1 00:00:06,780 --> 00:00:11,244 L'examen de l'office du juge administratif de l'excès de pouvoir nous a conduits 2 00:00:11,244 --> 00:00:14,222 à examiner quels étaient les pouvoirs qu'il mettait en œuvre 3 00:00:14,355 --> 00:00:17,644 pour contrôler la légalité de l'acte administratif. 4 00:00:18,390 --> 00:00:22,950 Il faut maintenant nousdont il dispose intéresser aux pouvoirs dont il dispose 5 00:00:23,450 --> 00:00:30,400 pour assurer la sanction de l'illégalité d'un acte administratif unilatéral,  6 00:00:30,488 --> 00:00:33,777 à savoir la sanction de l'annulation. 7 00:00:35,930 --> 00:00:41,066 D'abord, je voudrais rappeler à titre préliminaire que l'annulation est au juge 8 00:00:41,111 --> 00:00:43,377 ce que le retrait est à  l'administration elle-même,  9 00:00:43,911 --> 00:00:50,266 c'est-à-dire la disparition rétroactive de l'acte entaché d'illégalité. 10 00:00:51,020 --> 00:00:57,111 On estime qu'au fond, la meilleure sanction des illégalités commises par l'administration, 11 00:00:57,280 --> 00:01:00,577 c'est par le biais d'une fiction juridique de considérer 12 00:01:00,933 --> 00:01:04,844 que l'acte illégal est censé n'avoir jamais existé. 13 00:01:05,300 --> 00:01:07,955 Il est retiré de l'ordonnancement juridique, 14 00:01:08,044 --> 00:01:10,400 il est annulé avec effet rétroactif,  15 00:01:10,488 --> 00:01:14,533 il n'a jamais existé et on estime que c'est au fond, là,  16 00:01:14,844 --> 00:01:18,800 la plus forte sanction que l'on puisse prononcer à l'encontre de l'administration. 17 00:01:20,510 --> 00:01:22,444 Dans l'esprit du droit administratif français, 18 00:01:22,488 --> 00:01:28,933 cette annulation est par ailleurs revêtue de l'autorité absolue de la chose jugée. 19 00:01:29,110 --> 00:01:34,044 Autrement dit, elle s'impose à tous et pas simplement au requérant 20 00:01:34,133 --> 00:01:38,666 qui a obtenu l'annulation de l'acte administratif. 21 00:01:39,150 --> 00:01:44,000 Et puis j'ajouterais malgré tout que cette annulation peut être totale 22 00:01:44,133 --> 00:01:48,133 si l'ensemble des dispositions de l'acte attaqué sont entachées d'illégalité 23 00:01:49,420 --> 00:01:54,488 ou si les seules dispositions illégales sont toutefois indivisibles du reste 24 00:01:54,800 --> 00:01:57,955 de l'acte déféré au juge de l'excès de pouvoir, 25 00:01:58,580 --> 00:02:01,644 mais l'annulation peut très bien n'être que partielle 26 00:02:01,640 --> 00:02:07,688 si la disposition entachée d'illégalité est cette fois-ci divisible du reste de l'acte 27 00:02:07,680 --> 00:02:14,088 et que donc, le juge peut se contenter d'annuler la disposition simplement illégale, 28 00:02:14,177 --> 00:02:19,200 c'est très fréquent que l'on va uniquement annuler l'article 4 de tel décret 29 00:02:19,280 --> 00:02:22,222 et non pas le reste par exemple du décret. 30 00:02:22,400 --> 00:02:25,200 Alors quelles qu'en soient ses modalités, 31 00:02:25,330 --> 00:02:29,950 l'annulation d'une décision administrative illégale n'en soulève pas moins 32 00:02:29,950 --> 00:02:34,977 des difficultés pratiques qui constituent presque les trois talons d'Achille du recours 33 00:02:35,022 --> 00:02:36,666 pour excès de pouvoir en droit français. 34 00:02:37,460 --> 00:02:41,422 Tout d'abord en amont,  plus s'agrandit l'intervalle 35 00:02:41,866 --> 00:02:46,977 qui sépare l'édiction de la décision du jugement d'annulation,  36 00:02:47,866 --> 00:02:54,400 plus cette sanction du recours pour excès de pouvoir peut apparaître platonique. 37 00:02:55,620 --> 00:03:00,222 Ensuite, au cours de l'examen du contrôle de légalité,  38 00:03:00,444 --> 00:03:03,066 à mesure que le juge détecte des inégalités,  39 00:03:03,422 --> 00:03:06,510 se rapproche donc le spectre d'une annulation automatique. 40 00:03:07,440 --> 00:03:11,422 Mais ce caractère automatique de l'annulation n'est pas sans poser des difficultés, 41 00:03:11,466 --> 00:03:15,288 après tout, pourquoi ne pas permettre au juge d'apprécier 42 00:03:16,800 --> 00:03:23,066 si les illégalités doivent nécessairement entraîner l'annulation automatique de l'acte, 43 00:03:24,355 --> 00:03:27,777 ne peut-on pas donner un petit peu de marge de manœuvre au juge ? 44 00:03:27,860 --> 00:03:34,044 Et puis enfin en aval, eh bien la rétroactivité du jugement d'annulation, 45 00:03:34,220 --> 00:03:40,350 la subtilité des conséquences qu'il faut tirer soulève bien souvent 46 00:03:40,725 --> 00:03:45,730 des difficultés relatives à l'exécution du jugement d'annulation. 47 00:03:46,040 --> 00:03:48,600 Alors reprenons ces éléments successifs 48 00:03:48,600 --> 00:03:56,666 et commençons d'abord par la question des problèmes posés par le REP, 49 00:03:56,755 --> 00:03:58,800 par le recours pour excès de pouvoir, en amont. 50 00:04:00,240 --> 00:04:01,555 Pourquoi problèmes en amont ? 51 00:04:02,160 --> 00:04:07,155 Parce que l'article L 4 du Code de justice administrative énonce 52 00:04:07,200 --> 00:04:10,044 que sauf disposition législative spéciale, 53 00:04:10,088 --> 00:04:16,170 les requêtes n'ont pas d'effet suspensif s'il en est autrement ordonné par la juridiction. 54 00:04:16,266 --> 00:04:19,200 Autrement dit, en contentieux administratif français,  55 00:04:19,422 --> 00:04:24,488 le recours pour excès de pouvoir n'a pas, en principe, d'effet suspensif 56 00:04:24,530 --> 00:04:26,933 et cela finalement correspond à l'idée 57 00:04:26,930 --> 00:04:30,800 qu'il pèse sur l'acte administratif  une présomption de légalité 58 00:04:30,933 --> 00:04:36,844 donc tant que le juge ne l'a pas annulé, l'acte est présumé légal. 59 00:04:38,920 --> 00:04:43,333 Problème, c'est que plus le temps passe,  60 00:04:45,330 --> 00:04:49,733 plus le temps s'allonge entre le moment où un acte administratif est adopté 61 00:04:49,777 --> 00:04:51,288 et le moment où le juge l'annulera,  62 00:04:51,330 --> 00:04:56,133 et ce délai est forcément, est un certain temps incompressible,  63 00:04:56,220 --> 00:04:59,111 parce qu'il faut tenir compte du temps de la justice 64 00:04:59,111 --> 00:05:02,444 et même si on demande aujourd'hui au juge de statuer le plus vite possible,  65 00:05:02,444 --> 00:05:05,644 alors on ne peut pas statuer évidemment en quelques heures, 66 00:05:05,688 --> 00:05:07,377 donc il y a forcément un temps incompressible. 67 00:05:07,420 --> 00:05:10,755 Et plus ce temps se déroule, 68 00:05:11,022 --> 00:05:16,844 plus les effets de l'acte administratif attaqué peuvent devenir irréversibles 69 00:05:17,511 --> 00:05:21,333 ou produire des conséquences difficilement réparables,  70 00:05:21,466 --> 00:05:27,377 contre lesquelles la fiction de l'annulation rétroactive ne pourra pas grand-chose. 71 00:05:28,666 --> 00:05:31,911 À quoi bon l'annulation d'un permis de construire 72 00:05:32,660 --> 00:05:35,111 ou d'un projet de construction d'un ouvrage public 73 00:05:35,333 --> 00:05:40,222 des mois après la construction desdits ouvrages ? 74 00:05:41,750 --> 00:05:44,510 Le recours pour excès de pouvoir,  comme tout recours en justice,  75 00:05:44,577 --> 00:05:46,622 n'est pas simplement fait pour la beauté du droit 76 00:05:46,666 --> 00:05:51,200 ou pour le sentiment de satisfaction du justiciable qui dirait : 77 00:05:51,288 --> 00:05:52,844 "j'ai gagné contre l'administration". 78 00:05:53,630 --> 00:05:59,155 Il faut également que ce soit un recours effectif et concret. 79 00:05:59,155 --> 00:06:04,000 Et donc il ne sert à rien d'avoir gagné contre l'administration, 80 00:06:04,090 --> 00:06:08,488 il ne sert à rien notamment d'avoir obtenu deux ans plus tard l'annulation d'un permis de construire 81 00:06:08,480 --> 00:06:12,844 si depuis deux ans, l'immeuble a été construit et des personnes habitent dedans. 82 00:06:13,130 --> 00:06:16,444 On sait très bien que le juge aura quelques hésitations 83 00:06:16,440 --> 00:06:19,955 à ordonner la démolition de l'immeuble parce que si le permis de construire a été annulé, 84 00:06:20,000 --> 00:06:23,333 ça veut dire qu'il n'a jamais été délivré, il n'a jamais existé rétroactivement 85 00:06:23,420 --> 00:06:25,066 et donc l'immeuble n'a pas de fondement juridique. 86 00:06:25,066 --> 00:06:28,355 Mais chacun sent bien que dans cette hypothèse que je vous donne,  87 00:06:28,800 --> 00:06:30,088 les choses ne sont pas satisfaisantes. 88 00:06:30,080 --> 00:06:36,933 Et j'ajouterai d'ailleurs que dans sa décision du 23 janvier 1987 dite Conseil de la Concurrence 89 00:06:36,933 --> 00:06:38,622 que vous connaissez bien pour un autre point,  90 00:06:38,620 --> 00:06:41,975 le Conseil constitutionnel avait rappelé 91 00:06:42,100 --> 00:06:45,375 que le droit pour le justiciable formant un recours contre une décision administrative  92 00:06:45,550 --> 00:06:51,650 de demander et d'obtenir le cas échéant un sursis à l'exécution de la décision attaquée constitue 93 00:06:51,650 --> 00:06:54,480 une garantie essentielle des droits de la défense. 94 00:06:54,480 --> 00:06:56,888 Alors je ne dis pas que le droit administratif,  95 00:06:56,880 --> 00:06:58,977 que le contentieux administratif ne connaissait rien 96 00:06:59,020 --> 00:07:03,466 puisqu'il existait depuis 1806 une procédure de sursis 97 00:07:03,511 --> 00:07:05,960 à exécution des décisions administratives. 98 00:07:06,200 --> 00:07:09,911 Mais cette procédure était très rarement mise en œuvre 99 00:07:10,000 --> 00:07:14,622 parce qu'elle était liée à des conditions extrêmement restrictives 100 00:07:14,755 --> 00:07:17,466 et donc il était courant de dire 101 00:07:17,511 --> 00:07:22,533 que le recours pour excès de pouvoir avait la plupart du temps un effet purement platonique. 102 00:07:23,030 --> 00:07:30,711 On sanctionnait mais la sanction n'avait pas en réalité de conséquences concrètes 103 00:07:30,800 --> 00:07:34,488 pour le justiciable parce que le temps s'était écoulé 104 00:07:34,530 --> 00:07:38,177 depuis que la décision avait été prise. 105 00:07:38,170 --> 00:07:42,222 Et pendant tout ce temps, au nom du principe non suspensif des recours, 106 00:07:42,266 --> 00:07:46,844 eh bien l'acte administratif, pourtant entaché d'illégalité, s'était appliqué 107 00:07:48,088 --> 00:07:50,133 et avait produit ses effets irréversibles. 108 00:07:51,330 --> 00:07:54,844 C'est pourquoi en matière de contentieux administratif,  109 00:07:55,155 --> 00:08:00,930 la réforme du 30 juin 2000 qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2001 110 00:08:01,980 --> 00:08:05,066 est un moment majeur dans l'histoire du droit administratif  111 00:08:05,155 --> 00:08:06,800 et du contentieux administratif français. 112 00:08:07,020 --> 00:08:08,355 Je ne vais pas ici entrer dans les détails 113 00:08:08,444 --> 00:08:11,466 parce que ce n'est pas l'objet d'un cours  de droit administratif de deuxième année, 114 00:08:11,670 --> 00:08:13,111 mais un cours de contentieux administratif, 115 00:08:13,111 --> 00:08:17,822 mais je suis obligé tout de même de vous indiquer qu'il y a un avant et un après 116 00:08:17,950 --> 00:08:23,066 parce que cette loi a doté le juge administratif de procédures d'urgence 117 00:08:23,111 --> 00:08:24,400 qu'on appelle des référés,  118 00:08:24,800 --> 00:08:28,177 qui permettent au juge administratif de statuer vite. 119 00:08:29,040 --> 00:08:31,333 Or parmi ces procédures,  120 00:08:31,688 --> 00:08:37,155 nous avons celle de l'article L 521-1 du Code de justice administrative, 121 00:08:37,466 --> 00:08:41,555 qui porte le nom habituel de référé suspension. 122 00:08:42,320 --> 00:08:46,888 Quand une décision administrative fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, 123 00:08:46,888 --> 00:08:47,688 je cite l'article, 124 00:08:48,040 --> 00:08:51,866 "le juge des référés saisi d'une demande en ce sens peut ordonner 125 00:08:51,910 --> 00:08:56,133 la suspension de l'exécution de cette décision ou de certains de ses effets 126 00:08:56,170 --> 00:09:01,022 lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre 127 00:09:01,022 --> 00:09:05,333 à créer en l'état de l'instruction un doute sérieux quant à la légalité de la décision". 128 00:09:05,340 --> 00:09:08,533 Donc ça y est, depuis 2001,  129 00:09:08,710 --> 00:09:12,500 nous avons en droit administratif français une procédure 130 00:09:12,600 --> 00:09:18,425 qui peut aboutir à la suspension provisoire d'un acte administratif 131 00:09:18,575 --> 00:09:20,570 attaqué par la voie du recours pour excès de pouvoir,  132 00:09:20,710 --> 00:09:28,666 et donc jusqu'à ce que le juge du fond statue et se prononce sur la légalité de l'acte attaqué, 133 00:09:29,020 --> 00:09:30,177 il n'en demeure pas moins 134 00:09:30,177 --> 00:09:36,044 que les justiciables peuvent obtenir la suspension provisoire de cet acte. 135 00:09:36,040 --> 00:09:42,577 Et donc cela permet ainsi de paralyser les effets de l'acte jusqu'à ce que six mois, 136 00:09:42,711 --> 00:09:46,000 un an, deux ans plus tard, tout dépend de l'encombrement de la justice,  137 00:09:46,088 --> 00:09:50,666 jusqu'à ce que le juge administratif du fond se soit prononcé. 138 00:09:52,133 --> 00:09:56,730 Alors le référé suspension, c'est d'abord une procédure d'urgence 139 00:09:56,844 --> 00:10:00,355 avec tous les avantages que cela possède. 140 00:10:00,666 --> 00:10:03,060 Le juge unique, oralité des débats, 141 00:10:03,155 --> 00:10:08,088 contradictoire allégé, dispense de conclusions du rapporteur public, etc., etc. 142 00:10:09,420 --> 00:10:19,422 Surtout, il s'agit d'un recours où l'on demande à un juge du référé donc à un juge de l'urgence, 143 00:10:19,600 --> 00:10:23,644 statuant à l'évidence non pas de se prononcer sur le fond de l'acte attaqué,  144 00:10:23,680 --> 00:10:27,644 mais simplement d'en ordonner sa suspension provisoire. 145 00:10:27,680 --> 00:10:30,266 Simplement, comme je viens de vous le lire,  146 00:10:31,640 --> 00:10:32,622 comme vous venez de l'entendre 147 00:10:32,622 --> 00:10:37,644 à la lecture de l'article L 521-1 du Code de justice administrative,  148 00:10:37,760 --> 00:10:41,066 notre référé suspension n'est évidemment pas de droit. 149 00:10:42,044 --> 00:10:43,940 Et évidemment, il n'est pas automatique. 150 00:10:44,150 --> 00:10:46,444 C'est un recours qui est subordonné à certaines conditions. 151 00:10:47,030 --> 00:10:49,644 Vous avez d'abord des conditions de recevabilité. 152 00:10:50,030 --> 00:10:52,977 À la différence d'autres procédures de référé, 153 00:10:53,244 --> 00:10:59,733 il est nécessairement subordonné à l'exercice d'un recours en annulation au fond 154 00:10:59,866 --> 00:11:03,866 donc le référé suspension est une requête certes distincte, 155 00:11:04,044 --> 00:11:08,088 mais accessoire à un recours principal. 156 00:11:09,560 --> 00:11:14,044 Par ailleurs, le référé suspension n'est recevable que là 157 00:11:14,044 --> 00:11:17,644 où est en cause l'exécution d'un acte administratif. 158 00:11:17,990 --> 00:11:20,755 Autrement dit, si cet acte est déjà exécuté, 159 00:11:21,066 --> 00:11:26,400 eh bien le juge rejettera pour irrecevabilité la demande de suspension,  160 00:11:26,620 --> 00:11:33,955 de même qu'il prononcera un non-lieu à statuer si, en cours d'instruction, 161 00:11:34,480 --> 00:11:37,422 l'acte dont la suspension provisoire est demandée 162 00:11:37,422 --> 00:11:41,422 est finalement exécuté par l'administration. 163 00:11:41,680 --> 00:11:45,155 Mais ce qui singularise le référé suspension, 164 00:11:45,155 --> 00:11:48,666 ce sont surtout les conditions de fond auxquelles il est assujetti. 165 00:11:49,400 --> 00:11:53,644 Il faut d'abord que le requérant démontre une situation d'urgence. 166 00:11:54,590 --> 00:11:59,200 Il en va ainsi si l'exécution de l'acte entraîne sur la situation de l'administré 167 00:11:59,377 --> 00:12:02,088 ou de l'intérêt général des conséquences 168 00:12:02,177 --> 00:12:07,822 sur lesquelles il sera difficile de revenir lorsque sa légalité sera examinée 169 00:12:07,822 --> 00:12:09,066 par le juge administratif du fond. 170 00:12:09,740 --> 00:12:10,844 C'est en cela que l'on peut dire 171 00:12:10,844 --> 00:12:16,580 qu'il est urgent d'empêcher l'exécution immédiate de l'acte administratif. 172 00:12:17,640 --> 00:12:21,600 Et pour ce faire, le juge examinera l'urgence de manière objective et globale 173 00:12:21,955 --> 00:12:26,133 en mettant en balance l'intérêt privé à suspendre l'acte attaqué  174 00:12:26,488 --> 00:12:30,844 avec l'intérêt général s'attachant à l'exécution immédiate. 175 00:12:31,377 --> 00:12:36,666 Et à cette première condition de fond, s'en ajoute une seconde cumulative, 176 00:12:37,155 --> 00:12:42,755 il faut que le requérant fasse état d'un moyen propre à créer un doute sérieux 177 00:12:42,888 --> 00:12:45,155 quant à la légalité de la décision. 178 00:12:45,155 --> 00:12:49,111 Pas de raison de suspendre provisoirement un acte administratif 179 00:12:49,160 --> 00:12:53,244 qui en apparence a toutes les apparences de la légalité. 180 00:12:53,430 --> 00:12:56,088 Donc il faut qu'il y ait un soupçon d'illégalité, 181 00:12:56,177 --> 00:12:58,440 et il faut pouvoir démontrer au juge du référé, 182 00:12:58,570 --> 00:13:03,155 même si ce n'est pas un juge du fond et même s'il ne se prononcera pas sur le fond de la demande, 183 00:13:03,350 --> 00:13:08,222 il faut quand même lui montrer qu'il y a un doute, 184 00:13:08,222 --> 00:13:15,822 et comme le dit le texte, la loi, un doute sérieux sur la légalité de l'acte administratif. 185 00:13:15,820 --> 00:13:19,688 Autrement dit, il n'y a pas de raison de suspendre un acte s'il n'y a pas d'urgence 186 00:13:19,950 --> 00:13:22,355 et il n'y a pas de raison de suspendre un acte administratif  187 00:13:23,200 --> 00:13:25,200 attaqué par la voie de recours pour excès de pouvoir 188 00:13:25,333 --> 00:13:31,911 s'il n'y a en apparence aucune hésitation, aucun doute sur sa légalité. 189 00:13:34,120 --> 00:13:37,466 Donc vous le voyez, des conditions et  au premier rang desquelles figure le fait 190 00:13:37,511 --> 00:13:42,355 que c'est au requérant de demander la suspension provisoire de l'acte 191 00:13:42,400 --> 00:13:45,688 qu'il attaque parallèlement par la voie d'une requête en excès de pouvoir, 192 00:13:45,688 --> 00:13:49,422 mais il n'en demeure pas moins,  vous le savez, vous vous en doutez,  193 00:13:49,466 --> 00:13:54,755 que l'avènement du référé suspension a tout changé en droit administratif français. 194 00:13:54,980 --> 00:14:02,933 Avant, les effets irréversibles, irréparables d'un acte administratif s'appliquaient, 195 00:14:03,022 --> 00:14:04,266 on ne pouvait rien faire,  196 00:14:05,288 --> 00:14:09,422 et le recours pour excès de pouvoir  était un très bon recours en ce sens 197 00:14:09,420 --> 00:14:13,733 qu'il prononçait une condamnation contre un comportement irrégulier de l'administration, 198 00:14:13,822 --> 00:14:16,444 mais concrètement, quand le Conseil d'État statuait cinq ans,  199 00:14:16,440 --> 00:14:18,088 dix ans plus tard ce recours pour excès de pouvoir, 200 00:14:18,220 --> 00:14:19,777 il était évident qu’entre-temps,  201 00:14:19,777 --> 00:14:22,933 l'acte avait produit ses effets et comme il n'y avait pas de suspension provisoire,  202 00:14:23,377 --> 00:14:26,088 les situations étaient bien souvent dommageables. 203 00:14:26,300 --> 00:14:29,111 Désormais, quand on fait un  recours pour excès de pouvoir,  204 00:14:29,288 --> 00:14:33,688 à la condition que le requérant le demande,  et si jamais les conditions sont réunies, 205 00:14:33,822 --> 00:14:36,844 on peut obtenir la suspension provisoire de l'acte 206 00:14:36,977 --> 00:14:39,470 jusqu'à ce que le juge du fond statue. 207 00:14:39,720 --> 00:14:42,755 Et c'est évidemment un progrès considérable. 208 00:14:44,550 --> 00:14:47,975 Les progrès du contentieux de l'excès de pouvoir 209 00:14:48,025 --> 00:14:57,240 de l'office du juge administratif se mesurent également pendant l'examen du recours. 210 00:15:00,080 --> 00:15:04,044 L'une des évolutions effectivement significatives 211 00:15:04,177 --> 00:15:07,555 de l'office du juge de l'excès de pouvoir dans les dernières années, 212 00:15:07,911 --> 00:15:10,355 au tournant du 20e et du 21e siècle,  213 00:15:10,711 --> 00:15:15,555 c'est sa volonté d'échapper au caractère mécanique,  214 00:15:16,044 --> 00:15:20,000 au caractère automatique de l'annulation. 215 00:15:22,230 --> 00:15:32,800 En effet, il se peut fort bien que même si un acte administratif est entaché d'illégalité,  216 00:15:33,240 --> 00:15:35,688 il y ait parfois des annulations,  217 00:15:36,266 --> 00:15:40,177 c'est-à-dire je vous le rappelle, des  disparitions rétroactives de l'acte illégal, 218 00:15:40,488 --> 00:15:43,555 qui soient inutiles ou qui soient inopportunes,  219 00:15:44,355 --> 00:15:50,222 et donc il ne s'agit pas ici de vous dire que le juge pourrait faire une faveur à l'administration 220 00:15:50,400 --> 00:15:52,355 et ne pas annuler l'un de ces actes illégaux, 221 00:15:52,570 --> 00:15:56,355 mais il y a parfois des raisons objectives pour se demander 222 00:15:56,840 --> 00:16:04,177 si l'annulation est là, au fond, le remède adéquat à l'illégalité de l'acte. 223 00:16:04,220 --> 00:16:08,266 Et puis parfois, on peut très bien concevoir des annulations prématurées, 224 00:16:08,311 --> 00:16:12,577 des annulations inutiles, des illégalités qui n'ont pas d'importance. 225 00:16:12,620 --> 00:16:14,355 Bref, on peut imaginer, 226 00:16:14,350 --> 00:16:17,911 on peut concevoir que le caractère automatique, 227 00:16:17,910 --> 00:16:21,688 binaire de l'annulation du recours pour excès de pouvoir, 228 00:16:21,911 --> 00:16:25,955 l'acte est illégal, il est nul, il est annulé,  l'acte n'est pas illégal, il est maintenu. 229 00:16:26,260 --> 00:16:30,000 On peut imaginer qu'au fond,  entre ces deux solutions radicales,  230 00:16:30,355 --> 00:16:36,444 le juge puisse détenir au fond des outils un peu de souplesse, un peu d'adaptation. 231 00:16:37,200 --> 00:16:39,911 Et c'est pourquoi depuis quelques années,  232 00:16:40,977 --> 00:16:46,711 le juge administratif s'est doté de techniques qui sont doubles. 233 00:16:47,120 --> 00:16:53,620 Il y a des techniques de neutralisation et des techniques de correction. 234 00:16:54,760 --> 00:16:58,266 Au titre d'abord des techniques de neutralisation, 235 00:17:00,044 --> 00:17:05,422 lorsqu'une décision administrative comporte plusieurs motifs 236 00:17:06,400 --> 00:17:09,777 dont les uns sont légaux et les autres illégaux, 237 00:17:10,844 --> 00:17:14,844 eh bien le juge administratif accepte 238 00:17:15,288 --> 00:17:20,666 que les premiers motifs légaux neutralisent les motifs illégaux,  239 00:17:21,750 --> 00:17:23,555 à la condition bien sûr de s'assurer 240 00:17:23,777 --> 00:17:29,466 que l'administration aurait pris strictement la même décision 241 00:17:30,177 --> 00:17:35,111 si elle ne s'était fondée que sur les seuls motifs légaux. 242 00:17:37,090 --> 00:17:41,333 Mais vous voyez ici que la neutralisation de motifs se justifie. 243 00:17:43,288 --> 00:17:44,755 Il y a un motif illégal. 244 00:17:44,990 --> 00:17:48,250 Si pour cette seule raison, le juge annule l'acte, 245 00:17:48,670 --> 00:17:52,666 l'administration va reprendre le lendemain matin exactement le même acte,  246 00:17:52,844 --> 00:17:56,355 cette fois-ci en invoquant les motifs légaux qui étaient dans la décision précédente. 247 00:17:56,580 --> 00:17:59,650 Donc tout le monde perd du temps, l'administration comme le requérant 248 00:17:59,850 --> 00:18:02,577 puisque de toute façon, l'administration va immédiatement reprendre la décision 249 00:18:02,577 --> 00:18:04,844 en se fondant sur le bon motif. 250 00:18:05,090 --> 00:18:10,133 Donc autant ici éviter une annulation complètement inutile 251 00:18:10,310 --> 00:18:12,755 et donc décider que puisque dans la même décision, 252 00:18:12,844 --> 00:18:14,977 il y avait à la fois des motifs légaux et des motifs illégaux, 253 00:18:15,022 --> 00:18:18,533 eh bien les motifs légaux neutralisent les motifs illégaux. 254 00:18:19,780 --> 00:18:27,022 Autre exemple de cuisine interne, de technique que le juge possède dans sa boîte à outils, 255 00:18:27,111 --> 00:18:29,422 c'est la technique du moyen inopérant. 256 00:18:30,040 --> 00:18:33,466 En contentieux administratif, on dit d'un moyen qu'il est inopérant 257 00:18:33,610 --> 00:18:37,022 lorsqu'il est sans influence sur la solution du litige 258 00:18:37,150 --> 00:18:42,133 et donc en matière d'excès de  pouvoir, est inopérant l'argument 259 00:18:42,177 --> 00:18:45,955 qui est sans portée sur la légalité de l'acte attaqué. 260 00:18:46,570 --> 00:18:49,155 Or en matière de contentieux de l'excès de pouvoir,  261 00:18:49,377 --> 00:18:52,000 le juge administratif décide que des moyens de légalité, 262 00:18:52,266 --> 00:18:57,022 quand bien même ils sont recevables et fondés, ne sont pas pour autant opérants. 263 00:18:57,422 --> 00:19:00,622 Et cette jurisprudence qui peut vous apparaître très constructive 264 00:19:01,030 --> 00:19:03,511 s'applique dans une hypothèse bien particulière,  265 00:19:03,955 --> 00:19:08,133 celle où la décision attaquée a été prise par l'administration 266 00:19:08,133 --> 00:19:11,777 placée par les textes en situation de compétence totalement libre,  267 00:19:11,822 --> 00:19:13,644 c'est-à-dire, je vous le répète,  268 00:19:13,644 --> 00:19:18,266 lorsque l'administration est tenue de prendre des décisions dans un sens déterminé 269 00:19:18,400 --> 00:19:22,577 sans pouvoir apporter la moindre appréciation sur les faits de l'espèce. 270 00:19:22,730 --> 00:19:26,888 Et donc ici, le juge estime que l'acte en cause est de ceux qui doivent être pris. 271 00:19:27,111 --> 00:19:32,844 Donc si le juge l'annule, de toute façon,  il est de ces actes qui doivent être pris. 272 00:19:32,844 --> 00:19:36,488 Donc l'administration reprendra exactement le même le lendemain matin 273 00:19:36,622 --> 00:19:39,377 puisqu'elle est en situation de compétence totalement liée. 274 00:19:39,470 --> 00:19:44,977 Donc ici, le Conseil d'État va estimer que les moyens de légalité sont inopérants 275 00:19:44,977 --> 00:19:47,333 puisque de toute façon, l'administration n'a pas le choix, 276 00:19:47,422 --> 00:19:52,266 elle doit prendre la décision dans un sens déterminé. 277 00:19:53,800 --> 00:19:56,888 Autre technique de neutralisation,  278 00:19:57,333 --> 00:20:01,911 c'est tout simplement la neutralisation par l'interprétation. 279 00:20:02,110 --> 00:20:05,200 Autrement dit, afin d'éviter l'annulation inutile,  280 00:20:05,200 --> 00:20:10,711 le juge va neutraliser l'illégalité potentielle des dispositions d'un acte réglementaire,  281 00:20:10,840 --> 00:20:17,022 en les regardant en les lisant de manière telle qu'elles ne paraissent pas incompatibles 282 00:20:17,022 --> 00:20:20,222 avec le droit en vigueur applicable, 283 00:20:20,222 --> 00:20:26,044 au besoin en assortissant l'interprétation neutralisante de réserves d'interprétation. 284 00:20:26,533 --> 00:20:30,177 Et puis on peut également citer une autre technique de neutralisation 285 00:20:30,330 --> 00:20:34,000 qui ne s'applique qu'en matière de contentieux des autorisations d'urbanisme 286 00:20:34,133 --> 00:20:36,711 et qui a été introduite en 2013,  287 00:20:37,022 --> 00:20:40,577 aujourd'hui codifiée dans un article R 600-4 du Code de l'urbanisme 288 00:20:41,155 --> 00:20:47,377 et qui consiste à limiter les moyens invocables  à l'appui d'un recours pour excès de pouvoir 289 00:20:48,840 --> 00:20:52,577 et donc cela va consister pour les requérants à demander au juge 290 00:20:52,930 --> 00:20:55,377 de fixer une date au-delà de laquelle 291 00:20:55,644 --> 00:20:58,222 des nouveaux moyens ne peuvent pas être soulevés. 292 00:20:58,311 --> 00:21:02,311 Le débat contentieux va ainsi être cristallisé à une époque précise,  293 00:21:02,577 --> 00:21:08,044 évitant que les parties soulèvent à n'en plus finir de nouveaux moyens d'illégalité. 294 00:21:08,650 --> 00:21:12,577 À côté de ces techniques de neutralisation, le juge peut aller encore plus loin 295 00:21:12,800 --> 00:21:18,577 et cette fois-ci, mettre en œuvre des techniques de correction même de la légalité. 296 00:21:18,640 --> 00:21:23,466 Alors il ne s'agit pas ici de permettre au juge de sauver l'administration,  297 00:21:23,644 --> 00:21:31,200 de corriger son acte en effaçant et en substituant des dispositions légales. 298 00:21:31,600 --> 00:21:37,688 Mais une fois encore, ce pouvoir de correction n'est pas sans légitimité. 299 00:21:37,910 --> 00:21:41,155 Alors nous avons ici des bons exemples 300 00:21:41,150 --> 00:21:46,444 parce que dans un arrêt du Conseil d'État de section du 3 décembre 2003, un arrêt El Bahi,  301 00:21:47,820 --> 00:21:52,133 le Conseil d'État reconnaît le pouvoir, 302 00:21:52,311 --> 00:21:55,022 si l'administration lui en fait la demande, ou même d'office, 303 00:21:55,022 --> 00:21:57,770 mais sous réserve de recueillir des observations préalables des parties, 304 00:21:58,220 --> 00:22:03,822 de substituer un fondement légal au fondement illégal 305 00:22:03,955 --> 00:22:09,244 sur lequel s'était initialement fondée l'administration. 306 00:22:09,288 --> 00:22:14,133 Donc le juge va faire ce qu'on appelle une substitution de base légale. 307 00:22:14,310 --> 00:22:21,625 Il va substituer la base correcte à la base incorrecte 308 00:22:21,750 --> 00:22:24,440 sur laquelle l'administration s'était prononcée. 309 00:22:24,960 --> 00:22:27,422 Cette technique est toutefois interdite  310 00:22:27,466 --> 00:22:31,377 si le texte initial prévoit des garanties particulières de forme ou de procédure 311 00:22:31,555 --> 00:22:33,466 que le texte qui le remplace ne prévoit pas. 312 00:22:35,650 --> 00:22:39,066 Dans une autre jurisprudence 313 00:22:39,111 --> 00:22:44,400 qui est la jurisprudence du Conseil d'État de section du 6 février 2004, un arrêt Hallal, 314 00:22:44,666 --> 00:22:47,688 le Conseil d'État a également doté le juge administratif 315 00:22:47,733 --> 00:22:50,444 d'un pouvoir de substitution de motif. 316 00:22:50,530 --> 00:22:53,733 Cette fois-ci, ce n'est pas la base légale, le motif, 317 00:22:54,400 --> 00:22:57,822 la base légale sur laquelle s'était fondée l'administration 318 00:22:57,910 --> 00:23:04,925 qui va être au fond corrigé par le juge, c'est le motif sur lequel s'est fondé le juge. 319 00:23:05,155 --> 00:23:08,800 Cela existait déjà lorsque l'administration  était en situation de compétence liée, 320 00:23:08,800 --> 00:23:15,022 mais l'arrêt Hallal étend ce pouvoir de substitution de motif dans l'hypothèse 321 00:23:15,066 --> 00:23:19,244 où l'administration est en situation de pouvoir discrétionnaire. 322 00:23:19,244 --> 00:23:20,800 Donc dans un tel cas, 323 00:23:23,510 --> 00:23:26,533 cette technique permet à l'auteur de l'acte attaqué 324 00:23:27,333 --> 00:23:31,333 de proposer en cours d'instance un nouveau motif de droit ou de fait 325 00:23:31,822 --> 00:23:35,955 et le juge pourra accéder à la demande de l'administration sous réserve de conditions. 326 00:23:36,330 --> 00:23:40,222 Il faut évidemment que l'administré requérant soit mis à même de présenter des observations 327 00:23:40,310 --> 00:23:44,488 sur cette substitution envisagée et il faut bien évidemment que le motif, 328 00:23:44,711 --> 00:23:49,244 que le nouveau motif soit de nature à justifier la décision attaquée. 329 00:23:49,400 --> 00:23:53,244 Et puis il faut vérifier que l'administration aurait bien pris la même décision 330 00:23:53,377 --> 00:23:57,644 si elle avait depuis l'origine retenu ce nouveau motif. 331 00:23:57,733 --> 00:24:01,111 Et il faut enfin que le nouveau motif ne soit pas accompagné 332 00:24:01,460 --> 00:24:03,822 de garanties procédurales particulières, 333 00:24:04,000 --> 00:24:07,733 sinon, la substitution de motif en cours d'instance priverait l'administré 334 00:24:07,955 --> 00:24:10,311 du bénéfice d'une garantie. 335 00:24:10,480 --> 00:24:13,733 Mais donc vous le voyez, technique de la substitution de base légale,  336 00:24:13,733 --> 00:24:16,440 technique de la substitution de motif, 337 00:24:17,155 --> 00:24:18,577 ce sont évidemment des hypothèses 338 00:24:18,622 --> 00:24:23,244 où le juge va permettre au fond une session de rattrapage à l'administration, 339 00:24:23,420 --> 00:24:29,800 mais c'est toujours parce que ce n'est que dans l'hypothèse où on s'apercevrait  340 00:24:29,800 --> 00:24:34,133 que l'annulation serait inutile parce que le même acte serait repris le lendemain 341 00:24:34,130 --> 00:24:38,177 et donc pour éviter une annulation inutile,  342 00:24:38,260 --> 00:24:42,844 le juge se propose lui-même en cours d'instance d'opérer une substitution 343 00:24:42,977 --> 00:24:47,288 soit de base légale soit une substitution de motif.