1 00:00:06,680 --> 00:00:13,000 Toujours au titre des garanties  offertes aux administrés 2 00:00:13,310 --> 00:00:16,200 après celle d'avoir des informations,  3 00:00:16,200 --> 00:00:20,400 je voudrais maintenant étudier ces autres garanties 4 00:00:20,400 --> 00:00:24,500 que je résumerais autour de l'idée "voir sa demande traitée". 5 00:00:26,860 --> 00:00:33,200 En effet, la procédure administrative non contentieuse a organisé 6 00:00:34,700 --> 00:00:39,650 le fait que nombre de décisions administratives sont prises sur demande 7 00:00:40,300 --> 00:00:48,000 et pour ces demandes adressées par les administrés à l'administration, 8 00:00:48,450 --> 00:00:54,300 le droit français a décidé de prévoir un certain nombre de garanties. 9 00:00:56,300 --> 00:01:02,300 S'agissant d'abord de la réception des demandes, il y a deux obligations. 10 00:01:03,350 --> 00:01:09,900 La première impose à l'administration d'accuser réception des demandes adressées. 11 00:01:10,970 --> 00:01:16,450 À défaut, les délais de recours ne seront pas opposables à l'auteur de la demande. 12 00:01:18,290 --> 00:01:22,500 Une seconde obligation porte sur la diligence dont l'administration doit faire preuve. 13 00:01:23,510 --> 00:01:26,250 D'une part elle est tenue de demander à l'administré  14 00:01:26,750 --> 00:01:28,977 les pièces complémentaires ou manquantes 15 00:01:29,511 --> 00:01:35,000 de nature à permettre la régularisation des demandes irrégulières ou incomplètes 16 00:01:36,155 --> 00:01:41,800 et d'autre part, surtout, le législateur impose à l'autorité administrative incompétente 17 00:01:42,500 --> 00:01:48,800 et donc saisie par erreur de transmettre elle-même la demande mal orientée 18 00:01:49,050 --> 00:01:52,250 vers l'autorité compétente pour la traiter, 19 00:01:53,000 --> 00:01:58,500 et d'ailleurs d'en aviser l'administré qui donc n'a pas à faire cette démarche lui-même,  20 00:01:58,900 --> 00:02:03,850 article L 114-2 du Code des relations entre le public et l'administration. 21 00:02:05,120 --> 00:02:11,950 S'agissant maintenant du traitement des demandes, il y a là aussi deux obligations. 22 00:02:12,740 --> 00:02:14,700 La première obligation réside, je dirais,  23 00:02:14,700 --> 00:02:19,190 dans ce qu'on appelle la règle de l'examen particulier des circonstances. 24 00:02:20,360 --> 00:02:24,550 Cette règle procédurale, qui donc est sanctionnée au titre d'un vice de procédure, 25 00:02:24,950 --> 00:02:30,800 signifie que l'administration est tenue de procéder à un examen effectif, 26 00:02:31,350 --> 00:02:34,400 complet et circonstancié des éléments,  27 00:02:34,800 --> 00:02:37,950 compte tenu des données propres à chaque affaire 28 00:02:38,400 --> 00:02:42,600 sur laquelle elle est appelée à prendre une décision. 29 00:02:44,950 --> 00:02:47,400 S'agissant du traitement des demandes,  30 00:02:47,800 --> 00:02:52,850 seconde obligation qui consiste à traiter la demande de manière impartiale. 31 00:02:53,470 --> 00:02:55,800 Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, 32 00:02:56,100 --> 00:02:58,810 l'impartialité n'est pas simplement une qualité requise du juge. 33 00:02:59,890 --> 00:03:04,400 L'administration également doit être impartiale dans le traitement des demandes. 34 00:03:05,050 --> 00:03:11,450 Et aujourd'hui, l'article L 100-2 du CRPA énonce officiellement 35 00:03:11,650 --> 00:03:15,250 cette obligation d'impartialité de l'administration. 36 00:03:16,510 --> 00:03:19,300 Juridiquement, cette obligation d'impartialité signifie 37 00:03:19,300 --> 00:03:22,850 qu'une autorité administrative doit s'abstenir de prendre une décision 38 00:03:22,850 --> 00:03:26,900 lorsqu'elle a un intérêt personnel à l'affaire qui en est l'objet. 39 00:03:28,080 --> 00:03:29,850 Si c'est une autorité individuelle,  40 00:03:29,850 --> 00:03:36,100 elle doit se décharger du traitement du dossier au profit d'une autre autorité,  41 00:03:37,250 --> 00:03:43,250 si c'est une autorité collégiale, la personne concernée doit se déporter, 42 00:03:43,250 --> 00:03:45,800 cela veut dire renoncer à siéger,  43 00:03:46,900 --> 00:03:51,200 en pratique, quitter la salle où se tient la délibération. 44 00:03:52,450 --> 00:03:57,800 Pour déterminer si une autorité administrative a un intérêt personnel 45 00:03:57,880 --> 00:04:00,550 avec l'administré dont elle traite la demande,  46 00:04:01,000 --> 00:04:08,500 le juge va prendre en compte différents éléments : la nature, le contexte, la proximité, 47 00:04:08,900 --> 00:04:13,900 la fréquence et l'ancienneté des liens entretenus 48 00:04:14,200 --> 00:04:17,950 entre l'administré et l'administration. 49 00:04:18,750 --> 00:04:25,700 Donc ce ne sont pas en soi des liens objectifs,  des liens familiaux et professionnels, 50 00:04:26,000 --> 00:04:35,800 qui sont en soi suspects, mais ce qui suppose,  ce qui provoque un problème de partialité, 51 00:04:36,700 --> 00:04:41,800 c'est le fait que des liens soient tels qu'ils puissent être de nature 52 00:04:41,850 --> 00:04:46,250 à influencer la décision prise par l'autorité administrative. 53 00:04:46,450 --> 00:04:49,800 Mais donc par exemple pour ne prendre qu'un seul exemple,  54 00:04:49,800 --> 00:04:55,050 un arrêt du Conseil d'État de section du 18 juillet 2008, un arrêt Baysse,  55 00:04:55,930 --> 00:05:02,750 il n'y a pas de méconnaissance de l'impartialité dans le fait pour le membre d'un jury d'examen 56 00:05:03,550 --> 00:05:07,900 de simplement connaître un candidat. 57 00:05:08,790 --> 00:05:10,750 Donc il faut vraiment faire attention à cela. 58 00:05:10,940 --> 00:05:17,200 C'est la nature, l'intensité, la densité, la proximité, la fréquence, 59 00:05:17,200 --> 00:05:20,850 l'ancienneté des liens entretenus qui peuvent faire naître un doute 60 00:05:21,100 --> 00:05:24,550 sur l'impartialité de l'autorité administrative. 61 00:05:25,950 --> 00:05:31,550 Donc réception des demandes, traitement des demandes et enfin réponse aux demandes. 62 00:05:32,810 --> 00:05:36,350 Et là, ici, eh bien il faut mentionner une limite, 63 00:05:37,250 --> 00:05:43,450 car si les progrès de la démocratie administrative imposent à l'administration 64 00:05:43,750 --> 00:05:47,133 de recevoir et de traiter les demandes, 65 00:05:47,555 --> 00:05:51,850 il n'existe évidemment pour l'administré aucun droit d'obtenir une réponse. 66 00:05:54,950 --> 00:05:57,150 En effet, deux cas de figure se présentent. 67 00:05:57,830 --> 00:06:00,800 Première hypothèse, de sa propre initiative,  68 00:06:01,600 --> 00:06:06,650 l'administration décide de répondre à la demande posée par l'administré. 69 00:06:07,730 --> 00:06:12,550 Dans ce cas, elle rend une décision administrative qu'il est d'usage de qualifier 70 00:06:12,800 --> 00:06:18,450 de décision expresse ou explicite, elle répond à la demande. 71 00:06:20,410 --> 00:06:22,950 Soit pour de multiples raisons,  72 00:06:23,700 --> 00:06:28,250 volonté de ne pas répondre, inertie,  négligence, bref deuxième hypothèse,  73 00:06:28,400 --> 00:06:32,950 l'administration n'apporte pas de réponse à la demande de l'administré, 74 00:06:34,250 --> 00:06:39,650 autrement dit, l'administration garde le silence sur la demande. 75 00:06:42,280 --> 00:06:45,755 Évidemment, la question du silence gardé par l'administration soulève 76 00:06:45,866 --> 00:06:47,230 une très grande difficulté. 77 00:06:48,580 --> 00:06:51,250 Le silence, d'abord d'un point de vue de sociologie, 78 00:06:51,250 --> 00:06:55,750 encourage l'inertie bureaucratique, le mauvais vouloir de l'administration, 79 00:06:56,470 --> 00:07:03,050 mais surtout, ce silence porte atteinte à un droit fondamental de l'administré,  80 00:07:03,100 --> 00:07:04,050 c'est le droit au recours. 81 00:07:04,690 --> 00:07:09,650 Parce que si vous voulez contester une décision de l'administration devant un juge notamment, 82 00:07:10,000 --> 00:07:12,750 il faut pouvoir apporter la décision contestée 83 00:07:14,230 --> 00:07:20,600 et pouvoir apporter comme pièce à votre recours la décision critiquée 84 00:07:21,510 --> 00:07:24,200 pour que le juge puisse effectivement constater qu'il y a des illégalités. 85 00:07:24,200 --> 00:07:27,800 Or si l'administration ne répond pas, pas de réponse, pas de décision,  86 00:07:27,900 --> 00:07:31,500 pas décision, pas de recours possible pour le destinataire. 87 00:07:32,400 --> 00:07:35,950 Alors c'est là évidemment où le juge,  ou le droit français plutôt, pas le juge,  88 00:07:35,950 --> 00:07:41,750 mais le droit français a été habile et a été pionnier en la matière 89 00:07:42,450 --> 00:07:48,950 parce qu'il va très tôt contourner cette manœuvre de l'administration qui se dit, 90 00:07:49,350 --> 00:07:54,550 "si je ne réponds pas, il ne naît aucune décision donc il ne naît aucune décision 91 00:07:54,550 --> 00:07:56,600 que le destinataire pourrait  attaquer et critiquer". 92 00:07:59,360 --> 00:08:04,200 C'est très habile puisque cela remonte à un décret du 2 novembre 1864 93 00:08:04,850 --> 00:08:09,200 confirmé et élargi par une loi du 17 juillet 1900,  94 00:08:09,950 --> 00:08:16,600 et qui aujourd'hui est codifié  à l'article L 231-1 du CRPA. 95 00:08:17,000 --> 00:08:25,500 Cette règle, c'est que le silence gardé pendant deux mois par l'administration vaut décision. 96 00:08:26,300 --> 00:08:30,950 Donc ainsi, le législateur français,  très tôt, vous l'avez vu, 1864, 97 00:08:31,500 --> 00:08:37,050 a imaginé comment contourner la manœuvre de l'administration qui se dit, 98 00:08:37,200 --> 00:08:40,950 "en ne répondant pas, je ne  décide rien donc je n'offre rien,  99 00:08:41,100 --> 00:08:43,850 je n'offre pas de matière à critique pour le destinataire". 100 00:08:44,780 --> 00:08:46,500 Le droit français a habilement prévu, 101 00:08:47,050 --> 00:08:49,700 il a d'ailleurs ensuite été copié dans de nombreux autres pays,  102 00:08:50,050 --> 00:08:53,700 que le silence gardé par l'administration vaut décision, 103 00:08:54,400 --> 00:08:58,400 et le silence gardé pendant deux mois à l'heure actuelle vaut décision. 104 00:08:59,200 --> 00:09:04,350 Pourtant, l'administration n'a pas répondu, mais à partir du jour de la demande adressée, 105 00:09:04,500 --> 00:09:07,150 de la réception de la demande,  court un délai de deux mois. 106 00:09:07,400 --> 00:09:10,400 Si au bout, au terme de ce délai de deux mois, l'administration n'a pas répondu, 107 00:09:10,600 --> 00:09:12,450 eh bien c'est comme si elle avait pris une décision. 108 00:09:15,000 --> 00:09:18,350 C'est une décision implicite, c'est ainsi qu'on l'appelle. 109 00:09:18,600 --> 00:09:21,000 Mais alors évidemment, reste un dernier problème. 110 00:09:21,390 --> 00:09:24,150 Quel sens attribuer à cette décision ? 111 00:09:24,660 --> 00:09:30,300 Autrement dit, le silence gardé pendant deux mois par l'administration vaut décision, 112 00:09:30,300 --> 00:09:31,250 mais quelle décision ? 113 00:09:31,650 --> 00:09:33,540 Décision positive ou décision négative ? 114 00:09:34,020 --> 00:09:37,050 Décision d'acceptation ou décision de refus ? 115 00:09:38,670 --> 00:09:41,000 Les deux systèmes ont leurs avantages et leurs inconvénients. 116 00:09:41,520 --> 00:09:47,250 Le mécanisme de la décision implicite d'acceptation permet aux administrés 117 00:09:47,250 --> 00:09:50,400 d'avoir très rapidement une décision positive 118 00:09:50,400 --> 00:09:53,450 et cela permet et cela évite à l'administration d'avoir à traiter des dossiers. 119 00:09:53,470 --> 00:09:59,000 Le silence gardé vaut oui à la demande adressée à l'administration. 120 00:09:59,430 --> 00:10:04,050 Mais évidemment, ce système a l'inconvénient de ne pas favoriser 121 00:10:04,750 --> 00:10:07,650 ou du moins de défavoriser la préservation de l'intérêt général 122 00:10:07,650 --> 00:10:08,800 par rapport aux intérêts privés. 123 00:10:09,600 --> 00:10:15,450 Inversement, la décision implicite de refus a ses avantages, au moins,  124 00:10:15,600 --> 00:10:18,500 le silence gardé vaut refus donc au moins,  125 00:10:18,500 --> 00:10:21,800 l'administration ne s'est pas engagée  sans le savoir sur quelque chose,   126 00:10:22,100 --> 00:10:27,300 mais inversement, le système n'est pas très favorable à l'administré. 127 00:10:27,650 --> 00:10:30,100 Alors ce qu'il faut savoir, c'est que pendant très longtemps,  128 00:10:30,690 --> 00:10:32,155 le principe était qu'en droit français, 129 00:10:32,155 --> 00:10:37,050 le silence gardé par l'administration valait décision implicite de rejet. 130 00:10:37,770 --> 00:10:45,550 Mais le droit français a décidé de changer totalement de position et revenant donc, 131 00:10:45,900 --> 00:10:48,350 même renversant un principe séculaire, 132 00:10:48,420 --> 00:10:51,900 l'article 1er de la loi du 12 novembre 2013,  133 00:10:52,050 --> 00:10:57,950 qui aujourd'hui est codifié à l'article L 231-1 du CRPA, énonce, je cite, 134 00:10:58,150 --> 00:11:01,550 "le silence gardé pendant deux mois par l'administration 135 00:11:01,750 --> 00:11:05,550 sur une demande vaut décision d'acceptation". 136 00:11:06,150 --> 00:11:09,100 Alors en réalité, il ne faut pas surestimer la révolution. 137 00:11:09,390 --> 00:11:14,050 La loi prévoit inévitablement de nombreux cas où par dérogation, 138 00:11:14,250 --> 00:11:19,700 le silence continue de valoir décision implicite de rejet. 139 00:11:19,750 --> 00:11:22,500 Et à ce jour, pour vous donner une idée,  140 00:11:22,500 --> 00:11:25,800 toutes ces exceptions ont donné lieu à l'édiction de 46 décrets, 141 00:11:27,130 --> 00:11:33,711 donc qui vous voyez, en réalité,  nuancent profondément la nouvelle règle 142 00:11:33,711 --> 00:11:39,950 selon laquelle le silence gardé vaut décision d'acceptation. 143 00:11:41,420 --> 00:11:47,000 Après avoir des informations,  après voir sa demande traitée, 144 00:11:47,690 --> 00:11:52,250 dernières obligations que l'on peut regrouper autour d'une idée,  145 00:11:52,700 --> 00:11:56,400 qui serait de celle de faire entendre sa voix. 146 00:11:57,770 --> 00:12:02,850 Il est effectivement essentiel dans un processus décisionnel 147 00:12:04,000 --> 00:12:06,850 auquel l'administré ne donne pas son consentement, 148 00:12:07,150 --> 00:12:09,000 puisque l'acte unilatéral n'est pas un contrat, 149 00:12:09,700 --> 00:12:14,250 il n'en demeure pas moins qu'il est essentiel dans un régime moderne d'état de droit,  150 00:12:14,400 --> 00:12:16,800 dans un mécanisme de démocratie administrative,  151 00:12:17,100 --> 00:12:21,650 de permettre à l'administré  de faire entendre sa voix. 152 00:12:22,700 --> 00:12:29,400 Faire entendre sa voix, cela peut en réalité prendre deux significations. 153 00:12:31,200 --> 00:12:34,950 Première signification, c'est permettre à l'administré de se défendre 154 00:12:35,950 --> 00:12:38,800 avant qu'une mesure négative ne soit prise à son égard. 155 00:12:40,590 --> 00:12:44,450 Faire entendre sa voix, cela veut dire de manière plus simple 156 00:12:45,350 --> 00:12:52,550 permettre à un administré d'exprimer son avis,  son point de vue sur un projet de décision. 157 00:12:53,100 --> 00:12:55,750 Donc première hypothèse, se défendre. 158 00:12:57,000 --> 00:13:03,100 Et c'est ici que nous retombons sur une règle fondamentale, ancienne, 159 00:13:03,450 --> 00:13:06,950 connue d'ailleurs sous le nom de respect des droits de la Défense 160 00:13:07,200 --> 00:13:15,450 et qui a été imposée par le droit français très tôt par le juge administratif au titre d'un PGD, 161 00:13:15,550 --> 00:13:16,950 d'un principe général du droit, 162 00:13:17,150 --> 00:13:23,050 et vous reconnaissez ici le fameux arrêt du Conseil d'État d'Assemblée de 1946, 163 00:13:23,100 --> 00:13:25,500 le fameux arrêt Aramu. 164 00:13:26,450 --> 00:13:32,350 Que signifie cette règle du respect des droits de la défense 165 00:13:33,000 --> 00:13:38,400 ou même plus précisément ce respect d'une procédure contradictoire ? 166 00:13:40,690 --> 00:13:47,850 Elle signifie que l'administration est tenue d'organiser un débat contradictoire préalable 167 00:13:48,700 --> 00:13:53,000 afin de recueillir les observations de l'administré 168 00:13:53,600 --> 00:14:00,900 à l'encontre duquel va être prononcée une mesure prise en considération de sa personne 169 00:14:00,900 --> 00:14:01,933 ou de ses activités 170 00:14:02,422 --> 00:14:06,088 et qui va emporter pour lui des effets d'une certaine gravité, 171 00:14:07,200 --> 00:14:08,590 une sanction bien évidemment, 172 00:14:09,370 --> 00:14:15,950 mais tout simplement toute décision prise en considération de la personne de l'administré. 173 00:14:17,450 --> 00:14:22,800 Eh bien il faut, à l'administré, lui offrir la possibilité de pouvoir se défendre, 174 00:14:23,450 --> 00:14:27,600 c'est-à-dire de pouvoir faire valoir ses observations, 175 00:14:27,700 --> 00:14:34,400 son point de vue avant que cette décision défavorable ne soit prise à son égard. 176 00:14:34,420 --> 00:14:37,650 Alors comme je viens de vous le dire, c'est un principe général du droit. 177 00:14:37,900 --> 00:14:40,900 Autrement dit, il est applicable même en l'absence de texte,  178 00:14:41,450 --> 00:14:46,300 mais bien évidemment, les textes existent et certains sont célèbres. 179 00:14:47,080 --> 00:14:49,700 Le premier texte le plus célèbre,  180 00:14:49,700 --> 00:14:55,300 celui d'ailleurs qui a servi de matrice au principe général du droit, au PGD,  181 00:14:55,700 --> 00:15:00,200 c'est le fameux article 65 de la loi du 22 avril 1905 182 00:15:00,200 --> 00:15:04,000 dont nous avions déjà parlé à propos de la fameuse affaire Heyriès, 183 00:15:05,200 --> 00:15:10,350 article qui reconnaît à tout agent public le droit à la communication personnelle 184 00:15:10,350 --> 00:15:17,200 et confidentielle de son dossier avant le prononcé de toute mesure défavorable 185 00:15:17,350 --> 00:15:20,700 prise en considération de sa personne et notamment 186 00:15:20,750 --> 00:15:23,400 avant toute mesure de sanction disciplinaire. 187 00:15:24,310 --> 00:15:30,300 Le second texte, la seconde disposition textuelle dont ici on peut parler, 188 00:15:30,300 --> 00:15:35,800 ce sont évidemment les articles L 120-1 à L 122-2 du CRPA  189 00:15:36,450 --> 00:15:42,600 qui reprennent les dispositions du décret de 1983 et de la loi du 12 avril 2000. 190 00:15:43,780 --> 00:15:52,100 Là aussi, ces dispositions organisent l'obligation d'une procédure contradictoire 191 00:15:52,400 --> 00:15:57,750 pour toutes les décisions qui sont soumises à une obligation de motivation. 192 00:15:58,130 --> 00:16:06,160 Donc là, je vous renvoie à l'article du CRPA qui fixe la liste des décisions 193 00:16:06,300 --> 00:16:07,450 qui sont obligatoirement motivées. 194 00:16:07,450 --> 00:16:13,100 Eh bien le CRPA nous dit que pour toutes les décisions qui sont obligatoirement motivées, 195 00:16:13,200 --> 00:16:18,050 il y a également obligatoirement le respect d'une procédure contradictoire préalable. 196 00:16:19,350 --> 00:16:22,900 Alors bien évidemment, la question qui se pose est de savoir 197 00:16:22,900 --> 00:16:28,700 quel est concrètement le contenu de cette obligation de respect des droits de la défense 198 00:16:28,800 --> 00:16:30,200 et de procédure contradictoire. 199 00:16:30,700 --> 00:16:34,600 Alors là, ce qu'il faut savoir, c'est qu'évidemment, tout dépend des textes. 200 00:16:35,800 --> 00:16:38,650 Dans certains textes, la procédure est extrêmement raffinée ;  201 00:16:39,800 --> 00:16:42,350 obligation d'informer les administrés de leurs droits,  202 00:16:43,050 --> 00:16:45,500 communication utile et complète du dossier,  203 00:16:46,400 --> 00:16:49,200 délai suffisant pour pouvoir assurer sa défense,  204 00:16:50,050 --> 00:16:51,950 droit de présenter des observations écrites,  205 00:16:52,600 --> 00:16:57,650 droit de présenter des observations orales donc possibilité d'une audience orale 206 00:16:58,100 --> 00:17:01,550 et même possibilité de se faire assister par un conseil de son choix 207 00:17:01,550 --> 00:17:02,550 et notamment par un avocat. 208 00:17:04,750 --> 00:17:07,100 Dans d'autres hypothèses de textes,  209 00:17:07,500 --> 00:17:08,750 et c'est notamment le cas 210 00:17:09,000 --> 00:17:12,500 pour le texte du Code des relations entre le public et l'administration, 211 00:17:12,850 --> 00:17:14,920 les règles sont beaucoup plus sommaires. 212 00:17:15,800 --> 00:17:17,700 Les règles sont beaucoup plus sommaires,  213 00:17:18,250 --> 00:17:23,150 lorsqu'on lit l'article L 122-1 du Code des relations entre le public et l'administration, 214 00:17:23,150 --> 00:17:31,000 je cite, il est dit que "la personne intéressée doit avoir été mise à même de présenter 215 00:17:31,000 --> 00:17:35,900 des observations écrites de sorte qu'une audience orale,  216 00:17:36,100 --> 00:17:38,760 une audition n'est pas obligatoire". 217 00:17:40,650 --> 00:17:44,350 Enfin, faire entendre sa voix,  218 00:17:44,500 --> 00:17:49,150 cela signifie également exprimer son point de vue 219 00:17:49,350 --> 00:17:55,650 à l'occasion d'un processus décisionnel de l'administration. 220 00:17:57,070 --> 00:18:01,600 Ici, il ne s'agit donc plus d'évoquer une procédure contradictoire, 221 00:18:01,840 --> 00:18:08,150 mais une procédure participative, et bien évidemment, la participation, c'est à la mode. 222 00:18:08,150 --> 00:18:12,250 Alors la participation est prévue par de très nombreux textes. 223 00:18:12,250 --> 00:18:16,300 Il m'est ici impossible de rentrer dans le détail,  224 00:18:16,300 --> 00:18:19,600 notamment en matière d'enquête publique,  en matière d'urbanisme et d'environnement,  225 00:18:19,600 --> 00:18:23,350 de nombreuses procédures participatives sont organisées. 226 00:18:23,530 --> 00:18:28,550 Il existe également des procédures participatives en matière locale,  227 00:18:28,550 --> 00:18:34,000 tout simplement avec notamment la possibilité d'organiser des référendums locaux. 228 00:18:35,150 --> 00:18:41,500 Ce sont notamment les articles L 535-1  et suivants du Code des relations 229 00:18:41,500 --> 00:18:43,050 entre le public et l'administration. 230 00:18:43,900 --> 00:18:47,350 Je me contenterai ici simplement de quelques mots pour vous dire d'abord 231 00:18:47,400 --> 00:18:50,850 que ces procédures participatives sont évidemment de plus en plus à la mode, 232 00:18:50,900 --> 00:18:56,050 l'actualité avec le Grand débat suite au mouvement des Gilets jaunes en témoigne. 233 00:18:56,320 --> 00:18:59,450 Ensuite, je dirais que ces procédures participatives peuvent emprunter 234 00:18:59,500 --> 00:19:01,150 deux voies très différentes. 235 00:19:01,450 --> 00:19:06,350 La voie classique, c'est la voie formalisée, institutionnalisée : 236 00:19:06,400 --> 00:19:11,400 on s'en remet à une instance consultative qui va représenter 237 00:19:11,550 --> 00:19:20,450 différents acteurs du monde social,  associatif, économique ou professionnel  238 00:19:21,050 --> 00:19:25,200 et ces commissions consultatives vont rendre des rapports qui permettront 239 00:19:25,550 --> 00:19:30,850 d'éclairer l'administration qui va prendre la décision. 240 00:19:31,360 --> 00:19:37,350 Mais, et c'est ici l'un des apports du CRPA 241 00:19:37,350 --> 00:19:41,700 qui en réalité reprend l'initiative d'une loi du 17 mai 2011, 242 00:19:41,750 --> 00:19:44,450 c'est de créer des procédures de consultation ouvertes. 243 00:19:45,420 --> 00:19:46,750 Consultations ouvertes, ça veut dire deux choses, 244 00:19:46,750 --> 00:19:50,400 ça veut dire d'abord ouvertes à tous et cela veut dire surtout 245 00:19:50,630 --> 00:19:53,270 qu'ils vont utiliser la voie de l'Internet. 246 00:19:53,960 --> 00:19:58,750 On va donc permettre de recueillir la consultation, les points de vue, 247 00:19:58,750 --> 00:20:02,050 les avis de personnes extrêmement diverses 248 00:20:02,350 --> 00:20:09,000 qui ne vont pas passer par le truchement d'une instance représentative, 249 00:20:09,200 --> 00:20:11,650 mais qui vont pouvoir, sur un site Internet, 250 00:20:11,750 --> 00:20:19,050 pouvoir déposer leurs avis sur un processus de décision de l'administration 251 00:20:19,050 --> 00:20:20,550 et sur le sens d'une décision. 252 00:20:20,550 --> 00:20:22,500 Alors bien évidemment, vous vous en doutez, 253 00:20:22,750 --> 00:20:26,200 ce nouveau processus est très très à la mode,  254 00:20:26,350 --> 00:20:30,850 il n'est pas évidemment sans défauts parce qu'il mérite d'être organisé 255 00:20:30,850 --> 00:20:32,650 et il mérite d'être canalisé parce que sinon, 256 00:20:32,800 --> 00:20:38,400 il peut donner lieu à des points de vue et des avis extrêmement divergents, 257 00:20:38,400 --> 00:20:44,500 extrêmement variables, parfois impulsifs,  pas toujours raisonnés et au fond, 258 00:20:44,850 --> 00:20:48,700 cela n'éclairera pas peut-être énormément l'administration, 259 00:20:48,700 --> 00:20:52,150 l'autorité administrative sur la décision à prendre. 260 00:20:52,340 --> 00:20:58,750 Mais sachez évidemment que le CRPA encourage profondément ces nouvelles procédures 261 00:20:58,850 --> 00:21:01,800 dites "de consultation ouverte" 262 00:21:01,950 --> 00:21:06,500 qui vont utiliser évidemment les nouvelles technologies de l'information.