1 00:00:05,419 --> 00:00:09,160 Deuxième grand principe lié dans les effets du contrat 2 00:00:09,360 --> 00:00:11,400 à l'égard des tiers, la question de 3 00:00:11,600 --> 00:00:13,700 l'opposabilité du contrat au tiers ou par les tiers 4 00:00:13,899 --> 00:00:18,020 et ainsi on a un texte qui est l'article 1200 alinéa 1 5 00:00:18,220 --> 00:00:21,100 du Code civil et alinéa 2. 6 00:00:21,300 --> 00:00:25,800 Alors on a deux choses à préciser ici. 7 00:00:26,000 --> 00:00:30,220 D'abord de manière naturelle le contrat est 8 00:00:30,419 --> 00:00:32,400 opposable par les parties au tiers. 9 00:00:33,000 --> 00:00:36,000 Le contrat est opposable par les parties au tiers, 10 00:00:36,460 --> 00:00:40,880 on en a déjà vu des exemples dans ce cours du 11 00:00:41,080 --> 00:00:45,580 premier semestre, lors du pacte de préférence, 12 00:00:45,780 --> 00:00:47,900 lors de l'étude du pacte de préférence et puis je vous 13 00:00:48,100 --> 00:00:50,260 avais donné l'exemple aussi de la clause de 14 00:00:50,460 --> 00:00:54,100 non-concurrence qui va lier l'employeur au salarié et 15 00:00:54,300 --> 00:00:56,880 cette clause peut être opposée à un nouvel 16 00:00:57,080 --> 00:01:00,960 employeur si ce nouvel employeur recrutait le 17 00:01:01,160 --> 00:01:03,440 salarié en violation de la clause de non-concurrence. 18 00:01:03,980 --> 00:01:07,540 La jurisprudence avait créé la notion de complicité de 19 00:01:07,740 --> 00:01:09,900 la violation d'une obligation contractuelle 20 00:01:10,100 --> 00:01:12,980 c'est-à-dire que le tiers à qui on va opposer le 21 00:01:13,180 --> 00:01:15,560 contrat s'il avait conscience en étant donc de 22 00:01:15,760 --> 00:01:18,680 mauvaise foi, s'il avait conscience qu'il y avait 23 00:01:18,880 --> 00:01:20,540 une obligation contractuelle préexistante 24 00:01:20,740 --> 00:01:23,400 et qu'il a néanmoins aidé une des parties à violer 25 00:01:23,600 --> 00:01:26,040 cette obligation contractuelle, eh bien il engagera sa 26 00:01:26,240 --> 00:01:29,480 responsabilité, une responsabilité délictuelle 27 00:01:29,680 --> 00:01:31,020 c'est-à-dire une responsabilité 28 00:01:31,220 --> 00:01:32,980 extracontractuelle parce que le tiers n'est pas lié 29 00:01:33,180 --> 00:01:33,940 par le contrat. 30 00:01:34,140 --> 00:01:36,920 Donc ça c'est la conception classique de l'opposabilité 31 00:01:37,120 --> 00:01:40,880 du contrat et qui est une conséquence logique de la 32 00:01:41,080 --> 00:01:41,980 force obligatoire du contrat. 33 00:01:42,280 --> 00:01:43,700 La force obligatoire c'est entre les parties, 34 00:01:43,900 --> 00:01:47,680 mais le contrat crée une situation de faits qui doit 35 00:01:47,880 --> 00:01:51,460 être respectée par les tiers sous peine de perdre 36 00:01:51,660 --> 00:01:53,660 une grande partie de son efficacité. 37 00:01:54,720 --> 00:01:57,280 Ce qui est plus nouveau c'est la question de 38 00:01:57,480 --> 00:02:01,220 l'opposabilité du contrat par les tiers cette fois-ci 39 00:02:01,420 --> 00:02:02,180 aux parties. 40 00:02:02,400 --> 00:02:06,760 Le texte dans le Code civil prévoit que les tiers 41 00:02:06,960 --> 00:02:10,220 pourront se servir du contrat comme élément de preuve. 42 00:02:10,419 --> 00:02:13,400 C'est une situation qui existait déjà dans la 43 00:02:13,600 --> 00:02:14,740 jurisprudence traditionnelle. 44 00:02:14,940 --> 00:02:18,160 Le contrat, eh bien un tiers pourrait s'il en a 45 00:02:18,359 --> 00:02:22,780 connaissance l'utiliser pour prouver un droit à 46 00:02:22,980 --> 00:02:24,880 l'encontre d'une des parties au contrat. 47 00:02:25,300 --> 00:02:29,860 Ce qui est plus nouveau, c'est que les tiers vont 48 00:02:30,060 --> 00:02:32,820 pouvoir se prévaloir du contrat alors qu'ils ne 49 00:02:33,019 --> 00:02:36,620 sont pas parties à ce contrat et les tiers vont 50 00:02:36,820 --> 00:02:38,800 pouvoir se prévaloir du contrat comme source de 51 00:02:39,000 --> 00:02:42,240 responsabilité d'une des parties à leur égard. 52 00:02:43,560 --> 00:02:47,880 Ceci résulte notamment d'un arrêt, il y avait déjà la 53 00:02:48,079 --> 00:02:49,740 jurisprudence avant, mais les solutions 54 00:02:49,940 --> 00:02:53,540 actuelles elles découlent d'un arrêt d'assemblée 55 00:02:53,739 --> 00:02:56,420 plénière du 6 octobre 2006. 56 00:02:57,180 --> 00:03:00,580 Arrêt d'assemblée plénière du 6 octobre 2006 que va 57 00:03:00,780 --> 00:03:03,120 juger la Cour de cassation dans cette affaire. 58 00:03:03,340 --> 00:03:06,620 La Cour de cassation estime que si le tiers subit un 59 00:03:06,820 --> 00:03:09,580 préjudice du fait de la mauvaise exécution d'un 60 00:03:09,780 --> 00:03:13,260 contrat auquel il n'est pas partie, eh bien il va pouvoir 61 00:03:13,459 --> 00:03:16,640 invoquer cette mauvaise exécution par une des 62 00:03:16,839 --> 00:03:19,740 parties pour engager sa responsabilité, 63 00:03:19,940 --> 00:03:23,240 responsabilité qui sera délictuelle. 64 00:03:23,460 --> 00:03:26,160 Alors pourquoi cet arrêt rendu par l'assemblée 65 00:03:26,359 --> 00:03:28,792 plénière de la Cour de cassation est très important ? 66 00:03:28,992 --> 00:03:30,760 Pourquoi ? Parce qu’ici la 67 00:03:30,959 --> 00:03:34,780 Cour de cassation va considérer qu'une faute 68 00:03:34,980 --> 00:03:37,900 contractuelle suffit si 69 00:03:38,100 --> 00:03:40,900 elle cause un préjudice à un tiers, 70 00:03:41,580 --> 00:03:45,700 la faute contractuelle va suffire à engager la 71 00:03:45,899 --> 00:03:48,720 responsabilité de cette partie à l'égard du tiers. 72 00:03:49,080 --> 00:03:51,860 Donc c'est l'abandon avec cette solution de ce qu'on 73 00:03:52,060 --> 00:03:55,200 pouvait appeler la relativité de la faute 74 00:03:55,399 --> 00:03:57,140 contractuelle. La mauvaise 75 00:03:57,339 --> 00:03:59,360 exécution d'un contrat suffit à engager la 76 00:03:59,560 --> 00:04:03,320 responsabilité d'une partie à l'égard d'un tiers sans 77 00:04:03,519 --> 00:04:06,060 que le tiers ait à prouver quelque chose en plus, 78 00:04:06,400 --> 00:04:09,860 une faute distincte de cette inexécution du contrat. 79 00:04:10,160 --> 00:04:14,080 Or cette solution n'est pas forcément logique puisque 80 00:04:14,280 --> 00:04:17,320 précisément le tiers ne devrait pas pouvoir 81 00:04:17,519 --> 00:04:20,640 invoquer en tant que tel, la mauvaise exécution d'un 82 00:04:20,839 --> 00:04:21,880 contrat auquel il n'est pas partie. 83 00:04:22,079 --> 00:04:25,300 Il devrait montrer une faute, un fait générateur de 84 00:04:25,500 --> 00:04:29,080 responsabilité distinct de la simple mauvaise 85 00:04:29,280 --> 00:04:30,100 exécution du contrat. 86 00:04:31,340 --> 00:04:34,100 Cette décision de la Cour de cassation avait donc 87 00:04:34,300 --> 00:04:38,220 fait l'objet de différentes critiques en doctrine et ça 88 00:04:38,420 --> 00:04:41,300 avait amené différentes remises en cause de la 89 00:04:41,500 --> 00:04:44,380 solution par la Cour de cassation à la fois un 90 00:04:44,580 --> 00:04:46,880 arrêt de la chambre commerciale du 18 janvier 91 00:04:47,080 --> 00:04:50,440 2017 et un arrêt de la troisième chambre civile du 92 00:04:50,640 --> 00:04:52,160 18 mai 2017. 93 00:04:52,960 --> 00:04:57,260 À noter que la question dans la réforme n'avait pas 94 00:04:57,460 --> 00:05:00,360 été tranchée, donc la question de cette 95 00:05:00,560 --> 00:05:03,660 responsabilité n'avait pas été tranchée et on y 96 00:05:03,860 --> 00:05:04,620 reviendra dans un instant. 97 00:05:04,820 --> 00:05:07,680 La question elle, elle est envisagée dans différents 98 00:05:07,880 --> 00:05:11,280 projets de réforme du droit de la responsabilité civile 99 00:05:11,479 --> 00:05:13,600 extracontractuelle. Alors 100 00:05:13,800 --> 00:05:17,980 arrêt d'assemblée plénière de 2006, remise en cause dans les 101 00:05:18,180 --> 00:05:20,800 arrêts de 2017, est-ce que la Cour de cassation allait 102 00:05:21,000 --> 00:05:22,608 continuer dans cette voie ? 103 00:05:22,808 --> 00:05:25,671 Remise en cause ou continuer dans la voie de 2006 ? 104 00:05:25,871 --> 00:05:28,620 Eh bien la Cour de cassation à nouveau s'est 105 00:05:28,820 --> 00:05:31,860 prononcée dans un arrêt d'assemblée plénière du 13 106 00:05:32,060 --> 00:05:33,340 juillet 2020. 107 00:05:33,840 --> 00:05:37,260 Dans cette décision la Cour de cassation va reprendre 108 00:05:37,460 --> 00:05:41,100 la solution de 2006 en réaffirmant que "le tiers à 109 00:05:41,300 --> 00:05:43,980 un contrat peut invoquer sur le fondement de la 110 00:05:44,180 --> 00:05:46,900 responsabilité délictuelle un manquement contractuel 111 00:05:47,099 --> 00:05:50,180 dès lors que ce manquement lui a causé un dommage". 112 00:05:50,960 --> 00:05:54,800 Et la Cour de cassation en motivant cette décision 113 00:05:55,000 --> 00:05:57,480 précise "qu'il s'agit de permettre l'indemnisation 114 00:05:57,680 --> 00:06:00,660 du dommage subi par le tiers du fait de la 115 00:06:00,860 --> 00:06:02,820 mauvaise exécution du contrat". 116 00:06:03,120 --> 00:06:05,420 Donc il y a un but ici, c'est favoriser, permettre 117 00:06:05,620 --> 00:06:08,800 cette indemnisation du dommage subi par le tiers. 118 00:06:09,240 --> 00:06:13,280 Alors pourquoi cette solution finalement de la 119 00:06:13,479 --> 00:06:16,080 Cour de cassation, 2006 est réaffirmée en 2020, 120 00:06:16,420 --> 00:06:19,480 pouvait faire l'objet et a fait l'objet de certaines 121 00:06:19,680 --> 00:06:22,040 critiques ? Alors critiques 122 00:06:22,240 --> 00:06:23,380 pourquoi ? Parce que 123 00:06:23,580 --> 00:06:27,780 d'abord c'est une solution qui amène à porter une 124 00:06:27,979 --> 00:06:29,660 atteinte à l'effet relatif du contrat. 125 00:06:30,020 --> 00:06:33,520 Une partie n'exécute pas le contrat, elle va engager 126 00:06:33,719 --> 00:06:36,020 éventuellement sa responsabilité 127 00:06:36,219 --> 00:06:38,160 contractuelle à l'égard de son cocontractant, 128 00:06:38,360 --> 00:06:39,980 c'est logique, c'est le contrat lui-même. 129 00:06:40,780 --> 00:06:44,300 Ici la mauvaise exécution du contrat va pouvoir être 130 00:06:44,500 --> 00:06:45,380 invoquée par un tiers. 131 00:06:46,480 --> 00:06:49,740 Il n'est pas logique si on applique le principe de 132 00:06:49,940 --> 00:06:53,320 l'effet relatif du contrat qu'un tiers puisse retirer 133 00:06:53,520 --> 00:06:55,620 des droits finalement du contrat lui-même. 134 00:06:56,080 --> 00:06:59,680 Et puis d'un point de vue pratique, qu’elles sont les 135 00:06:59,880 --> 00:07:04,368 conséquences de cette jurisprudence de 2006 et de 2020 ? 136 00:07:04,568 --> 00:07:09,480 On va arriver au résultat paradoxal qu'en cas de 137 00:07:09,680 --> 00:07:13,780 mauvaise exécution du contrat, le tiers pourra être mieux 138 00:07:13,979 --> 00:07:18,720 traité que le créancier de l'obligation inexécutée. 139 00:07:18,920 --> 00:07:21,134 Et pourquoi le tiers va être mieux traité ? 140 00:07:21,334 --> 00:07:25,140 D'abord parce que, et sans anticiper trop, 141 00:07:25,340 --> 00:07:27,900 on y reviendra, les principes qui dominent la 142 00:07:28,099 --> 00:07:32,080 responsabilité extracontractuelle, et l'action du tiers est 143 00:07:32,280 --> 00:07:35,620 extracontractuelle, sont plus favorables que les 144 00:07:35,820 --> 00:07:39,000 règles de la responsabilité contractuelle qui sera le 145 00:07:39,200 --> 00:07:40,620 fondement de l'action du créancier. 146 00:07:40,820 --> 00:07:42,600 Notamment parce qu'il existe un principe de 147 00:07:42,800 --> 00:07:45,440 réparation intégrale en matière extracontractuelle 148 00:07:46,240 --> 00:07:48,440 alors qu'on a une réparation limitée au 149 00:07:48,640 --> 00:07:51,540 dommage prévisible quand on est dans le domaine de la 150 00:07:51,740 --> 00:07:52,800 responsabilité contractuelle. 151 00:07:53,000 --> 00:07:54,500 Ça, c'est le premier aspect. 152 00:07:54,820 --> 00:07:58,720 Deuxième aspect, souvent il va exister dans la pratique 153 00:07:58,920 --> 00:08:03,560 une clause limitative de responsabilité. Or la 154 00:08:03,760 --> 00:08:07,000 clause limitative de responsabilité pourra être 155 00:08:07,200 --> 00:08:08,720 opposée à l'autre partie au contrat. 156 00:08:09,060 --> 00:08:11,500 C'est la force obligatoire du contrat et la 157 00:08:11,700 --> 00:08:12,900 responsabilité contractuelle. 158 00:08:13,099 --> 00:08:16,320 Alors que les clauses limitatives de 159 00:08:16,520 --> 00:08:18,520 responsabilité ne produisent pas d'effet en 160 00:08:18,719 --> 00:08:21,580 matière extracontractuelle, elles sont nulles, 161 00:08:21,780 --> 00:08:23,900 ne produisent pas d'effet parce qu'elles sont 162 00:08:24,099 --> 00:08:25,520 contraires à l'ordre public. 163 00:08:25,800 --> 00:08:27,800 On ne peut pas limiter sa responsabilité en matière 164 00:08:28,000 --> 00:08:29,280 délictuelle. Donc pour ces 165 00:08:29,479 --> 00:08:31,880 deux raisons, la jurisprudence de 2006 et 166 00:08:32,080 --> 00:08:36,280 réitérée en 2020 était critiquable, a fait l'objet de critiques, 167 00:08:36,480 --> 00:08:39,500 je le répète, où on va mieux traiter le tiers que 168 00:08:39,700 --> 00:08:42,440 le créancier alors que le fait générateur c'est 169 00:08:42,640 --> 00:08:44,380 finalement l'inexécution du contrat. 170 00:08:44,700 --> 00:08:46,620 C'est paradoxal de mieux traiter celui qui n'a pas 171 00:08:46,820 --> 00:08:49,040 signé le contrat que celui qui l'a signé. 172 00:08:49,420 --> 00:08:54,140 Alors, réponse à une partie de ces critiques avec un 173 00:08:54,340 --> 00:08:57,140 arrêt de la chambre commerciale du 3 juillet 174 00:08:57,340 --> 00:09:02,100 2024 s'agissant justement des effets de la clause 175 00:09:02,780 --> 00:09:05,600 limitative de responsabilité. 176 00:09:05,800 --> 00:09:07,960 Dans cet arrêt de la chambre commerciale du 3 177 00:09:08,160 --> 00:09:11,860 juillet 2024, la Cour de cassation précise que, "pour 178 00:09:12,060 --> 00:09:14,760 ne pas déjouer les prévisions du débiteur qui 179 00:09:14,960 --> 00:09:17,660 s'est engagé en considération de l'économie 180 00:09:17,860 --> 00:09:21,260 générale du contrat et ne pas conférer au tiers qui 181 00:09:21,460 --> 00:09:24,600 invoque le contrat une position plus avantageuse 182 00:09:24,800 --> 00:09:27,600 que celle dont peut se prévaloir le créancier lui-même, 183 00:09:27,900 --> 00:09:32,380 le tiers à un contrat qui invoque, sur le fondement de la 184 00:09:32,580 --> 00:09:35,660 responsabilité délictuelle, un manquement contractuel 185 00:09:35,860 --> 00:09:39,240 qui lui a causé un dommage, peut se voir opposer les 186 00:09:39,440 --> 00:09:42,300 conditions et limites de la responsabilité qui 187 00:09:42,500 --> 00:09:45,680 s'appliquent dans les relations entre les contractants". 188 00:09:46,940 --> 00:09:48,760 Cet arrêt de la chambre commerciale du 3 juillet 189 00:09:48,960 --> 00:09:52,380 2024 répond à une partie des critiques. 190 00:09:52,580 --> 00:09:57,160 On va ici permettre au débiteur d'opposer la 191 00:09:57,360 --> 00:10:01,840 clause limitative de responsabilité pour que le 192 00:10:02,040 --> 00:10:06,800 tiers ne soit pas avantagé par rapport au créancier. 193 00:10:07,180 --> 00:10:08,980 Donc, on va traiter les 194 00:10:09,180 --> 00:10:13,340 deux positions de la même façon. 195 00:10:13,740 --> 00:10:17,160 La clause produira effet dans les deux situations. 196 00:10:18,120 --> 00:10:20,920 La loi ne dit rien sur cette situation. 197 00:10:21,220 --> 00:10:22,760 Donc, c'est la jurisprudence de la Cour de 198 00:10:22,960 --> 00:10:26,740 cassation qui est venue réglementer l'hypothèse. 199 00:10:27,840 --> 00:10:30,180 Mais critique, critique justement parce que la loi 200 00:10:30,380 --> 00:10:33,640 ne dit rien et ici c'est la jurisprudence qui crée 201 00:10:33,840 --> 00:10:36,200 cette règle et puis surtout les clauses qui sont 202 00:10:36,400 --> 00:10:39,300 relatives à la responsabilité ne sont pas 203 00:10:39,500 --> 00:10:40,960 valables en matière délictuelle. 204 00:10:41,160 --> 00:10:43,580 Or ici, c'est une action qui est fondée sur la 205 00:10:43,780 --> 00:10:46,120 responsabilité délictuelle et on va faire jouer une 206 00:10:46,320 --> 00:10:49,240 clause limitative de responsabilité. 207 00:10:49,440 --> 00:10:51,320 Donc, la solution n'est vraiment pas cohérente, 208 00:10:51,640 --> 00:10:56,460 même si on comprend sa justification, la volonté 209 00:10:56,660 --> 00:11:00,760 de répondre à une critique émanant de la jurisprudence 210 00:11:00,960 --> 00:11:04,980 de 2006 et de 2020, on répond à cette critique 211 00:11:05,180 --> 00:11:07,320 par une autre solution qui elle-même est incohérente 212 00:11:07,520 --> 00:11:12,280 et critiquable puisqu’on détourne, on déforme les règles 213 00:11:12,480 --> 00:11:15,220 applicables à la responsabilité délictuelle. 214 00:11:15,880 --> 00:11:19,780 Alors dans les différents projets de réforme de la 215 00:11:19,980 --> 00:11:23,540 responsabilité civile, eh bien les textes, 216 00:11:23,740 --> 00:11:26,820 précisent, les textes reviennent finalement sur 217 00:11:27,020 --> 00:11:29,720 cette position de la jurisprudence. 218 00:11:29,980 --> 00:11:33,540 Les textes dans les derniers projets de réforme, 219 00:11:33,740 --> 00:11:36,220 on en reparlera quand on verra le deuxième semestre 220 00:11:36,420 --> 00:11:40,600 de ces projets de réforme, eh bien font référence à la 221 00:11:40,800 --> 00:11:43,960 nécessité d'un fait distinct de la seule 222 00:11:44,160 --> 00:11:47,580 inexécution de l'obligation contractuelle. Pour le tiers, 223 00:11:47,900 --> 00:11:51,740 l'obligation contractuelle inexécutée ne suffirait pas. 224 00:11:51,960 --> 00:11:54,920 En plus, il faudrait pour qu'il puisse mener une 225 00:11:55,120 --> 00:11:58,060 action en responsabilité, démontrer l'existence d'un 226 00:11:58,260 --> 00:12:01,900 fait distinct générateur de responsabilité, soit une faute, 227 00:12:02,100 --> 00:12:03,340 soit le fait d'une chose. 228 00:12:03,860 --> 00:12:06,380 Si on est dans le cas de la responsabilité du fait d'une chose, 229 00:12:06,700 --> 00:12:09,820 on reviendra sur ces faits générateurs au second semestre. 230 00:12:10,020 --> 00:12:13,200 Mais même si dans les projets de réforme, 231 00:12:13,400 --> 00:12:16,000 on reviendrait sur cette jurisprudence très 232 00:12:16,200 --> 00:12:19,300 audacieuse de la Cour de cassation, le texte prévoit une réserve,"le 233 00:12:19,900 --> 00:12:22,500 tiers ayant un intérêt légitime à la bonne 234 00:12:22,700 --> 00:12:25,900 exécution d'un contrat et ne disposant d'aucune autre 235 00:12:26,100 --> 00:12:28,920 action en réparation pour le préjudice subi du fait 236 00:12:29,120 --> 00:12:32,680 de sa mauvaise exécution, peut également invoquer sur 237 00:12:32,880 --> 00:12:35,020 le fondement de la responsabilité 238 00:12:35,220 --> 00:12:37,640 contractuelle un manquement contractuel dès lors que 239 00:12:37,840 --> 00:12:39,100 celui-ci lui a causé un dommage. 240 00:12:39,420 --> 00:12:42,040 Les conditions et limites de la responsabilité qui 241 00:12:42,240 --> 00:12:44,000 s'appliquent dans les relations entre les 242 00:12:44,200 --> 00:12:46,040 contractants lui sont opposables." 243 00:12:46,320 --> 00:12:51,280 Donc ici, c'est la solution qui serait retenue dans la 244 00:12:51,780 --> 00:12:54,540 réforme de la responsabilité civile, mais qu'on attend depuis un 245 00:12:54,740 --> 00:12:57,860 certain nombre d'années et qui n'a toujours pas abouti. 246 00:12:58,100 --> 00:13:02,100 Donc la position actuelle de la Cour de cassation, 247 00:13:02,340 --> 00:13:06,380 c'est de dire qu'il y a une identité de la faute 248 00:13:06,580 --> 00:13:10,360 contractuelle pour les parties et pour les tiers. 249 00:13:10,800 --> 00:13:14,120 Même si dans l'arrêt de 2020, on justifie finalement 250 00:13:14,320 --> 00:13:18,100 cette identité des fautes par la volonté d'indemniser 251 00:13:18,300 --> 00:13:22,240 le tiers, on voit que la solution de 2020 tord un 252 00:13:22,440 --> 00:13:26,920 peu le principe de l'effet relatif du contrat. 253 00:13:28,160 --> 00:13:31,960 À cette distorsion amenée dans les mécanismes juridiques, 254 00:13:32,160 --> 00:13:35,560 l'arrêt de 2024 tente d'apporter une solution, 255 00:13:35,960 --> 00:13:39,200 mais à nouveau en entraînant une complexité 256 00:13:39,400 --> 00:13:41,800 dans les fondements, dans l'appréhension, 257 00:13:42,000 --> 00:13:45,160 dans la compréhension des fondements de la décision. 258 00:13:45,400 --> 00:13:48,660 Donc à l'égard des tiers finalement, 259 00:13:49,080 --> 00:13:53,800 le contrat produit un effet relatif, c'est-à-dire finalement 260 00:13:54,000 --> 00:13:57,120 qu'il ne les rend ni créanciers ni débiteurs, 261 00:13:57,380 --> 00:14:00,680 mais le contrat crée une situation de fait qui leur 262 00:14:00,880 --> 00:14:04,460 est opposable et eux-mêmes peuvent se prévaloir du 263 00:14:04,660 --> 00:14:07,960 contrat pour engager la responsabilité des parties. 264 00:14:08,280 --> 00:14:10,540 Ce sont les deux grands principes qui vont dominer 265 00:14:10,740 --> 00:14:13,380 les effets du contrat à l'égard des tiers. 266 00:14:14,160 --> 00:14:17,300 La loi va organiser ensuite des mécanismes particuliers 267 00:14:17,500 --> 00:14:20,520 dans lesquels certains auteurs ont vu des 268 00:14:20,720 --> 00:14:23,920 atteintes à l'effet relatif du contrat, mais ce qu'on 269 00:14:24,120 --> 00:14:25,940 va voir c'est qu'en réalité il n'en est rien. 270 00:14:26,180 --> 00:14:28,460 En droit français, les principes sont clairs, 271 00:14:28,660 --> 00:14:32,760 on ne devient débiteur ou créancier que si on l'a voulu.