1 00:00:05,620 --> 00:00:09,910 Nous abordons maintenant le deuxième chapitre de cette partie, 2 00:00:10,420 --> 00:00:13,810 chapitre consacré au contrôle interne à l'administration. 3 00:00:14,470 --> 00:00:16,750 Nous l'avons vu, l'administration est soumise à des normes : 4 00:00:16,950 --> 00:00:18,220 constitutionnelles, internationales, législatives, 5 00:00:18,420 --> 00:00:23,470 réglementaires, jurisprudentielles, elle est tenue d'assurer d'elle-même 6 00:00:24,100 --> 00:00:25,750 le respect de ces normes. 7 00:00:26,380 --> 00:00:29,200 C'est la raison pour laquelle l'administration organise des contrôles 8 00:00:29,400 --> 00:00:30,400 qui lui sont internes. 9 00:00:31,390 --> 00:00:35,050 Il faut d'abord noter que toutes les autorités administratives doivent 10 00:00:35,250 --> 00:00:36,130 faire leur auto-contrôle. 11 00:00:37,360 --> 00:00:41,560 Elles peuvent être amenées à constater que leur action est illégale et 12 00:00:41,760 --> 00:00:44,140 s'efforcer de remédier à leurs erreurs. 13 00:00:44,710 --> 00:00:48,340 Par exemple, l'administration peut retirer ou abroger un acte 14 00:00:48,540 --> 00:00:53,170 administratif non-créateur de droit à tout moment, pour illégalité. 15 00:00:53,920 --> 00:00:57,370 Lorsqu'un acte créateur de droit est illégal, nous l'avons vu au 16 00:00:57,570 --> 00:01:01,390 premier semestre, l'administration peut le retirer ou l'abroger dans 17 00:01:01,590 --> 00:01:03,970 les quatre mois qui suivent sa signature. 18 00:01:04,540 --> 00:01:08,200 Et je rappelle également que si le bénéficiaire d'un acte illégal 19 00:01:08,590 --> 00:01:12,550 demande à l'administration qu'elle le retire ou qu'elle l'abroge, 20 00:01:12,850 --> 00:01:17,920 l'administration peut y procéder, même au-delà de ce délai de quatre 21 00:01:18,120 --> 00:01:19,030 mois de principe. 22 00:01:19,230 --> 00:01:23,920 Bref, l'administration peut revenir sur un acte illégal, 23 00:01:24,220 --> 00:01:28,150 dans le respect des règles de retrait et d'abrogation, que nous avons 24 00:01:28,350 --> 00:01:29,290 vues au premier semestre. 25 00:01:29,920 --> 00:01:34,120 En outre, un administré peut toujours demander à un agent de l'administration 26 00:01:34,320 --> 00:01:35,890 de revenir sur sa propre décision. 27 00:01:36,460 --> 00:01:39,220 Il peut faire, l'administré, ce que l'on appelle un recours 28 00:01:39,420 --> 00:01:43,870 gracieux, c'est-à-dire un recours consistant à demander à l'auteur 29 00:01:44,070 --> 00:01:47,920 d'une décision de la retirer, de l'abroger ou de la modifier, 30 00:01:48,220 --> 00:01:49,240 lorsqu'elle est illégale. 31 00:01:49,690 --> 00:01:52,120 Il s'agit là d'un auto-contrôle, d'une auto-critique, 32 00:01:52,540 --> 00:01:55,240 que l'administration doit faire sur sa propre action. 33 00:01:56,350 --> 00:01:59,950 Il existe également des contrôles sur lesquels nous allons maintenant 34 00:02:00,150 --> 00:02:03,010 nous intéresser, des contrôles internes à l'administration, 35 00:02:03,210 --> 00:02:05,950 c'est-à-dire des contrôles qui sont assurés par des autorités 36 00:02:06,150 --> 00:02:09,010 administratives, sur d'autres autorités administratives. 37 00:02:09,640 --> 00:02:12,250 Dans cette vidéo et les vidéos qui vont suivre, nous allons nous 38 00:02:12,450 --> 00:02:16,750 intéresser à ces contrôles internes : contrôles des supérieurs hiérarchiques 39 00:02:17,020 --> 00:02:22,090 sur ce que font leurs subordonnés, contrôles de tutelle et contrôles 40 00:02:22,290 --> 00:02:25,390 des autorités administratives indépendantes et autorités publiques 41 00:02:25,590 --> 00:02:26,350 indépendantes. 42 00:02:26,830 --> 00:02:30,790 Voyons donc, première section : le contrôle hiérarchique. 43 00:02:32,110 --> 00:02:36,010 Un supérieur hiérarchique dispose de pouvoirs vis-à-vis de ses 44 00:02:36,210 --> 00:02:39,880 subordonnés, de pouvoirs sur les décisions que ses subordonnés prennent. 45 00:02:40,450 --> 00:02:44,060 Un supérieur hiérarchique peut, dans le respect des règles de retrait 46 00:02:44,260 --> 00:02:48,220 et d'abrogation, toujours, annuler un acte illégal pris par 47 00:02:48,420 --> 00:02:52,690 son subordonné ou, et lorsque c'est possible, le modifier pour le rendre 48 00:02:52,890 --> 00:02:53,650 légal. 49 00:02:54,760 --> 00:02:58,600 Pour un exemple de régularisation également, ce qui est tout à fait 50 00:02:58,800 --> 00:03:01,840 possible dans le cadre de l'exercice de ce contrôle hiérarchique, 51 00:03:02,230 --> 00:03:04,840 pour un exemple de régularisation par le supérieur hiérarchique, 52 00:03:06,730 --> 00:03:11,080 j'évoquerai ici l'arrêt Dame veuve Ducroux, qui est intéressant et 53 00:03:11,280 --> 00:03:14,470 qui mérite donc d'être évoqué, arrêt du Conseil d'État Dame veuve 54 00:03:14,670 --> 00:03:17,860 Ducroux, du 23 avril 1965. 55 00:03:18,460 --> 00:03:22,660 En l'espèce, la Dame Ducroux est licenciée de sa fonction de porteuse 56 00:03:22,860 --> 00:03:28,000 de télégrammes, par le receveur des postes de l'endroit où elle 57 00:03:28,200 --> 00:03:28,960 travaille. 58 00:03:29,380 --> 00:03:34,390 Il était reproché à la Dame Ducroux de vendre des journaux sur son 59 00:03:34,590 --> 00:03:35,350 temps de travail. 60 00:03:35,890 --> 00:03:39,250 La Dame Ducroux conteste cette décision devant le ministre des 61 00:03:39,450 --> 00:03:43,300 Postes et Télécommunications, supérieur hiérarchique du receveur 62 00:03:43,500 --> 00:03:45,550 des postes de l'endroit où elle travaillait. 63 00:03:46,240 --> 00:03:51,340 Le ministre confirme la décision de son subordonné, mais il se fonde 64 00:03:51,540 --> 00:03:54,880 sur un autre motif que ce subordonné, parce qu'en effet, il n'était pas 65 00:03:55,080 --> 00:03:59,740 vrai de dire que l'employée vendait des journaux sur son temps de travail. 66 00:03:59,950 --> 00:04:05,080 En revanche, effectivement, la Dame Ducroux n'effectuait pas 67 00:04:05,280 --> 00:04:06,220 correctement son travail. 68 00:04:06,820 --> 00:04:10,120 Le ministre, sur le fondement de ses pouvoirs hiérarchiques, 69 00:04:10,660 --> 00:04:14,920 a donc régularisé la décision de son subordonné, en fondant cette 70 00:04:15,120 --> 00:04:19,510 décision sur le bon motif, celui donc que la Dame Ducroux 71 00:04:19,710 --> 00:04:23,020 n'exécutait pas correctement ses tâches. 72 00:04:23,920 --> 00:04:29,710 Donc ici, on a l'exercice d'un contrôle hiérarchique par le ministre 73 00:04:29,910 --> 00:04:33,190 des Postes et Télécommunications, sur l'action d'un receveur des postes, 74 00:04:33,390 --> 00:04:34,600 qui est donc son subordonné. 75 00:04:36,370 --> 00:04:39,310 Il existe également des textes spéciaux, qui donnent certains 76 00:04:39,510 --> 00:04:43,030 pouvoirs au supérieur hiérarchique, vis-à-vis de ses subordonnés, 77 00:04:43,230 --> 00:04:45,880 donc, c'est le cas notamment de l'article L. 78 00:04:46,080 --> 00:04:52,120 2122-34 du CGCT ; article qui prévoit 79 00:04:52,320 --> 00:04:55,810 que, je cite : "Dans le cas où le maire, en tant qu'agent de l'État, 80 00:04:56,440 --> 00:05:01,750 refuserait ou négligerait de faire un acte qui lui est prescrit par la loi, 81 00:05:02,050 --> 00:05:04,030 le représentant de l'État dans le département peut, 82 00:05:04,570 --> 00:05:08,560 après l'en avoir requis, y procéder d'office par lui-même 83 00:05:09,190 --> 00:05:12,850 ou par un délégué spécial." C'est-à-dire que le préfet qui 84 00:05:13,050 --> 00:05:16,050 constate qu'un maire, qui est son subordonné, 85 00:05:16,250 --> 00:05:20,560 dans certains cas, qui constate qu'un maire n'exécute pas correctement 86 00:05:20,760 --> 00:05:25,090 les obligations qui lui sont données par la loi, en tant qu'agent de l'État, 87 00:05:25,390 --> 00:05:29,020 le préfet peut se substituer au maire, en prenant des mesures à sa place. 88 00:05:30,520 --> 00:05:34,180 Le contrôle d'un supérieur hiérarchique peut être également actionné par 89 00:05:34,380 --> 00:05:35,140 un administré. 90 00:05:35,340 --> 00:05:38,740 C'est-à-dire donc qu'un supérieur hiérarchique peut exercer son contrôle 91 00:05:39,040 --> 00:05:42,310 de son propre chef, il peut exercer ce contrôle d'office, 92 00:05:42,790 --> 00:05:46,750 mais il peut également exercer ce contrôle à la demande d'un 93 00:05:46,950 --> 00:05:50,440 administré : c'est ce que l'on appelle un recours hiérarchique. 94 00:05:50,950 --> 00:05:54,310 Il s'agit d'un recours qui consiste à demander au supérieur hiérarchique 95 00:05:54,700 --> 00:05:59,080 de contrôler l'action de son subordonné et de revenir sur la décision que 96 00:05:59,280 --> 00:06:00,580 ce subordonné a prise. 97 00:06:01,210 --> 00:06:04,150 Ce recours peut donc conduire le supérieur hiérarchique à annuler 98 00:06:04,350 --> 00:06:06,670 la décision de son subordonné ou à la modifier. 99 00:06:07,210 --> 00:06:10,230 C'est précisément ce qu'il s'était passé dans l'affaire Dame veuve 100 00:06:10,430 --> 00:06:13,270 Ducroux, que je vous citais précédemment : la Dame Ducroux 101 00:06:13,810 --> 00:06:17,920 a contesté la décision du receveur des postes, son supérieur hiérarchique, 102 00:06:18,120 --> 00:06:20,590 devant le supérieur hiérarchique de ce receveur des postes, 103 00:06:20,790 --> 00:06:24,730 qui était le ministre des Postes et Télécommunications. 104 00:06:25,960 --> 00:06:29,050 Le recours hiérarchique est un droit pour les administrés. 105 00:06:29,890 --> 00:06:35,410 C'est le sens de la décision Vinciguerra, du 23 mars 1945, 106 00:06:35,740 --> 00:06:40,570 dans laquelle le Conseil d'État a jugé, je cite : "Les particuliers ont 107 00:06:40,770 --> 00:06:43,900 toujours la faculté, sauf si des législations spéciales 108 00:06:44,100 --> 00:06:47,830 ont créé des procédures particulières, de porter d'abord leur réclamation 109 00:06:48,030 --> 00:06:50,680 contre un acte administratif devant l'auteur de cet acte", 110 00:06:51,220 --> 00:06:54,760 c'est ce dont j'ai parlé précédemment : le recours gracieux, 111 00:06:55,720 --> 00:07:00,520 "ou devant le ministre supérieur hiérarchique et de ne se pourvoir 112 00:07:00,720 --> 00:07:03,160 par la voie contentieuse, que lorsque cette réclamation est 113 00:07:03,360 --> 00:07:04,120 rejetée". 114 00:07:04,320 --> 00:07:07,630 C'est-à-dire qu'une fois que l'administré a saisi le supérieur 115 00:07:07,830 --> 00:07:11,260 hiérarchique et a vu son recours hiérarchique rejeté, 116 00:07:12,370 --> 00:07:15,340 l'administré pourra faire un recours devant le juge. 117 00:07:16,090 --> 00:07:20,050 Une autre décision mérite d'être citée : la décision Sieur Quéralt, 118 00:07:20,650 --> 00:07:25,690 dont j'ai déjà parlé ici, du 30 juin 1950, dans laquelle 119 00:07:25,890 --> 00:07:30,310 le Conseil d'État juge que la décision prise par un inspecteur du travail 120 00:07:30,580 --> 00:07:34,750 reste soumise, à défaut de disposition contraire de la loi et conformément 121 00:07:34,950 --> 00:07:38,680 aux principes généraux du droit, au contrôle hiérarchique. 122 00:07:38,950 --> 00:07:42,670 Donc sur le fondement d'un principe général du droit, un administré 123 00:07:42,870 --> 00:07:46,480 a toujours le droit de contester la décision d'un organe de 124 00:07:46,680 --> 00:07:49,090 l'administration, devant son supérieur hiérarchique. 125 00:07:49,600 --> 00:07:51,880 Le recours hiérarchique, ouvert aux administrés, 126 00:07:52,150 --> 00:07:55,480 permet donc de demander à une autorité supérieure de contrôler ce qu'a 127 00:07:55,680 --> 00:08:00,010 fait son subordonné, de réexaminer sa situation, et dans le cas où 128 00:08:00,250 --> 00:08:04,930 son recours hiérarchique serait rejeté, là, l'administré pourrait également 129 00:08:05,130 --> 00:08:07,120 saisir le juge administratif.