1 00:00:05,680 --> 00:00:09,168 Deuxièmement : Signum. 2 00:00:10,944 --> 00:00:15,536 Signum, en latin, signifie autant marque, 3 00:00:16,624 --> 00:00:25,824 empreinte, indice, que preuve, sceau ou cachet. 4 00:00:29,120 --> 00:00:38,048 À Rome, le sceau a pour rôle de clore et de préserver le secret des lettres privées. 5 00:00:38,970 --> 00:00:46,976 Nombreux sont les grands personnages, à la fin de la République, à utiliser des sceaux. 6 00:00:47,700 --> 00:00:54,112 Nous savons que Pétrone, mourant, demanda à voir détruit son sceau. 7 00:00:55,552 --> 00:01:01,808 L’usage du sceau se répand à un point tel que Pline L’ancien, à Rome, 8 00:01:01,968 --> 00:01:10,368 au 1e siècle de notre ère, déplore son époque et regrette le temps où rien n’était scellé. 9 00:01:11,590 --> 00:01:16,064 "Maintenant", écrit-il dans son Histoire naturelle, 10 00:01:16,320 --> 00:01:21,024 "même la nourriture et la boisson doivent être scellées". 11 00:01:23,680 --> 00:01:31,792 La loi romaine exige que figure sur les contrats la souscription autographe de l’auteur, 12 00:01:31,856 --> 00:01:36,944 ou bien, s’il ne pouvait pas ou ne savait pas écrire, 13 00:01:37,488 --> 00:01:45,648 l’apposition de son signum et la souscription autographe d’un tiers apposée sur son ordre. 14 00:01:46,960 --> 00:01:52,432 Les testaments notamment doivent porter, à leur dernière page, 15 00:01:53,140 --> 00:01:57,648 les souscriptions des témoins ainsi que leurs sceaux. 16 00:01:58,720 --> 00:02:05,616 Les témoins s’engagent, ce faisant, à confirmer le testament en cas de contestation. 17 00:02:06,730 --> 00:02:13,920 Le testament non scellé et non souscrit par les témoins doit être regardé comme imparfait. 18 00:02:16,144 --> 00:02:21,808 Signum désigne autant la marque du sceau que le tracé d’une signature. 19 00:02:22,660 --> 00:02:25,776 La signature perpétue la coutume 20 00:02:25,872 --> 00:02:29,840 selon laquelle on s’engage par l’apposition d’une marque. 21 00:02:31,090 --> 00:02:37,264 Cet engagement est requis même lorsque la personne ne sait pas encore écrire son nom. 22 00:02:39,250 --> 00:02:43,856 À la fin de l’Empire, la personne illettrée doit tracer la croix, 23 00:02:44,688 --> 00:02:48,640 la croix et non une croix en forme de X. 24 00:02:49,120 --> 00:02:54,288 C’est la croix du Christ qui rappelle que la personne se place 25 00:02:54,544 --> 00:03:00,000 sous l’autorité du Christ et encourt par-là le châtiment divin, 26 00:03:00,220 --> 00:03:05,056 si elle contrevient aux dispositions qu’elle a signées ainsi. 27 00:03:06,550 --> 00:03:09,168 Cette signature sert d’engagement, 28 00:03:09,376 --> 00:03:16,448 mais celui-ci peut très bien s’enrichir de formules à prononcer. 29 00:03:18,512 --> 00:03:22,240 B : L’engagement oral. 30 00:03:25,060 --> 00:03:31,280 Dans le lot de fortune et d’infortune qu’il convient de garder en équilibre, 31 00:03:31,990 --> 00:03:37,632 celui qui diminue le lot d’autrui doit compenser cette diminution 32 00:03:37,810 --> 00:03:40,464 par une augmentation équivalente. 33 00:03:42,160 --> 00:03:48,016 À Rome, cette obligation peut être créée à la charge d’autrui, 34 00:03:48,980 --> 00:03:53,856 mais il est possible de s’obliger aussi soi-même. 35 00:03:54,860 --> 00:04:01,744 Pour s’obliger soi-même, on a originairement recours aux rites de la sponsio. 36 00:04:03,180 --> 00:04:08,480 La damnatio semble, elle, être employée toutes les fois 37 00:04:08,576 --> 00:04:13,744 qu’il s’agit de faire naître une obligation à la charge d’autrui. 38 00:04:15,872 --> 00:04:18,272 Premièrement : Sponsio. 39 00:04:19,830 --> 00:04:24,432 En latin, le terme sponsio signifie engagement. 40 00:04:25,680 --> 00:04:29,312 Cet engagement est oral et solennel. 41 00:04:30,910 --> 00:04:37,120 À l’origine, cette sponsio comportait un serment et un sacrifice, 42 00:04:38,240 --> 00:04:43,472 puis l’aspect sacré de l’engagement s’est progressivement estompé 43 00:04:43,824 --> 00:04:47,328 au profit d’une notion exclusivement juridique. 44 00:04:48,910 --> 00:04:53,296 Un des exemples les plus aboutis de cet engagement à Rome 45 00:04:53,648 --> 00:04:56,000 est la sponsio des fiançailles. 46 00:04:57,560 --> 00:05:03,984 Les fiançailles, dans le droit archaïque romain, se concluent à l’aide d’une sponsio. 47 00:05:05,610 --> 00:05:09,888 Si les fiançailles sont familières aux usages modernes, 48 00:05:10,380 --> 00:05:17,744 elles constituent une originalité du mariage romain et elles s’en distinguent aussi. 49 00:05:18,970 --> 00:05:24,768 Le mariage, dans l’ancien droit romain, est l’œuvre des seuls époux. 50 00:05:26,050 --> 00:05:30,320 Mais dans les fiançailles, si le fiancé intervient, 51 00:05:30,704 --> 00:05:37,776 c’est surtout le père de la fiancée qui engage sa responsabilité. 52 00:05:39,344 --> 00:05:46,688 À Rome, ces fiançailles sont souvent décidées pour de très jeunes enfants 53 00:05:47,008 --> 00:05:51,376 par ceux qui ont sur eux la puissance paternelle. 54 00:05:52,336 --> 00:05:57,504 Ces fiançailles sont conclues par le père de la fiancée et par le fiancé. 55 00:05:58,688 --> 00:06:01,424 L’engagement, la sponsio des fiançailles, 56 00:06:01,504 --> 00:06:08,510 pèse tout particulièrement sur le père de la fiancée, que l’on appelle le sponsor. 57 00:06:10,040 --> 00:06:13,910 La fiancée est sponsorisée par son père. 58 00:06:15,120 --> 00:06:22,000 C’est le père de la fiancée qui promet, au fiancé et au père du jeune homme, de donner sa fille. 59 00:06:24,340 --> 00:06:29,584 Les phrases échangées, ritualisées, portent sur cet engagement. 60 00:06:30,720 --> 00:06:36,480 L’échange de parole est réduit à sa plus simple expression : 61 00:06:38,544 --> 00:06:42,784 "dari spondesne", demande le fiancé. 62 00:06:44,272 --> 00:06:49,776 "Spondeo", affirme le père de la jeune femme. 63 00:06:50,864 --> 00:06:58,816 C’est-à-dire en français : "t’engages-tu à la donner ?", demande le fiancé. 64 00:06:59,920 --> 00:07:05,536 "Je m’y engage", affirme le père de la jeune femme. 65 00:07:07,330 --> 00:07:11,936 Sur ce rite de l’engagement, quelques réflexions. 66 00:07:14,440 --> 00:07:18,672 Le rite de la sponsio est une garantie juridique. 67 00:07:20,290 --> 00:07:28,192 Dans les fiançailles, la sponsio est la garantie donnée par le père 68 00:07:30,400 --> 00:07:33,580 au père du prétendant quant à sa fille. 69 00:07:35,070 --> 00:07:42,800 C’est un engagement qui porte sur l’objet des fiançailles qui est la fiancée, 70 00:07:43,504 --> 00:07:46,416 la promise, la sponsa. 71 00:07:47,680 --> 00:07:52,720 C’est d’ailleurs elle, à cause de cela, qui porte l’anneau, 72 00:07:53,360 --> 00:08:00,784 l’anneau qui symbolise la marque de cet engagement, l’anneau de fiançailles. 73 00:08:02,390 --> 00:08:09,216 Il faut remarquer aussi le parallélisme des formes entre la question et la réponse. 74 00:08:10,370 --> 00:08:18,016 Le verbe utilisé est le même pour la question et la réponse, le verbe spondere. 75 00:08:19,296 --> 00:08:25,792 L’engagement ne vaudrait pas si la réponse avait utilisé un autre verbe. 76 00:08:26,650 --> 00:08:30,944 Il faut impérativement, dans le rituel de l’engagement, 77 00:08:31,360 --> 00:08:35,792 que la réponse reproduise la question. 78 00:08:37,590 --> 00:08:46,288 Les parties se répondent, mais les formes, les formules se répondent aussi, 79 00:08:47,152 --> 00:08:54,784 de là le parallélisme des formes, de là aussi l’importance de la réponse. 80 00:08:55,648 --> 00:08:57,616 C’est la réponse qui engage. 81 00:08:58,380 --> 00:09:01,472 On répond à et on répond de. 82 00:09:02,340 --> 00:09:08,576 Répondre c’est s’engager, c’est-à-dire engager sa responsabilité. 83 00:09:09,510 --> 00:09:17,488 Le mot même en français de responsabilité est construit sur la racine sponsio. 84 00:09:20,416 --> 00:09:26,192 Vous pouvez vous rendre compte même que dans le mot responsabilité, 85 00:09:26,440 --> 00:09:32,816 se trouve le mot sponsa qui s’y trouve inclus au milieu. 86 00:09:34,230 --> 00:09:39,136 Le juriste romain répond à ses consultants, 87 00:09:39,456 --> 00:09:45,632 les responsa sont des sources essentielles également du droit romain. 88 00:09:46,590 --> 00:09:54,220 Dans toute réponse, on répond à une exigence, on fait face à un devoir. 89 00:09:55,140 --> 00:09:58,656 Il est demandé au débiteur de répondre. 90 00:10:00,210 --> 00:10:04,544 Ceci est une formule répandue dans les textes romains 91 00:10:04,640 --> 00:10:08,064 pour évoquer la responsabilité contractuelle. 92 00:10:09,090 --> 00:10:14,288 Chaque débiteur doit répondre pour soi-même, pour autrui. 93 00:10:16,256 --> 00:10:22,464 L’engagement peut porter également, surtout pour autrui, un autre nom. 94 00:10:23,392 --> 00:10:25,264 C’est l’objet du deuxième point. 95 00:10:25,616 --> 00:10:28,032 Deuxièmement : Damnatio. 96 00:10:30,860 --> 00:10:35,840 La damnatio correspond à une obligation qui pèse sur autrui. 97 00:10:37,120 --> 00:10:42,048 Ce terme, qui a donné en français le mot condamnation, 98 00:10:42,608 --> 00:10:46,176 est construit sur la racine daps. 99 00:10:47,230 --> 00:10:54,272 Ici encore, le sens étymologique est assez surprenant et inattendu. 100 00:10:56,910 --> 00:11:04,512 Daps désigne, à l’origine, un repas somptueux qui suit un sacrifice 101 00:11:04,832 --> 00:11:12,176 et par lequel les convives participants savent qu’ils vont être récompensés par les dieux. 102 00:11:13,860 --> 00:11:25,680 Ce terme, daps, a perdu son sens religieux, mais a continué à désigner un repas fastueux, 103 00:11:25,728 --> 00:11:33,872 c’est-à-dire une dépense importante mais désormais sans contrepartie. 104 00:11:35,200 --> 00:11:42,592 La contrepartie, représentée à l’origine par la récompense divine, n’existe plus, 105 00:11:43,856 --> 00:11:50,800 en sorte que ce repas est devenu une dépense faite sans contrepartie, 106 00:11:51,904 --> 00:11:55,104 une dépense faite pour rien. 107 00:11:56,780 --> 00:11:59,776 Se trouve donc créé un déséquilibre. 108 00:12:00,920 --> 00:12:05,904 La dépense fastueuse n’est plus qu’une dépense en pure perte 109 00:12:06,864 --> 00:12:11,632 qui constitue donc un préjudice, c’est-à-dire un dommage. 110 00:12:13,360 --> 00:12:19,536 Dans le lot commun de fortune et d’infortune, là où règne l’équilibre, 111 00:12:20,140 --> 00:12:26,320 le dommage est précisément ce qui crée un déséquilibre, une perte. 112 00:12:27,650 --> 00:12:33,680 Provoquer un dommage, c’est provoquer une perte qui peut être corporelle, 113 00:12:34,400 --> 00:12:39,872 qui peut être pécuniaire ou qui peut être encore patrimoniale. 114 00:12:41,050 --> 00:12:46,976 Condamner quelqu’un, c’est provoquer, pour cette personne, une perte, 115 00:12:47,648 --> 00:12:49,552 c’est lui créer une dette. 116 00:12:50,230 --> 00:12:53,824 Condamner, c’est obliger quelqu’un au déséquilibre. 117 00:12:54,520 --> 00:12:59,408 Et de là vient sans doute cette idée morale de vouloir, 118 00:12:59,620 --> 00:13:02,560 par la condamnation, du mal à quelqu’un. 119 00:13:03,360 --> 00:13:08,176 L’idée de damnation se nourrit aussi de ce sens. 120 00:13:09,670 --> 00:13:13,056 Il n’y a finalement, dans cette damnatio, 121 00:13:13,510 --> 00:13:18,048 que la mise en valeur d’une dette qui n’est pas remboursée, 122 00:13:19,056 --> 00:13:21,792 d’un devoir qui n’est pas rempli, 123 00:13:22,400 --> 00:13:26,256 mais qu’il convient cependant toujours d’évaluer. 124 00:13:28,240 --> 00:13:33,680 Paragraphe 2 : L’évaluation du devoir. 125 00:13:35,880 --> 00:13:44,480 La dette, qui constitue le passif patrimonial, peut être réelle ou personnelle. 126 00:13:45,630 --> 00:13:50,112 Il convient, pour le savoir, de l’évaluer. 127 00:13:52,208 --> 00:13:56,880 A : L’évaluation réelle. 128 00:13:59,480 --> 00:14:08,128 Le mécanisme de l’engagement qui conduit à la dette passe par la notion d’obligation. 129 00:14:09,540 --> 00:14:15,824 Cette notion cardinale du droit romain s’explique en amont par l’engagement 130 00:14:16,224 --> 00:14:24,304 et en aval par le débit ou debitum qui grève le patrimoine individuel. 131 00:14:26,160 --> 00:14:32,576 L’obligatio relève bien d’une évaluation réelle car les Romains, 132 00:14:33,030 --> 00:14:38,096 à commencer par Gaïus, l’ont toujours considérée comme une chose. 133 00:14:39,136 --> 00:14:45,168 Il faut se rappeler ici la présentation faite par Gaïus, 134 00:14:45,760 --> 00:14:49,312 dans ses Institutes, des différentes choses. 135 00:14:50,750 --> 00:14:54,416 Je vous rappelle le passage de Gaïus. 136 00:14:54,752 --> 00:15:01,056 "Les choses incorporelles", rappelle Gaïus, "sont celles que l’on ne peut toucher, 137 00:15:01,870 --> 00:15:10,976 comme celles qui consistent en des droits comme l’hérédité, l’usufruit, les obligations, 138 00:15:11,540 --> 00:15:17,824 quelle que soit la façon dont elles ont été contractées" fin de citation. 139 00:15:18,700 --> 00:15:27,136 C’est la raison pour laquelle l’obligation entre bien dans l’évaluation réelle du passif. 140 00:15:29,200 --> 00:15:32,048 Premièrement : Obligatio. 141 00:15:35,150 --> 00:15:38,096 Les Romains la définissent ainsi : 142 00:15:39,856 --> 00:15:46,800 " Obligatio est iuris vinculum quo necessitate astringimur 143 00:15:47,184 --> 00:15:53,152 alicujus solvendae rei secundum nostrae civitatis iura". 144 00:15:54,230 --> 00:15:59,392 Cela donne en français, je vous rassure tout de suite, voici la traduction : 145 00:15:59,696 --> 00:16:12,000 "L’obligation est un lien de droit par lequel, d’une façon nécessaire, 146 00:16:13,130 --> 00:16:24,304 nous sommes contraints de payer une certaine chose conformément au droit de notre cité". 147 00:16:26,920 --> 00:16:34,784 Voilà donc la traduction de la définition latine de l’obligation. 148 00:16:37,440 --> 00:16:41,344 Vous le voyez, dans cette définition, immédiatement, 149 00:16:41,552 --> 00:16:48,910 tout d’abord, la première chose, l’obligation est définie par un lien. 150 00:16:50,740 --> 00:16:53,888 Elle est définie comme un lien. 151 00:16:55,040 --> 00:17:03,136 L’obligation crée un rapport entre deux personnes, le créancier et le débiteur. 152 00:17:04,032 --> 00:17:08,496 L’obligation crée un droit de créance pour le créancier. 153 00:17:09,430 --> 00:17:18,464 Le créancier, c’est celui qui croit et la foi religieuse sert de référence à la confiance, 154 00:17:19,504 --> 00:17:25,296 que l’engagement soit de parole, soit de promesse, soit d’argent. 155 00:17:26,700 --> 00:17:32,720 Plus précisément, le verbe credere se rapporte non seulement à la croyance, 156 00:17:33,456 --> 00:17:36,832 mais aussi à la confiance. 157 00:17:39,472 --> 00:17:42,688 Ensuite, dans cette définition, 158 00:17:43,260 --> 00:17:53,248 le terme obligatio se trouve souligné par un autre terme presque synonyme, 159 00:17:53,640 --> 00:17:55,664 qui évoque la contrainte. 160 00:17:58,080 --> 00:18:00,896 En latin, c’est le mot astragimur. 161 00:18:03,136 --> 00:18:08,240 Astragere a le même sens qu’obligare. 162 00:18:09,610 --> 00:18:15,856 Le verbe astragere se retrouve en français dans le terme astringent. 163 00:18:16,976 --> 00:18:23,824 Astringent, c’est l’adjectif qui qualifie l’action du médicament 164 00:18:23,890 --> 00:18:26,048 qui resserre les entrailles, 165 00:18:26,896 --> 00:18:34,512 et dans le terme astreinte qui oblige et contraint une personne 166 00:18:34,608 --> 00:18:38,640 à payer telle somme par jour de retard. 167 00:18:40,400 --> 00:18:48,608 Astragere marque donc comme obligation, l’existence persistante d’un lien. 168 00:18:50,064 --> 00:18:57,312 L’obligation met le débiteur dans un certain état de dépendance vis-à-vis du créancier. 169 00:18:58,140 --> 00:19:05,088 Ce lien a pour but d’amener le débiteur à exécuter, au profit du créancier, 170 00:19:05,424 --> 00:19:09,440 une prestation déterminée pour le libérer. 171 00:19:10,576 --> 00:19:12,544 En fin de définition, 172 00:19:12,912 --> 00:19:18,960 la référence au droit de la cité permet d’envisager une évolution du droit. 173 00:19:20,280 --> 00:19:25,344 Cette évolution a pu bénéficier à la nature de l’obligation. 174 00:19:26,490 --> 00:19:33,536 De fait, l’histoire de l’obligation est celle d’un quitante 175 00:19:35,600 --> 00:19:42,480 qui, progressivement, permet la patrimonialisation de la notion. 176 00:19:44,000 --> 00:19:47,952 L’objet de l’obligation posée initialement 177 00:19:48,096 --> 00:19:52,368 sur la personne du débiteur va progressivement, 178 00:19:53,184 --> 00:20:00,896 c’est le sens de l’évolution, se déplacer vers le patrimoine du débiteur, 179 00:20:01,936 --> 00:20:06,352 le patrimoine n’étant finalement qu’une projection de sa personne. 180 00:20:08,100 --> 00:20:10,464 Quelle que soit la nature du lien, 181 00:20:12,384 --> 00:20:21,120 la définition de l’obligation nous donne aussi le moyen de se défaire de ce lien 182 00:20:21,904 --> 00:20:26,240 et ce moyen est exprimé par le terme solvende, 183 00:20:26,640 --> 00:20:32,320 c’est-à-dire payer, en latin alicujus solvendae rei, 184 00:20:33,312 --> 00:20:37,184 ce qui donne, en français, payer une certaine chose. 185 00:20:38,190 --> 00:20:44,320 Solvende dérive directement du verbe solvere. 186 00:20:45,040 --> 00:20:50,550 Solvere, c’est le mot qui, en français, a permis solvable. 187 00:20:51,648 --> 00:20:54,976 Solvable, c’est celui qui peut payer. 188 00:20:56,736 --> 00:21:01,440 Solvere a également permis en français le mot solvant. 189 00:21:02,752 --> 00:21:07,264 Solvant, c’est ce qui a la capacité de dissoudre. 190 00:21:08,230 --> 00:21:14,080 En l’espèce, ce qui peut dissoudre le lien, c’est-à-dire le dénouer, 191 00:21:14,784 --> 00:21:20,590 c’est-à-dire le délier, délier le lien de l’obligation. 192 00:21:22,040 --> 00:21:28,544 Vous le voyez, cette définition de l’obligation qui est parfaitement construite 193 00:21:29,376 --> 00:21:34,224 apparaît finalement presque comme un procédé chimique 194 00:21:35,300 --> 00:21:40,704 où l’on passe de l’astringent au solvant. 195 00:21:42,280 --> 00:21:51,584 Mais juridiquement et finalement, l’objet de l’opération aboutit surtout, pour nous, 196 00:21:52,352 --> 00:21:55,200 au debitum, à la dette.