1 00:00:05,660 --> 00:00:10,190 Paragraphe 3 : l'organisation et le fonctionnement de la société 2 00:00:10,390 --> 00:00:11,660 en participation. 3 00:00:12,140 --> 00:00:15,650 Alors il faut distinguer les rapports entre associés et les rapports 4 00:00:15,850 --> 00:00:16,610 avec les tiers.  5 00:00:16,810 --> 00:00:20,180 Donc A tout d'abord concernant les rapports entre associés. 6 00:00:20,820 --> 00:00:23,570 Alors là, c'est un principe de liberté contractuelle qui s'applique, 7 00:00:23,770 --> 00:00:25,910 c'est d'ailleurs un des attraits de la société en participation, 8 00:00:26,990 --> 00:00:30,410 les associés vont pouvoir assez librement organiser le fonctionnement 9 00:00:30,610 --> 00:00:32,390 de leur société en participation. 10 00:00:34,070 --> 00:00:39,410 La loi prévoit tout de même à l'article 1871-1 du Code civil qu'en l'absence 11 00:00:39,610 --> 00:00:42,440 de précisions dans les statuts, et puis d'ailleurs, ce sera le 12 00:00:42,640 --> 00:00:44,480 cas s'il n'y a pas de statuts qui ont été rédigés et qu'il n'y a 13 00:00:44,680 --> 00:00:46,880 pas d'obligation de rédiger des statuts, eh bien, dans ce cas-là, 14 00:00:47,080 --> 00:00:49,750 "les rapports entre associés sont régis en tant que de raison", 15 00:00:49,950 --> 00:00:53,180 je cite l'article, "par les dispositions applicables aux sociétés 16 00:00:53,380 --> 00:00:55,850 en nom collectif si la société est commerciale", donc si elle 17 00:00:56,050 --> 00:00:57,740 a une activité commerciale qui est prévue dans ses statuts, 18 00:00:58,190 --> 00:01:01,850 "ou par les dispositions relatives aux sociétés civiles si la société 19 00:01:02,050 --> 00:01:03,380 a une activité civile". 20 00:01:04,040 --> 00:01:06,260 Donc si les statuts ne précisent rien sur la question, 21 00:01:06,460 --> 00:01:08,510 ce seront les règles applicables, par exemple, à la société en nom 22 00:01:08,710 --> 00:01:11,690 collectif si la société est commerciale, qui s'appliqueront 23 00:01:11,900 --> 00:01:16,970 pour déterminer les conditions de révocation d'un dirigeant ou 24 00:01:17,170 --> 00:01:20,600 pour les questions d'organisation de sa démission. 25 00:01:21,740 --> 00:01:28,280 Concernant d'abord, il faut que 26 00:01:28,480 --> 00:01:31,160 je parle de ce point-là, il faut que je parle de la situation, 27 00:01:31,360 --> 00:01:34,030 des biens, des biens qui sont mis à disposition de la société. 28 00:01:34,230 --> 00:01:34,990 Et ça, c'est un B. 29 00:01:35,450 --> 00:01:38,030 Donc concernant les biens mis à disposition de la société, 30 00:01:38,390 --> 00:01:43,130 B, c'est l'article 1872 du Code civil qui règle cette question. 31 00:01:44,090 --> 00:01:46,370 Et là, il faut distinguer plusieurs choses. 32 00:01:46,570 --> 00:01:49,190 Je rappelle que la société n'a pas la personnalité morale, 33 00:01:49,640 --> 00:01:51,200 donc elle ne peut pas être propriétaire de biens. 34 00:01:51,400 --> 00:01:52,270 Elle n'a pas de patrimoine. 35 00:01:52,470 --> 00:01:54,260 Elle n'a pas de patrimoine, on ne peut pas lui remettre des 36 00:01:54,460 --> 00:01:57,410 biens elle-même dont elle serait propriétaire. 37 00:01:58,250 --> 00:02:00,500 Donc c'est la loi qui prévoit plusieurs options. 38 00:02:00,700 --> 00:02:04,010 Elle en prévoit plus précisément trois distinctes. 39 00:02:04,310 --> 00:02:07,190 La première   option, toujours prévue à l'article 1872 40 00:02:07,390 --> 00:02:11,210 du Code civil, c'est qu'en principe, les associés demeurent propriétaires 41 00:02:11,410 --> 00:02:15,650 des biens qu'ils mettent à disposition de la société. 42 00:02:15,850 --> 00:02:17,270 Et plus précisément, ils les mettent à la disposition 43 00:02:17,480 --> 00:02:20,150 du gérant de la société qui va pouvoir les utiliser. 44 00:02:20,350 --> 00:02:22,610 Donc dans une telle hypothèse, ça ressemble à ce qu'on appelle 45 00:02:22,810 --> 00:02:23,570 un apport en   jouissance. 46 00:02:23,930 --> 00:02:27,680 Les associés restent propriétaires des biens qu'ils mettent à disposition 47 00:02:27,880 --> 00:02:28,640 de la société. 48 00:02:29,000 --> 00:02:32,960 Et donc ça veut dire que les créanciers des associés peuvent toujours saisir 49 00:02:33,160 --> 00:02:35,900 ces biens qui appartiennent encore aux associés. 50 00:02:36,890 --> 00:02:39,950 Par ailleurs, si le bien qui a été mis à disposition vient à 51 00:02:40,150 --> 00:02:43,280 disparaître, c'est l'associé qui a fait l'apport qui supporte les 52 00:02:43,480 --> 00:02:44,240 pertes. 53 00:02:44,440 --> 00:02:46,190 Et puis si ce bien prend de la valeur, c'est normalement l'associé qui 54 00:02:46,390 --> 00:02:48,170 a fait l'apport qui récupère ce bénéfice. 55 00:02:48,380 --> 00:02:50,360 Alors après, il y a la jurisprudence un peu plus subtile, 56 00:02:50,630 --> 00:02:54,500 si le bien qui a été apporté gagne de la valeur ou perd de la valeur 57 00:02:54,800 --> 00:03:00,140 à cause ou grâce à l'activité qui a été réalisée au sein de la société 58 00:03:00,340 --> 00:03:02,120 en participation, eh bien dans ce cas-là, il faudra considérer 59 00:03:02,320 --> 00:03:05,980 que ce sont des bénéfices liés à l'activité de la société ou alors 60 00:03:06,180 --> 00:03:08,690 des pertes liées à l'activité de la société et donc, les associés, 61 00:03:08,890 --> 00:03:10,460 les autres associés en seront également redevables. 62 00:03:10,660 --> 00:03:14,060 Mais le principe, c'est que s'il y a moins-value ou plus-value pour 63 00:03:14,260 --> 00:03:16,400 des biens qui restent la propriété des associés, dans ce cas-là, 64 00:03:16,880 --> 00:03:21,470 seul l'associé qui a fait l'apport en bénéficie ou supporte les pertes, 65 00:03:21,670 --> 00:03:23,370 la moins-value s'il y en a une. 66 00:03:24,080 --> 00:03:28,310 La deuxième option, c'est que les associés peuvent également décider 67 00:03:28,510 --> 00:03:29,720 de mettre les biens en indivision. 68 00:03:29,920 --> 00:03:32,570 D'ailleurs, c'est une règle de principe lorsque les biens étaient 69 00:03:32,770 --> 00:03:38,330 déjà en indivision avant d'être apportés, mis à disposition de 70 00:03:38,530 --> 00:03:39,320 la société. 71 00:03:39,770 --> 00:03:42,890 Donc ces biens indivis, donc les associés au moment de 72 00:03:43,090 --> 00:03:44,870 créer la société, peuvent dire que des biens qui n'étaient pas 73 00:03:45,070 --> 00:03:47,390 indivis le deviennent et puis il y a des biens qui étaient déjà 74 00:03:47,590 --> 00:03:49,580 indivis entre les associés, je pense notamment, par exemple, 75 00:03:49,780 --> 00:03:52,850 à un immeuble en indivision qui serait mis en commun pour une société 76 00:03:53,050 --> 00:03:55,090 pour l'activité d'une société en participation, eh bien, 77 00:03:55,290 --> 00:03:57,170 dans ce cas-là, ce bien resterait indivis. 78 00:03:57,420 --> 00:04:02,270 Puis d'ailleurs, l'article 1872 précise encore que sont également 79 00:04:02,470 --> 00:04:06,620 des biens indivis les biens qui sont utilisés, qui sont achetés 80 00:04:06,860 --> 00:04:10,750 grâce au remploi ou à l'emploi de deniers indivis. 81 00:04:10,950 --> 00:04:11,860 Alors deniers indivis, ça veut dire quoi ? 82 00:04:12,060 --> 00:04:13,010 C'est des sommes indivises. 83 00:04:13,250 --> 00:04:17,030 Donc par exemple, vous aviez apporté, mis à disposition de la société 84 00:04:17,230 --> 00:04:19,490 un bien qui était déjà indivis, ce bien a été vendu. 85 00:04:19,850 --> 00:04:22,040 En échange, vous avez reçu une somme d'argent, mais cette somme 86 00:04:22,240 --> 00:04:23,110 d'argent est aussi indivise. 87 00:04:23,310 --> 00:04:25,370 Si vous utilisez cette somme d'argent pour acheter un autre bien, 88 00:04:25,570 --> 00:04:28,220 cet autre bien sera aussi un bien indivis. 89 00:04:28,500 --> 00:04:29,690 Donc ça, c'est la deuxième option. 90 00:04:30,020 --> 00:04:34,430 C'est l'option pour les biens indivis, qui fait l'objet d'ailleurs d'une 91 00:04:34,630 --> 00:04:39,530 règle spéciale, une règle spéciale prévue à l'article 1872-2 du Code 92 00:04:39,730 --> 00:04:43,070 civil, pour faire exception à ce qui est en principe prévu pour 93 00:04:43,280 --> 00:04:45,890 les biens qui sont indivis. 94 00:04:46,190 --> 00:04:48,760 Vous le savez peut-être, quand vous avez une indivision, 95 00:04:48,960 --> 00:04:52,310 c'est d'ailleurs une fragilité de l'indivision, tout indivisaire, 96 00:04:52,850 --> 00:04:57,910 donc tout copropriétaire peut demander le partage de l'indivision. 97 00:04:58,110 --> 00:05:00,070 Donc il va demander à ce qu'on partage, donc qu'on vende le bien et puis 98 00:05:00,270 --> 00:05:03,410 qu'on partage ou alors qu'on arrive à répartir en lots le bien et que 99 00:05:03,610 --> 00:05:05,390 ce sois partagé entre les différents indivisaires. 100 00:05:05,750 --> 00:05:12,110 Eh bien ça, l'article 1872-2 du Code civil le contredit puisqu'il 101 00:05:12,310 --> 00:05:15,380 précise que les associés ne peuvent pas demander le partage avant la 102 00:05:15,580 --> 00:05:17,140 dissolution de la société. 103 00:05:17,340 --> 00:05:20,630 Donc là, ça bloque le partage tant que la société existe. 104 00:05:21,140 --> 00:05:23,450 Donc ça, cette solution, la Cour de cassation l'a précisé 105 00:05:23,650 --> 00:05:27,740 parce qu'il y avait une petite incertitude sur le texte de l'article 106 00:05:27,940 --> 00:05:30,740 1872-2 du Code civil, la Cour de cassation, 107 00:05:30,940 --> 00:05:34,660 dans un arrêt du 1er octobre 1996, elle a précisé que ça valait tant 108 00:05:34,860 --> 00:05:38,120 pour les sociétés à durée déterminée qu'à durée indéterminée. 109 00:05:38,570 --> 00:05:40,850 Mais alors, pour les sociétés à durée indéterminée, il y a quand 110 00:05:41,050 --> 00:05:44,300 même une règle qui va permettre à l'associé qui veut demander le 111 00:05:44,500 --> 00:05:47,420 partage d'un bien qui est indivis et qui a été mis à la disposition 112 00:05:47,620 --> 00:05:50,030 de la société, c'est la règle que j'ai énoncée précédemment selon 113 00:05:50,230 --> 00:05:53,450 laquelle tout associé d'une société en participation à durée indéterminée 114 00:05:53,690 --> 00:05:57,040 peut demander à ce qu'il y ait dissolution de cette société. 115 00:05:57,240 --> 00:06:00,590 Donc si un associé veut vraiment récupérer sa part dans un bien indivis, 116 00:06:00,890 --> 00:06:03,440 doit d'abord demander la dissolution de la société et ensuite, 117 00:06:03,640 --> 00:06:07,520 il pourra demander le partage du bien qui est resté indivis. 118 00:06:07,730 --> 00:06:10,490 Mais donc cela suppose qu'il accepte de mettre un terme à cette société, 119 00:06:10,760 --> 00:06:13,310 ce qui est une forte incitation à ne pas demander la dissolution 120 00:06:13,510 --> 00:06:15,350 et donc à ne pas demander le partage. 121 00:06:15,560 --> 00:06:18,620 La troisième option concernant le sort des biens prévu à l'article 122 00:06:18,820 --> 00:06:24,350 1872 du Code civil, c'est le fait de prévoir pour les associés que 123 00:06:24,550 --> 00:06:27,680 l'un d'entre eux, alors celui qui sera en quelque sorte le gérant 124 00:06:27,880 --> 00:06:31,430 de la société en participation, apparaîtra aux yeux des tiers comme 125 00:06:31,630 --> 00:06:35,090 étant le propriétaire de tous les biens qui ont été mis à disposition   126 00:06:35,290 --> 00:06:40,910 de la société et de tous les biens que la société acquiert en vue 127 00:06:41,110 --> 00:06:43,640 de la réalisation de l'objet social. 128 00:06:44,800 --> 00:06:49,660 Voilà donc pour ces différentes options pour les biens mis à 129 00:06:49,860 --> 00:06:51,370 disposition de la société. 130 00:06:51,580 --> 00:06:53,830 J'en arrive maintenant à un C concernant cette fois-ci la 131 00:06:54,030 --> 00:06:58,270 responsabilité des associés envers les tiers. 132 00:06:58,470 --> 00:07:01,750 Ça, c'est une question qui est particulièrement régie de façon 133 00:07:01,950 --> 00:07:03,280 détaillée par la loi. 134 00:07:03,550 --> 00:07:05,400 Et la première question qu'on doit se poser, c'est un 1, 135 00:07:06,190 --> 00:07:09,900 c'est de savoir contre qui peuvent agir les créanciers. 136 00:07:10,100 --> 00:07:15,610 Et ça, c'est l'article 1872-1 du Code civil qui règle la question. 137 00:07:16,330 --> 00:07:18,670 Elle règle cette question, tout d'abord, par principe. 138 00:07:18,910 --> 00:07:23,890 Le principe, c'est que les associés, chaque associé, contracte en son 139 00:07:24,090 --> 00:07:27,940 nom personnel et donc il n'engage que son propre patrimoine. 140 00:07:28,210 --> 00:07:31,510 Donc celui qui est tenu envers le créancier, c'est celui qui a 141 00:07:31,710 --> 00:07:33,190 conclu le contrat. 142 00:07:33,390 --> 00:07:36,460 Là, il n'y a pas de doute sur cette question. 143 00:07:37,510 --> 00:07:41,650 Il y a des exceptions qui sont prévues par l'article 1872-1 du 144 00:07:41,850 --> 00:07:42,610 Code civil. 145 00:07:42,810 --> 00:07:44,950 La première exception, c'est que le créancier va pouvoir 146 00:07:45,150 --> 00:07:50,140 agir contre tous les associés si ces derniers ont agi au vu et au 147 00:07:50,340 --> 00:07:53,410 su des tiers en qualité d'associés. 148 00:07:53,770 --> 00:07:58,090 Dans une telle hypothèse, on dit que la société qui normalement, 149 00:07:58,290 --> 00:08:00,220 est une société occulte, je vous rappelle la société en 150 00:08:00,420 --> 00:08:03,010 participation, elle n'est pas immatriculée, elle n'est pas publiée 151 00:08:03,370 --> 00:08:06,040 donc normalement, la société en participation est occulte mais là, 152 00:08:06,240 --> 00:08:09,370 le comportement des associés a fait que cette société est devenue 153 00:08:09,760 --> 00:08:10,630 ostensible. 154 00:08:11,560 --> 00:08:14,950 Elle est devenue ostensible, étant précisé que cette société 155 00:08:15,150 --> 00:08:16,930 peut être ostensible uniquement pour certains associés. 156 00:08:17,130 --> 00:08:20,380 Ça peut arriver que tous les associés n'aient pas rendu la société 157 00:08:20,580 --> 00:08:21,340 ostensible. 158 00:08:21,540 --> 00:08:22,870 Donc pour certains associés, la société sera occulte et pour 159 00:08:23,070 --> 00:08:24,520 d'autres, elle sera ostensible. 160 00:08:24,970 --> 00:08:27,610 Donc il faut imaginer la situation où les associés ont clamé   sur 161 00:08:27,810 --> 00:08:31,150 tous les toits qu'ils étaient associés d'une société en participation, 162 00:08:31,350 --> 00:08:34,570 qu'ils ont procédé à des publications, que dans les courriers qu'ils envoient 163 00:08:35,350 --> 00:08:37,600 à certains cocontractants, ils ont bien précisé qu'ils étaient 164 00:08:37,800 --> 00:08:39,010 12 associés d'une même société, etc. 165 00:08:40,300 --> 00:08:43,740 La jurisprudence, dans un ancien arrêt du 15 juillet 1987 qui est 166 00:08:43,940 --> 00:08:46,630 toujours d'actualité, a néanmoins précisé que pour qu'un 167 00:08:46,830 --> 00:08:50,200 associé qui n'a pas conclu l'acte se trouve engagé parce qu'il est 168 00:08:50,400 --> 00:08:52,960 censé avoir agi au vu et au su des tiers en qualité d'associé, 169 00:08:53,290 --> 00:08:57,450 il faut qu'il ait réalisé des actes personnels et positifs. 170 00:08:57,650 --> 00:09:01,590 Donc positifs, ça veut dire qu'il ne faut pas se contenter d'un silence. 171 00:09:01,790 --> 00:09:06,040 Il n'aurait pas contesté le fait que quelqu'un disait qu'il était 172 00:09:06,240 --> 00:09:07,500 associé de la société en participation. 173 00:09:07,700 --> 00:09:08,740 Il est resté muet. 174 00:09:08,940 --> 00:09:09,700 Eh bien ça, ça ne suffit pas. 175 00:09:09,900 --> 00:09:13,060 Il faut un acte positif et puis il faut que ce soit un acte personnel. 176 00:09:13,260 --> 00:09:17,500 Donc si un autre, un des associés, dit qu'une autre personne est également 177 00:09:17,700 --> 00:09:19,600 associée et révèle donc la qualité d'associé de cette autres personne, 178 00:09:19,800 --> 00:09:22,540 cette autre personne n'a pas agi personnellement. 179 00:09:22,740 --> 00:09:25,990 Ce n'est pas elle qui a révélé la société au tiers. 180 00:09:26,190 --> 00:09:29,110 Donc, certes il y a un acte positif de la part d'un associé mais ce 181 00:09:29,310 --> 00:09:32,410 n'est pas l'acte personnel de l'autre associé que le tiers voudrait 182 00:09:32,650 --> 00:09:33,410 poursuivre. 183 00:09:33,610 --> 00:09:35,830 Donc c'est important, il faut des actes personnels et 184 00:09:36,030 --> 00:09:36,790 positifs. 185 00:09:36,990 --> 00:09:42,160 La deuxième exception prévue par l'article 1872-1 du Code civil, 186 00:09:44,050 --> 00:09:47,050 la deuxième exception, pour qu'on puisse poursuivre un 187 00:09:47,250 --> 00:09:50,380 autre associé que celui qui a agi pour le compte de la société, 188 00:09:51,550 --> 00:09:56,650 qui a agi en tant qu'associé, eh bien, c'est si le créancier 189 00:09:56,850 --> 00:10:01,000 arrive à démontrer qu'un autre associé, a, par son immixtion, 190 00:10:01,200 --> 00:10:03,700 laissé croire qu'il allait lui aussi s'engager. 191 00:10:04,390 --> 00:10:07,240 Donc là, il faut imaginer l'hypothèse où vous avez un associé qui participe 192 00:10:07,440 --> 00:10:09,970 notamment aux négociations pour conclure un contrat, 193 00:10:10,180 --> 00:10:12,490 qui s'investit beaucoup mais à la fin, ce n'est pas lui qui signe le contrat, 194 00:10:12,690 --> 00:10:15,910 eh bien le tiers pouvait légitimement croire que cet autre associé avait 195 00:10:16,110 --> 00:10:20,110 aussi l'intention d'être lié par ce contrat. 196 00:10:20,310 --> 00:10:22,440 Donc il faut,  dès lors qu'on a prouvé une immixtion, 197 00:10:22,640 --> 00:10:25,180 et là encore, il faut donc démontrer quelque chose de positif et de 198 00:10:25,380 --> 00:10:28,030 personnel, mais cela semble aller de soi avec le terme immixtion, 199 00:10:29,170 --> 00:10:32,770 il faut avoir donné une sorte d'apparence, une apparence d'avoir 200 00:10:32,970 --> 00:10:35,950 voulu s'engager aussi envers le tiers. 201 00:10:36,580 --> 00:10:41,560 Troisième exception prévue par l'article 1872-1 du Code civil,  202 00:10:41,830 --> 00:10:45,400 il faut démontrer pour agir contre un autre créancier que celui qui a agi, 203 00:10:45,910 --> 00:10:49,960 il faut démontrer, il faut que le créancier démontre que l'acte 204 00:10:50,160 --> 00:10:55,090 qui a été conclu par un des associés a tourné au profit d'un autre associé. 205 00:10:55,690 --> 00:10:58,750 En réalité, c'est fondé sur une sorte d'enrichissement sans cause 206 00:10:59,590 --> 00:11:04,180 qui finalement favorise l'associé qui n'a pas conclu le contrat. 207 00:11:04,780 --> 00:11:10,720 Donc là, c'est une exception qui, alors si elle est interprétée très 208 00:11:10,920 --> 00:11:13,800 largement, pourrait engager, permet d'engager tout le temps 209 00:11:14,000 --> 00:11:15,030 la responsabilité de tous les associés. 210 00:11:15,230 --> 00:11:15,990 Pourquoi ? 211 00:11:16,190 --> 00:11:17,620 Parce que pourquoi les associés se mettent ensemble pour créer 212 00:11:17,820 --> 00:11:18,580 une société en participation ? 213 00:11:18,780 --> 00:11:19,540 C'est parce qu'ils veulent s'enrichir. 214 00:11:19,740 --> 00:11:21,850 Donc normalement, le contrat conclu par l'un des associés, 215 00:11:22,050 --> 00:11:24,100 ça sert à enrichir les autres associés.   216 00:11:24,300 --> 00:11:26,770 Mais ce n'est pas comme cela qu'il faut entendre cette exception, 217 00:11:27,010 --> 00:11:29,200 cette exception qui est très rarement invoquée parce qu'elle est un petit 218 00:11:29,400 --> 00:11:33,310 peu compliquée, c'est une hypothèse vraiment plus précise où c'est 219 00:11:33,510 --> 00:11:36,420 vraiment seul l'autre associé qui finalement, in fine, 220 00:11:36,620 --> 00:11:40,270 a bénéficié des conséquences de l'acte qui a été conclu par un 221 00:11:40,470 --> 00:11:41,230 autre associé. 222 00:11:41,680 --> 00:11:44,180 Donc on peut imaginer, par exemple, un associé d'une société 223 00:11:44,440 --> 00:11:47,770 en participation, qui conclut un contrat de réfection d'un bien 224 00:11:47,970 --> 00:11:50,960 immobilier qui appartient en réalité à un autre associé. 225 00:11:51,160 --> 00:11:56,700 On peut dire que ces réfections bénéficient uniquement à l'associé, 226 00:11:56,900 --> 00:11:59,020 l'autre associé qui est propriétaire de cet immeuble. 227 00:11:59,220 --> 00:12:02,020 Alors vous avez une illustration, la seule illustration   228 00:12:02,220 --> 00:12:06,070 jurisprudentielle que j'ai trouvée de cette hypothèse, de cette troisième 229 00:12:06,270 --> 00:12:10,680 exception, c'est un arrêt de la chambre commerciale du 9 juillet 1996, 230 00:12:10,880 --> 00:12:13,780 et encore, c'est assez ambigu, cet arrêt, parce qu'il n'est pas 231 00:12:13,980 --> 00:12:15,460 uniquement fondé sur cette troisième exception. 232 00:12:15,660 --> 00:12:21,670 Il est aussi fondé, semble-t-il, sur le fait qu'il y avait une société 233 00:12:21,870 --> 00:12:24,760 qui était devenue ostensible, donc le fait que les associés avaient 234 00:12:24,960 --> 00:12:28,270 agi au vu et au su des tiers et avaient ainsi rendu la société 235 00:12:28,470 --> 00:12:29,230 ostensible. 236 00:12:29,430 --> 00:12:32,050 Donc on ne sait pas trop lequel de ces fondements, laquelle de 237 00:12:32,250 --> 00:12:35,380 ces exceptions, est véritablement visée par cet arrêt. 238 00:12:37,970 --> 00:12:41,720 2 : sur quels biens les créanciers peuvent se faire payer ? 239 00:12:41,930 --> 00:12:44,420 Donc on détermine d'abord contre qui ils peuvent agir, 240 00:12:44,810 --> 00:12:46,700 un associé, plusieurs associés ? 241 00:12:47,090 --> 00:12:48,800 Mais une fois qu'on sait contre qui ils peuvent agir, 242 00:12:49,000 --> 00:12:50,300 eh bien là, il y a la question des biens qui revient. 243 00:12:50,750 --> 00:12:52,970 Il y a la question des biens qui revient parce qu'il faut savoir 244 00:12:53,170 --> 00:12:57,080 quels biens vont être pouvoir être saisis, notamment par le créancier 245 00:12:57,280 --> 00:12:58,940 qui va pouvoir agir contre tel ou tel associé. 246 00:12:59,180 --> 00:13:01,700 Donc normalement, la règle, vous vous rappelez, chaque associé 247 00:13:01,900 --> 00:13:04,190 demeure propriétaire de ses biens, ses propres biens. 248 00:13:04,460 --> 00:13:06,710 Donc normalement, le créancier qui agit contre un associé peut 249 00:13:06,910 --> 00:13:08,450 saisir uniquement les biens de cette associé. 250 00:13:08,650 --> 00:13:12,590 Après, il y a la question aussi de la troisième option concernant 251 00:13:12,790 --> 00:13:13,550 le sort des biens. 252 00:13:13,750 --> 00:13:16,160 Vous vous rappelez peut-être le fait que les associés aient décidé 253 00:13:16,360 --> 00:13:18,950 que les biens qui étaient acquis dans la réalisation de l'objet 254 00:13:19,150 --> 00:13:21,740 social étaient considérés comme étant de la propriété aux yeux 255 00:13:21,940 --> 00:13:23,870 des tiers d'un seul associé. 256 00:13:24,070 --> 00:13:27,170 Donc dans ce cas-là, tous les biens qui sont réputés 257 00:13:27,370 --> 00:13:31,790 être la propriété de l'associé aux yeux des tiers, eh bien si 258 00:13:31,990 --> 00:13:34,200 cet associé peut être poursuivi par un créancier, il pourra, 259 00:13:34,400 --> 00:13:37,640 ce créancier, saisir tous les biens qui sont réputés pour lui appartenir 260 00:13:37,840 --> 00:13:38,600 à cet associé. 261 00:13:39,110 --> 00:13:42,140 Et puis il y a la dernière hypothèse, celle des biens indivis. 262 00:13:42,340 --> 00:13:44,720 Alors à propos des biens indivis, c'est un petit peu plus compliqué 263 00:13:45,890 --> 00:13:48,860 parce que dans une telle hypothèse, lorsque les biens sont indivis, 264 00:13:49,060 --> 00:13:52,250 il va falloir distinguer selon que le créancier est créancier 265 00:13:52,580 --> 00:13:55,610 d'un associé seulement ou alors s'il est créancier de tous les 266 00:13:55,810 --> 00:13:56,570 associés. 267 00:13:56,770 --> 00:14:03,920 Si le créancier est créancier d'un seul associé en application de 268 00:14:04,120 --> 00:14:07,270 l'article 1872-1 du Code civil, il n'a pas réussi à montrer qu'il 269 00:14:07,470 --> 00:14:09,380 y avait une exception, il pouvait atteindre plusieurs 270 00:14:09,580 --> 00:14:14,360 autres associés, eh bien le créancier ne va pas pouvoir agir   directement 271 00:14:14,630 --> 00:14:19,280 sur le bien indivis parce que ce créancier n'a pas plus de droits 272 00:14:19,480 --> 00:14:22,790 sur ce bien indivis que n'en a son débiteur. 273 00:14:24,030 --> 00:14:27,030 Le créancier, qu'est-ce qu'il va devoir faire pour pouvoir agir 274 00:14:27,230 --> 00:14:30,660 sur la part du bien qui revient à son débiteur, eh bien il va devoir 275 00:14:30,860 --> 00:14:33,390 demander le partage du bien. 276 00:14:35,370 --> 00:14:39,090 Le problème, c'est que, et dans ce cas-là, on se réfère 277 00:14:39,290 --> 00:14:41,860 à un texte relatif à l'indivision, c'est l'article 815-17, 278 00:14:43,440 --> 00:14:47,850 alinéa 2 du Code civil, auquel d'ailleurs renvoie l'article 279 00:14:48,050 --> 00:14:50,400 1872-1  alinéa 4 du Code civil. 280 00:14:50,910 --> 00:14:55,890 Alors le problème, c'est que selon l'article 815-17 du Code civil, 281 00:14:56,340 --> 00:15:02,490 le créancier provoque le partage du bien indivis au nom de son débiteur. 282 00:15:02,740 --> 00:15:04,500 Donc il agit au nom de son débiteur. 283 00:15:04,700 --> 00:15:06,600 En réalité, ce qu'il exerce, c'est ce qu'on appelle une action 284 00:15:06,800 --> 00:15:10,110 oblique et donc il ne peut pas demander plus que ce que peut demander 285 00:15:10,320 --> 00:15:11,080 le débiteur. 286 00:15:11,370 --> 00:15:16,800 Or vous vous rappelez que l'associé d'une société, ne peut en principe, 287 00:15:17,000 --> 00:15:21,600 si c'est une société à durée déterminée ou indéterminée, il ne peut pas 288 00:15:21,800 --> 00:15:24,780 demander le partage pendant la durée de la société. 289 00:15:25,170 --> 00:15:28,350 Donc le créancier ne va pas pouvoir demander le partage puisque son 290 00:15:28,550 --> 00:15:30,870 débiteur, l'associé, ne peut pas demander le partage. 291 00:15:31,170 --> 00:15:34,170 La seule hypothèse qui sera possible, c'est si on est en présence d'une 292 00:15:34,370 --> 00:15:37,650 société en participation à durée indéterminée, parce que dans ce cas-là, 293 00:15:37,850 --> 00:15:40,770 je vous le rappelle, l'associé peut, pour obtenir le 294 00:15:40,970 --> 00:15:43,980 partage, d'abord demander la dissolution de la société et ensuite 295 00:15:44,340 --> 00:15:45,540 obtenir le partage. 296 00:15:45,780 --> 00:15:47,880 Donc c'est ça que va pouvoir faire le créancier. 297 00:15:48,270 --> 00:15:49,530 Donc c'est déjà compliqué, en fait. 298 00:15:49,830 --> 00:15:53,520 Le créancier qui agit pour, à la place de son débiteur, 299 00:15:53,720 --> 00:15:56,550 va à la place du débiteur demander la dissolution de la société et 300 00:15:56,750 --> 00:16:00,990 ensuite, il va pouvoir demander le partage pour pouvoir saisir 301 00:16:01,190 --> 00:16:05,070 la part du bien indivis qui revient à son débiteur. 302 00:16:05,270 --> 00:16:07,200 Donc ça, c'est ce qu'a affirmé la troisième chambre civile de 303 00:16:07,400 --> 00:16:12,390 la Cour de cassation dans un arrêt du 4 mai 2016. 304 00:16:12,690 --> 00:16:16,170 Et voilà donc la situation lorsqu'un créancier n'est créancier que de 305 00:16:16,370 --> 00:16:17,790 l'un des associés. 306 00:16:18,330 --> 00:16:21,000 La situation n'est pas plus simple lorsque le créancier est créancier 307 00:16:21,200 --> 00:16:22,290 de tous les associés, parce que dans ce cas-là, 308 00:16:22,490 --> 00:16:27,900 on va considérer que c'est un créancier de l'indivision et donc en application 309 00:16:28,100 --> 00:16:30,630 de l'article 815-17, dans ce cas-là, il n'a pas à demander 310 00:16:30,830 --> 00:16:32,850 le partage, il est directement créancier de l'indivision donc 311 00:16:33,050 --> 00:16:35,820 il peut saisir le bien indivis directement, donc là, 312 00:16:36,020 --> 00:16:38,310 c'est une situation bien plus facile. 313 00:16:38,510 --> 00:16:40,560 Donc il a fortement intérêt, ce créancier, d'abord à démontrer 314 00:16:40,760 --> 00:16:42,990 que la société est ostensible, montrer que tous les associés sont 315 00:16:43,190 --> 00:16:45,330 tenus et donc, dans ce cas-là, il va pouvoir être créancier de 316 00:16:45,530 --> 00:16:48,480 l'indivision et agir directement sur le bien sans avoir à provoquer 317 00:16:48,680 --> 00:16:50,280 le partage, partage d'ailleurs qu'il ne pourra pas demander si 318 00:16:50,480 --> 00:16:53,100 la société en participation est à durée déterminée. 319 00:16:53,300 --> 00:17:00,600 Dernières règles que je vais évoquer 320 00:17:00,800 --> 00:17:05,040 maintenant, ce sont les règles qui sont applicables aux sociétés 321 00:17:05,240 --> 00:17:08,610 créées de fait, qui sont les autres sociétés qui n'ont pas la personnalité 322 00:17:08,810 --> 00:17:12,060 morale et c'est l'objet d'une section 2 Donc section 2 : les sociétés 323 00:17:12,360 --> 00:17:13,120 créées de fait. 324 00:17:13,320 --> 00:17:16,470 Alors en général, contrairement aux sociétés en participation, 325 00:17:17,220 --> 00:17:19,830 les sociétés créées de fait sont invoquées au dernier moment, 326 00:17:20,030 --> 00:17:23,550 c'est-à-dire au moment de leur disparition, parce que c'est en 327 00:17:23,750 --> 00:17:26,430 général à postériori qu'on se rend compte que ce serait bien, 328 00:17:26,630 --> 00:17:30,300 en réalité, de pouvoir solder les relations entre les soi-disant 329 00:17:30,540 --> 00:17:33,810 associés par l'existence, par les règles prévues pour les 330 00:17:34,010 --> 00:17:35,760 sociétés en participation. 331 00:17:36,690 --> 00:17:38,670 En effet, généralement, on invoque une société créée de 332 00:17:38,870 --> 00:17:42,540 fait parce qu'on veut avoir une "part du gâteau" entre guillemets, 333 00:17:42,740 --> 00:17:46,440 une part du partage des bénéfices donc on veut démontrer l'existence 334 00:17:46,640 --> 00:17:47,400 d'une société. 335 00:17:47,600 --> 00:17:50,010 Et l'hypothèse classique, l'hypothèse caractéristique, 336 00:17:50,210 --> 00:17:53,460 c'est celle d'une société qui est invoquée entre concubins. 337 00:17:53,850 --> 00:17:56,400 Les concubins, vous le savez, ne sont pas mariés, ils n'ont pas 338 00:17:56,600 --> 00:18:00,750 un régime qui est prévu par la loi, qui les protège en cas de divorce 339 00:18:00,950 --> 00:18:04,470 donc répartir les prestations compensatoires entre chacun des époux, 340 00:18:04,670 --> 00:18:09,750 non, les concubins n'ont pas opté pour un régime légal déterminé, 341 00:18:10,050 --> 00:18:13,380 donc ils sont dans une situation qui n'est pas prévue par la loi 342 00:18:13,710 --> 00:18:18,120 et quelquefois à la fin du concubinage, l'un des concubins se sent légèrement 343 00:18:18,320 --> 00:18:25,110 lésé, notamment quand il a participé à la réfection, à des travaux pour 344 00:18:25,310 --> 00:18:27,750 un bien immobilier qui ne lui appartient pas, qui appartenait 345 00:18:28,020 --> 00:18:32,610 à l'autre concubin, qui l'a aidé notamment à rembourser l'emprunt 346 00:18:32,810 --> 00:18:36,390 qui a servi à financer ce bien qui n'appartient qu'à l'autre concubin 347 00:18:36,590 --> 00:18:40,530 et donc à la fin du concubinage, ce concubin qui a finalement participé 348 00:18:40,730 --> 00:18:42,990 au financement d'un bien, se retrouve sans aucun droit sur 349 00:18:43,190 --> 00:18:43,950 ce bien. 350 00:18:44,150 --> 00:18:46,350 Donc son idée, c'est de dire : "Ah au fait, on avait une société 351 00:18:46,550 --> 00:18:49,560 créée de fait et par conséquent, il y a un partage des bénéfices. 352 00:18:49,950 --> 00:18:52,680 Il y a un partage des bénéfices qui doit intervenir entre les deux 353 00:18:52,880 --> 00:18:57,270 associés, moi et mon concubin ou ma concubine."  Alors pendant un 354 00:18:57,470 --> 00:19:00,420 certain temps, jusqu'au début des années 2000, la première chambre 355 00:19:00,620 --> 00:19:03,630 civile de la Cour de cassation a eu une lecture assez souple de 356 00:19:03,830 --> 00:19:06,260 cette situation factuelle et reconnaissait assez facilement 357 00:19:06,460 --> 00:19:09,360 l'existence d'une société créée de fait dans de telles situations. 358 00:19:09,560 --> 00:19:13,830 Mais un grand nombre d'arrêts du 12 mai 2004 ont matérialisé, 359 00:19:15,120 --> 00:19:19,320 ont marqué un tournant de la jurisprudence de la première chambre 360 00:19:19,520 --> 00:19:22,080 civile qui est devenue bien plus sévère. 361 00:19:22,280 --> 00:19:25,320 Elle est devenue bien plus sévère en exigeant, pour qu'il y ait société 362 00:19:25,520 --> 00:19:30,360 créée de fait, invoquée par un associé, que tous les éléments du contrat 363 00:19:30,560 --> 00:19:35,760 de société, c'est-à-dire deux associés, apports de chacun des associés 364 00:19:36,210 --> 00:19:40,800 et partage des bénéfices et contribution aux pertes soient 365 00:19:41,000 --> 00:19:44,520 démontrés et qu'en plus, il y ait la démonstration de l'affectio 366 00:19:44,720 --> 00:19:47,670 societatis, et en plus la Cour de cassation a précisé, 367 00:19:47,870 --> 00:19:51,690 dans ses arrêts de mai 2004, qu'il fallait prouver ces différents 368 00:19:51,890 --> 00:19:52,980 éléments séparément. 369 00:19:53,430 --> 00:19:56,330 Donc on ne pouvait pas déduire les éléments les uns des autres. 370 00:19:56,530 --> 00:19:59,070 Donc ces quatre éléments doivent être démontrés séparément. 371 00:19:59,270 --> 00:20:02,820 Alors le problème, c'est ce qui est très difficile à démontrer, 372 00:20:03,120 --> 00:20:06,330 c'est l'existence d'un véritable affectio societatis. 373 00:20:06,530 --> 00:20:08,250 Alors affectio societatis, qu'on s'entende bien, 374 00:20:08,450 --> 00:20:10,800 l'affectio societatis, je vous ai dit, dans une version 375 00:20:11,000 --> 00:20:12,620 moderne, c'est l'intention de créer une société. 376 00:20:12,820 --> 00:20:15,780 On est dans une société créée de fait, les associés n'ont pas eu conscience 377 00:20:15,980 --> 00:20:18,390 de créer une société, donc c'est un petit peu plus subtil 378 00:20:18,590 --> 00:20:19,350 que ça. 379 00:20:19,550 --> 00:20:21,640 On retourne un peu à la définition classique de l'affectio societatis. 380 00:20:22,020 --> 00:20:25,290 Il faut bien montrer que les associés avaient la volonté de coopérer 381 00:20:25,980 --> 00:20:29,040 sur un pied d'égalité à la réalisation d'une entreprise commune. 382 00:20:29,240 --> 00:20:34,260 Donc là, on retrouve un intérêt à la définition classique de l'affectio 383 00:20:34,460 --> 00:20:35,220 societatis. 384 00:20:35,420 --> 00:20:37,650 En réalité, il faut démontrer que les associés, sans avoir conscience 385 00:20:37,850 --> 00:20:40,350 de créer une société, ont eu l'intention de se comporter 386 00:20:40,550 --> 00:20:43,770 comme l'auraient fait les associés d'une telle société. 387 00:20:44,100 --> 00:20:46,850 Et ça, c'est particulièrement compliqué à démontrer, cet affectio societatis, 388 00:20:47,100 --> 00:20:49,740 dans l'hypothèse du concubinage parce que la Cour de cassation 389 00:20:49,950 --> 00:20:52,940 considère généralement que ce qui est rapporté comme preuve de l'affectio 390 00:20:53,140 --> 00:20:58,020 societatis, ça ne prouve pas l'affectio societatis parce que cette coopération 391 00:20:58,220 --> 00:21:01,620 entre les concubins, ça ne dépasse pas, selon la Cour 392 00:21:01,820 --> 00:21:06,060 de cassation, ce qui est inhérent à la vie conjugale et donc à l'entraide 393 00:21:06,260 --> 00:21:08,070 qu'on se donne entre concubins. 394 00:21:08,700 --> 00:21:13,080 Donc c'est particulièrement rare, les hypothèses où   la Cour de 395 00:21:13,280 --> 00:21:16,320 cassation reconnaît l'existence d'une société créée de fait entre 396 00:21:16,520 --> 00:21:17,280 concubins. 397 00:21:17,480 --> 00:21:18,930 Alors elle l'a admis, la chambre commerciale l'a admis 398 00:21:19,130 --> 00:21:22,290 dans un arrêt du 23 juin 2004, notamment, dans les circonstances 399 00:21:22,490 --> 00:21:25,800 très particulières où il y avait une concubine qui avait aidé son 400 00:21:26,000 --> 00:21:31,200 concubin dans le cadre de son activité commerciale, donc dans l'exploitation 401 00:21:31,440 --> 00:21:33,690 d'un fonds de commerce et notamment, elle avait accepté, cette concubine, 402 00:21:33,890 --> 00:21:37,290 que l'activité soit réalisée dans un local qui lui appartenait en 403 00:21:37,490 --> 00:21:38,250 propre à elle. 404 00:21:38,490 --> 00:21:43,860 Donc elle avait vraiment manifesté son intention d'utiliser un bien 405 00:21:44,060 --> 00:21:44,820 qui lui appartenait. 406 00:21:45,020 --> 00:21:47,490 Et puis la Cour de cassation considère qu'en plus, elle s'était investie 407 00:21:47,790 --> 00:21:52,770 dans cette activité en participant elle-même à cette activité donc 408 00:21:52,980 --> 00:21:55,020 avec des circonstances très particulières, la Cour de cassation 409 00:21:55,220 --> 00:21:57,790 a considéré qu'il y avait bien société créée de fait, 410 00:21:58,030 --> 00:22:00,340 mais c'est l'exception. 411 00:22:00,730 --> 00:22:01,490 C'est le plus rare. 412 00:22:01,730 --> 00:22:04,630 Donc si vous voulez une protection véritable, soit vous vous mariez, 413 00:22:04,830 --> 00:22:06,730 soit alors vous concluez un pacs. 414 00:22:06,930 --> 00:22:10,390 Mais le concubinage ne vous donne pas une véritable protection et 415 00:22:10,590 --> 00:22:13,330 la société créée de fait n'est pas un palliatif très efficace. 416 00:22:13,530 --> 00:22:16,510 Alors juste une dernière précision avant de clore cette question des 417 00:22:16,710 --> 00:22:19,720 sociétés dénuées de la personnalité morale, lorsque c'est un créancier, 418 00:22:19,920 --> 00:22:23,020 cette fois-ci, qui cherche à démontrer l'existence d'une société créée de fait, 419 00:22:23,220 --> 00:22:25,270 eh bien là, la Cour de cassation, elle considère qu'il n'a pas à 420 00:22:25,470 --> 00:22:28,750 démontrer tous ces éléments parce qu'il aurait des énormes problèmes 421 00:22:28,950 --> 00:22:30,760 de preuve, de rapporter la preuve de ces éléments. 422 00:22:31,010 --> 00:22:34,600 Donc en fait, ce que la jurisprudence admet, c'est que le créancier se 423 00:22:34,800 --> 00:22:37,880 contente de rapporter la preuve d'une apparence de société créée 424 00:22:38,080 --> 00:22:38,840 de fait. 425 00:22:39,040 --> 00:22:40,030 Donc s'il arrive à démontrer qu'il y avait une apparence de société 426 00:22:40,230 --> 00:22:42,190 créée de fait, qu'il avait pu légitimement penser qu'il y avait 427 00:22:42,390 --> 00:22:45,070 une société entre les personnes qu'il cherche à poursuivre, 428 00:22:45,280 --> 00:22:47,620 dans ce cas-là, il y aura société créée de fait.