1 00:00:06,840 --> 00:00:10,533 Après le fait fautif, il nous faut envisager maintenant 2 00:00:10,533 --> 00:00:13,510 comme seconde catégorie de faits susceptibles 3 00:00:13,555 --> 00:00:17,688 d'engager la responsabilité de l'administration, les faits non fautifs. 4 00:00:18,960 --> 00:00:22,177 En effet, dans les régimes traditionnels de responsabilité juridique 5 00:00:22,266 --> 00:00:25,155 fondés sur l'importance de la faute,  6 00:00:25,410 --> 00:00:30,933 l'expression responsabilité sans faute est un raccourci un peu commode des juristes 7 00:00:30,933 --> 00:00:34,088 pour désigner le fait qu'à titre subsidiaire,  8 00:00:34,177 --> 00:00:39,377 le système juridiqueadmet toutefois que la responsabilité 9 00:00:39,377 --> 00:00:43,200 puisse être engagée même en l'absence de faute. 10 00:00:43,280 --> 00:00:49,155 Or, c'est le cas en droit administratif français et je voudrais d'abord d'ailleurs 11 00:00:49,511 --> 00:00:54,222 vous indiquer les conditions dans lesquelles cette responsabilité sans faute,  12 00:00:54,311 --> 00:00:57,777 même en l'absence de faute, a été pensée. 13 00:00:58,590 --> 00:01:02,220 Une première étape est franchie en 1895. 14 00:01:02,610 --> 00:01:07,625 Cette année-là, le Conseil d'État est saisi d'une demande de réparation par l'État 15 00:01:08,600 --> 00:01:14,170 de l'accident subi par un ouvrier de l'Arsenal de Tarbes qui a été blessé à la main. 16 00:01:16,160 --> 00:01:21,620 Le régime de la responsabilité du fait des accidents de travail 17 00:01:21,890 --> 00:01:26,690 en droit civil n'a pas été encore voté, mais, dans cette affaire,  18 00:01:26,844 --> 00:01:34,000 le Conseil d'État va prendre conscience de l'évolution de la société industrielle, 19 00:01:34,177 --> 00:01:37,333 de la multiplication des risques professionnels,  20 00:01:37,370 --> 00:01:42,666 de l'avènement d'un État providence qui se propose de garantir les individus 21 00:01:42,755 --> 00:01:47,733 contre les risques et les dangers d'une vie moderne et plus complexe,  22 00:01:47,822 --> 00:01:49,911 donc, plus dangereuse que naguère. 23 00:01:50,000 --> 00:01:52,977 Il va donc accepter, même en l'absence de faute,  24 00:01:53,111 --> 00:02:00,177 de condamner l'État à réparer l'accident qui était arrivé à son employé,  25 00:02:00,570 --> 00:02:07,822 ainsi jugé Conseil d'État 21 juin 1895, un arrêt Cames.  26 00:02:08,711 --> 00:02:12,260 Deuxième grand moment, c'est l'année 1923. 27 00:02:13,800 --> 00:02:16,844 Cette année-là, le Conseil d'État est saisi d'une affaire 28 00:02:16,840 --> 00:02:21,955 dans laquelle un colon installé en Tunisie, Monsieur Couitéas,  29 00:02:22,133 --> 00:02:25,377 demande au Conseil d'État réparation du préjudice 30 00:02:25,422 --> 00:02:30,222 qu'il estime avoir subi en raison du refus persistant du gouvernement 31 00:02:30,400 --> 00:02:33,377 de lui prêter le concours de la force publique 32 00:02:33,911 --> 00:02:39,733 pour obtenir l'exécution d'un jugement qu'il a obtenu du Tribunal de Sousse,  33 00:02:40,222 --> 00:02:43,777 qui lui avait reconnu la propriété de 38 000 hectares 34 00:02:43,866 --> 00:02:48,355 et qui avait donc ordonné l'expulsion de 8 000 indigènes 35 00:02:49,110 --> 00:02:53,022 qui étaient pourtant installés sur ces  territoires depuis des temps immémoriaux. 36 00:02:54,630 --> 00:02:59,550 Dans cette affaire, le refus persistant du gouvernement de déloger par la force 37 00:02:59,550 --> 00:03:04,133 ces tribus autochtone reposait sur des motifs légitimes, 38 00:03:04,311 --> 00:03:06,810 d'abord, parce qu'en raison du nombre de personnes à expulser, 39 00:03:06,844 --> 00:03:09,822 il fallait en fait monter quasiment une opération militaire,  40 00:03:09,911 --> 00:03:14,177 mais, surtout en raison du contexte tendu de la colonisation, 41 00:03:14,711 --> 00:03:18,488 le gouvernement n'avait pas du tout envie d'enflammer la région 42 00:03:18,533 --> 00:03:22,311 par une opération d'expulsion de 8 000 indigènes qui étaient sur ces terres 43 00:03:22,400 --> 00:03:24,520 depuis des temps immémoriaux. 44 00:03:25,200 --> 00:03:29,760 Donc, le Conseil d'État va juger 45 00:03:29,777 --> 00:03:34,088 qu'il entre dans le pouvoir discrétionnaire de l'administration d'apprécier 46 00:03:34,133 --> 00:03:39,866 quand et comment agir, et que donc,  parfois, un refus d'agir peut être légal.  47 00:03:40,177 --> 00:03:49,511 Mais, alors, faut-il pour autant sacrifier Monsieur Couitéas  48 00:03:49,511 --> 00:03:53,555 sur l'autel de la paix coloniale ? 49 00:03:53,950 --> 00:04:00,800 C'est ainsi que le Conseil d'État va juger dans un arrêt du 30 novembre 1923,  50 00:04:00,844 --> 00:04:04,000 un arrêt Couitéas, dans une affaire très importante,  51 00:04:04,088 --> 00:04:08,755 il va juger que le préjudice qui peut résulter de ce refus ne saurait, 52 00:04:08,755 --> 00:04:10,844 s'il excède une certaine durée,  53 00:04:10,977 --> 00:04:16,933 être regardé comme une charge incombant normalement à Monsieur Couitéas  54 00:04:17,422 --> 00:04:21,733 et qu'il appartient donc au juge de déterminer la limite à partir de laquelle,  55 00:04:21,822 --> 00:04:25,422 il doit être supporté par la collectivité.  56 00:04:26,800 --> 00:04:35,333 Ces deux arrêts nous montrent qu'à deux moments clés de l'histoire de France, 57 00:04:37,066 --> 00:04:39,155 le Conseil d'État a pris conscience 58 00:04:39,155 --> 00:04:42,660 que la responsabilité de l'administration pouvait être engagée même sans faute. 59 00:04:44,133 --> 00:04:44,755 Dans les deux cas,  60 00:04:44,800 --> 00:04:48,844 le Conseil d'État l'a fait en tenant compte des évolutions sociales et juridiques,  61 00:04:49,466 --> 00:04:56,133 et donc, notamment, en prenant conscience que la réparation de certains dommages 62 00:04:56,888 --> 00:05:02,933 doit être supportée symboliquement et concrètement et financièrement 63 00:05:03,244 --> 00:05:06,044 par la collectivité tout entière. 64 00:05:09,930 --> 00:05:14,266 En droit administratif français,  on va donc estimer juste et équitable 65 00:05:14,430 --> 00:05:19,911 que les administrés ne supportent pas seuls le poids financier de l'action de l'administration, 66 00:05:20,222 --> 00:05:23,377 les ayant exposés soit à des risques 67 00:05:24,080 --> 00:05:29,200 ou leur ayant imposé des sacrifices qui excèdent les sacrifices 68 00:05:29,377 --> 00:05:33,333 que tout un chacun doit normalement supporter,  69 00:05:33,333 --> 00:05:38,444 en contrepartie des avantages que nous procurent la vie en société 70 00:05:38,577 --> 00:05:41,866 et les prestations de services publics que nous recevons. 71 00:05:42,930 --> 00:05:48,533 Vous comprenez donc bien comment très vite, avec Cames et avec Couitéas,  72 00:05:48,666 --> 00:05:53,422 en droit administratif français, on a dégagé deux grandes sources,  73 00:05:53,644 --> 00:05:59,022 deux grandes explications, deux grands fondements de la responsabilité 74 00:05:59,066 --> 00:06:01,866 ou plutôt donc des responsabilités sans faute : 75 00:06:02,040 --> 00:06:08,488 d'un côté, la réparation des risques que provoque la vie moderne plus dangereuse,  76 00:06:08,844 --> 00:06:11,511 plus complexe qu'autrefois et de l'autre,  77 00:06:11,555 --> 00:06:18,000 la rupture de l'égalité devant les charges publiques qui est que parfois,  78 00:06:18,044 --> 00:06:19,911 certaines décisions sont légales,  79 00:06:20,025 --> 00:06:27,060 mais, alors, cette rupture de l'égalité entre quelqu'un en particulier 80 00:06:27,288 --> 00:06:31,010 et tout le reste de la collectivité doit être supportée 81 00:06:31,010 --> 00:06:33,600 précisément par la collectivité tout entière, 82 00:06:33,777 --> 00:06:38,755 dès lors que le sacrificequ'une personne doit faire excède les sacrifices normaux 83 00:06:38,933 --> 00:06:41,288 que tout un chacun doit supporter,  84 00:06:41,600 --> 00:06:46,000 en contrepartie des avantages que nous procure la vie en collectivité.  85 00:06:46,133 --> 00:06:50,088 Alors, à partir de là le Conseil d'État, au cas par cas,  86 00:06:50,711 --> 00:06:54,800 a créé des hypothèses d'engagement de la responsabilité sans faute. 87 00:06:55,200 --> 00:07:00,800 Et je voudrais vous les présenter de manière chronologique. 88 00:07:02,640 --> 00:07:05,466 D'abord, ce sont les dommages de travaux publics. 89 00:07:06,910 --> 00:07:10,844 À la fois pour les dommages permanents et pour les dommages accidentels. 90 00:07:11,244 --> 00:07:14,755 Le dommage permanent,  c'est le dommage non accidentel,  91 00:07:14,755 --> 00:07:18,488 celui qui ne dépend pas de facteurs extérieurs,  92 00:07:19,022 --> 00:07:21,600 celui qui est inhérent à l'ouvrage public lui-même,  93 00:07:21,688 --> 00:07:23,555 et donc, qui dure, qui est permanent. 94 00:07:25,511 --> 00:07:30,755 C'est l'exemple, par exemple, des nuisances sonores que vous devez supporter 95 00:07:30,755 --> 00:07:34,540 parce que votre habitation est à côté d'une autoroute,  96 00:07:35,555 --> 00:07:38,177 d'un aéroport ou d'une centrale nucléaire. 97 00:07:38,740 --> 00:07:42,755 Dans ce cas, peu importe d'ailleurs que la victime soit un usager 98 00:07:43,150 --> 00:07:45,150 ou un tiers à l'ouvrage public,  99 00:07:46,050 --> 00:07:51,750 l'obligation de réparation tient à l'idée que nul, personne,  100 00:07:52,050 --> 00:07:58,825 ne doit voir la valeur de son bien dépréciée ou être importuné dans la jouissance de son bien 101 00:07:59,125 --> 00:08:04,425 à cause de la seule existence d'un ouvrage public 102 00:08:05,175 --> 00:08:11,950 qui serait à proximité ou même voisin de l'habitation d'un individu. 103 00:08:12,488 --> 00:08:15,066 Donc, le juge administratif en déduit 104 00:08:15,555 --> 00:08:22,266 que si des conséquences dommageables du fait de la proximité d'un ouvrage public se produisent, 105 00:08:22,755 --> 00:08:26,755 la responsabilité de l'administration peut être engagée 106 00:08:27,333 --> 00:08:32,044 sans qu'il soit nécessaire de la subordonner à la recherche d'une faute, 107 00:08:33,244 --> 00:08:38,844 à la condition toutefois que le dommage excède les inconvénients normaux 108 00:08:39,300 --> 00:08:46,400 que doivent subir sans contrepartie tous ceux qui sont proches ou voisins d'un ouvrage public.  109 00:08:49,511 --> 00:08:53,555 Vous avez également le cas des dommages accidentels. 110 00:08:54,060 --> 00:08:59,466 Mais, cette fois-ci, lorsque l'exécution de l'opération de travaux publics ou l'entretien,  111 00:08:59,511 --> 00:09:02,310 le mauvais entretien ou l'absence d'entretien d'un ouvrage public 112 00:09:02,355 --> 00:09:06,177 est à l'origine d'un accident emportant des conséquences dommageables, 113 00:09:06,488 --> 00:09:11,422 le juge estime aussi qu'il convient d'appliquer un régime de responsabilité sans faute,  114 00:09:11,466 --> 00:09:14,933 mais, uniquement, à l'égard des tiers à l'ouvrage public. 115 00:09:14,977 --> 00:09:18,888 Parce que si la victime est un usager de l'ouvrage,  116 00:09:19,288 --> 00:09:24,844 il n'y a pas lieu de lui octroyer la philosophie d'une responsabilité sans faute 117 00:09:25,620 --> 00:09:30,900 parce qu'en tant qu'utilisateur de l'ouvrage public, l'usager en tire profit 118 00:09:32,150 --> 00:09:35,420 de sorte que la responsabilité de l'administration peut évidemment être engagée,  119 00:09:35,466 --> 00:09:39,333 mais, uniquement, pour faute et notamment,  pour défaut d'entretien normal. 120 00:09:39,460 --> 00:09:44,640 Mais, en revanche, si la victime est un tiers à l'ouvrage public,  121 00:09:48,222 --> 00:09:51,511 il ne tire aucun profit de cet ouvrage 122 00:09:52,133 --> 00:09:56,400 et n'a aucun moyen de se prémunir contre des dysfonctionnements. 123 00:09:56,444 --> 00:09:59,866 Donc, à ce moment-là, pour les dommages accidentels,  124 00:09:59,911 --> 00:10:06,088 les tiers à un ouvrage public vont bénéficier d'un régime de responsabilité sans faute,  125 00:10:06,133 --> 00:10:11,022 à l'image par exemple du riverain dont le mur s'effondre 126 00:10:11,066 --> 00:10:14,311 sous l'effet des travaux exécutés sur la voie publique,  127 00:10:15,333 --> 00:10:18,133 à l'image de celui dont la maison, par exemple,  128 00:10:18,130 --> 00:10:21,066 est endommagée suite au départ d'un incendie 129 00:10:21,200 --> 00:10:23,733 dans les locaux voisins d'un établissement public,  130 00:10:23,830 --> 00:10:29,155 ou encore, songeons à l'agriculteur dont les cultures sont ravagées 131 00:10:29,290 --> 00:10:33,377 par la prolifération de lapins qui sont dus au mauvais entretien 132 00:10:33,430 --> 00:10:35,733 par la SNCF de ses voies ferrées. 133 00:10:36,770 --> 00:10:39,288 Donc, le cœur historique de la responsabilité sans faute, 134 00:10:39,410 --> 00:10:41,066 ce sont les dommages de travaux publics.  135 00:10:42,040 --> 00:10:44,222 Deuxième exemple chronologique,  136 00:10:44,660 --> 00:10:45,333 c'est cette fois-ci 137 00:10:45,422 --> 00:10:48,400 les activités administratives comportant des risques exceptionnels. 138 00:10:49,930 --> 00:10:52,533 À la différence des dommages de travaux publics, 139 00:10:52,533 --> 00:11:00,311 ce cas est lié au fait que l'administration est parfois contrainte d'agir dangereusement 140 00:11:00,620 --> 00:11:06,800 parce que l'objet même de sa mission ou les circonstances l'imposent. 141 00:11:08,180 --> 00:11:11,866 Normalement, les activités de service public comportent,  142 00:11:12,177 --> 00:11:16,488 comme toute activité humaine,  un minimum de risques inévitables. 143 00:11:17,066 --> 00:11:18,311 On ne peut pas d'ailleurs reprocher 144 00:11:18,355 --> 00:11:23,111 à l'administration de prendre des risques raisonnés, calculés,  145 00:11:24,577 --> 00:11:26,133 le risque zéro n'existe jamais. 146 00:11:26,780 --> 00:11:32,044 Mais, en raison de l'objet singulier de certaines activités 147 00:11:32,040 --> 00:11:34,300 que seule l'administration peut faire 148 00:11:35,550 --> 00:11:37,460 et qui, au nom de l'intérêt général,  149 00:11:37,466 --> 00:11:41,777 lui impose de prendre en charge des missions qui sortent de l'ordinaire, 150 00:11:41,911 --> 00:11:46,711 eh bien, l'administration peut être amenée à gérer des services publics 151 00:11:47,155 --> 00:11:49,244 par nature anormalement dangereux,  152 00:11:49,288 --> 00:11:53,155 dont le seul fonctionnement en dehors de toute faute,  153 00:11:53,240 --> 00:11:58,975 peut présenter comme va dire le Conseil d'État, des risques exceptionnels 154 00:11:58,975 --> 00:12:06,133 qui excèdent les bornes des risques normaux que tout un chacun doit supporter. 155 00:12:06,480 --> 00:12:10,350 Eh bien, si jamais un accident se produit et trouve sa cause 156 00:12:10,450 --> 00:12:16,570 dans le fonctionnement d'un service public qui entraîne des risques exceptionnels - pardon -  157 00:12:16,666 --> 00:12:21,777 pour les usagers ou pour les tiers, bien, dans ce cas-là,  158 00:12:21,822 --> 00:12:26,977 l'administration devra réparer les dommages, même en l'absence de fonds. 159 00:12:27,750 --> 00:12:28,975 L'arrêt de principe,  160 00:12:29,100 --> 00:12:32,620 c'est la fameuse jurisprudence du Conseil d'État du 28 mars 1919, 161 00:12:32,620 --> 00:12:37,600 l'arrêt Regnault-Desroziers, à propos de l'explosion le 4 mars 1916,  162 00:12:37,777 --> 00:12:42,711 une terrible explosion dans Le Fort de la double Couronne à Saint-Denis,  163 00:12:42,800 --> 00:12:49,111 avec des pertes humaines et des dégâts matériels énormes dans la banlieue parisienne. 164 00:12:49,555 --> 00:12:51,866 Pourquoi ici une responsabilité sans faute ? 165 00:12:51,960 --> 00:12:57,733 Ce n'est pas le fait pour l'armée de détenir et de manipuler des explosifs. 166 00:12:58,380 --> 00:13:01,490 Évidemment, ça fait partie du travail de l'armée. 167 00:13:01,555 --> 00:13:03,066 Mais, là, on voit bien qu'ici,  168 00:13:03,422 --> 00:13:06,933 parce qu'on était dans les circonstances de la Première Guerre mondiale,  169 00:13:06,977 --> 00:13:16,500 parce qu'il fallait réunir une énorme quantité de munitions, d'explosifs, loin du front ; 170 00:13:16,890 --> 00:13:19,688 et qu'on a donc choisi de les installer dans un fort, 171 00:13:19,688 --> 00:13:25,200 mais dans un fort qui était en plein milieu de la banlieue parisienne, de la population, 172 00:13:25,777 --> 00:13:29,911 ici, le Conseil d'État va juger que l'État, 173 00:13:30,000 --> 00:13:33,911 l'administration militaire, a pris un risque exceptionnel ; 174 00:13:34,040 --> 00:13:38,100 et va donc faire courir un risque exceptionnel aux voisins du fort. 175 00:13:38,266 --> 00:13:43,377 Donc quand le fort a explosé, les préjudices ont été réparés, 176 00:13:45,120 --> 00:13:46,977 même en l'absence de faute, 177 00:13:47,466 --> 00:13:51,955 de dysfonctionnement que l'on aurait pu démontrer dans le maniement des explosifs, 178 00:13:53,022 --> 00:13:54,666 ou de la poudre ou des munitions ; 179 00:13:54,666 --> 00:13:55,600 ce n'est pas le problème. 180 00:13:55,600 --> 00:14:00,933 Ici, responsabilité sans faute parce que l'Etat a pris en charge une activité 181 00:14:00,933 --> 00:14:03,010 qui présentait un risque exceptionnel. 182 00:14:03,010 --> 00:14:07,555 Et nous avons d'ailleurs une jurisprudence identique en droit administratif, 183 00:14:07,777 --> 00:14:13,288 issue des arrêts du Conseil d'État d'Assemblée du 24 juin 1949, 184 00:14:13,288 --> 00:14:16,666 les arrêts Lecomte, Franquette et Daramy, 185 00:14:17,022 --> 00:14:23,733 à propos, cette fois-ci, du service public de la police lorsqu'elle utilise des armes à feu. 186 00:14:24,210 --> 00:14:26,355 Bien évidemment, l'utilisation d'armes à feu, 187 00:14:26,444 --> 00:14:29,955 c'est un élément normal pour un service de police. 188 00:14:30,060 --> 00:14:34,133 Mais, à l'égard des personnes extérieures, 189 00:14:34,800 --> 00:14:40,177 l'accomplissement du service de la police administrative dans l'espace public 190 00:14:40,400 --> 00:14:44,577 avec l'emploi d'armes à feu n'est pas une situation normale, 191 00:14:44,622 --> 00:14:52,311 et donc comporte des risques qui excèdent ceux que tout un chacun doit normalement supporter 192 00:14:52,311 --> 00:14:53,590 dans une vie en collectivité. 193 00:14:53,644 --> 00:14:56,133 Parce que nous savons bien que l'activité de police 194 00:14:56,177 --> 00:15:00,133 nécessite des opérations de maintien de l'ordre avec des dégâts, 195 00:15:00,133 --> 00:15:01,866 des emplois d'armes à feu, etc. 196 00:15:02,010 --> 00:15:05,733 Mais c'est l'hypothèse où un passant, 197 00:15:06,488 --> 00:15:10,711 ou quelqu'un qui est attablé à une table dans un café, 198 00:15:11,288 --> 00:15:17,111 reçoit une balle perdue parce que la police poursuivait un délinquant, 199 00:15:17,111 --> 00:15:20,355 et que cette balle perdue est arrivée dans un passant 200 00:15:20,400 --> 00:15:24,088 ou une personne qui était totalement extérieure à l'opération de police : 201 00:15:24,488 --> 00:15:27,644 le juge administratif va considérer que dans ce cas-là, 202 00:15:27,911 --> 00:15:33,555 l'État engage sa responsabilité pour faute, du fait des risques exceptionnels 203 00:15:33,644 --> 00:15:37,600 qu'il a pris dans l'accomplissement d'une mission de service public.  204 00:15:38,800 --> 00:15:45,600 Troisième hypothèse, qui est un peu dans la lignée de la jurisprudence Cames : 205 00:15:46,400 --> 00:15:48,266 c'est ce qu'on appelle la responsabilité 206 00:15:48,311 --> 00:15:51,530 à l'égard des collaborateurs occasionnels au service public. 207 00:15:54,010 --> 00:15:58,630 Nous savons, en effet, que pour pourvoir à toutes ces missions,  208 00:15:58,666 --> 00:16:04,044 il peut arriver que l'administration fasse appel, de façon purement ponctuelle,  209 00:16:04,088 --> 00:16:06,800 à la collaboration de certains administrés. 210 00:16:08,133 --> 00:16:11,733 À l'occasion de cette participation occasionnelle,  211 00:16:11,866 --> 00:16:15,733 je demande à un administré de m'aider pour éteindre un incendie, 212 00:16:15,822 --> 00:16:19,555 je demande à un administré de m'aider pour surveiller la plage 213 00:16:19,644 --> 00:16:24,600 et peut-être porter secours à un nageur qui se noie. 214 00:16:24,800 --> 00:16:32,666 Bref, à l'occasion de cette collaboration purement ponctuelle, purement occasionnelle,  215 00:16:33,066 --> 00:16:35,288 les administrés peuvent évidemment subir des dommages. 216 00:16:36,088 --> 00:16:37,822 Le juge administratif français estime 217 00:16:38,040 --> 00:16:41,466 que l'instauration d'un régime de responsabilité sans-faute 218 00:16:41,460 --> 00:16:45,025 va ainsi permettre de faire peser sur l'administration  219 00:16:45,075 --> 00:16:48,425 l'obligation de garantir ceux qu'on va appeler 220 00:16:48,420 --> 00:16:52,575 les collaborateurs occasionnels du service public,  221 00:16:52,800 --> 00:16:57,990 contre tous les risques que leur fait courir cette collaboration occasionnelle. 222 00:16:58,980 --> 00:17:00,933 Les collaborateurs qui vont se blesser, 223 00:17:01,288 --> 00:17:06,755 hélas parfois pire, décéder, à l'occasion d'une collaboration occasionnelle,  224 00:17:06,800 --> 00:17:10,755 vont ainsi obtenir réparation de la part des collectivités publiques,  225 00:17:10,933 --> 00:17:17,111 sans être tenus de démontrer que l'administration a commis une faute. 226 00:17:17,150 --> 00:17:19,200 Et c'est une célèbre jurisprudence 227 00:17:19,333 --> 00:17:26,311 notamment illustrée par la fameuse affaire du Conseil d'État d'Assemblée du 22 novembre 1946,  228 00:17:26,400 --> 00:17:29,688 commune de Saint-Priest-la-Plaine. 229 00:17:31,750 --> 00:17:36,444 Autre cas d'engagement de la responsabilité sans faute, 230 00:17:37,660 --> 00:17:40,755 la responsabilité sans faute du fait des actes administratifs légaux.  231 00:17:41,022 --> 00:17:46,977 Là, c'est une descendance de la jurisprudence Cames, 232 00:17:47,155 --> 00:17:51,200 et nous en avons notamment  une célèbre illustration 233 00:17:51,466 --> 00:17:55,822 dans un arrêt du Conseil d'État de section du 22 février 1963, commune de Gavarnie, 234 00:17:56,170 --> 00:18:01,911 à propos d'un règlement que le maire de la commune de Gavarnie avait pris pour interdire, 235 00:18:02,000 --> 00:18:05,555 pour des raisons de sécurité, l'accès au fameux cirque de Gavarnie. 236 00:18:05,550 --> 00:18:12,311 Mais qui évidemment portait préjudice à l'égard de celui qui vendait des glaces 237 00:18:12,530 --> 00:18:16,222 et des boissons rafraîchissantes,  sur le cirque de Gavarnie, 238 00:18:16,220 --> 00:18:20,025 pour tous les touristes qui viennent voir ce site exceptionnel dans les Pyrénées,  239 00:18:20,250 --> 00:18:21,275 pendant l'été. 240 00:18:21,955 --> 00:18:26,711 Depuis, nous avons un arrêt du Conseil d'État qui le dit de manière explicite, 241 00:18:26,977 --> 00:18:30,400 c'est un arrêt du 8 juin 2017, un arrêt Monsieur X. 242 00:18:30,570 --> 00:18:33,466 Je vous cite le considérant de  principe parce qu'il est exemplaire : 243 00:18:33,600 --> 00:18:39,244 "Considérant que la responsabilité de la puissance publique peut se trouver engagée,  244 00:18:39,333 --> 00:18:40,444 même sans faute, 245 00:18:40,711 --> 00:18:44,311 sur le fondement du principe d'égalité des citoyens devant les charges publiques, 246 00:18:44,790 --> 00:18:49,511 lorsqu'une mesure légalement prise a pour effet d'entraîner,  247 00:18:49,600 --> 00:18:51,866 au détriment d'une personne physique ou morale,  248 00:18:51,955 --> 00:18:55,955 un préjudice grave et spécial qui ne peut être regardé 249 00:18:56,177 --> 00:18:58,933 comme une charge lui incombant normalement."  250 00:19:00,444 --> 00:19:04,840 Cinquième exemple : les activités administratives qui, cette fois-ci,  251 00:19:04,844 --> 00:19:08,444 créent un risque spécial pour les tiers. 252 00:19:09,060 --> 00:19:14,400 C'est une jurisprudence qui résulte d'un arrêt du Conseil d'État de section du 3 février 1956,  253 00:19:14,533 --> 00:19:15,955 un arrêt Thouzellier,  254 00:19:16,088 --> 00:19:21,688 et qui portait sur une maison de rééducation pour les jeunes délinquants, 255 00:19:21,688 --> 00:19:23,066 mais qui n'était pas une maison fermée,  256 00:19:23,244 --> 00:19:26,577 au contraire une maison avec des méthodes libérales de rééducation ; 257 00:19:26,577 --> 00:19:29,733 ce qui permettait des sorties des mineurs délinquants. 258 00:19:31,955 --> 00:19:36,355 Ici, un peu comme dans le courant de jurisprudence Regnault-Desroziers, 259 00:19:37,020 --> 00:19:40,530 cette jurisprudence repose sur l'idée que certains services publics,  260 00:19:40,830 --> 00:19:44,177 à raison de leur objet, et par leur fonctionnement seul,  261 00:19:44,400 --> 00:19:46,800 engendrent à l'égard des tiers des risques. 262 00:19:47,520 --> 00:19:51,022 Mais à la différence de la jurisprudence Regnault-Desroziers, 263 00:19:51,210 --> 00:19:58,311 il ne s'agit pas ici d'un risque exceptionnel à raison de l'emploi d'explosifs ou d'armes à feu,  264 00:19:58,666 --> 00:20:04,444 il s'agit de l'hypothèse où, en créant un service public de l'enfance délinquante,  265 00:20:04,755 --> 00:20:11,066 en faisant le choix politique d'imposer des méthodes libérales de rééducation, 266 00:20:11,155 --> 00:20:14,666 en faisant le pari que la prévention c'est mieux que la répression,  267 00:20:14,711 --> 00:20:20,222 et donc en autorisant des hypothèses de sortie et en évitant l'enfermement,  268 00:20:20,844 --> 00:20:26,266 l'État a créé un service public dont le fonctionnement présente 269 00:20:26,260 --> 00:20:28,711 par nature des risques spéciaux,  270 00:20:29,600 --> 00:20:33,511 pas exceptionnels, des risques spéciaux,  pour le reste de la communauté. 271 00:20:34,010 --> 00:20:40,222 Et cette jurisprudence a été étendue à tous ceux qui bénéficient 272 00:20:40,222 --> 00:20:44,355 ainsi de placements en semi-liberté :  273 00:20:44,400 --> 00:20:48,088 des personnes hospitalisées pour troubles psychiatriques, des détenus,  274 00:20:48,088 --> 00:20:49,644 qui bénéficient de permissions de sortie. 275 00:20:50,480 --> 00:20:53,422 Si à l'occasion de ces permissions de sortie,  276 00:20:54,666 --> 00:21:02,444 le délinquant, le détenu, le malade psychiatrique, crée un dommage,  277 00:21:02,533 --> 00:21:04,844 par exemple met un incendie à une maison ou une voiture,  278 00:21:05,688 --> 00:21:10,177 c'est ici l'État et lui seul qui sera responsable 279 00:21:10,355 --> 00:21:17,066 parce qu'il a mis en œuvre un service public de rééducation en semi-liberté, 280 00:21:17,288 --> 00:21:21,111 et donc en créant ce service public, il a pris un risque spécial. 281 00:21:21,310 --> 00:21:23,555 Et donc en raison de ce risque,  282 00:21:23,600 --> 00:21:30,444 il doit réparer les dommages causés par les risques engendrés par ce service public. 283 00:21:32,210 --> 00:21:34,790 Sixième exemple : c'est celui des activités médicales. 284 00:21:36,050 --> 00:21:41,733 La médecine est le lieu en général de la faute médicale, la faute simple ;  285 00:21:41,911 --> 00:21:47,111 ou alors éventuellement d'hypothèse de réparation au nom de la solidarité nationale. 286 00:21:47,440 --> 00:21:49,377 Ce ne sont même pas des régimes de responsabilité. 287 00:21:49,400 --> 00:21:52,088 Mais nous trouvons de la faute lourde,  288 00:21:52,977 --> 00:21:57,022 et notamment la responsabilité des hôpitaux publics est aujourd'hui engagée,  289 00:21:57,022 --> 00:21:58,711 même en l'absence de faute,  290 00:21:58,800 --> 00:22:05,511 du fait des conséquences dommageables pour les patients de la défaillance des produits 291 00:22:05,511 --> 00:22:07,955 et appareils de santé utilisés. 292 00:22:08,360 --> 00:22:13,644 C'est une jurisprudence, qui notamment est née avec un arrêt du Conseil d'État du 9 juillet 2003, 293 00:22:13,725 --> 00:22:17,060 un arrêt AP-HP contre Marzouk,  294 00:22:17,155 --> 00:22:22,888 et qui va ainsi concerner les hypothèses par exemple d'un respirateur artificiel,  295 00:22:22,977 --> 00:22:27,155 d'un matelas chauffant, ou d'une prothèse implantée dans le corps d'un patient, 296 00:22:27,955 --> 00:22:30,800 qui ici vont engager la responsabilité  297 00:22:30,933 --> 00:22:38,177 sans faute de l'hôpital du fait de la défaillance d'un produit ou d'un appareil de santé.  298 00:22:39,688 --> 00:22:42,850 Septième hypothèse : c'est l'une des plus récentes,  299 00:22:42,933 --> 00:22:47,111 elle résulte d'un arrêt du Conseil d'État de section du 11 février 2005,  300 00:22:47,333 --> 00:22:49,822 un arrêt GIE AXA courtage. 301 00:22:50,080 --> 00:22:52,711 Un arrêt très important parce qu'ici,  302 00:22:53,422 --> 00:22:57,600 le juge administratif va admettre l'engagement de la responsabilité 303 00:22:58,355 --> 00:23:01,600 du fait des personnes placées sous la garde de l'administration. 304 00:23:02,622 --> 00:23:05,511 Il ne s'agit pas ici de la jurisprudence Thouzellier,  305 00:23:05,600 --> 00:23:10,088 il ne s'agit pas de délinquants qui sont des personnes qui peuvent présenter des risques, 306 00:23:10,133 --> 00:23:12,888 il s'agit ici plutôt de personnes en danger ;  307 00:23:13,155 --> 00:23:18,080 comme par exemple des mineurs qui sont retirés de leur domicile 308 00:23:18,133 --> 00:23:21,733 et placés dans des foyers parce qu'ils sont victimes de violence, d'abus,  309 00:23:21,950 --> 00:23:22,910 et qu'on va donc les placer. 310 00:23:23,160 --> 00:23:26,000 Mais imaginons ici que ces personnes,  311 00:23:26,000 --> 00:23:30,488 qui sont souvent d'ailleurs placées dans des foyers départementaux ou de l'État, 312 00:23:30,533 --> 00:23:32,444 ou même parfois des foyers privés, 313 00:23:32,800 --> 00:23:36,977 imaginons malgré tout que ces individus qui ont été placés 314 00:23:37,022 --> 00:23:39,466 pour être protégés commettent eux-mêmes des dommages. 315 00:23:40,250 --> 00:23:45,911 Dans l'arrêt du Conseil d'État de section du 11 février 2005, GIE AXA courtage,  316 00:23:46,266 --> 00:23:48,844 le Conseil d'État va énoncer que la décision 317 00:23:48,933 --> 00:23:54,266 par laquelle le juge des enfants confie la garde d'un mineur à l'une des personnes mentionnées 318 00:23:54,660 --> 00:23:59,400 par le Code civil transfère à la personne qui en est chargée 319 00:23:59,625 --> 00:24:05,020 la responsabilité d'organiser, diriger,  et contrôler la vie du mineur ; 320 00:24:05,200 --> 00:24:09,111 qu'en raison des pouvoirs dont cette personne se trouve ainsi investie, 321 00:24:09,155 --> 00:24:14,755 lorsque le mineur a été confié à un établissement qui relève de son autorité,  322 00:24:14,800 --> 00:24:21,244 sa responsabilité est engagée même sans faute pour les dommages causés aux tiers par ce mineur. 323 00:24:21,688 --> 00:24:23,911 Aujourd'hui, pour toutes les hypothèses 324 00:24:23,955 --> 00:24:35,288 où un gardien administratif prend en charge la vie d'autrui à titre éducatif ou thérapeutique,  325 00:24:35,333 --> 00:24:40,222 et que si cette personne  "gardée" cause un dommage, 326 00:24:40,750 --> 00:24:43,900 ici, l'administration verra sa responsabilité engagée 327 00:24:43,975 --> 00:24:47,150 du fait de son activité de la garde d'autrui.  328 00:24:48,044 --> 00:24:51,866 Enfin, dernière hypothèse en tout dernier lieu :  329 00:24:53,555 --> 00:25:01,288 c'est une hypothèse qui résulte d'un avis du Conseil d'État du 6 juillet 2016, un avis Napol ;  330 00:25:01,370 --> 00:25:06,977 affaire dans laquelle, je cite, à propos de l'application de la loi sur l'état d'urgence,  331 00:25:07,066 --> 00:25:09,200 le juge énonce dans le considérant 8 332 00:25:09,377 --> 00:25:13,911 "si la responsabilité de l'État pour faute  est seule susceptible d'être recherchée 333 00:25:13,955 --> 00:25:17,644 par les personnes concernées par une perquisition administrative,  334 00:25:18,711 --> 00:25:20,133 énoncée en état d'urgence, 335 00:25:20,355 --> 00:25:25,777 la responsabilité de l'État à l'égard des tiers est en revanche engagée sans faute 336 00:25:26,000 --> 00:25:29,288 sur le fondement de l'égalité des citoyens devant les charges publiques,  337 00:25:29,644 --> 00:25:37,866 en cas de dommages causés par des perquisitions ordonnées au titre de la loi du 3 avril 1955". 338 00:25:38,060 --> 00:25:40,577 Voilà un dernier exemple assez emblématique,  339 00:25:40,577 --> 00:25:44,666 qui vous montre que c'est vraiment au cas par cas, en fonction des circonstances : 340 00:25:45,866 --> 00:25:48,000 l'égalité devant les charges publiques dans les années 30,  341 00:25:48,400 --> 00:25:54,622 les risques professionnels en 1895, les risques des méthodes de rééducation libérale en 1956. 342 00:25:54,750 --> 00:25:57,244 Bref, c'est en fonction de l'air du temps,  343 00:25:57,280 --> 00:26:01,777 de l'évolution de la société française que le Conseil d'État, au cas par cas,  344 00:26:01,955 --> 00:26:06,800 invente des hypothèses où la responsabilité de l'administration peut être engagée,  345 00:26:06,933 --> 00:26:10,740 alors même que l'administration n'a pas commise de faute.