1 00:00:07,416 --> 00:00:09,510 Dans un paragraphe 2, nous allons maintenant aborder 2 00:00:09,868 --> 00:00:11,327 la compétence des tribunaux de commerce. 3 00:00:12,211 --> 00:00:14,160 Il y a deux types de compétences qui doivent être distinguées : 4 00:00:14,287 --> 00:00:17,576 la compétence matérielle d'une part, nous allons voir ça dans un A, 5 00:00:17,656 --> 00:00:21,101 et la compétence territoriale d'autre part, nous le voyons dans un B. 6 00:00:21,552 --> 00:00:23,410 A : la compétence matérielle. 7 00:00:24,320 --> 00:00:25,496 Qu'est-ce que c'est, la compétence matérielle ? 8 00:00:25,510 --> 00:00:27,360 C'est la compétence en fonction de la matière. 9 00:00:27,840 --> 00:00:28,663 On se pose la question : 10 00:00:28,908 --> 00:00:31,905 "Pour quels types de litiges le tribunal de commerce est-il compétent ?" 11 00:00:32,658 --> 00:00:35,298 Eh bien là, il va falloir distinguer, parce qu'il y a ce que prévoit la loi 12 00:00:35,670 --> 00:00:37,540 et ce qu'on a le droit de prévoir conventionnellement. 13 00:00:38,070 --> 00:00:40,860 Donc tout d'abord, dans un 1 : la compétence légale. 14 00:00:41,557 --> 00:00:44,140 Les tribunaux de commerce sont des juridictions d'exception. 15 00:00:44,760 --> 00:00:48,880 Cela veut dire qu'ils ne sont compétents que si un texte express le décide. 16 00:00:49,620 --> 00:00:51,872 Ils peuvent d'ailleurs soulever d'office leur incompétence 17 00:00:52,216 --> 00:00:53,774 sauf hypothèse d'actes mixtes, 18 00:00:53,807 --> 00:00:55,816 je vous préciserai par la suite ce que sont ces actes mixtes, 19 00:00:56,155 --> 00:00:59,370 ils peuvent donc relever leur incompétence à tout moment de la procédure. 20 00:00:59,896 --> 00:01:01,750 C'est à comparer avec le tribunal judiciaire, 21 00:01:01,844 --> 00:01:04,677 le tribunal judiciaire qui réunit depuis la loi du 23 mars 2019 22 00:01:04,912 --> 00:01:07,470 les anciens tribunaux de grande instance et les tribunaux d'instance. 23 00:01:07,811 --> 00:01:11,501 Donc le tribunal judiciaire, lui, c'est une juridiction de droit commun. 24 00:01:11,745 --> 00:01:14,767 Il est compétent pour tout ce qui ne relève pas d'une autre juridiction. 25 00:01:15,604 --> 00:01:17,195 De plus, s'il est saisi d'un litige commercial, 26 00:01:17,209 --> 00:01:22,301 il ne se déclarera incompétent que si une des parties soulève l'incompétence in limine litis, 27 00:01:22,329 --> 00:01:26,301 c'est-à-dire en tout début de procédure et avant toute défense au fond. 28 00:01:26,475 --> 00:01:29,087 Donc on voit, il y a vraiment une différence avec le tribunal de commerce. 29 00:01:29,590 --> 00:01:33,256 Le tribunal de commerce, lui, il statue en premier et dernier ressorts, 30 00:01:33,694 --> 00:01:35,265 c'est-à-dire en dernier ressort, 31 00:01:35,275 --> 00:01:39,150 ça veut dire qu'il ne peut pas y avoir appel mais seulement un pourvoi en cassation. 32 00:01:39,863 --> 00:01:45,656 Il statue donc en premier et dernier ressorts pour tous les litiges inférieurs à 5 000 euros. 33 00:01:45,960 --> 00:01:48,616 Voyez l'article R 721-6 du Code de commerce. 34 00:01:50,130 --> 00:01:53,760 La compétence matérielle du tribunal de commerce, 35 00:01:53,811 --> 00:01:57,435 elle est fixée par l'article L 721-3 du Code de commerce. 36 00:01:58,202 --> 00:02:00,164 Alors aujourd'hui, les choses sont assez stabilisées 37 00:02:00,188 --> 00:02:03,534 mais le texte prévoyant la compétence des tribunaux de commerce 38 00:02:03,967 --> 00:02:07,891 a été particulièrement malmené au cours des décennies précédentes. 39 00:02:08,898 --> 00:02:10,770 Pour la petite histoire, dans l'ancien Code de commerce, 40 00:02:11,105 --> 00:02:14,174 c'était l'article 631 qui prévoyait la compétence des tribunaux de commerce. 41 00:02:14,832 --> 00:02:19,950 Or ce texte a été abrogé par mégarde par une loi du 17 décembre 1991, 42 00:02:20,560 --> 00:02:25,477 et le législateur n'est intervenu que dix ans plus tard pour réparer cette bourde 43 00:02:25,830 --> 00:02:29,882 puisque c'est une loi NRE nouvelles régulations économiques du 15 mai 2001 44 00:02:30,381 --> 00:02:37,223 qui a réintroduit une disposition relative à la compétence des tribunaux de commerce. 45 00:02:37,298 --> 00:02:42,790 Alors c'était l'article L 411-4 du Code de l'organisation judiciaire. 46 00:02:43,425 --> 00:02:46,089 Donc là, cette fois-ci, on était passé, on était dans le Code de commerce 47 00:02:46,414 --> 00:02:49,072 puis finalement, la disposition du Code de commerce a été supprimée, 48 00:02:49,100 --> 00:02:52,536 on a réintroduit une disposition prévoyant la compétence des tribunaux de commerce 49 00:02:52,734 --> 00:02:54,912 mais dans le Code de l'organisation judiciaire. 50 00:02:55,160 --> 00:02:58,842 Et d'ailleurs à propos de cet article 411-4, L 411-4, 51 00:02:59,143 --> 00:03:01,830 le législateur lui a conféré un effet rétroactif. 52 00:03:02,098 --> 00:03:02,597 Pourquoi ? 53 00:03:02,903 --> 00:03:07,950 Parce que pendant les dix ans pendant lesquels il n'y avait plus de textes 54 00:03:08,305 --> 00:03:11,270 pour désigner la compétence des tribunaux de commerce, 55 00:03:11,529 --> 00:03:14,000 et bien les tribunaux de commerce n'étaient plus compétents. 56 00:03:14,090 --> 00:03:16,190 Je vous rappelle que c'est une juridiction d'exception 57 00:03:16,210 --> 00:03:19,435 donc elle n'est compétente que si un texte est dans la mesure où un texte le prévoit. 58 00:03:19,463 --> 00:03:20,724 Là, il n'y avait plus de texte qui le prévoyait. 59 00:03:20,997 --> 00:03:24,810 Donc en réalité, tous les litiges qui avaient eu lieu entre 91 et 2001, 60 00:03:25,400 --> 00:03:27,750 et qui avaient été portés devant le tribunal de commerce, 61 00:03:27,887 --> 00:03:31,256 avaient été portés devant une juridiction qui n'était pas compétente, 62 00:03:31,550 --> 00:03:34,268 ça aurait été dramatique de remettre en cause toutes les décisions rendues 63 00:03:34,282 --> 00:03:35,825 pendant dix ans par le tribunal de commerce, 64 00:03:36,122 --> 00:03:41,529 d'où la nécessité de conférer à cet article L 411-4 du Code de l'organisation judiciaire 65 00:03:41,552 --> 00:03:43,487 un effet rétroactif. 66 00:03:44,743 --> 00:03:48,197 Alors finalement, cet article, 67 00:03:48,489 --> 00:03:51,070 cette disposition relative à la compétence des tribunaux de commerce, 68 00:03:51,350 --> 00:03:55,425 elle a été réintégrée par une ordonnance du 8 juin 2006 dans le Code de commerce 69 00:03:55,505 --> 00:04:01,567 et elle figure maintenant à l'actuel article L 721-3 du Code de commerce, 70 00:04:01,680 --> 00:04:03,411 a priori aujourd'hui, tout est stabilisé. 71 00:04:04,120 --> 00:04:05,110 Alors que dit cet article ? 72 00:04:05,642 --> 00:04:06,258 Cet article, 73 00:04:06,272 --> 00:04:09,957 il vise trois hypothèses distinctes de compétence des tribunaux de commerce. 74 00:04:10,590 --> 00:04:12,338 La première hypothèse de compétence, 75 00:04:12,752 --> 00:04:17,684 c'est la compétence pour les contestations relatives aux engagements entre commerçants, 76 00:04:17,887 --> 00:04:20,305 entre établissements de crédit ou entre eux, 77 00:04:20,621 --> 00:04:22,536 c'est-à-dire entre commerçants et établissements de crédit. 78 00:04:22,776 --> 00:04:26,000 Je vous rappelle par ailleurs que d'ici au plus tard janvier 2022, 79 00:04:26,023 --> 00:04:28,810 les tribunaux de commerce seront également compétents pour les litiges 80 00:04:29,150 --> 00:04:30,395 à l'égard des artisans, 81 00:04:30,658 --> 00:04:33,630 des artisans entre eux ou les litiges entre artisans et commerçants, etc., etc.. 82 00:04:34,870 --> 00:04:39,435 Qu'en est-il si nous sommes en présence d'un litige entre un commerçant et un non-commerçant. 83 00:04:42,367 --> 00:04:45,063 Donc dans ce cas - là, ça veut dire qu'on est dans un contrat, 84 00:04:45,087 --> 00:04:46,820 généralement un contrat de consommation. 85 00:04:47,020 --> 00:04:48,225 Vous avez un non-professionnel 86 00:04:48,498 --> 00:04:55,388 ou peut-être un professionnel qui n'agit pas dans le cadre de son activité professionnelle 87 00:04:55,684 --> 00:05:01,807 et donc dans ce cas-là, on est en présence d'un acte qu'on pourrait appeler un acte mixte. 88 00:05:03,660 --> 00:05:07,962 Alors comment fait-on quand on est en présence de ce commerçant ? 89 00:05:08,270 --> 00:05:10,654 Pour vous rendre les choses un peu plus concrètes, 90 00:05:10,687 --> 00:05:14,865 imaginez que vous avez un particulier qui a acheté du matériel à un commerçant, 91 00:05:14,884 --> 00:05:16,094 un écran plat par exemple, 92 00:05:16,484 --> 00:05:20,207 ou alors imaginez un contrat conclu entre deux commerçants 93 00:05:20,498 --> 00:05:23,849 mais l'un des commerçants n'agit pas en tant que commerçant, 94 00:05:23,920 --> 00:05:27,609 c'est une hypothèse qui est expressément visée par l'article L 721-6 du Code de commerce. 95 00:05:27,882 --> 00:05:31,303 Par exemple, un commerçant achète des écrans plats à un autre commerçant, 96 00:05:31,552 --> 00:05:33,844 certains de ces écrans plats sont pour son usage personnel 97 00:05:34,174 --> 00:05:35,985 et d'autres sont pour son local commercial. 98 00:05:36,263 --> 00:05:39,435 Alors concernant les écrans achetés pour le local commercial, 99 00:05:39,557 --> 00:05:40,880 c'est bien un litige entre commerçants. 100 00:05:41,420 --> 00:05:45,769 On est bien dans la première hypothèse visée par l'article L 721-3 du Code de commerce. 101 00:05:46,075 --> 00:05:48,988 Pour les écrans plats achetés pour un usage personnel, 102 00:05:49,322 --> 00:05:52,348 c'est un litige entre un commerçant et un non-commerçant. 103 00:05:52,423 --> 00:05:53,750 Alors que fait-on dans ce cas-là ? 104 00:05:54,202 --> 00:05:57,510 La solution n'est pas posée par la loi mais par la jurisprudence, 105 00:05:58,061 --> 00:05:59,167 qui applique les règles suivantes. 106 00:06:00,080 --> 00:06:04,305 Le non-commerçant assigne devant les juridictions civiles 107 00:06:04,381 --> 00:06:06,070 ou les juridictions commerciales 108 00:06:06,277 --> 00:06:10,531 donc quand le non-commerçant est le demandeur, il dispose d'une option. 109 00:06:11,444 --> 00:06:14,357 En revanche, quand c'est le commerçant qui est le demandeur, 110 00:06:14,385 --> 00:06:19,369 quand c'est lui qui assigne, il ne peut assigner que devant les juridictions civiles. 111 00:06:19,600 --> 00:06:21,844 Là, il n'y a pas d'option possible. 112 00:06:22,830 --> 00:06:24,291 Voilà donc pour cette première hypothèse 113 00:06:24,315 --> 00:06:27,571 de domaine de la compétence des tribunaux de commerce. 114 00:06:27,872 --> 00:06:31,016 La deuxième hypothèse visée à l'article L 721-3, 115 00:06:31,590 --> 00:06:35,665 ce sont les contestations relatives aux sociétés commerciales. 116 00:06:36,484 --> 00:06:38,654 Alors cela recouvre plusieurs types de contestations, 117 00:06:40,282 --> 00:06:44,390 ça recouvre tout d'abord les contestations relatives aux cessions de droits sociaux. 118 00:06:44,770 --> 00:06:48,065 Je vous rappelle, les cessions de droits sociaux, c'est les ventes de parts sociales ou d'actions. 119 00:06:48,484 --> 00:06:51,736 Nous avons déjà évoqué ça antérieurement lorsque nous étudiions les actes de commerce. 120 00:06:52,070 --> 00:06:53,567 Dans un arrêt du 10 juillet 2007, 121 00:06:53,887 --> 00:06:57,665 la Cour de cassation a considéré que le tribunal de commerce est compétent 122 00:06:57,802 --> 00:07:01,858 pour tous les litiges relatifs aux cessions de droits sociaux d'une société commerciale, 123 00:07:02,357 --> 00:07:05,364 peu important d'ailleurs que la cession soit une cession à titre simple 124 00:07:05,694 --> 00:07:07,444 ou une cession de contrôle. 125 00:07:07,680 --> 00:07:11,072 Vous vous rappelez, on a vu que la cession de contrôle 126 00:07:11,209 --> 00:07:13,850 était considérée par la jurisprudence comme un acte de commerce. 127 00:07:14,418 --> 00:07:17,223 La cession de contrôle, c'est quand vous vendez suffisamment d'actions ou de parts sociales 128 00:07:17,402 --> 00:07:19,327 pour transférer le contrôle de la société à quelqu'un d'autre. 129 00:07:19,360 --> 00:07:24,042 Pour la Cour de cassation, une cession de contrôle est un acte de commerce 130 00:07:24,108 --> 00:07:28,352 alors qu'une cession à titre simple, sans transfert du contrôle, c'est un acte civil. 131 00:07:28,550 --> 00:07:30,410 Voilà pour la compétence des tribunaux de commerce. 132 00:07:30,701 --> 00:07:33,887 Peu importe en toute hypothèse que la cession soit simple ou de contrôle, 133 00:07:34,211 --> 00:07:35,938 le tribunal de commerce est compétent 134 00:07:36,357 --> 00:07:40,710 parce qu'il s'agit d'un litige relatif aux sociétés commerciales. 135 00:07:41,090 --> 00:07:43,595 Autre catégorie de litiges relatifs à une société commerciale, 136 00:07:43,618 --> 00:07:45,698 les contestations relatives à la constitution, 137 00:07:45,901 --> 00:07:50,450 au fonctionnement et à la dissolution d'une société commerciale. 138 00:07:51,680 --> 00:07:55,185 Par exemple, si un associé agit contre la société commerciale 139 00:07:55,218 --> 00:07:57,816 pour obtenir le paiement de dividendes auquel il a droit, 140 00:07:58,141 --> 00:08:01,010 eh bien il doit saisir le tribunal de commerce. 141 00:08:01,637 --> 00:08:05,524 Autre exemple, de même, la jurisprudence considère que le tribunal de commerce 142 00:08:05,870 --> 00:08:07,948 est compétent pour tous les faits et actes 143 00:08:08,188 --> 00:08:11,720 se rattachant par un lien direct à la gestion des sociétés commerciales, 144 00:08:11,980 --> 00:08:15,811 si on déduit cette règle notamment d'un arrêt de la chambre commerciale du 27 octobre 2009. 145 00:08:16,580 --> 00:08:19,675 Une action en responsabilité exercée par un tiers contre un dirigeant 146 00:08:19,703 --> 00:08:21,976 pour des faits commis à l'occasion de la gestion de la société 147 00:08:22,263 --> 00:08:25,190 relève donc de la compétence des tribunaux de commerce. 148 00:08:25,232 --> 00:08:26,734 Vous pouvez voir également à ce titre 149 00:08:26,964 --> 00:08:30,672 un arrêt plus récent de la chambre commerciale du 14 novembre 2018. 150 00:08:31,940 --> 00:08:33,760 On peut penser que de façon générale, 151 00:08:33,970 --> 00:08:36,348 les actions contre un organe de la société commerciale 152 00:08:36,381 --> 00:08:40,715 relèvent de la compétence des tribunaux de commerce. 153 00:08:40,743 --> 00:08:44,818 Et on constate ainsi que la jurisprudence adopte une conception extensive 154 00:08:45,181 --> 00:08:49,807 de la compétence des tribunaux concernant les litiges relatifs aux sociétés commerciales. 155 00:08:50,090 --> 00:08:54,724 En réalité, cette jurisprudence, elle vise à unifier le contentieux relatif à ces sociétés 156 00:08:54,828 --> 00:08:58,776 et de le concentrer au niveau des tribunaux de commerce. 157 00:09:01,138 --> 00:09:05,140 Dernière hypothèse où les tribunaux de commerce sont compétents, 158 00:09:05,731 --> 00:09:11,200 ce sont les contestations relatives aux actes de commerce entre toutes personnes. 159 00:09:12,580 --> 00:09:16,625 Par exemple, un litige relatif à une lettre de change, même entre particuliers, 160 00:09:16,988 --> 00:09:19,355 serait de la compétence des tribunaux de commerce. 161 00:09:19,797 --> 00:09:20,207 Pourquoi ? 162 00:09:20,503 --> 00:09:23,778 Parce que la lettre de change est un acte de commerce à titre isolé. 163 00:09:25,140 --> 00:09:28,687 Cet acte de commerce à titre isolé, même s'il n'est pas conclu par des commerçants, 164 00:09:29,120 --> 00:09:31,500 entraîne la compétence du tribunal de commerce. 165 00:09:31,585 --> 00:09:33,390 C'est la même chose pour un cautionnement commercial, 166 00:09:33,630 --> 00:09:35,275 notamment un cautionnement donné par un dirigeant 167 00:09:35,289 --> 00:09:36,750 pour les dettes de sa société commerciale. 168 00:09:37,087 --> 00:09:38,992 C'est un acte de commerce entre toutes personnes. 169 00:09:39,237 --> 00:09:44,903 Le tribunal de commerce est compétent pour ces litiges relatifs à un tel cautionnement, 170 00:09:44,964 --> 00:09:47,341 alors même que le dirigeant n'est pas un commerçant. 171 00:09:48,437 --> 00:09:50,202 Pendant longtemps, je vous le rappelle, 172 00:09:50,230 --> 00:09:52,103 la jurisprudence soumettait la cession de contrôle 173 00:09:52,117 --> 00:09:55,501 à la compétence des tribunaux de commerce parce qu'il s'agissait d'un acte de commerce. 174 00:09:56,220 --> 00:10:00,352 Désormais, ce n'est plus nécessaire de passer par la qualification d'acte de commerce 175 00:10:00,367 --> 00:10:01,680 puisque, nous venons de le voir, 176 00:10:02,051 --> 00:10:05,863 tous les litiges relatifs aux sociétés commerciales 177 00:10:06,174 --> 00:10:08,903 relèvent de la compétence des tribunaux de commerce. 178 00:10:10,020 --> 00:10:13,388 Une remarque particulière, la plupart des litiges relatifs aux baux commerciaux, 179 00:10:13,510 --> 00:10:16,804 baux commerciaux que nous allons étudier d'ici quelques semaines, 180 00:10:17,265 --> 00:10:19,500 la plupart des litiges relatifs aux baux commerciaux échappent 181 00:10:19,647 --> 00:10:21,150 à la compétence du tribunal de commerce. 182 00:10:21,223 --> 00:10:25,529 Ils relèvent par tradition de la compétence du tribunal judiciaire. 183 00:10:25,882 --> 00:10:29,557 C'est ce que prévoit l'article R 145-23 du Code de commerce. 184 00:10:30,630 --> 00:10:33,138 Nous avons fini avec la compétence légale, 185 00:10:33,167 --> 00:10:35,490 la compétence matérielle telle qu'elle est prévue par la loi. 186 00:10:35,760 --> 00:10:36,607 Dans un 2 maintenant, 187 00:10:36,616 --> 00:10:40,776 nous allons envisager les clauses attributives de compétence matérielle. 188 00:10:41,421 --> 00:10:43,710 Alors il n'y a aucun texte qui les réglemente, ces clauses. 189 00:10:44,061 --> 00:10:46,828 C'est la jurisprudence qui en a par conséquent fixé l'origine. 190 00:10:47,760 --> 00:10:50,945 Alors ces clauses qui attribuent la compétence à une juridiction, 191 00:10:51,110 --> 00:10:54,376 elles sont valables si elles tendent à évincer la compétence du tribunal de commerce 192 00:10:54,414 --> 00:10:56,922 au profit de celle du tribunal judiciaire. 193 00:10:56,950 --> 00:10:59,632 Là, il n'y a pas de problème mais en pratique, c'est souvent l'inverse. 194 00:11:00,117 --> 00:11:02,089 Dans un contrat entre un commerçant et non commerçant, 195 00:11:02,395 --> 00:11:05,000 la clause prévoit la compétence du tribunal de commerce. 196 00:11:05,400 --> 00:11:08,936 Alors là, il faut distinguer si la demande émane du non commerçant 197 00:11:09,628 --> 00:11:12,818 donc si le non-commerçant est demandeur, la clause doit produire son effet. 198 00:11:12,974 --> 00:11:15,816 Vous vous rappelez que nous avons vu qu'en principe, d'après la jurisprudence, 199 00:11:16,131 --> 00:11:17,505 le non-commerçant a une option 200 00:11:18,018 --> 00:11:21,825 entre juridiction judiciaire et juridiction commerciale, 201 00:11:22,240 --> 00:11:24,828 mais lorsqu'il y a une clause, 202 00:11:25,209 --> 00:11:30,762 cette clause peut supprimer cette option dont bénéficie normalement le non commerçant. 203 00:11:30,790 --> 00:11:35,223 Cela résulte d'un arrêt de la chambre commerciale du 20 juin 1965. 204 00:11:36,330 --> 00:11:39,210 Deuxième hypothèse, voici, la demande émane du commerçant, 205 00:11:39,232 --> 00:11:41,115 le commerçant est le demandeur. 206 00:11:41,460 --> 00:11:44,270 Dans ce cas - là, la clause est inopposable au commerçant. 207 00:11:44,381 --> 00:11:47,915 Cela résulte d'un arrêt de la chambre commerciale du 24 octobre 1995. 208 00:11:48,220 --> 00:11:52,437 Et je vous rappelle qu'en principe, quand c'est le commerçant qui agit contre le non-commerçant, 209 00:11:52,640 --> 00:11:55,308 ce sont les juridictions civiles qui sont compétentes. 210 00:11:55,630 --> 00:11:58,141 La clause ne peut pas avoir pour conséquence 211 00:11:58,451 --> 00:12:02,880 de substituer les juridictions commerciales aux juridictions civiles. 212 00:12:04,370 --> 00:12:08,112 Donc la clause ne sera pas opposable au non-professionnel dans cette hypothèse. 213 00:12:09,449 --> 00:12:12,569 B : cette fois-ci, la compétence territoriale. 214 00:12:13,204 --> 00:12:15,990 La compétence territoriale, c'est la compétence d'un point de vue géographique. 215 00:12:16,390 --> 00:12:18,131 On a retenu la compétence du tribunal de commerce. 216 00:12:18,160 --> 00:12:21,703 Maintenant, la question est de savoir si c'est le tribunal de commerce de Paris ou de Besançon, 217 00:12:22,037 --> 00:12:23,760 par exemple, qui est compétent. 218 00:12:24,930 --> 00:12:27,835 Là encore, il y a ce que prévoit la loi et ce que peuvent prévoir les parties. 219 00:12:28,075 --> 00:12:30,400 Donc tout d'abord, 1 : l'attribution légale. 220 00:12:30,990 --> 00:12:35,430 On applique les règles des articles 42 à 48 du Code de procédure civile 221 00:12:35,990 --> 00:12:39,300 avec pour règle de base que le tribunal compétent, c'est le lieu, 222 00:12:39,458 --> 00:12:42,070 c'est le tribunal du lieu du domicile du défendeur. 223 00:12:42,160 --> 00:12:45,647 C'est ce qui résulte de l'article 42 du Code de procédure civile. 224 00:12:45,952 --> 00:12:48,752 Alors pour les sociétés, il y a des règles particulières. 225 00:12:48,790 --> 00:12:54,272 Tout d'abord, pour les sociétés, le lieu du tribunal compétent, 226 00:12:54,301 --> 00:12:56,820 ça va être le lieu du siège social qui va être pris en compte, 227 00:12:58,050 --> 00:13:02,856 lorsqu'elle est le défendeur parce que le domicile de la société, c'est son siège social, 228 00:13:03,200 --> 00:13:06,480 mais il y a une exception qui s'appelle la théorie des gares principales. 229 00:13:07,472 --> 00:13:10,310 C'est une théorie des gares principales parce qu'elle est née à propos de litiges 230 00:13:10,330 --> 00:13:11,849 entre des particuliers et la SNCF. 231 00:13:12,385 --> 00:13:14,197 Alors selon cette théorie des gares principales, 232 00:13:14,809 --> 00:13:17,040 on peut assigner une personne morale 233 00:13:17,694 --> 00:13:22,200 au lieu de ses principaux établissements et non pas là où est son siège social. 234 00:13:22,560 --> 00:13:25,260 La condition, c'est que l'établissement doit avoir une certaine autonomie, 235 00:13:25,425 --> 00:13:28,235 et l'affaire doit se rapporter à son activité 236 00:13:28,400 --> 00:13:31,096 ou les faits générateurs de responsabilités doivent être produits 237 00:13:31,110 --> 00:13:35,700 dans le ressort de la juridiction dans laquelle se situe la succursale. 238 00:13:36,110 --> 00:13:38,983 Donc quand vous avez un litige avec une société, 239 00:13:38,997 --> 00:13:41,496 avec un magasin qui vous a vendu par exemple un produit, 240 00:13:41,780 --> 00:13:43,948 eh bien vous pouvez tout à fait assigner 241 00:13:44,080 --> 00:13:47,736 la société qui a ce magasin dans une ville, par exemple à Marseille, 242 00:13:47,887 --> 00:13:50,663 alors même que le siège social de la société est à Paris, 243 00:13:50,795 --> 00:13:56,122 vous pouvez assigner la société devant les juridictions de Marseille. 244 00:13:57,540 --> 00:13:59,567 Il y a une règle particulière en matière contractuelle 245 00:13:59,863 --> 00:14:02,362 puisque le demandeur, dans cette matière contractuelle, 246 00:14:02,395 --> 00:14:06,270 peut également choisir de saisir le tribunal du lieu de livraison de la chose, 247 00:14:06,404 --> 00:14:10,804 objet du contrat, ou celui de l'exécution de la principale prestation de service. 248 00:14:11,204 --> 00:14:13,750 C'est l'article 46 du Code de procédure civile qui prévoit cela. 249 00:14:15,360 --> 00:14:18,428 Quelles sont maintenant les clauses attributives de compétence territoriale 250 00:14:18,510 --> 00:14:19,576 qui peuvent être prévues ? 251 00:14:19,585 --> 00:14:20,770 C'est ce que nous voyons dans un 2. 252 00:14:21,378 --> 00:14:26,687 Selon l'article 48 du Code de procédure civile, il y a un certain nombre de conditions de validité. 253 00:14:27,275 --> 00:14:28,757 Première condition de validité, 254 00:14:29,021 --> 00:14:32,734 pour qu'il y ait une clause de compétence territoriale qui soit valable, 255 00:14:33,148 --> 00:14:35,458 toutes les parties doivent être commerçantes. 256 00:14:36,250 --> 00:14:40,230 La clause relative à un contrat entre un commerçant et un non commerçant 257 00:14:40,922 --> 00:14:42,051 est donc nulle. 258 00:14:42,500 --> 00:14:43,378 Le problème en pratique, 259 00:14:43,392 --> 00:14:45,632 c'est que ces clauses sont très fréquentes dans les contrats types. 260 00:14:46,100 --> 00:14:50,357 Et le consommateur qui les croit impératives ou ne les a même pas lues les respecte. 261 00:14:50,644 --> 00:14:54,174 Et quand il se retrouve assigné devant un tribunal d'une certaine juridiction, 262 00:14:54,503 --> 00:14:57,628 d'un certain ressort alors que c'est très loin de son domicile, 263 00:14:57,642 --> 00:15:00,611 il y va quand même parce qu'il croit que c'est obligatoire. 264 00:15:00,660 --> 00:15:03,030 Donc il faut bien penser à le conseiller, 265 00:15:03,040 --> 00:15:05,242 si un jour une de ces personnes vient vous voir, 266 00:15:05,294 --> 00:15:06,941 pour lui dire que cette clause n'est absolument pas valable 267 00:15:07,275 --> 00:15:10,418 si elle n'a pas été adoptée entre deux commerçants. 268 00:15:10,680 --> 00:15:11,877 À propos de cette règle, 269 00:15:11,891 --> 00:15:16,668 on peut se demander aujourd'hui pourquoi cette condition ne porte que sur les commerçants. 270 00:15:17,040 --> 00:15:18,940 Pourquoi il faut que ce soient deux commerçants ? 271 00:15:19,210 --> 00:15:22,884 Ne pourrait-on pas dire de façon générale que la clause est valable entre tout entrepreneur ? 272 00:15:22,960 --> 00:15:27,741 Pourquoi traiter différemment les commerçants de par exemple des artisans 273 00:15:27,764 --> 00:15:28,795 ou des agriculteurs encore. 274 00:15:30,310 --> 00:15:34,084 Alors deuxième condition, la clause doit apparaître de façon très apparente 275 00:15:34,282 --> 00:15:37,110 dans l'engagement de la partie à qui elle est opposée. 276 00:15:37,340 --> 00:15:39,717 Or là, vous avez toute une jurisprudence pour déterminer au cas par cas 277 00:15:39,736 --> 00:15:43,275 si c'est suffisamment apparent ou si ce n'est pas suffisamment apparent. 278 00:15:43,540 --> 00:15:49,180 Si vous avez un tout petit astérisque avec une taille de police de 6 ou de 5, 279 00:15:49,204 --> 00:15:52,418 ça va être trop petit et on considérera que ce ne sera pas suffisamment apparent, 280 00:15:52,442 --> 00:15:55,821 il faut que ça apparaisse en gras dans les conditions générales 281 00:15:55,849 --> 00:15:58,738 que vous avez fait accepter à votre client.