1 00:00:05,880 --> 00:00:06,640 Bonjour. 2 00:00:07,111 --> 00:00:11,155 Alors après les cas de rétroactivité, de fait assez fréquents en matière fiscale, 3 00:00:11,244 --> 00:00:14,133 qui sont - donc on l'a vu - encadrés par le droit constitutionnel, 4 00:00:14,177 --> 00:00:16,666 mais depuis très récemment, en tout cas depuis 2013, 5 00:00:16,910 --> 00:00:19,980 il y a aussi des cas tout aussi anciens, tout aussi fréquents, 6 00:00:20,180 --> 00:00:22,844 mais là pour la peine, bien plus encadrés depuis plus longtemps : 7 00:00:22,844 --> 00:00:24,880 des cas de rétroactivité de droit. 8 00:00:25,080 --> 00:00:26,500 Donc c'est l'objet d'un B. 9 00:00:26,740 --> 00:00:28,350 Alors concrètement, quels sont ces cas ? 10 00:00:28,650 --> 00:00:32,266 On en rencontre deux principalement, dans la législation fiscale. 11 00:00:32,266 --> 00:00:36,488 Alors le premier cas, c'est des dispositions juridiques, législatives, 12 00:00:36,622 --> 00:00:40,400 qui visent à lutter contre ce que l'on peut qualifier d'effet d'aubaine, 13 00:00:40,888 --> 00:00:42,210 du point de vue du contribuable. 14 00:00:42,666 --> 00:00:45,333 Alors il s'agit, notamment, 15 00:00:46,044 --> 00:00:53,111 de cas de figure dans lequel le texte de loi va prévoir une entrée en vigueur antérieure 16 00:00:53,244 --> 00:00:54,755 à la date de publication. 17 00:00:54,930 --> 00:00:55,710 Concrètement. 18 00:00:55,910 --> 00:00:59,866 Concrètement, c'est très fréquemment le cas lorsque le gouvernement annonce 19 00:00:59,955 --> 00:01:04,888 qu'il va déposer un projet de loi, durcissant une législation sur tel ou tel point. 20 00:01:05,460 --> 00:01:08,220 On a un exemple de cela assez intéressant en 2011, 21 00:01:08,430 --> 00:01:12,266 lorsqu'au mois de mars 2011, 22 00:01:12,400 --> 00:01:16,890 le gouvernement avait annoncé la création de ce que l'on qualifie aujourd'hui d'"exit tax", 23 00:01:16,933 --> 00:01:17,777 une taxe à la sortie ; 24 00:01:17,822 --> 00:01:20,355 c'est-à-dire un mécanisme - sur lequel nous reviendrons - 25 00:01:20,400 --> 00:01:22,622 d'imposition des plus-values latentes. 26 00:01:22,830 --> 00:01:24,088 Concrètement, 27 00:01:24,133 --> 00:01:27,155 des contribuables donc qui bénéficient d'un portefeuille de titres importants, 28 00:01:27,200 --> 00:01:29,688 en général de titres de leur propre entreprise. 29 00:01:29,822 --> 00:01:31,866 Et il se trouve que depuis 2011, 30 00:01:31,911 --> 00:01:34,400 dans certaines circonstances - les choses ont pas mal évolué depuis -, 31 00:01:34,488 --> 00:01:39,200 mais il est possible pour la France de taxer ces plus -values 32 00:01:39,288 --> 00:01:40,844 non pas au moment de leur réalisation 33 00:01:40,933 --> 00:01:42,870 - c'est-à-dire au moment de la vente des titres en question -, 34 00:01:43,170 --> 00:01:46,000 mais au moment où, dans l'hypothèse qui nous intéresse, 35 00:01:46,088 --> 00:01:48,355 le contribuable décide de quitter le territoire français ; 36 00:01:48,533 --> 00:01:50,177 peut-être avec l'intention, 37 00:01:51,022 --> 00:01:55,680 qui peut sembler relativement peu sympathique pour la France, 38 00:01:55,680 --> 00:01:59,200 que de quitter le territoire français, pour s'installer dans un pays 39 00:01:59,200 --> 00:02:01,333 où justement, il pourra réaliser sa plus-value 40 00:02:01,333 --> 00:02:03,777 - c'est-à-dire revendre ses titres avec une plus-value - 41 00:02:03,866 --> 00:02:06,044 et ne pas être imposé en France, 42 00:02:06,088 --> 00:02:08,488 mais plutôt dans le pays en question sur ladite plus-value, dans la mesure 43 00:02:08,488 --> 00:02:13,333 où il aurait quitté le territoire, pour devenir domicilié fiscal d'un autre État, 44 00:02:13,333 --> 00:02:16,666 qui taxe par hypothèse moins les plus-values, que ne le fait la France. 45 00:02:16,711 --> 00:02:19,377 Et donc c'est pour dissuader ce genre de pratique, 46 00:02:19,955 --> 00:02:24,000 que le législateur a annoncé la création d'une taxe qui, en gros, 47 00:02:30,177 --> 00:02:33,911 permet de taxer au moment du passage de la frontière, 48 00:02:33,911 --> 00:02:36,622 la part de plus-value qui n'a pas encore été réalisée, 49 00:02:36,666 --> 00:02:41,880 mais sur la période durant laquelle le contribuable était résident français. 50 00:02:42,080 --> 00:02:46,488 Bref, ce qui m'intéresse à ce stade, c'est que vous compreniez que le risque, évidemment, 51 00:02:46,577 --> 00:02:50,133 pour le gouvernement d'annoncer la création d'une telle taxe au mois de mars, 52 00:02:50,533 --> 00:02:54,177 c'est de voir un départ massif de contribuables, 53 00:02:54,311 --> 00:02:56,990 craignant justement l'entrée en vigueur du dispositif ; 54 00:02:56,990 --> 00:03:00,960 et donc profitant de cette espèce d'effet d'aubaine lié à l'obligation 55 00:03:00,977 --> 00:03:04,311 que le gouvernement a d'annoncer les projets qu'il va déposer au Parlement 56 00:03:04,355 --> 00:03:07,244 - et puis il y a après, toute la procédure parlementaire qui s'enclenche, 57 00:03:07,288 --> 00:03:09,155 qui peut durer des semaines, des mois, des années, 58 00:03:09,466 --> 00:03:11,244 en tout cas des mois le plus fréquemment - 59 00:03:11,288 --> 00:03:14,533 et donc c'est précisément pour éviter ce genre de fuites, 60 00:03:16,133 --> 00:03:20,000 pour le cas de figure que je viens de donner, que dès l'origine, 61 00:03:20,088 --> 00:03:26,266 le gouvernement avait annoncé que le dispositif entrerait en vigueur à compter du jour 62 00:03:26,355 --> 00:03:28,380 où son annonce avait été formulée. 63 00:03:28,488 --> 00:03:30,044 Et c'est ce qui s'est effectivement passé. 64 00:03:30,210 --> 00:03:33,450 Si vous prenez la loi de finances rectificative pour 2011, 65 00:03:33,510 --> 00:03:36,933 qui est une loi du 29 juillet 2011, en toutes lettres, 66 00:03:36,977 --> 00:03:40,488 l'article de cette loi qui instaure ce mécanisme d'exit tax, 67 00:03:40,622 --> 00:03:46,444 prévoit qu'il entre en vigueur à compter du 3 mars 2011 ; 68 00:03:46,570 --> 00:03:51,244 3 mars 2011, c'était tout simplement la date d'annonce par le gouvernement de ce mécanisme. 69 00:03:51,244 --> 00:03:55,377 Et donc là on a un cas pur - si vous voulez - d'entrée en vigueur rétroactive, 70 00:03:55,422 --> 00:03:59,822 c'est-à-dire que l'entrée en vigueur du texte est antérieure à sa publication, 71 00:04:00,400 --> 00:04:02,222 antérieure à son existence, 72 00:04:02,530 --> 00:04:05,911 finalement, en quelque sorte, voilà le type de situation. 73 00:04:05,955 --> 00:04:09,777 Alors on trouve des choses d'ailleurs à l'inverse, qui sont plus sympathiques. 74 00:04:10,000 --> 00:04:14,577 Il arrive aussi fréquemment, qu'un texte prévoit son entrée en vigueur rétroactive, 75 00:04:14,844 --> 00:04:19,288 pour bénéficier favorablement à un certain nombre de contribuables. 76 00:04:19,560 --> 00:04:30,266 Par exemple, en 2013, le Parlement a décidé de réduire les droits 77 00:04:31,022 --> 00:04:36,622 portant sur un certain nombre de cessions de terrains immobiliers à bâtir ; 78 00:04:36,977 --> 00:04:39,511 l'idée étant, en fait, de stimuler le marché immobilier, 79 00:04:39,550 --> 00:04:43,155 en encourageant les propriétaires à se séparer de terrains, 80 00:04:43,200 --> 00:04:46,755 afin qu'il soit construit un certain nombre d'immeubles 81 00:04:46,755 --> 00:04:48,710 et donc le gouvernement, dès le mois d'août, 82 00:04:48,780 --> 00:04:52,770 avait annoncé justement cette baisse à venir de l'impôt. 83 00:04:52,800 --> 00:04:56,933 Et pour justement encourager les contribuables à céder immédiatement leurs terrains, 84 00:04:56,933 --> 00:05:00,311 sans attendre que la loi de finances soit adoptée, 85 00:05:00,950 --> 00:05:04,070 le gouvernement avait annoncé que l'avantage fiscal bénéficierait 86 00:05:04,088 --> 00:05:05,022 dès le lendemain de l'annonce ; 87 00:05:05,111 --> 00:05:08,133 et c'est effectivement ce qui a pu se passer puisqu'au bout du compte, 88 00:05:08,310 --> 00:05:10,266 la loi adoptée quelques mois auparavant, de la même manière, 89 00:05:10,266 --> 00:05:14,755 a prévu son entrée en vigueur rétroactive et donc là, en faveur des contribuables. 90 00:05:15,244 --> 00:05:15,866 Et puis l'autre, 91 00:05:15,955 --> 00:05:19,555 deuxième catégorie très importante de textes rétroactifs très classique, 92 00:05:19,644 --> 00:05:22,177 c'est ce qu'on appelle communément les "lois de validation". 93 00:05:22,400 --> 00:05:24,844 Alors les lois de validation, vous les avez peut-être déjà rencontrées 94 00:05:24,933 --> 00:05:26,666 en deuxième année en droit administratif, 95 00:05:26,933 --> 00:05:30,800 ce sont des textes très fréquents, notamment en matière de concours administratifs, 96 00:05:30,844 --> 00:05:35,511 lorsqu'une irrégularité est constatée dans l'organisation d'un concours 97 00:05:36,177 --> 00:05:39,644 - parfois un an, deux ans, trois ans après l'organisation du concours - 98 00:05:39,822 --> 00:05:42,844 ou qu'un juge a été saisi, qu'il est sur le point, 99 00:05:42,977 --> 00:05:47,200 parfois, de prononcer une annulation de l'organisation du concours administratif, 100 00:05:47,244 --> 00:05:50,755 alors même que les résultats ont été proclamés il y a deux ou trois ans, 101 00:05:50,870 --> 00:05:52,711 que les personnes ont été recrutées, 102 00:05:52,711 --> 00:05:56,090 sont affectées dans un certain nombre de services administratifs. 103 00:05:56,870 --> 00:05:58,000 On comprend bien 104 00:05:58,044 --> 00:06:04,177 en quoi une telle décision de justice pourrait fragiliser considérablement l'État parfois. 105 00:06:04,355 --> 00:06:06,666 Et donc du point de vue de l'intérêt général, 106 00:06:06,711 --> 00:06:10,533 le fait que par exemple dans un des 152 centres d'examen, 107 00:06:11,111 --> 00:06:14,900 il y ait eu une enveloppe remise avec trois minutes d'avance ou trois minutes de retard, 108 00:06:15,350 --> 00:06:16,800 avec les sujets à l'intérieur, 109 00:06:16,970 --> 00:06:21,375 certes, vient compromettre la légalité de tout le concours 110 00:06:21,375 --> 00:06:24,080 et donc du classement qui s'en est suivi, etc., etc.. 111 00:06:24,177 --> 00:06:27,066 Mais on le comprend, du point de vue de l'intérêt général, 112 00:06:27,370 --> 00:06:30,250 il est peut-être plus important de préserver les résultats, 113 00:06:30,311 --> 00:06:34,577 même s'ils ont été un petit peu faussés et l'emploi notamment des personnes 114 00:06:34,577 --> 00:06:36,080 qui ont été recrutées à la faveur de ce concours. 115 00:06:36,170 --> 00:06:40,622 Et c'est dans ce type de situation, par exemple, qu'une loi de validation pourra intervenir, 116 00:06:40,666 --> 00:06:44,311 c'est-à-dire une loi qui viendra valider rétroactivement 117 00:06:44,355 --> 00:06:47,333 les résultats du concours en disant, après coup, 118 00:06:47,570 --> 00:06:50,133 que le concours tel qu'il a été organisé, 119 00:06:50,222 --> 00:06:54,577 qui vient peut-être d'être déclaré illégal par un juge de première instance 120 00:06:54,622 --> 00:06:58,444 ou qui est sur le point de l'être, eh bien pas du tout, était légal. 121 00:06:58,480 --> 00:07:00,177 Et puisque c'est la loi qui le dit, 122 00:07:00,755 --> 00:07:03,644 cette légalité donc évidemment s'impose 123 00:07:03,688 --> 00:07:07,111 et interdit finalement au juge de tirer les conséquences 124 00:07:07,155 --> 00:07:09,422 qu'il pensait pouvoir tirer de l'irrégularité, 125 00:07:09,555 --> 00:07:11,900 qui avait été effectivement commise à l'origine. 126 00:07:11,911 --> 00:07:14,120 Donc c'est une manière d'effacer des erreurs passées, 127 00:07:14,450 --> 00:07:16,577 de neutraliser des erreurs passées, 128 00:07:16,666 --> 00:07:19,955 c'est pour ça qu'on parle de loi de validation, de neutralisation, en quelque sorte. 129 00:07:20,040 --> 00:07:22,666 Alors il se trouve que le Conseil constitutionnel 130 00:07:22,660 --> 00:07:25,275 - et alors là, c'est une jurisprudence qui n'est pas proprement fiscale -, 131 00:07:25,670 --> 00:07:29,940 le Conseil constitutionnel admet volontiers ce type de pratique, 132 00:07:30,000 --> 00:07:32,480 mais à un certain nombre de conditions que j'énonce très brièvement, 133 00:07:32,622 --> 00:07:35,140 car là encore, il n'y a pas de spécificité fiscale, 134 00:07:35,360 --> 00:07:39,822 même s'il est vrai qu'en matière fiscale, on rencontre beaucoup cette pratique. 135 00:07:39,911 --> 00:07:41,511 Alors en matière fiscale, 136 00:07:41,640 --> 00:07:44,488 il ne s'agit pas d'effacer des erreurs commises 137 00:07:44,533 --> 00:07:46,400 lors de l'organisation d'un concours administratif, 138 00:07:46,488 --> 00:07:50,933 mais des erreurs commises par l'administration et il y a pas mal d'affaires. 139 00:07:50,970 --> 00:07:53,375 Alors, je ne résiste pas complètement au plaisir 140 00:07:53,375 --> 00:07:57,955 de vous citer une décision du Conseil constitutionnel du 23 septembre 2001, 141 00:07:58,177 --> 00:08:01,990 anonymisée d'une manière assez relative, puisqu'elle vise un certain Yannick N., 142 00:08:02,750 --> 00:08:07,022 ancien champion de tennis installé en Suisse, je vous laisse traduire de qui il peut s'agir. 143 00:08:07,030 --> 00:08:08,800 Et en tout cas dans cette affaire 144 00:08:08,800 --> 00:08:13,555 - mais au-delà de l'identité de la personne à l'origine du recours -, 145 00:08:13,555 --> 00:08:15,288 il y a en fait une situation qui est assez classique 146 00:08:15,288 --> 00:08:17,688 et qui illustre bien les pratiques de lois de validation. 147 00:08:17,911 --> 00:08:19,511 En fait c'est un cas dans lequel Yannick Noah 148 00:08:19,555 --> 00:08:21,288 - vous l'aviez compris - avait fait l'objet - 149 00:08:21,288 --> 00:08:25,066 mais comme de multiples contribuables - d'un contrôle fiscal, 150 00:08:25,155 --> 00:08:28,933 alors même qu'il résidait en Suisse, sur la base d'une disposition législative, 151 00:08:29,066 --> 00:08:34,977 qui ne permettait en fait peut-être pas de contrôler lesdits contribuables à l'étranger. 152 00:08:35,090 --> 00:08:42,133 Et c'est justement ce qu'un juge avait décidé à propos d'un autre contribuable que Yannick Noah, 153 00:08:42,400 --> 00:08:43,940 donnant raison à ce contribuable, 154 00:08:43,955 --> 00:08:46,666 et estimant que le contrôle qu'il avait subi, 155 00:08:46,755 --> 00:08:54,311 en fait ou plutôt en droit, reposait sur une base qui n'était pas légale 156 00:08:54,311 --> 00:08:56,690 et donc ce contribuable obtient gain de cause. 157 00:08:56,890 --> 00:09:01,066 Et donc, que se passe-t-il au lendemain de cette décision, qui donne raison au contribuable ? 158 00:09:01,066 --> 00:09:04,040 Eh bien d'autres contribuables qui ont subi la même chose, 159 00:09:04,088 --> 00:09:06,444 le même contrôle et les mêmes conséquences désagréables, 160 00:09:06,640 --> 00:09:11,422 souhaitent saisir le juge, pour qu'il imite celui qui vient de se prononcer, 161 00:09:11,466 --> 00:09:14,888 afin donc de bénéficier de la même solution. 162 00:09:15,333 --> 00:09:16,888 Et donc c'est dans ce type de situation en fait, 163 00:09:16,880 --> 00:09:19,288 pour éviter une sorte d'effet de contamination 164 00:09:20,133 --> 00:09:23,770 par une décision favorable à un contribuable à d'autres contribuables, 165 00:09:23,820 --> 00:09:27,377 c'est dans ce genre de situation - et qui est, je le répète, relativement fréquente, 166 00:09:27,420 --> 00:09:30,933 alors ça peut être une, cinq, 10 fois parfois par an, 167 00:09:30,977 --> 00:09:32,488 alors c'est peut-être plutôt cinq -, 168 00:09:32,666 --> 00:09:35,377 mais en tout cas dans ce type de situation, le législateur peut être tenté, 169 00:09:35,510 --> 00:09:38,933 à la demande de l'administration fiscale, d'intervenir pour - en quelque sorte - 170 00:09:38,970 --> 00:09:46,711 régulariser a posteriori la manière dont l'administration aura mis en œuvre ses pouvoirs, 171 00:09:46,800 --> 00:09:48,400 à l'origine de manière irrégulière. 172 00:09:48,540 --> 00:09:51,377 Et donc tout cela est neutralisé après coup, 173 00:09:51,420 --> 00:09:59,866 pour éviter donc encore une fois la mise en cause massive d'erreurs, 174 00:10:00,000 --> 00:10:01,022 que l'administration a commises, 175 00:10:01,111 --> 00:10:04,400 mais qui peuvent apparaître parfois relativement bénignes. 176 00:10:04,500 --> 00:10:07,790 Alors il se trouve que le Conseil constitutionnel donc peut être saisi, 177 00:10:08,040 --> 00:10:11,060 il l'a été par Yannick Noah dans une affaire de cette nature. 178 00:10:11,360 --> 00:10:14,800 Le Conseil constitutionnel donc déploie son contrôle habituel des lois de validation, 179 00:10:14,844 --> 00:10:17,288 avec trois principes fondamentalement, 180 00:10:17,288 --> 00:10:19,180 dont il vérifie le respect. 181 00:10:19,600 --> 00:10:21,333 Donc je le rappelle, le point de départ, 182 00:10:21,330 --> 00:10:26,488 c'est que la rétroactivité en tant que telle n'est pas inconstitutionnelle, 183 00:10:26,660 --> 00:10:32,400 dès lors que, trois principes : 1, elle ne concerne pas des sanctions. 184 00:10:32,444 --> 00:10:35,911 Et là on retrouve, en fait, l'application d'un principe pénal, 185 00:10:36,140 --> 00:10:37,866 le principe de la rétroactivité in mitius, 186 00:10:37,866 --> 00:10:42,970 c'est-à-dire le principe de l'application immédiate de la loi pénale plus douce, 187 00:10:43,180 --> 00:10:43,940 moins sévère. 188 00:10:44,000 --> 00:10:46,133 Mais donc a contrario, évidemment, 189 00:10:46,533 --> 00:10:51,066 il n'est pas possible ni de créer, ni de renforcer des sanctions 190 00:10:51,555 --> 00:10:56,088 et d'appliquer ces sanctions nouvelles ou renforcées à des situations antérieures 191 00:10:56,133 --> 00:10:57,511 à la publication du texte. 192 00:10:58,120 --> 00:11:01,500 Donc il n'y a pas de rétroactivité, sauf la rétroactivité favorable, 193 00:11:01,511 --> 00:11:04,666 la rétroactivité in mitius, il n'y a pas de rétroactivité en matière de sanctions. 194 00:11:04,755 --> 00:11:06,888 Bon là, en matière fiscale, ça n'est pas le cas, 195 00:11:06,888 --> 00:11:10,311 on parlait de techniques de contrôle et pas de sanctions, c'est le premier principe : 196 00:11:10,355 --> 00:11:13,155 ça ne s'applique pas en matière de sanctions, pas de rétroactivité en matière de sanctions. 197 00:11:13,190 --> 00:11:20,444 Deuxième principe, c'est que la loi, le cas échéant rétroactive, peut intervenir, 198 00:11:20,488 --> 00:11:23,422 alors même que des litiges sont en cours. 199 00:11:23,511 --> 00:11:26,133 Donc il est possible - et ça c'est assez troublant, bien sûr - 200 00:11:26,355 --> 00:11:29,377 pour le législateur, de modifier en quelque sorte les règles du jeu, 201 00:11:29,480 --> 00:11:31,310 en cours de débat judiciaire. 202 00:11:31,610 --> 00:11:34,900 Donc ça peut sembler un petit peu troublant, en tout cas, 203 00:11:34,930 --> 00:11:40,400 c'est troublant pour les contribuables, Yannick Noah qui, le cas échéant, peut apprendre 204 00:11:40,577 --> 00:11:44,577 - alors même qu'il est devant le juge - que la loi vient de changer 205 00:11:44,711 --> 00:11:48,177 et que donc elle vient rétroactivement valider ce qu'il contestait. 206 00:11:49,070 --> 00:11:54,110 Néanmoins, le Conseil constitutionnel précise que cette atteinte, 207 00:11:54,133 --> 00:11:59,390 en quelque sorte, à des situations liées à des procès en cours, 208 00:11:59,422 --> 00:12:05,555 n'est possible que sous la réserve que la loi respecte l'"autorité de chose jugée". 209 00:12:05,733 --> 00:12:08,444 Alors, de quelle autorité de chose jugée s'agit-il ? 210 00:12:09,511 --> 00:12:13,060 Il s'agit exclusivement - et ça n'est pas très intuitif - de respecter 211 00:12:13,420 --> 00:12:15,777 donc les décisions passées en force de chose jugée, 212 00:12:15,866 --> 00:12:18,350 c'est-à-dire concrètement les décisions d'appel ; 213 00:12:18,977 --> 00:12:23,466 celles qui ne peuvent faire l'objet que d'un recours extraordinaire, 214 00:12:23,466 --> 00:12:25,777 d'un pourvoi en cassation. 215 00:12:25,822 --> 00:12:27,955 Donc très concrètement, ce que cela veut dire : 216 00:12:28,030 --> 00:12:32,400 c'est que le contribuable qui a obtenu une décision de première instance 217 00:12:32,488 --> 00:12:35,750 qui lui est favorable peut, malheureusement pour lui, 218 00:12:35,950 --> 00:12:39,710 entre la décision de première instance et le prononcé de la décision en appel, 219 00:12:39,980 --> 00:12:43,422 voir les règles législatives évoluer rétroactivement 220 00:12:43,420 --> 00:12:47,422 et donc, il peut perdre devant la cour administrative d'appel par exemple, 221 00:12:47,466 --> 00:12:48,622 en matière fiscale, 222 00:12:48,888 --> 00:12:50,630 sur la base d'une loi qui aura été adoptée 223 00:12:50,755 --> 00:12:55,288 et promulguée entre la première et la deuxième instance. 224 00:12:55,430 --> 00:12:59,066 En revanche, dès lors que vous avez une décision d'appel qui vous est favorable, 225 00:12:59,111 --> 00:13:00,666 vous êtes tranquille - si je puis dire -, 226 00:13:01,300 --> 00:13:04,580 ça ne peut plus être remis en cause par la loi. 227 00:13:04,870 --> 00:13:07,200 Donc c'est la raison pour laquelle, dans l'immense majorité des cas - 228 00:13:07,250 --> 00:13:10,400 et la loi le dit toujours explicitement, lorsqu'elle intervient rétroactivement -, 229 00:13:10,488 --> 00:13:12,977 les personnes qui ont déjà obtenu du juge, 230 00:13:12,977 --> 00:13:16,355 comme dans l'affaire Yannick Noah, donc ce contribuable qui avant, lui, 231 00:13:16,390 --> 00:13:18,133 s'était plaint et avait obtenu gain de cause, 232 00:13:18,310 --> 00:13:21,511 la loi prévoit que ces personnes qui ont bénéficié d'une décision 233 00:13:21,688 --> 00:13:24,133 ayant force de chose jugée, 234 00:13:24,177 --> 00:13:27,555 ne peuvent pas voir leur situation remise en cause. 235 00:13:27,911 --> 00:13:30,050 Et donc la loi vient elle-même restreindre, en quelque sorte, 236 00:13:30,380 --> 00:13:33,066 son champ d'application rétroactif à ceux des contribuables 237 00:13:33,111 --> 00:13:36,044 qui n'ont pas bénéficié d'une telle décision. 238 00:13:36,170 --> 00:13:39,380 L'idée là, c'est de respecter tout simplement la séparation des pouvoirs. 239 00:13:39,620 --> 00:13:42,088 C'est donc, par référence à l'article 16 à nouveau, 240 00:13:42,133 --> 00:13:46,670 que le Conseil constitutionnel vient interdire au législateur de mettre en cause 241 00:13:47,000 --> 00:13:51,290 des décisions de justice ayant cette autorité de chose jugée, 242 00:13:51,377 --> 00:13:53,377 ayant cette force de chose jugée, 243 00:13:53,822 --> 00:13:56,044 pour respecter le principe de la séparation des pouvoirs, 244 00:13:56,044 --> 00:13:58,730 en tout cas tel que le Conseil constitutionnel l'interprète. 245 00:13:58,930 --> 00:14:03,688 Enfin - et je termine sur ce point - le dernier principe tout à fait essentiel, 246 00:14:03,733 --> 00:14:06,444 c'est que le Conseil constitutionnel estime que 247 00:14:07,155 --> 00:14:11,555 parce que la rétroactivité met en cause toujours de près ou de loin 248 00:14:12,133 --> 00:14:13,955 une certaine conception de la sécurité juridique, 249 00:14:14,044 --> 00:14:18,755 une certaine conception de la prévisibilité du droit, c'est toujours une atteinte, 250 00:14:18,850 --> 00:14:23,422 évidemment, à un certain nombre de droits, de garanties du contribuable. 251 00:14:23,710 --> 00:14:29,466 C'est la raison pour laquelle seul un intérêt général suffisant peut justifier 252 00:14:29,466 --> 00:14:30,711 une telle intervention rétroactive. 253 00:14:30,755 --> 00:14:34,460 Et on retrouve là un concept que j'ai déjà employé précédemment 254 00:14:34,577 --> 00:14:37,466 à propos de la rétroactivité de fait, qu'on va retrouver dans d'autres situations. 255 00:14:37,644 --> 00:14:40,488 Il y a cette espèce de logique de proportionnalité 256 00:14:40,577 --> 00:14:43,866 que déploie le Conseil constitutionnel, entre d'un côté le niveau d'atteinte, 257 00:14:43,911 --> 00:14:46,970 finalement, à la prévisibilité du droit, à la sécurité juridique, 258 00:14:47,170 --> 00:14:49,288 que représente l'intervention législative ; 259 00:14:49,288 --> 00:14:53,300 et d'un autre, les motifs d'intérêt général que le Parlement met en avant, 260 00:14:53,500 --> 00:14:55,190 pour justifier cette intervention. 261 00:14:55,390 --> 00:14:58,400 Et c'est au terme d'une pesée parfois assez sophistiquée, assez fine, 262 00:14:58,600 --> 00:15:02,933 que le Conseil constitutionnel estime que oui effectivement, 263 00:15:03,590 --> 00:15:06,666 il y a de vrais motifs à intervenir rétroactivement, 264 00:15:06,666 --> 00:15:09,600 comme pour les histoires de concours administratifs que j'évoquais tout à l'heure. 265 00:15:09,680 --> 00:15:13,777 Alors ces motifs, évidemment, sont toujours d'abord des motifs financiers, 266 00:15:13,950 --> 00:15:19,111 évidemment il y a toujours un intérêt financier de l'État à éviter la contagion, 267 00:15:19,244 --> 00:15:23,111 finalement, d'une décision de justice au bénéfice d'autres contribuables. 268 00:15:23,330 --> 00:15:25,644 Mais comme nous l'avons déjà dit et je le répète : 269 00:15:25,688 --> 00:15:30,530 le motif financier est un motif d'intérêt général, évidemment, mais n'est jamais, 270 00:15:30,770 --> 00:15:34,280 presque jamais - nous le verrons - un motif d'intérêt général suffisant, 271 00:15:34,311 --> 00:15:36,755 d'après le Conseil constitutionnel, donc il faut d'autres éléments. 272 00:15:36,755 --> 00:15:38,000 Alors quels sont ces autres éléments ? 273 00:15:38,355 --> 00:15:40,040 Là, la jurisprudence est assez touffue. 274 00:15:40,490 --> 00:15:41,911 Le plus fréquemment, 275 00:15:42,000 --> 00:15:45,600 le Conseil constitutionnel vient apprécier le risque 276 00:15:45,688 --> 00:15:48,800 de mise en cause du bon fonctionnement des services fiscaux, 277 00:15:48,888 --> 00:15:51,410 notamment, le fait que potentiellement, 278 00:15:52,130 --> 00:15:55,955 en l'absence d'une loi de validation, il y ait un risque que des milliers et des millions 279 00:15:56,040 --> 00:15:58,622 parfois de contribuables viennent imiter 280 00:15:58,800 --> 00:16:00,977 celui qui avait obtenu gain de cause dans un premier temps ; 281 00:16:01,130 --> 00:16:02,666 et que cela puisse, dans certains cas, 282 00:16:02,711 --> 00:16:05,270 mettre en cause donc toute l'organisation de l'administration. 283 00:16:06,444 --> 00:16:09,530 Ce risque de désorganisation fait partie des motifs d'intérêt général, 284 00:16:09,920 --> 00:16:14,844 qui peut être apprécié par le Conseil constitutionnel, pour juger qu'in fine, 285 00:16:14,960 --> 00:16:18,800 oui c'est vrai, il y a bien un ensemble de motifs d'intérêt général suffisants, 286 00:16:18,888 --> 00:16:22,380 qui viennent justifier l'intervention rétroactive. 287 00:16:22,580 --> 00:16:28,088 Mais - et je conclurai sur ce point - globalement, la jurisprudence 288 00:16:28,790 --> 00:16:35,111 se montre de plus en plus exigeante à l'égard du gouvernement et du Parlement, 289 00:16:35,155 --> 00:16:39,770 lorsqu'ils décident d'adopter une loi rétroactive, 290 00:16:40,090 --> 00:16:43,900 exigeante dans l'appréciation des motifs d'intérêt général suffisants. 291 00:16:44,100 --> 00:16:48,020 Alors il y a des cas - nous en avons évoqué en finances publiques, 292 00:16:48,220 --> 00:16:51,500 vous vous en souvenez peut-être -, c'est un cas très intéressant 293 00:16:51,510 --> 00:16:57,200 notamment, lorsqu'en 2014, le Parlement est intervenu dans l'affaire dite 294 00:16:57,288 --> 00:17:01,066 "des emprunts toxiques" afin, par une loi, 295 00:17:01,550 --> 00:17:05,025 de venir couper court à de multiples recours 296 00:17:05,025 --> 00:17:08,044 introduits par des collectivités territoriales contre des banques, 297 00:17:08,222 --> 00:17:12,400 qui leur avaient conseillé des montages un peu sophistiqués pour emprunter de l'argent 298 00:17:12,888 --> 00:17:16,533 et qui s'étaient révélés catastrophiques pour lesdites collectivités. 299 00:17:16,570 --> 00:17:22,000 Et la loi, c'est assez là aussi contre-intuitif, la loi est intervenue au bénéfice des banques, 300 00:17:22,130 --> 00:17:25,900 pour en quelque sorte légaliser les contrats de prêt  301 00:17:25,975 --> 00:17:28,660 signés entre ces banques et ces collectivités ; 302 00:17:28,666 --> 00:17:32,355 qui avaient été pourtant mises en cause dans un certain nombre de situations, 303 00:17:32,400 --> 00:17:36,044 à la demande de communes, par des juridictions de premier degré, 304 00:17:36,040 --> 00:17:39,377 des juridictions judiciaires qui sont compétentes en matière de contrats d'emprunt 305 00:17:39,377 --> 00:17:40,711 - ce sont des contrats de droit privé -, 306 00:17:43,280 --> 00:17:46,775 le Parlement d'abord et le Conseil constitutionnel ont admis justement 307 00:17:46,850 --> 00:17:49,060 d'intervenir pour stopper cette hémorragie ; 308 00:17:49,200 --> 00:17:50,150 et là pour la peine, 309 00:17:50,350 --> 00:17:54,355 principalement du fait d'un motif financier, principalement presque exclusivement 310 00:17:54,355 --> 00:17:56,220 - et quand on lit la décision du Conseil constitutionnel, 311 00:17:56,240 --> 00:17:59,100 on a tendance à penser que le Conseil constitutionnel 312 00:17:59,100 --> 00:18:01,550 a été simplement convaincu là pour la peine, 313 00:18:01,550 --> 00:18:04,000 c'est pour ça que ce cas est exceptionnel -, par le motif financier, 314 00:18:04,044 --> 00:18:08,222 puisque d'après les calculs que le gouvernement a mis en avant, 315 00:18:08,220 --> 00:18:10,444 alors sans d'ailleurs complètement se justifier, peu importe, 316 00:18:11,555 --> 00:18:15,911 en réalité, l'État, aurait pu avoir une ardoise considérable à porter ; 317 00:18:15,911 --> 00:18:18,860 parce que derrière lesdites banques, 318 00:18:19,060 --> 00:18:21,066 qui avaient en quelque sorte refilé ces emprunts toxiques 319 00:18:21,150 --> 00:18:22,133 aux collectivités territoriales, 320 00:18:22,177 --> 00:18:25,490 il y avait principalement une banque publique, 321 00:18:25,600 --> 00:18:27,733 qui était la banque Dexia, une banque franco-belge, 322 00:18:27,800 --> 00:18:31,022 détenue par l'État français principalement et donc c'est l'État français, 323 00:18:31,030 --> 00:18:34,350 au bout du compte, qui aurait dû indemniser les collectivités territoriales, 324 00:18:34,350 --> 00:18:37,244 à hauteur, d'après le gouvernement, de 17 milliards d'euros. 325 00:18:37,330 --> 00:18:39,422 Et donc là, ce motif financier 326 00:18:39,680 --> 00:18:42,533 - et d'autres motifs pas très précis pour la peine - ont justifié, 327 00:18:42,533 --> 00:18:46,533 d'après le Conseil constitutionnel, une intervention rétroactive du législateur. 328 00:18:46,977 --> 00:18:50,420 Donc il y a des cas - ce cas est tout à fait significatif -, 329 00:18:50,620 --> 00:18:55,822 mais - et je conclus avec ce point - le mouvement général, au bout du compte, 330 00:18:55,866 --> 00:18:59,777 est celui d'un renforcement du contrôle sur ces interventions rétroactives, 331 00:18:59,911 --> 00:19:01,866 qui a conduit le gouvernement 332 00:19:01,866 --> 00:19:04,577 et aussi le Parlement à se faire beaucoup plus prudents et en fait, 333 00:19:04,711 --> 00:19:08,266 à limiter au maximum ces interventions rétroactives, 334 00:19:08,355 --> 00:19:11,111 on en trouve beaucoup moins que par le passé. 335 00:19:11,360 --> 00:19:14,311 C'est sans doute évidemment plutôt heureux, 336 00:19:14,355 --> 00:19:21,955 dans la mesure où c'est aussi une manière d'intensifier les contrôles 337 00:19:22,044 --> 00:19:25,733 que l'administration opère sur la rédaction des textes, 338 00:19:25,777 --> 00:19:28,488 l'administration chargée de la rédaction des textes fiscaux, 339 00:19:28,577 --> 00:19:29,911 la Direction de la législation fiscale, 340 00:19:31,066 --> 00:19:36,577 il y a moins de droit à l'erreur, en quelque sorte, du législateur que par le passé. 341 00:19:36,700 --> 00:19:39,600 Et donc en termes de prévisibilité du droit, 342 00:19:39,730 --> 00:19:43,333 de prévisibilité dans l'application de la norme, de sécurité juridique, évidemment, 343 00:19:43,688 --> 00:19:46,940 il n'y a que des bienfaits à cette jurisprudence, 344 00:19:47,022 --> 00:19:50,666 qui garde tout de même une certaine souplesse, pour des cas un petit peu extrêmes.