sur le paiement d'une somme 242 00:15:44,920 --> 00:15:45,680 d'argent. 243 00:15:45,880 --> 00:15:50,080 C'est ce que prévoit le projet d'article, lorsque la remise en l'état, 244 00:15:50,300 --> 00:15:53,380 la reconstitution de la situation initiale n'est pas possible, 245 00:15:53,760 --> 00:15:58,100 l’État responsable doit verser une indemnité qui doit comprendre 246 00:15:58,300 --> 00:16:00,260 l'ensemble du préjudice. 247 00:16:01,240 --> 00:16:04,400 C'est cette seconde forme de réparation, l'indemnisation qui 248 00:16:04,600 --> 00:16:08,060 est très fréquente en pratique, tout étant plus ou moins monnayable 249 00:16:08,260 --> 00:16:09,020 aujourd'hui. 250 00:16:09,220 --> 00:16:13,640 Naturellement, les débats vont porter entre les États sur le montant 251 00:16:13,840 --> 00:16:17,720 de cette indemnisation parce qu'il va falloir chiffrer le dommage 252 00:16:17,920 --> 00:16:21,720 qui a été subi, ce qui donne lieu à de nombreux échanges dans le 253 00:16:21,920 --> 00:16:24,580 cadre notamment du prétoire de la Cour internationale de Justice. 254 00:16:25,660 --> 00:16:27,800 Une précision sur ce dommage. 255 00:16:28,000 --> 00:16:34,600 Récemment, la Cour internationale de Justice a considéré que le dommage 256 00:16:34,800 --> 00:16:38,460 purement environnemental pouvait tout à fait faire l'objet d'une 257 00:16:38,660 --> 00:16:39,420 indemnisation. 258 00:16:39,620 --> 00:16:42,560 Ce qui était une question qui a été posée aussi à des juridictions 259 00:16:42,760 --> 00:16:45,280 internes, est-ce qu'on peut indemniser un dommage environnemental ? 260 00:16:45,480 --> 00:16:48,880 Et la Cour internationale de Justice a considéré que oui, 261 00:16:49,080 --> 00:16:52,320 qu'il était possible d'indemniser un préjudice environnemental. 262 00:16:52,520 --> 00:16:57,340 Donc, elle l'a consacré dans une décision relative à l'affaire qui 263 00:16:57,540 --> 00:17:01,720 opposait le Nicaragua contre le Costa Rica, c'est une décision 264 00:17:01,920 --> 00:17:06,080 du 2 avril 2018 : caractère indemnisable du préjudice 265 00:17:06,280 --> 00:17:07,040 environnemental. 266 00:17:07,240 --> 00:17:10,680 Ce qui a nécessité pour la Cour de déterminer les méthodes de calcul 267 00:17:10,880 --> 00:17:14,800 du préjudice environnemental qui là encore a fait l'objet d'important 268 00:17:15,280 --> 00:17:19,820 débat entre les États et aussi d'important débat au sein de la 269 00:17:20,020 --> 00:17:23,000 communauté scientifique pour savoir comment on détermine, 270 00:17:23,200 --> 00:17:25,460 on chiffre un préjudice environnemental. 271 00:17:27,180 --> 00:17:30,060 Voilà pour l'indemnisation que l'on retrouve en pratique assez 272 00:17:30,260 --> 00:17:31,020 régulièrement. 273 00:17:32,160 --> 00:17:35,700 Dernière modalité de la réparation : la satisfaction. 274 00:17:36,840 --> 00:17:41,600 Si la restitution n'est pas adaptée, si l'indemnisation n'est pas adaptée, 275 00:17:41,800 --> 00:17:44,600 mais en général elle l'est, on peut passer par la satisfaction. 276 00:17:44,800 --> 00:17:48,100 Là, ça va couvrir les hypothèses où il n'y a pas eu de dommages 277 00:17:48,300 --> 00:17:51,500 matériels, donc pas eu de dommages à chiffrer que l'on peut chiffrer 278 00:17:51,700 --> 00:17:52,480 au titre de l'indemnisation. 279 00:17:52,680 --> 00:17:56,220 Ça renvoie notamment à toutes ces atteintes à la souveraineté qui 280 00:17:56,420 --> 00:18:00,880 n'ont pas forcément causé de dommages matériels. 281 00:18:01,080 --> 00:18:06,000 Dans ce cas-là, la responsabilité internationale peut se satisfaire 282 00:18:06,200 --> 00:18:09,580 de simples mesures de satisfaction, qui peuvent être, par exemple, 283 00:18:09,780 --> 00:18:14,000 l'obligation pour l'État de s'excuser officiellement de la violation 284 00:18:14,200 --> 00:18:18,360 du droit international, d'exprimer ses regrets, ses excuses, 285 00:18:18,560 --> 00:18:20,960 etc., dans une instance officielle. 286 00:18:21,160 --> 00:18:24,320 Alors, c'est quelque chose qui avait cours à un certain moment, 287 00:18:24,520 --> 00:18:27,600 à une certaine partie de l'histoire des relations internationales. 288 00:18:27,800 --> 00:18:29,440 Aujourd'hui, ce n'est plus tellement le cas. 289 00:18:29,640 --> 00:18:30,400 Pourquoi ? 290 00:18:30,600 --> 00:18:35,640 Parce que l’on considère que la simple constatation, dans un arrêt 291 00:18:35,840 --> 00:18:38,980 de la Cour internationale de Justice, qu'un État a violé le droit 292 00:18:39,180 --> 00:18:42,760 international constitue déjà une mesure de satisfaction pour l'État 293 00:18:42,960 --> 00:18:47,040 qui est victime de cette violation du droit international. 294 00:18:47,240 --> 00:18:51,360 Et donc, il n'y a pas forcément besoin de rajouter des excuses 295 00:18:51,560 --> 00:18:57,040 publiques, la propre déclaration de la Cour internationale de Justice 296 00:18:57,240 --> 00:19:03,720 suffit à emporter des conséquences quant à l'opprobre qu'un arrêt 297 00:19:03,920 --> 00:19:07,860 de la Cour peut porter sur le comportement d'un État.    298 00:19:08,060 --> 00:19:14,280 Voilà pour ces conséquences de la réparation internationale : 299 00:19:14,480 --> 00:19:16,060 cessation, réparation. 300 00:19:16,260 --> 00:19:19,160 Donc, les règles sont assez claires sur le plan théorique. 301 00:19:19,360 --> 00:19:25,280 C'est la réalité, la diversité des réalités, qui vont conduire 302 00:19:25,480 --> 00:19:28,600 le juge international notamment à naviguer entre ces différentes 303 00:19:28,800 --> 00:19:31,140 conséquences : cessation, réparation, restitution. 304 00:19:31,340 --> 00:19:37,240 Pour adapter la responsabilité internationale le plus proche possible 305 00:19:37,440 --> 00:19:41,200 des considérations du différend et de la violation qui est alléguée. 306 00:19:41,400 --> 00:19:48,120 Dernier point sur la responsabilité internationale que l'on verra 307 00:19:48,320 --> 00:19:51,960 rapidement : les circonstances excluant l'illicite. 308 00:19:52,160 --> 00:19:56,420 Donc, dernière composante de la responsabilité internationale de 309 00:19:56,620 --> 00:19:58,840 l'État, les circonstances excluant l'illicite. 310 00:20:00,100 --> 00:20:03,720 Dans le mécanisme de responsabilité internationale, on reconnaît des 311 00:20:03,920 --> 00:20:08,220 circonstances qui vont perturber le jeu normal de la responsabilité 312 00:20:08,420 --> 00:20:09,180 internationale. 313 00:20:09,380 --> 00:20:12,440 Le jeu normal de la responsabilité internationale, il y a un fait 314 00:20:12,640 --> 00:20:16,600 internationalement illicite imputable à l'État qui cause un dommage 315 00:20:16,800 --> 00:20:18,460 suffisamment direct et certain. 316 00:20:18,660 --> 00:20:22,700 Donc, on en tire des conséquences en appliquant les règles relatives 317 00:20:22,900 --> 00:20:24,980 à la cessation et à la réparation. 318 00:20:25,180 --> 00:20:28,200 Ça, c'est le jeu normal de la responsabilité internationale. 319 00:20:28,400 --> 00:20:32,160 Le droit international reconnaît des circonstances particulières, 320 00:20:32,360 --> 00:20:37,460 spécifiques, qui vont modifier le jeu de cette responsabilité 321 00:20:37,660 --> 00:20:38,460 internationale. 322 00:20:39,020 --> 00:20:42,500 Ces circonstances excluant l'illicite, comme elles l'indiquent, 323 00:20:42,800 --> 00:20:47,520 vont transformer un fait illicite en fait licite. 324 00:20:47,720 --> 00:20:50,200 Donc, un fait qui est internationalement illicite, 325 00:20:50,400 --> 00:20:55,180 du fait qu'il satisfait ces circonstances excluant l'illicite, 326 00:20:55,380 --> 00:20:59,180 il va être considéré comme licite dans le cadre de la responsabilité 327 00:20:59,380 --> 00:21:03,600 internationale et ne va donc pas déclencher les règles relatives 328 00:21:03,800 --> 00:21:06,160 à la responsabilité internationale de l'État. 329 00:21:06,400 --> 00:21:08,740 Ce sont ces circonstances excluant l'illicite. 330 00:21:08,940 --> 00:21:12,680 Il y a bien un fait internationalement illicite, mais ces circonstances 331 00:21:12,880 --> 00:21:16,060 vont lui faire perdre, en quelque sorte, son caractère 332 00:21:16,260 --> 00:21:17,020 illicite. 333 00:21:17,220 --> 00:21:22,340 Alors, le projet de la CDI distingue six circonstances excluant l'illicite 334 00:21:22,540 --> 00:21:24,560 que l'on va présenter rapidement ici. 335 00:21:25,740 --> 00:21:30,320 Première circonstance excluant l'illicite : le consentement, 336 00:21:30,520 --> 00:21:33,940 qui est prévu à l'article 20 du projet d'articles. 337 00:21:34,140 --> 00:21:34,900 Le consentement. 338 00:21:35,100 --> 00:21:38,660 Donc naturellement, que si un État a consenti à la violation du droit 339 00:21:38,860 --> 00:21:42,760 international, cette violation du droit international ne constitue 340 00:21:42,960 --> 00:21:46,420 plus un fait internationalement illicite qui va engager la 341 00:21:46,620 --> 00:21:49,420 responsabilité de l'État qui l'a commis, puisque l'État victime 342 00:21:49,620 --> 00:21:53,980 a consenti, par exemple dans un traité, on peut l'imaginer, à cette violation 343 00:21:54,180 --> 00:21:55,740 du droit international. 344 00:21:55,940 --> 00:21:59,780 Donc, le consentement de l'État à la violation du droit international 345 00:21:59,980 --> 00:22:01,460 va exclure l'illicite. 346 00:22:01,660 --> 00:22:06,020 Deuxième circonstance excluant l'illicite : la légitime défense, 347 00:22:06,220 --> 00:22:09,920 donc article 21 du projet de la CDI. 348 00:22:10,560 --> 00:22:13,260 La légitime défense, on en parlera un peu plus loin 349 00:22:13,460 --> 00:22:14,340 dans le cours. 350 00:22:14,600 --> 00:22:18,800 C'est une institution ancienne et universelle du droit international 351 00:22:19,000 --> 00:22:24,160 qui manifeste l'idée selon laquelle on peut toujours méconnaître ses 352 00:22:24,360 --> 00:22:27,540 obligations internationales pour préserver son existence. 353 00:22:27,740 --> 00:22:31,820 Donc, on peut toujours méconnaître le droit international pour préserver 354 00:22:32,020 --> 00:22:32,780 son existence. 355 00:22:32,980 --> 00:22:37,700 Il y a un droit naturel et inhérent de l'État à protéger son existence, 356 00:22:37,900 --> 00:22:40,020 c'est ce qu'on appelle donc la légitime défense. 357 00:22:40,220 --> 00:22:45,140 Donc, il va pouvoir se défendre lorsque son existence est mise en péril. 358 00:22:45,340 --> 00:22:48,420 Conséquence de quoi, si l'État, en se défendant, 359 00:22:48,620 --> 00:22:51,800 commet une violation du droit international, le système de 360 00:22:52,000 --> 00:22:55,440 responsabilité internationale va considérer qu'il n'y a pas d'illicite, 361 00:22:55,640 --> 00:22:58,720 puisque cet illicite est couvert par la légitime défense. 362 00:22:58,920 --> 00:23:02,760 Et donc, l'État ne verra pas sa responsabilité engagée. 363 00:23:02,960 --> 00:23:06,600 On autorise l'État à violer le droit international pour préserver 364 00:23:06,800 --> 00:23:07,560 son existence. 365 00:23:07,760 --> 00:23:10,960 Encore faut-il naturellement que l'État respecte les conditions 366 00:23:11,160 --> 00:23:14,160 de la légitime défense, conditions que l'on verra plus 367 00:23:14,360 --> 00:23:15,120 tard dans le cours. 368 00:23:15,320 --> 00:23:20,480 Troisième circonstance excluant l'illicite : les contre-mesures, 369 00:23:20,680 --> 00:23:24,520 contre-mesures dont il sera aussi question plus loin, donc je vais 370 00:23:24,720 --> 00:23:25,480 aller vite. 371 00:23:25,680 --> 00:23:27,060 Article 22 du projet de la CDI. 372 00:23:27,760 --> 00:23:32,860 Les contre-mesures, ce sont des représailles, des réactions pacifiques 373 00:23:33,060 --> 00:23:34,740 à la violation du droit international. 374 00:23:34,940 --> 00:23:39,000 Pacifiques, parce que contrairement à la légitime défense, 375 00:23:39,200 --> 00:23:41,980 elles ne nécessitent pas, elles ne reposent pas sur le recours 376 00:23:42,180 --> 00:23:42,940 à la force armée. 377 00:23:43,580 --> 00:23:46,760 L'idée des contre-mesures est que l'État qui a violé le droit 378 00:23:46,960 --> 00:23:50,520 international va, en réaction, pouvoir violer lui-même le droit 379 00:23:50,720 --> 00:23:52,440 international en représailles. 380 00:23:52,640 --> 00:23:56,880 Et donc, ces violations du droit international qu'il commet du fait 381 00:23:57,080 --> 00:24:01,340 d'une violation du droit international préalable ne vont pas être considérées 382 00:24:01,540 --> 00:24:04,900 comme un fait internationalement illicite et ne vont donc pas engager 383 00:24:05,100 --> 00:24:07,160 sa responsabilité internationale. 384 00:24:07,700 --> 00:24:10,840 Là encore, s'il agit dans le cadre des contre-mesures et s'il doit 385 00:24:11,040 --> 00:24:14,880 respecter le cadre des contre-mesures, les violations du droit international 386 00:24:15,080 --> 00:24:18,560 qu'il commet en réaction d'une violation du droit international 387 00:24:18,760 --> 00:24:23,440 préalable vont échapper au système de responsabilité internationale 388 00:24:23,640 --> 00:24:28,140 et ne vont pas déclencher l'application des règles secondaires. 389 00:24:28,340 --> 00:24:31,020 Là encore, les contre-mesures, on les reverra plus tard, 390 00:24:31,220 --> 00:24:34,060 parce que ce sont des mécanismes d'exécution du droit international. 391 00:24:34,260 --> 00:24:39,220 Ça va permettre à un État d'exercer une pression sur l'État qui viole 392 00:24:39,420 --> 00:24:43,380 le droit international pour qu'il rétablisse la situation initiale, 393 00:24:43,580 --> 00:24:45,580 qu'il cesse la violation du droit international. 394 00:24:45,780 --> 00:24:48,380 C'est le cas, par exemple, des sanctions économiques dont 395 00:24:48,580 --> 00:24:49,360 on parlera plus loin. 396 00:24:49,560 --> 00:24:54,760 Quatrième circonstance excluant 397 00:24:54,960 --> 00:24:59,060 l'illicite : la force majeure, article 23 du projet de la CDI. 398 00:24:59,260 --> 00:25:01,620 Là, on tombe dans les hypothèses classiques en matière de 399 00:25:01,820 --> 00:25:02,640 responsabilité. 400 00:25:03,680 --> 00:25:08,380 Force majeure, qui repose sur une force irrésistible, sur un événement 401 00:25:08,580 --> 00:25:14,840 extérieur imprévu, qui rend le respect du droit international 402 00:25:15,580 --> 00:25:16,500 matériellement impossible. 403 00:25:16,700 --> 00:25:21,620 L'État se trouve dans l'impossibilité, de manière tout à fait irrésistible, 404 00:25:21,820 --> 00:25:23,560 de respecter le droit international. 405 00:25:23,760 --> 00:25:28,120 Alors, il y a des allégations de la force majeure que l'on trouve 406 00:25:28,320 --> 00:25:32,540 en pratique, mais on n'a pas de consécration de la force majeure, 407 00:25:32,740 --> 00:25:34,900 notamment par la Cour internationale de Justice. 408 00:25:35,100 --> 00:25:38,800 Donc, c'est une circonstance excluant l'illicite du fait de ces critères 409 00:25:39,000 --> 00:25:44,460 qui sont très difficiles à satisfaire, qui est peu reconnue en pratique. 410 00:25:44,660 --> 00:25:49,700 Il en va de même donc de la cinquième cause excluant l'illicite : 411 00:25:49,900 --> 00:25:54,160 la détresse, ce qu'on appelle la détresse, donc article 24 du projet 412 00:25:54,360 --> 00:25:55,120 de la CDI. 413 00:25:55,320 --> 00:26:00,160 C'est l'hypothèse où l'État, alors, un peu similaire à la force 414 00:26:00,360 --> 00:26:03,560 majeure, donc l'État a un choix : soit respecter l'obligation 415 00:26:04,180 --> 00:26:07,260 internationale, soit, nous dit le projet de la CDI, 416 00:26:07,460 --> 00:26:11,420 sauver sa vie ou celle de personnes dont l'État a la charge. 417 00:26:12,440 --> 00:26:17,080 Cette idée que l'État, dans une hypothèse de détresse, 418 00:26:17,280 --> 00:26:22,160 doit violer le droit international pour sauver sa vie ou celle des 419 00:26:22,360 --> 00:26:24,080 personnes que l'État a la charge de protéger. 420 00:26:24,660 --> 00:26:27,360 Donc, une hypothèse similaire à la force majeure. 421 00:26:27,560 --> 00:26:32,120 De la même manière, on a peu de consécration pratique de la détresse 422 00:26:32,320 --> 00:26:33,160 en droit international. 423 00:26:33,360 --> 00:26:39,320 Dernière circonstance excluant l'illicite : l'état de nécessité, 424 00:26:39,740 --> 00:26:42,320 qui est plus fréquemment invoqué. 425 00:26:42,940 --> 00:26:46,860 L'état de nécessité renvoie à l'hypothèse où la violation du 426 00:26:47,060 --> 00:26:52,760 droit international constitue pour l'État le seul moyen de protéger 427 00:26:52,960 --> 00:26:56,860 un intérêt essentiel contre un péril grave et imminent. 428 00:26:57,060 --> 00:27:01,800 Donc, "le seul moyen pour l'État de protéger un intérêt essentiel 429 00:27:02,000 --> 00:27:03,840 contre un péril grave et imminent. 430 00:27:04,040 --> 00:27:08,740 Et à la condition de ne pas porter gravement atteinte à un intérêt 431 00:27:08,940 --> 00:27:12,700 essentiel de l'État ou des États à l'égard desquels l'obligation 432 00:27:12,900 --> 00:27:13,660 existe". 433 00:27:13,860 --> 00:27:25,440 C'est-à-dire y compris l'ensemble 434 00:27:25,640 --> 00:27:29,460 de la communauté internationale s'il s'agit d'une obligation qui 435 00:27:29,660 --> 00:27:32,440 est due à l'ensemble de la communauté internationale. 436 00:27:32,640 --> 00:27:37,400 Donc, hypothèse assez proche, là encore, de la détresse et de 437 00:27:37,600 --> 00:27:41,020 la force majeure, où l'État se trouve dans la nécessité de violer 438 00:27:41,220 --> 00:27:44,560 le droit international, nécessité étant appréciée au regard 439 00:27:44,760 --> 00:27:49,040 de ces critères assez précis que l'on trouve dans le projet de la CDI, 440 00:27:49,240 --> 00:27:50,000 à l'article 25. 441 00:27:50,200 --> 00:27:55,420 Alors, c'est une hypothèse, l'état de nécessité, 442 00:27:55,620 --> 00:27:57,760 qui est parfois invoquée. 443 00:27:57,960 --> 00:28:02,560 Elle l'est d'ailleurs fréquemment invoquée par l'Argentine dans le 444 00:28:02,760 --> 00:28:06,780 cadre des contentieux qui l'opposent à des investisseurs étrangers, 445 00:28:06,980 --> 00:28:14,780 puisque l'Argentine évoque fréquemment la crise économique qui était en 446 00:28:14,980 --> 00:28:19,140 cours dans l'État pour justifier le fait qu'elle a dû prendre des 447 00:28:19,340 --> 00:28:22,320 mesures d'expropriation, par exemple à l'égard des investisseurs 448 00:28:22,520 --> 00:28:23,280 étrangers. 449 00:28:23,480 --> 00:28:26,600 C'est un argument qui est parfois invoqué en pratique, 450 00:28:26,800 --> 00:28:32,100 qui a des critères assez sévères, ce qui fait qu'il est peu reconnu 451 00:28:32,300 --> 00:28:35,320 en pratique devant la Cour internationale de Justice. 452 00:28:35,520 --> 00:28:43,020 Il a également été invoqué dans une affaire qui concernait des 453 00:28:43,220 --> 00:28:49,360 dommages environnementaux, l'arrêt d'un projet pour des raisons 454 00:28:49,560 --> 00:28:50,320 environnementales. 455 00:28:50,520 --> 00:28:56,180 C'est le projet Gabčíkovo-Nagymaros, et la Cour a reconnu la possibilité 456 00:28:56,380 --> 00:28:58,800 pour l'État d'invoquer l'état de nécessité. 457 00:28:59,000 --> 00:29:02,060 Mais en l'espèce, elle a refusé de l'appliquer, considérant que 458 00:29:02,260 --> 00:29:05,060 les conditions que j'ai mentionnées n'étaient pas remplies, 459 00:29:05,260 --> 00:29:09,480 et donc que l'État ne pouvait pas justifier sa violation en l'espèce 460 00:29:09,680 --> 00:29:14,440 du traité bilatéral du fait de ce prétendu état de nécessité. 461 00:29:14,900 --> 00:29:22,180 Voilà pour les circonstances excluant l'illicite, qui permettent de clore 462 00:29:22,380 --> 00:29:25,760 ce chapitre relatif à la responsabilité internationale de l'État, 463 00:29:25,960 --> 00:29:32,260 qui constitue le mécanisme juridique qui va permettre au droit international 464 00:29:32,460 --> 00:29:37,820 de tirer les conséquences d'une violation de ses obligations qui 465 00:29:38,020 --> 00:29:41,340 aurait été commise par un État à l'encontre d'un autre État.